Les vacances en Croatie
Chapitre 1 : Les vacances en Croatie
6823 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 24/09/2025 22:25
« Chacun est un être humain, nous sommes tous des enfants de Dieu, il n’y a pas de différence. » (Bruno Gröning)
7 juillet 2007, États-Unis d’Amérique, Grandview, salon de la maison de Jim Clancy et de Melinda Gordon, 19 h 00.
Le couple, assis sur un canapé, regardait les nouvelles à la télévision. Jim, un homme musclé aux yeux bleus et aux cheveux noirs, enlaçait tendrement sa femme, une élégante petite brunette. Ils écoutaient avec attention un reportage.
Le présentateur, un homme d’âge mûr, vêtu d’un complet bleu marine et d’une chemise blanche, dit : « Bonsoir, Mesdames et Messieurs. Au programme, une île croate réputée pour sa natalité. Notre envoyé spécial, Andrew Kastanovitch nous donnera plus de détails ».
Changement d’image. Un journaliste, un brunet d’âge mûr, vêtu d’une chemise blanche à manches courtes, apparemment sur une plage près de la mer, microphone à la main dit d’un ton sérieux :
« C’est ici, à Šepurine, un village sur l’île Prvić de l'archipel de Šibenik, que la meilleure méthode favorisant la fertilité des couples a été découverte. J’ai interviewé des habitants de l’île à ce sujet et voici ce qu’ils m’ont dit. »
Changement sur l’image. Devant la porte en bois d’une église, un jeune prêtre devant la caméra, affichait un air assuré. L’entrevue se déroulait en croate, doublée en anglais.
Le journaliste demanda :
— Don Fabijan, depuis quand avez-vous remarqué l’augmentation de la natalité sur l’île ?
— Depuis deux ou trois ans, répondit le ministre de culte.
— Comment êtes-vous parvenu à augmenter le nombre de mariages et de naissances ?
Don Fabijan fit un clin d’œil complice au journaliste, puis ajouta :
— Je ne divulguerai pas mon secret…
— D’accord… fit le journaliste, les yeux écarquillés d’étonnement.
— Depuis quelques mois, des touristes affluent vers votre île à la suite de la traduction d’un reportage de la Hrvatska Radiotelevizija, la Radio-télévision croate, diffusé dans plusieurs pays. Comment voyez-vous ce tourisme de natalité ?
— Je le vois d’un bon œil, comme une publicité pour favoriser le développement de l’économie locale, que ce soit avec les plages, les guides touristiques, les restaurants, l’hôtel… C’est aussi pour moi un moyen de sensibiliser les gens au fait que nous sommes tous des enfants de Dieu et que nous devons nous préoccuper du salut de notre âme, et non pas seulement des plaisirs charnels.
— Pensez-vous que ce tourisme de natalité peut être conseillé aux couples stériles ?
— Oui, oui, tout à fait !
— Merci beaucoup, Don Fabijan, pour cet entretien intéressant !
— Merci à vous !
Retour sur le présentateur dans son studio. Il affirma d’un ton sérieux :
« Mesdames et Messieurs, ce fut le reportage de notre envoyé spécial, Andrew Kastanovitch. Merci d’avoir écouté notre programme. Bonne nuit à tous ! »
Jim éteignit la télévision et serra la main droite de sa femme en murmurant :
— Mel, que penses-tu que nous allons sur cette île ?
— Pourquoi pas ?
— Voilà des années que nous essayons d’avoir un enfant… Nous n’avons rien à perdre…
— Comment elle s’appelle ? S…
— En tout cas, j’ai noté à-peu-près le nom, comment j’ai entendu… Dans tous les cas, je compte bien sur la suggestion de Google pour avoir le bon nom…
L’ambulancier se leva du canapé sur lequel il était assis et ajouta :
— Je vais voir à l’instant s’il est possible de réserver un billet d’avion…
— Tu es génial, comme toujours ! s’exlama sa femme en l’enlaçant tendrement les épaules.
— Tant qu’à être là-bas, on pourrait au moins passer une semaine, question de visiter l’île et les environs ?
— Oui ! C’est une bonne idée !
Il chercha sur l’ordinateur portable le prochain vol pour Šibenik et réserva deux billets pour le 29 juillet. Melinda, qui regardait par-dessus son épaule, l’embrassa sur les lèvres. Il précisa qu’il avait réservé une chambre d’hôtel à Prvić — le seul sur l’île — pour une semaine.
****
29 juillet 2007, 8 h 15.
Jim Clancy et Melinda Gordon, chacun un bagage avec soi, étaient à l’aéroport de Grandview, prêts à embarquer dans l’avion qui les amènerait de l’autre côté de l’Océan. Après avoir passé l’aire de contrôle, ils embarquèrent dans l’avion à 9 h 15. La femme extraordinaire ne manqua pas d’aborder des esprits errants qui hantèrent l’aéroport et certains membres du personnel de l’endroit, en leur expliquant son don, ce qui lui valut leur expression de scepticisme. Heureusement que Jim sauva la situation et leur fit savoir tout le sérieux du don de sa femme, en précisant qu’elle n’était pas un charlatan et qu’elle avait aidé depuis des années de nombreux esprits à partir dans la Lumière. « Je suis témoin de cette aide ! », ajouta-t-il d’un air très convaincant. Et la passeuse d’âmes s’empressa d’ajouter qu’elle avait hérité ce don de sa lignée maternelle, étant médium de mère en fille. Convaincus, les vivants se montrèrent un peu plus collaboratifs et ainsi, des esprits quittèrent le monde des vivants, sereins.
****
Après neuf heures de vol, voilà Jim et Melinda à Šibenik, où ils trouvèrent un traducteur, un certain Marko Blažević, un homme d’un certain âge, vêtu d’une chemise blanche à manches courtes et d’un pantalon court de la même couleur. Par ailleurs, Melinda remarqua bien un esprit errant, un vieil homme, qui présentait un air de famille avec Marko, vêtu d’un complet beige et d’une chemise blanche. Elle expliqua à Marko Blažević qu’il était suivi par un esprit. Jim écoutait en silence les propos de sa femme. À la description du revenant, le traducteur, d’une voix émue, balbutia en anglais sans aucun accent : « La description du… fantôme est celui… de mon père… feu Mladen Blažević… Pourquoi me suit-il ? »
La médium haussa les épaules et répondit dans la même langue :
— Je l’ignore…
Elle se retourna vers le revenant, à la droite du vivant, et demanda d’une voix douce en anglais :
— Monsieur Mladen Blažević (désolée de la mauvaise prononciation), pourquoi suivez-vous votre fils ?
Son interlocuteur marmonna en désignant Melinda d’un geste d’incompréhension :
— Parle-t-elle à moi ?
Un esprit apparut à ce moment précis. Intrigués, Mladen et Melinda tournèrent leur regard vers lui : c’était un homme d’âge mûr, aux traits sévères, vêtu d’un complet bleu marine, d’une chemise blanche et de souliers bleus. Il se présenta en anglais puis en croate : Branko Bradarić, traducteur-interprète officiel. Melinda posa à nouveau sa question, et Mladen, après avoir entendu la traduction, répondit :
— Je veux que Marko retrouve ma bague.
Elle répéta les propos de la traduction de Branko à Marko.
Ce dernier commenta en anglais :
— Cette bague, c’est ma mère qui l’a…
— Où habite-t-elle ? demanda Melinda d’une voix chaleureuse.
— Dans une maison à Šibenik… Je peux vous emmener jusqu’à elle.
— Merci beaucoup !
Elle nota que l’esprit avait disparu et en informa son interlocuteur vivant. Celui-ci suggéra même au couple américain de s’y rendre maintenant, afin que l’esprit puisse quitter le plus tôt possible le monde des vivants.
Jim et Melinda suivirent leur traducteur jusqu’à une petite maison en pierres, au toit rouge-orange tellement caractéristique de la région. Un petit chemin de pierres menait à la porte d’entrée. Marko Blažević frappa à la porte et une vieille femme vêtue d’une longue robe blanche avec des motifs brodés en rouge et bleu l’ouvrit en s’exclamant en croate :
— Marko, avec qui viens-tu en visite ?
Il répondit dans la même langue :
— Un couple de touristes américains, Jim Clancy et Melinda Gordon…
— Pourquoi ? Ils veulent passer leurs vacances chez nous ?
— Non, répondit-il avec un petit sourire au coin des lèvres. C’est en raison de la bague du vieux…
— C’est-à-dire ?
— Madame Melinda Gordon affirme voir les esprits… Et elle me dit que le vieux me suit et qu’il veut que je porte sa bague.
— C’est sérieux ou c’est une blague ?
— C’est sérieux, Vesna.
Le traducteur se retourna vers le couple et dit en anglais :
— Ma mère, Vesna Blažević.
Jim et Melinda la saluèrent et Marko résuma les propos échangés avec elle.
La femme de Mladen accepta de discuter avec eux au salon, très émue de la mention de son défunt mari. Ce dernier, par ailleurs, apparut à sa droite et dit en croate :
— Dites-lui que je suis tout à fait sérieux lorsque je dis que je veux que Marko porte ma bague.
Un autre esprit fit son apparition : Branko Bradarić qui traduisit en anglais les propos du père de Marko à la médium.
Melinda rapporta la traduction et Marko traduisit pour sa grand-mère. La passeuse d’âmes pensa avec humour On dirait un téléphone arabe de traduction…
Vesna, après avoir entendu la paraphrase de son fils, répliqua :
— Je voudrais bien vous croire, mais si mon mari est vraiment là, comme vous le dites, Madame, pourquoi ne me dit-il pas précisément où j’ai mis sa bague ?
Le revenant répondit :
— Je sais très bien, Vesna, que tu as placé ma bague dans une petite boîte à bijou qui est dans le coin droit du tiroir supérieur de la table de chevet.
Branko Bradarić traduisit en anglais et Melinda rapporta les propos aux vivants.
Après toute cette chaîne de traduction entre les esprits et les vivants, Vesna se laissa convaincre et se rendit dans sa chambre pour en effet trouver la bague à l’endroit mentionné.
Elle pensa, Madame ne ment pas… Indéniable, c’est la preuve que mon Mladen est là… Intéressant de savoir qu’il existe bien des gens qui voient les fantômes… Dieu merci que je ne les vois pas !
La vieille femme revint au salon avec la boîte à bijoux en s’exclamant en croate :
— C’est vrai ! Voici la bague de Mladen !
Son fils, large sourire aux lèvres, traduisit les propos en anglais, ce qui émut Melinda. Jim serra sa main en signe de soutien.
Vesna ouvrit dans un geste théâtral la boîte et en sortit une vieille bague en or. Marko la prit et la mit sur son majeur gauche et dit en anglais, en se retournant vers la passeuse d’âmes :
— Madame Gordon, maintenant que je porte la bague de mon père, partira-t-il dans l’Autre Monde ?
La brunette extraordinaire regarda vers la direction de l’esprit. Ce dernier affichait un sourire sur son visage, les yeux brillant d’une joie indescriptible. Il dit en croate :
— Madame, merci beaucoup ! Mais comment regagner l’Autre Monde ?
Le père de Marko promena son regard de gauche à droite puis commenta :
— Je ne vois aucune porte…
L’esprit traducteur rapporta ses propos à la femme extraordinaire, qui ne put s’empêcher de sourire à une telle remarque naïve.
Elle informa les autres vivants de ce qui s’était passé. Jim, Marko et Vesna la fixaient comme s’ils avaient l’impression d’avoir raté une partie de la conversation. Ensuite, Melinda expliqua d’une voix douce :
— Habituellement, selon ce que j’ai entendu de la plupart des esprits qui étaient prêts à quitter le monde des vivants, ils voyaient l’Autre Monde comme une lumière… Pas comme une porte…
Mladen Blažević, lueur incrédule dans ses yeux bruns, tourna à nouveau son regard vers sa droite, comme si quelque chose avait attiré son attention. Il scruta attentivement vers cette direction pendant quelques minutes puis murmura dans sa langue :
— Madame a raison… Je vois maintenant une lumière… Elle est tellement belle, tellement attirante… J’ai l’impression qu’elle m’appelle… C’est indescriptible !
Après avoir entendue la traduction, la passeuse d’âmes, émue, larmes de joie aux yeux, approuva silencieusement ses propos puis ajouta :
— C’est ce que je vous disais… La Lumière… Allez-y sans crainte… Bon voyage !
Et l’esprit s’avança vers sa droite, vers cette lumière que lui seul voyait, jusqu’à ce qu’il disparût complètement dans celle-ci. Branko Bradarić, lui, disparut simplement de la vue de la passeuse d’âmes en passant au travers le meuble sur lequel se trouvait la télévision éteinte.
Melinda pleura de joie. Ressentant le regard interrogateur de Jim, de Marko et de Vesna, elle affirma d’une voix émue malgré elle :
— Votre père vient de partir dans la Lumière, tandis que notre traducteur a simplement disparu.
Une fois les salutations faites à Vesna, le trio sortit de la maison pour aller se promener dans les rues de la ville.
****
Le lendemain, Jim et Melinda, avec leur traducteur, se rendirent sur l’île croate de Šepurine. Ils se promenèrent sur la plage. Tout en respirant l’air frais, malgré la chaleur estivale, Jim expliqua à Marko la vraie raison de leur venue. Ils firent le tour de l’île pour chercher le prêtre. Sauf qu’ils virent en premier le kiosque du marchand Petar. Le traducteur se décida à l’aborder en croate :
— Bonjour, Monsieur, savez-vous où est-il possible de trouver la solution miracle de la fertilité ?
Le marchand jeta un coup d’œil au couple et pensa : Visiblement, ceux-là sont des vrais touristes… Leur démarche nonchalante l’atteste… Hmmm, des futurs clients…
Melinda nota la présence d’un esprit à la droite du marchand. C’était une vieille femme ridée, aux cheveux gris, lunettes sur son nez, vétue d’une longue robe bleue jusqu’aux chevilles. Lorsque la revenante remarqua le regard de la passeuse d’âmes la fixer intensément, elle lui dit en croate :
— Madame, voulez-vous dire que je veux que ma bru porte mes boucles d’oreille ? Depuis un certain temps que j’essaie de lui faire comprendre ma dernière volonté… Qui est précisément la seule phrase manquante dans mon testament, car j’ai été surprise par la mort.
Branko Bradarić apparut à la droite de Melinda, un peu en retrait, pour lui traduire les propos de sa compatriote.
La femme extraordinaire dit d’un ton assuré à Marko Blažević :
— Monsieur, un esprit suit le marchand.
Puis elle lui rapporta l’apparence du fantôme.
— Que veut-elle ? demanda Marko, les sourcils levés en pensant dans sa langue maternelle Dieu merci que je ne vois pas les esprits ! Cela ne doit pas être aussi facile que ce que cela le parait !
— Elle veut que la femme du marchand porte ses boucles d’oreille.
Le traducteur rapporta les propos au marchand, qui balbutia :
— Vous parlez de ma grand-mère, feue Ivana Učić…
Il se signa et ajouta :
— Que Dieu ait son âme !
Il fit un geste des mains pour désigner la médium et questionna :
— Madame affirme voir les esprits ? En espérant que ce ne soit pas le Malin qui lui a accordé ce don…
Marko répondit immédiatement, sans même traduire :
— Je vous assure que cette femme, Madame Melinda Gordon, voit vraiment les esprits. Et je me suis convaincu que c’est un don de Dieu qu’elle a…
— Sérieux ? l’interrompit son interlocuteur
— Oui, puisqu’elle a aidé mon défunt père à quitter définitivement le monde ici-bas…
Marko se signa et termina sa phrase d’une voix émue :
— Enfin, Dieu soit Loué, qu’il a enfin trouvé la paix en l’âme !
Petar pensa, rassuré, C’est vrai, seul Notre Seigneur peut accorder à certains individus ordinaires des dons spéciaux…
Branko Bradarić, encore présent à la droite de Melinda, traduisit simultanément pour l’Américaine les propos des Croates.
Lorsque Marko se retourna vers les deux touristes, la jeune femme extraordinaire l’interrompit d’un geste et dit d’une voix douce :
— Inutile de traduire, l’esprit qui me sert de traducteur l’a déjà fait…
Le vivant lui sourit en pensant dans sa langue maternelle Voilà au moins l’avantage que Madame Gordon a… De tout savoir avant de traduire… Ça me fait moins de travail… Merci, Monsieur l’esprit traducteur ! Mais j’espère que je ne continuerai pas d’outre-tombe de traduire les propos des touristes… Quelle étrange perspective et quel amour du métier !
Petar toussota puis demanda d’un air dubitatif :
— Si je comprends bien, ma grand-mère Ivana veut que ma chère Marta porte ses boucles d’oreille ?
— Exactement, confirma la revenante.
Melinda approuva silencieusement après avoir entendu la traduction.
Le marchand s’appuya sur le comptoir de son kiosque et murmura :
— Mais comment les retrouver ?
Ivana répondit :
— Il s’agit de boucles d’oreille que j’avais porté qu’une seule fois de mon vivant. Elles se trouvent chez un bijoutier… à Šibenik, car Ante, les avait vendu par erreur, puisqu’il a mal compris mon testament… Je précise que j’avais de mon vivant une dizaine de boucles d’oreille, de sorte que mon pauvre Ante n’avait plus compris lesquelles je voulais vendre et lesquelles non…
Melinda rapporta la traduction de l’esprit du traducteur-interprète officiel.
Petar confirma sa compréhension d’un mouvement positif puis commenta :
— Au moins, je sais ce qui me reste à faire… Retrouver ces boucles d’oreille et convaincre Marta de les porter…
Il termina avec une moue dubitative :
— Cependant, comment pourrais-je reconnaître de quelles boucles d’oreille il est question ?
Melinda le rassura :
— Je ne doute pas que votre grand-mère sera collaborative et nous indiquera la bonne paire de boucles d’oreille qu’elle souhaite que vous donnez à votre épouse…
Ivana approuva après avoir entendue la traduction de Branko Bradarić.
Petar, de son sourire le plus aimable, dit d’un air enjoué :
— Dans ce cas, allons-y maintenant !
Il ferma son kiosque et plaça une pancarte « De retour pour une période indéterminée » et, suivi de Jim, Melinda, Marko, se rendit à Šibenik. Ils firent le tour de toutes les bijouteries. À chaque fois, le fantôme qu’était Ivana Učić disait si ses boucles d’oreille étaient là où non. Finalement, ils parvinrent à les trouver, car Ivana fit un geste vers elles, aussitôt imitée par Melinda.
Petar les acheta et remercia la passeuse d’âmes, qui commenta au sujet de la joie de sa défunte grand-mère. Chacun revint chez soi.
Quelques heures plus tard, Ivana et l’esprit traducteur apparurent devant Melinda, alors au salon de leur petit appartement.
La revenante dit en croate :
— Comme je suis contente ! Petar est parvenu à convaincre sa femme de porter mes boucles d’oreille !
Melinda, les larmes de joie aux yeux, commenta après avoir entendue la traduction :
— Voyez-vous une lumière ?
Ivana regarda à gauche puis à sa droite, pour fixer cette dernière direction. Elle murmura dans sa langue maternelle :
— Je vois une lumière… Tellement divine… Tellement douce… Je vois mon cher mari, Ante, qui me fait des grands gestes de bras de venir…
La passeuse d’âmes murmura, émue jusqu’aux larmes, ajouta :
— Allez-y… La Lumière est pour vous… Bon voyage !
Le fantôme se dirigea vers cette luminosité éclatante que lui seul voyait jusqu’à disparaître complètement de la vue de Melinda. Cette dernière remercia d’un mouvement de tête Branko Bradarić, qui passa au travers le mur le plus près de lui.
La femme extraordinaire se retourna vers les autres vivants et les informa :
— La grand-mère du marchand, Ivana Učić — encore une fois, désolée de la mauvaise prononciation — vient de partir dans la Lumière…
Jim ajouta :
— Autrement dit, un esprit errant de moins sur votre île…
Marko traduisit en croate les propos du couple et Petar les remercia, puis les bénit.
Ensuite, Jim, Melinda et Marko continuèrent leur recherche de Don Fabijan en déambulant dans le village. Ils rencontrèrent en sens contraire Marin, l’apothicaire de l’île. L’antiquaire américaine remarqua aussitôt la présence d’un fantôme, qu’elle détailla : une vieille femme vêtue d’une chemise blanche et d’une jupe bleu marine jusqu’aux chevilles. Se sentant observée, la revenante s’exclama, faisant un grand geste des bras vers elle :
— Enfin quelqu’un qui me voit ! Pouvez-vous m’aider ?
Branko Bradarić apparut entre la vieille femme et Melinda pour traduire les propos.
Jim, remarquant que sa femme regardait devant elle, comme si elle observait quelque chose qu’elle seule voyait, murmura :
— Mel, l’homme qui vient de passer est suivi par un esprit ?
Elle confirma d’un mouvement de tête positif et le rapporta à Marko Blažević, en précisant sa description, qui le dit à Marin.
Ce dernier, ému, murmura :
— C’est ma grand-mère Svetlana Mijat, du côté de ma mère… Je me doutais bien depuis quelques années que j’étais hanté par un esprit… Sauf que je me demandais bien qui déplaçait les médicaments dans la petite armoire de ma pharmacie…
— Maintenant, vous le savez, Monsieur, répliqua d’un air chaleureux le traducteur, après avoir rapporté ses propos à Melinda.
Marin demanda :
— Que veut ma grand-mère ?
Son ancêtre répondit :
— Je veux que tu places ma broche préférée sur mon chevet.
Melinda, après avoir entendue la traduction de Branko Bradarić, demanda d’une voix douce :
— Pouvez-vous préciser la forme de la broche ?
— Oui, bien sûr, fit la vieille femme. C’est une broche ancienne en or en forme de fleur.
La passeuse d’âmes résuma les propos de Svetlana à Marko qui traduisit pour Marin.
L’apothicaire suggéra alors à Melinda d’aller immédiatement chez son grand-père, Mate, qui pourrait les renseigner au sujet des broches. Sans hésiter, ils se rendirent chez le grand-père de Marin, qui les accueillit à bras ouverts et les invita dans son modeste salon. Les invités entrèrent à l’intérieur. C’était une pièce aux murs beiges, avec une fenêtre qui laissait filtrer la lumière naturelle, deux canapés beiges et un meuble de télévision brun clair.
Là, une fois assise sur un canapé, aux côtés de Jim, la médium résuma la requête de l’esprit, qui se manifesta à la droite de leur amphytrion.
Melinda questionna ensuite le mari du fantôme — en passant par l’intermédiaire de Marko — en ces termes :
— Excusez-moi, Monsieur Mijat, savez-vous où votre femme avait rangé ses broches ?
— Dans une boîte que j’ai mise dans son armoire…
— Et bien, intervint Svetlana, sors les broches et Mate saura tout de suite ma préférée… C’était celle que je portais le plus souvent de mon vivant.
Une fois les différentes traductions faites, le grand-père de Marin apporta une boîte qu’il déposa sur la table basse entre les deux canapés, puis sortit toutes les broches. Certaines étaient en or, d’autres en argent, ou encore en or pavé diamant. Le vieil homme repéra immédiatement la broche préférée de sa défunte épouse : un fleur en or avec des pétales en diamant. Il s’exclama :
— C’est celle-là !
Svetlana approuva silencieusement, aussitôt imitée par Melinda.
L’époux de la défunte prit la broche et la plaça, conformément à sa volonté, sur son chevet.
Une fois revenus au salon, la médium dit d’une voix enjouée :
— Est-ce que Madame Svetlana Mijat voit la Lumière ?
L’interpellée tourna la tête vers sa droite et murmura :
— Oui ! La lumière est belle, divine ! On dirait que les anges m’appellent !
Melinda sourit malgré elle et ajouta :
— Puisque vous êtes prête à partir, je ne peux que vous souhaiter un bon voyage dans l’Autre Monde !
— Merci à vous, Madame Gordon ! répliqua la revenante, en faisant rouler le r.
Et la grand-mère de l’apothicaire s’avança vers la Lumière, qu’elle seule percevait. Plus elle entrait dans la Lumière, moins elle était visible aux yeux de Melinda. Lorsque le fantôme disparut complètement, la passeuse d’âmes informa les autres vivants de son départ définitif.
Ils se saluèrent et Jim, Melinda et Marko quittèrent l’apothicaire Marin et son grand-père. Ils trouvèrent Don Fabijan devant la porte de l’église du village. Il était reconnaissable à la soutane noire des prêtres catholiques.
Face au ministre du culte, Marko lui présenta le jeune couple :
— Don Fabijan, je vous emmène deux touristes américains, Monsieur Jim Clancy et Madame Melinda Gordon…
— Sont-ils mari et femme ? demanda son interlocuteur.
— Oui.
— Dans quelle église sont-ils mariés ?
— Je l’ignore, répondit le traducteur en haussant les épaules.
Il posa la question au couple.
Jim répondit d’une voix claire :
— Nous nous sommes mariés à l’église de la Vierge, à Grandview.
— Très bien, murmura le prêtre, après avoir entendu la traduction de Marko.
Il fit une courte pause puis demanda, les sourcils levés, en désignant de sa main droite la brunette :
— Si Madame est votre épouse, pourquoi porte-t-elle encore son nom de jeune fille ?
— Parce qu’elle ne voulait pas prendre le mien, pour ne pas compliquer la paperasse administrative avec le changement légal de nom…
Melinda ajouta :
— Surtout depuis que je suis devenue la propriétaire d’une boutique d’antiquités, The Same It Never Was Antiques…
— Je comprends très bien, répliqua Don Fabijan avec son sourire le plus aimable.
Il pensa Ah ! Ces gens modernes avec l’émancipation des femmes et le féminisme ! J’espère qu’au moins, ils se préoccupent du salut de leur âme…
Melinda nota la présence d’un esprit derrière le prêtre, un peu en retrait. C’était un vieil homme vêtu d’un complet brun et d’une chemise blanche qui regardait le vivant d’un air un peu inquiet. Étant donné les traits de son visage, il semblait présenter un air de famille avec Don Fabijan.
Elle dit à son mari et au traducteur :
— Monsieur, un esprit suit le prêtre…
Marko pensa Madame Gordon, vous me confirmez bien que les esprits des ancêtres sont auprès de nous… Quand il y aura enfin un vivant qui ne soit pas hanté par un esprit ?
La femme extraordinaire lui fournit la description précise du revenant.
Le traducteur, après avoir rapporté les propos, questionna leur interlocuteur au sujet de l’identité de l’entité.
Le prêtre, étonné de la tournure de la conversation, révéla le nom du fantôme après un long silence : Stjepan Vidović, son grand-père paternel.
Il pensa, en clignant des yeux Cette femme affirme voir les esprits… Est-ce un don de Notre Seigneur ? Est-ce que ces esprits sont mauvais ou non ? Dois-je lui faire confiance ?
Il toussota et dit :
— Et pourquoi n’est-il pas parti au Paradis ? Je peux faire une messe pour lui…
Stjepan Vidović protesta d’un grand geste des bras :
— Non ! Non ! Je ne peux plus les entendre, les messes !
L’esprit traducteur rapporta le sens des paroles à la passeuse d’âmes, qui le dit à Marko qui le communiqua à Don Fabijan. Ce dernier soupira puis gémit :
— Que veut Stjepan pour quitter définitivement le monde ici-bas ?
Son ancêtre répondit sans hésiter :
— Je veux simplement que Fabijan récupère ma Bible dans ma bibliothèque.
Après avoir entendu la traduction de la traduction, le ministre du culte commenta :
— Ça fait du sens, puisque mon grand-père était un homme pieux…
Il pensa D’autant plus que je n’arrête pas depuis ces derniers temps d’entendre ma mère se plaindre au téléphone que la Bible de mon père n’arrêtait pas de tomber de l’étagère… De sorte qu’elle me demandait toujours de faire de l’exorcisme… C’est alors vraiment un don de Dieu que cette jeune femme a… Sinon, elle aurait dit n’importe quoi… Que le Seigneur protège ce jeune couple !
Il se signa puis ajouta :
— Et un exemplaire de plus dans l’église pourrait être utile pour les prochaines générations…
En désignant d’un geste des mains Jim, Melinda et Marko, Don Fabijan dit d’un air cordial :
— Dans ce cas, je vous suggère d’aller voir ma grand-mère, qui habite dans un petit appartement en banlieue de Zagreb… Je sais qu’un autobus fait la liaison de Šibenik à Zagreb… C’est cinq heures de route, il me semble…
En jetant un coup d’œil sur sa montre, Jim commenta :
— Excusez-moi, Monsieur, mais il est tard… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de déranger votre grand-mère le soir…
— En effet, approuva le traducteur. Je propose de reporter à demain.
— Puis-je seulement vous demander que viennent faire ces touristes sur notre île ? questionna Don Fabijan, les sourcils levés d’étonnement.
— Ils viennent pour trouver le remède favorisant la fertilité, répondit Marko.
— D’accord, je comprends, fit le prêtre.
Il fit un geste de sa main droite et dit :
— Alors, à demain !
Ils se saluèrent et chacun revint dans leur appartement ; le prêtre rentra dans l’église.
****
Le lendemain, après cinq heures et quinze minutes de route, Don Fabijan, Marko, Jim et Melinda étaient enfin arrivés à la gare centrale de la capitale croate. Le prêtre les emmena ensuite devant un immeuble, qui ressemblait aux autres immeubles du quartier. Il retrouva le numéro d’appartement de sa grand-mère. Une vieille femme vêtue d’une chemise blanche et d’une longue jupe brun clair leur ouvrit la porte et lorsqu’elle sut la raison de leur venue, elle leur proposa d’en discuter à l’intérieur. Ils la suivirent jusqu’au salon, une modeste pièce aux murs blancs avec un fauteuil beige, un canapé beige clair, une table basse entre eux et un meuble de télévision brun moyen — sur lequel trônait un téléviseur avec antennes éteint. Don Fabijan alla même chercher deux chaises de la pièce voisine.
Une fois assis, qui sur le canapé, qui sur une chaise ou le fauteuil, la grand-mère du prêtre se présenta : Marija Vidović. Puis la conversation se poursuivit.
Melinda fit remarquer que le revenant était là, à la droite de Marija, qui était assise sur le fauteuil. La brunette extraordinaire l’aborda d’une voix douce :
— Monsieur Stjepan Vidović, désolée de la mauvaise prononciation, vous voulez que votre petit-fils, ici présent, récupère votre exemplaire de la Bible ?
— Exactement, confirma l’entité après avoir entendu la traduction de Branko Bradarić.
La passeuse d’âmes rapporta les propos de Stjepan, ce qui fut traduit aussitôt par Marko Blažević, puis commenta :
— J’espère que vous savez de quelle Bible il s’agit…
La grand-mère de Don Fabijan ajusta ses lunettes sur son nez et murmura en croate :
— Bien sûr que je sais de quelle Bible il s’agit… Celle que je garde encore aujourd’hui dans les rayons de sa bibliothèque…
Prestement, la vieille femme se leva, faisant mouvoir sa longue et ample jupe au gré des pas, suivi par son petit-fils, puis se dirigea vers une salle voisine. Là se trouvait une bibliothèque, Tous les deux scrutaient attentivement les livres, jusqu’à ce que l’un d’eux tomba de son étagère, comme si une main invisible l’avait poussé. Don Fabijan le ramassa : c’était un vieux livre en cuir à la couverture usée et racornie. Néanmoins, le titre était encore lisible : La Sainte Bible. Tous les deux revinrent au salon.
Stjepan, lorsqu’il vit le livre sacré, sauta de joie en s’exclamant :
— Oui, oui ! C’est bien celui-là !
Il leva la tête au plafond et murmura d’un air enjoué :
— Que le Seigneur soit Loué que ma femme l’ait encore gardé pour honorer ma mémoire !
Après toute la chaîne de traduction entre les esprits et les vivants, Don Fabijan s’éclaircit la gorge puis affirma d’un air ému en croate :
— Si je comprends bien, je dois amener avec moi la Bible de Stjepan ?
Son grand-père confirma silencieusement, geste aussitôt imité par Melinda.
Cette dernière murmura dans la langue de Shakespeare :
— Maintenant que votre dernière volonté est accomplie, Monsieur…
Après ses tentatives de prononcer correctement son nom, elle abandonna en soupira puis continua :
— Vous avez compris que je parlais à vous…
L’esprit hocha de la tête.
Marko Blažević pensa ironiquement dans sa langue maternelle Ces Américains arrogants… et comiques…
Avec son plus beau sourire aux lèvres, Melinda reprit :
— Vous êtes prêt à partir dans la Lumière, dans l’Au-delà ?
— Oui, je me sens tellement léger ! répondit-il en lévitant dans les airs, de sorte qu’il ne touchait point le plancher du salon.
La passeuse d’âmes sourit malgré elle devant un tel comportement du revenant. Elle rapporta aux autres vivants ce qui s’était passé.
L’esprit regarda autour de lui, pour fixer un point à sa droite. Après un long silence, il murmura :
— Je vois une lumière… Pure, divine, douce, indescriptible… Je vois un chœur d’anges… Dieu m’appelle à Lui !
Il se retourna une dernière fois vers les vivants, les bénit puis s’avança vers la lumière que seul lui voyait, jusqu’à ce qu’il disparût de la vue de Melinda. Cette dernière, émue, pleura de joie en serrant la main de son époux, qui l’enlaça en signe de son soutien indéfectible.
La femme de Jim informa les autres vivants présents que l’esprit venait de partir dans la Lumière.
Don Fabijan, lui, remercia sa grand-mère de son aide et ramassa la Bible de Stjepan. Il fut rapidement suivi par Jim, de Melinda et de Marko pour quitter l’appartement et revenir sur l’île. Une fois à Šepurine, l’ambulancier américain demanda au prêtre croate de lui remettre ce qu’il distribuait aux autres pour favoriser la fertilité des couples.
Don Fabijan lui remit l’un de ces condoms troués en précisant d’un air sérieux, sans même un sourire devant l’expression d’étonnement du traducteur et du couple :
— Voilà ! Un condom fabriqué en Thaïlande et emballé en Croatie, dans notre village. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, que vous ayez des enfants ! Amen !
Jim, moue dubitative, pensa Il me semble qu’un condom est un moyen de contraception et non un moyen de favoriser la fertilité… Ces Croates sont décidément bizarres…
Il le prit quand même en pensant On n’a vraiment rien à perdre d’essayer…
Le traducteur était aussi perplexe que l’Américain. Il pensa Je ne m’attendais pas à ce que ce soit ça… Le fameux secret de la fertilité des couples ! … Mais si ça marche… Je voudrais bien avoir un enfant avec ma chère Jovanka…
Marko en prit un aussi et remercia Don Fabijan. Ce dernier pensa, heureux : Excellent ! En espérant que ce couple nous attirera d’autres Américains sur notre île ! Que le Seigneur les bénisse !
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Au cours des quatre derniers jours restants de leurs vacances, Jim Clancy et Melinda Gordon en profitèrent pour se promener sur l’île et se baigner un peu dans la mer Adriatique pour se rafraîchir de la chaleur estivale. Le mari parvint à la convaincre d’ignorer les esprits errants qu’ils rencontrèrent sur leur chemin. « Mel », plaisanta-t-il, « es-tu venu pour aider des esprits ou pour te reposer ? » Elle se rendit à son avis de profiter un peu des vacances.
Au dernier jour, un peu avant leur retour pour Grandview, Branko Bradarić apparut devant la passeuse d’âmes, alors dans sa chambre d’hôtel en train de ranger leurs bagages avec son mari, pour lui dire qu’il voudrait partir dans l’Autre Monde, car il s'ennuyait de rester encore parmi les vivants. Elle dit :
— Merci pour vos traductions…
Jim, remarquant que Melinda regardait devant elle, tourna sa tête vers ladite direction, mais il ne vit rien.
Il murmura :
— Encore un esprit, Mel ?
Elle confirma silencieusement, sans détourner ses yeux du fantôme.
Ce dernier répliqua avec son plus beau sourire :
— Il n’y a pas de quoi ! Je ne fais que mon travail, le même que je faisais de mon vivant… Preuve que j’aimais vraiment être traducteur-interprète officiel !
— Avez-vous quelque chose qui vous retient encore parmi les vivants ? Ou quelque chose de non-résolu avec vos proches ?
— Rien ! J’ai rédigé mon testament avant de quitter mon corps… Je ne suis pas fâché contre ma femme ou mes enfants… J’ai même vu mes petits-enfants… Je voulais seulement parler avec quelqu’un qui peut me voir…
— Très bien ! s’exclama-t-elle d’un air joyeux. Voyez-vous la Lumière ?
Branko répondit après avoir regardé devant lui, fixant quelque chose que lui seul voyait :
— Oui, une lumière blanchâtre et jaunâtre, tellement divine, accueillante et douce…
— Allez-y, elle est pour vous ! murmura Melinda, larmes de joie aux yeux.
L’esprit se dirigea dans un élan vers la lumière jusqu’à ce qu’il s’estompa complètement de la vue de la passeuse d’âmes. Celle-ci rapporta à Jim que l’esprit traducteur était enfin parti dans l'au-delà. Son mari l’embrassa sur les lèvres et ils terminèrent de ranger toutes les affaires, vêtements et souvenirs dans leurs bagages.
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4 août 2007, 8 h 15.
Jim Clancy et Melinda Gordon étaient à l’aéroport de Šibenik, pour revenir enfin à Grandview. Après neuf heures de vol, les voilà de retour dans leur petite ville. Qui dit retour de voyage dit retour à la routine : Jim entre son travail d’ambulancier, son aide à sa femme avec ses histoires d’esprit errants et la cuisine ; Melinda entre la gestion de sa boutique d’antiquités et ses enquêtes improvisées sur les esprits errants afin qu’ils partent dans la Lumière. À la seule différence qu’ils ajoutaient les devoirs conjugaux, sans oublier le préservatif de Croatie qu’ils utilisaient malgré leur réticence initiale.
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11 avril 2008, Hôpital Mercy, Grandview, 15 h 30.
Melinda Gordon accoucha d’un garçon qu’elle prénomma Aiden. Elle et son mari étaient heureux d’être enfin parents. Cependant, Jim demeurait sceptique quant à la pertinence du condom. Il en fit une analyse sous un microscope pour découvrir qu’il était troué. Il en informa sa femme et cessa de l’utiliser depuis ce jour. De plus, il publia un poste à cet effet sur les réseaux sociaux, question d’informer les potentiels touristes.