(Re)commencements

Chapitre 1 : (Re)commencements

Chapitre final

1144 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/06/2020 10:37

Ce texte est issu d'un jeu d'écriture du forum consistant à écrire 10 drabbles comportant 10 mots précis. Dans les pastilles suivantes, je les ai systématiquement placés à la toute fin.


Nota : les disparités de ton et de vocabulaire dans les 5 premières ficlets sont intentionnelles.



NAISSANCE D'UN JOUR NOUVEAU


Ou comment Spike et Buffy ont embrassé un jour une nouvelle existence



1

Peut-être que sa vie aurait été bien différente s'il avait regardé la réalité en face. Non pas ce monde chimérique qu'il déversait à flot dans ses poèmes ridicules - mais celui des domestiques raréfiés, de la soupe claire, de l'argenterie et des bijoux disparus avec la toux persistante de sa mère qui tachait les mouchoirs... Mais non, lui s'était nourri de romans de chevalerie, rêvant de porter les couleurs de la dame à laquelle il aurait voué un amour éternellement godiche. Il aurait été probablement moins anéanti, le jour où cette belle salope de Cecily avait choisi de le rejeter.


2

D'abord il s'était juste permis un sourire incrédule. Sans doute était-ce là l'œuvre mesquine de ses prétendus amis. Elle devait faire semblant, n'est-ce pas ?… Il savait bien que leurs longues discussions sous la tonnelle étaient marquées au sceau de la confidence intime. Elle avait avoué son horreur des souffrances infligées aux enfants, lui avait conté les brimades d'un père exigeant qu'il décevait constamment. Le cœur battant et dévoué, il avait juré le secret.

Le plus humiliant, c'était finalement qu'il avait dit merde à la vie parce qu'il n'était qu'un puceau de trente ans, infoutu de gérer des problèmes d'ados.


3

Bon, c'était sûr qu'après sa conversion, tous ses problèmes avaient brusquement cessé de compter. L'ensorcelante beauté l'avait happé dans ses bras blancs, en promettant le réconfort d'un amour éternel (et des délices charnelles immédiates), s'il voulait bien la serrer fort et reposer sa tête à son épaule... Il avait senti le désir dans ses yeux d'argent, le frisson de son corps pressé et le froid sourire gourmand contre sa gorge. Il acceptait cette mort sûre.

Malgré la douleur insoutenable, il n'avait ni reculé, ni cherché à fuir – certain que tous ces connards insultants allaient bientôt regretter d'avoir chargé la mule.


4

La légende rapporte ceci comme l'acte fondateur de sa nouvelle existence. Ces fumiers s'étaient bien foutus de sa gueule, de son béguin et surtout de sa poésie niaise... "Ses vers font saigner des oreilles !". Cette phrase abjecte, il en avait fait sa carte de visite : Spike. Le sourire mauvais, il avait arraché les longs rivets rouillés qui maintenaient la voie ferrée en place, et les avait ensuite très longuement présentés à leur canal auditif. Serviteur, messieurs ! Et alors qu'il dominait leurs cadavres ensanglantés, il avait enfin ri et fêté sa vengeance en allumant un cigare.


5

Cecily s'était évaporée. Il regrettait de ne pas l'avoir chopée parce qu'il prévoyait un paquet de tortures vicieuses et dégradantes à lui faire subir. "Qu'as-tu donc cru, pauvre William ? Tu n'es pas de mon rang !". Pour avoir piétiné son cœur avec mépris, elle allait payer, pleurer et gémir, nue et impuissante... Comment avait-elle réussi à planquer ses fesses ? Mystère.

En attendant, il rattrapait son retard en matière sexuelle. Avide de désennuyer son propre sire Angelus, sa délectable initiatrice inventait chaque jour des supplices extrêmes entremêlés de pure jouissance pour lesquels son préliminaire préféré consistait invariablement à l'attacher.


.

6

Peut-être que sa vie aurait été très différente si elle avait évité de regarder la réalité en face. Ignorer ces chimères abracadabrantes, pour rester dans un monde où il suffisait de s'éclater en soirée, de gagner sa croute un jour – assez pour s'acheter bijoux, vernis et fringues à la mode. Voire une couverture médicale. Au lieu de ça, elle avait rencontré un vieux frappadingue qui avait déblatéré qu'elle était la sauveuse du monde ou un truc comme ça. Elle ? La cheftaine des pom-pom girls ? Qu'est-ce qu'il avait sniffé ? A dix contre un, c'était pas du sucre.


7

Quand sa mère lui avait conseillé d'éviter les types louches, elle avait levé les yeux au ciel. Comme si elle allait se précipiter sur des tarés sexagénaires, qui voulaient "l'observer" (non mais ho, pervers va !) et "l'entraîner" (dans quoi ?). Pourtant Merrick avait expliqué son rêve récurrent et souligné ses capacités physiques hors-normes – utilisées futilement pour l'heure à faire la pyramide pour soutenir l'équipe du lycée... Pourtant, il avait bien fallu l'admettre : elle était super forte et elle pouvait botter des culs de vampires comme personne. En plus salissant, c'était un peu comme avoir gagné au loto.


8

Le directeur d'Hemery avait été clair avec sa mère.

— Madame, votre fille est responsable de dégâts matériels considérables et nous sommes bien aimables de ne pas vous présenter la facture. Trop, c'est trop : elle est définitivement exclue de l'établissement.

— Mais, avait protesté Joyce abasourdie, c'est sûrement un malentendu... Ma petite fille de quatorze ans ? Mettre le feu au lycée ? Enfin monsieur le Directeur, ce n'est pas sérieux ! Elle adore le sport, pourquoi détruirait-elle le gymnase ?

— Mme Summers, soyez raisonnable. Vous connaissez son dossier scolaire : il est rempli d'incidents prouvant ses tendances à la violence.


9

Avec ce déménagement à Sunnydale, Buffy laissait beaucoup derrière elle. Son père décevant, Pike parti avec ses parents, Benny devenu vampire... Et la mort de Merrick qui l'avait plus choquée que prévu finalement. Au seuil de son nouveau lycée, elle avait bravement enfourné une Chupa Chups et s'était promis une nouvelle vie... Erreur ! Dès qu'elle mit les pieds par hasard à la bibliothèque, un Anglais rasoir se présenta aussitôt comme son nouvel Observateur. Plus jeune mais déjà ringard : accent, lunettes, costard-cravate en laine – en Californie ! Le mec trop obsédé par les démons pour faire gaffe au thermomètre.


10

Par contre, il y en avait un qui faisait grimper la température : Angel. Grand, sexy, mystérieux et agaçant, il leur refilait au compte-goutte des infos cryptées sur le super vilain vampire du coin. Ce mec avait beau être canon, on n'y comprenait rien. « Préparez-vous pour la moisson ». Elle n'était pas fermière ! Et puis cette croix qu'il lui avait offerte, direct ! Il savait qu'elle n'en avait pas besoin : elle était « la Tueuse ». Giles n'arrêtait pas avec ça. Non, le jour où elle arrêterait de tomber sur des tordus, il faudrait porter un toast.

Laisser un commentaire ?