La Dame au Camée

Chapitre 2 : La Némésis

3951 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/01/2023 13:38

Anya faisait gaiement les comptes, rêvant du mariage qu'elle et Xander pourraient s'offrir. D'ici à ce qu'il annonce enfin leurs fiançailles, leurs économies auraient doublées. Alors jusqu'au mariage... Elle trouvait au moins cette consolation dans les velléités de son fiancé, que leur mariage serait féerique.

Le téléphone sonna, et Anya allait le décrocher quand on toqua à la porte du magasin. Quelle drôle d'heure pour venir faire ses emplettes, pensa-t-elle. Mais après tout, de l'argent, c'est de l'argent, peu importe l'heure à laquelle on vous le donne. Et le téléphone rappellerait. Elle se ravisa donc pour aller ouvrir, et quelle surprise ! Un jeune prêtre attendait, enveloppé dans une soutane aussi noire que ses yeux. Sa beauté troubla Anya, qui pendant un instant se demanda si elle avait ouvert la bonne porte. Mais son esprit commercial la rappela bien vite : « Que puis-je pour vous, mon père ? Avant d'ajouter à mi-voix : J'ai toujours rêvé de dire ça !

— Bonsoir, ma fille, fredonna une voix douce. Je cherche un dénommé Spike. Blond décoloré, veste en cuir. Il insista sur le dernier mot : Vampire. Sais-tu où il est ? Je peux sentir qu’il vient souvent ici.

— C'est vrai qu'il laisse une odeur de gel pour les cheveux, déduit-elle sans perdre sa bonne humeur. Vous le connaissez bien alors ?

— Nous nous connaissons de longue date.

— Euh... » Un processus neuronal complexe se finalisait dans le cerveau de la gentille vendeuse, et une épiphanie de terreur la foudroya : Combien de prêtres se baladaient dans Sunny Dale à cette heure en quête d’un vampire ? « Je ne sais pas où il est. D’ailleurs, je ne suis même pas sûre de voir de qui vous parlez » dit-elle en refermant la porte. Trop tard, car le prêtre avait déjà un bras à l'intérieur, la bloquant avec une force surprenante. Anya changea de tactique : « Vous m'excuserez, j'ai du travail. Je vous laisse visiter la boutique. » Elle accéléra en direction du téléphone. Tara gardait Dawn cette nuit, c’était la seule aide disponible. À moins que... la police ? Et puis quoi encore ! Anya avait presque atteint sa cible quand une main lui écrasa la nuque. La poigne était inhumaine ! « Où est Spike ? » tonna le prêtre, retournant sa prise pour lui faire face. Nez à nez, on devinait son agitation, comme une bombe sur le point d’exploser : « Parle, ou tu subiras le courroux de Dieu !

— Pourquoi ? Qu'est-ce que vous lui voulez, à Spike ?

— Le tuer !

— Je vous comprends. Moi aussi, il n'y a pas longtemps, je voulais le tuer. » La poigne se resserra sur sa gorge. « Attendez, je... je peux l'appeler pour qu'il rentre. » Le prêtre pencha la tête comme un animal attentif, puis la rejeta. « Alors appelle Spike, ma fille » se radoucit-il comme elle se massait la gorge. Cette chose était imbattable. Même si elle parvenait à joindre Tara, le prêtre la tuerait avant que la sorcière puisse intervenir. Quoiqu'elle fasse, elle allait mourir. Mais avait-elle une autre option ? Anya continua lentement vers le téléphone, et tenta une diversion : « Qu'est-ce qu'il a fait ? pour mettre Dieu dans une telle rage ? Je croyais que Dieu était… miséricordieux, et tout ça ? » Puis, comme le prêtre ne répondait pas : « Il en a fait, des choses horribles dans le passé, je le sais. Moi aussi, d’ailleurs. Mais on peut changer. Si c’est Dieu qui vous guide, vous devez le savoir...

— Anyanka, si tu parles une fois de plus, je serai obligé de t’abattre. » Anyanka ? Alors le prêtre était un démon ? Elle avait une certaine réputation à l'époque de ce nom, mais peu de gens pouvaient la reconnaître, et encore moins sous forme humaine. Elle devait l'avoir déjà rencontré. À moins que… qu'il travaille pour ? Anya contracta fort ses lèvres pour lutter contre sa nature bavarde. Elle ne pouvait plus rien faire que décrocher le téléphone. La tachycardie lui souffla un mauvais numéro, et proche de la syncope elle dut raccrocher pour réinitialiser ce maudit cadran rotatif, et recommencer l'opération. À chaque chiffre qu’elle remontait, elle attendait que des mains puissantes lui brisent le cou. Quand enfin, le téléphone sonna chez les Summers, personne ne le décrocha. « Allez, Tara... Allez, ma fille, décroche, je t'en supplie ! » tremblait-elle. Elle sentait la chaleur du prêtre se rapprocher dans son dos. Il était assez près pour... pour recevoir un coup de téléphone ! D’un geste, Anya s’empara de l’appareil et le fracassa sur la tempe de son agresseur. Sans prendre le temps de juger son effet, elle courut se réfugier dans la salle d’armes, puis verrouilla la porte. Cela ne le retiendrait pas longtemps, mais peut-être assez pour qu'elle dégote une arme, et lui donne une chance, même infime, de se défendre. Une arbalète ferait l'affaire. Et alors que la malheureuse était en train de charger un carreau dans la fente, on attaqua la porte. Arbalète chargée ! Maintenant une arme de poing, au cas où elle manquerait sa cible. Bam ! La porte volait en éclats, et le prêtre ruait au travers. Le carreau alla se ficher dans son épaule sans le ralentir plus qu’une mouche en vol. Anya allait décrocher une épée bien trop lourde pour elle, quand une sourde psalmodie détonna dans leur dos. C’était Tara, qui se tenait sur le pas de la porte défoncée et considérait le prêtre avec méfiance. Celui-ci, se retournant vers elle, déclara calmement : « Ta magie est sans effet sur le bras de Dieu, sorcière ! Où est Spike ? Est-il avec toi ? » Sans prendre la peine de répondre, Tara proféra vite une nouvelle formule, et d'un geste de la main, propulsa la grande épée, qui alla transpercer le prêtre et le clouer au mur. « Vite ! » appela-t-elle. Et les deux femmes s'enfuirent à toutes jambes jusque dans la rue.

Presque simultanément, Buffy et Xander et Willow et Spike débarquèrent devant elles. Le scooby-gang au complet se regroupa devant la porte du Magic Box. Après un bref résumé de la situation, Buffy mena la charge. Mais Tara intervint : « Il faut que vous sachiez... il est insensible à la magie. Nos pouvoirs à Willow et moi seront limités contre lui. » La Tueuse opina du chef, avant de pénétrer dans la boutique. D’abord, une épée ensanglantée sur le sol, d'où filait une piste de sang vers la salle d’armes. Un chuchotement à l’intérieur. C'était le prêtre qui, sa funeste silhouette ramassée dans une mare rouge, priait à voix haute. Le gang se positionna en arc de cercle derrière lui, Buffy au centre. Après une pause dramatique, elle se racla ostensiblement la gorge. « Tu es là, se réjouit alors la voix doucereuse.

— Oui, je suis là, répondit la Tueuse comme le prêtre se relevait. Mais vous ne devriez pas. Dieu ne vous a jamais dit qu'on n'entre pas de force chez les gens pour les étrangler ? » Le prêtre l'ignora totalement car il s’adressait à Spike : « Pour avoir déséquilibré le monde, vous devez rejoindre votre place en enfer. » condamna-t-il. Une épée était apparue dans ses mains, dont les ornements distinctifs troublèrent fortement Anya. « Rétribution... » murmura-t-elle. Elle était lasse de ses épiphanies à retardement. Était-elle toujours si lente à comprendre les choses? : « Vous êtes une Némésis... Puis, criant aux autres : Nous devons partir ! Tout de suite !

— Une Némésis ? répliqua Buffy. Comment on les tue ?

— On ne les tue pas, on fuit ! » paniquait-elle.

Le prêtre attaqua, et aussitôt, comme Spike esquivait, Buffy en profita pour ruer. Sans comprendre comment, elle se retrouva par terre. Un peu vexée, elle s'empara de l'épée ensanglantée qui gisait là, puis retourna combattre. Le prêtre semblait pouvoir bloquer toutes ses attaques, même les plus rapides, sans aucune peine, parvenant même à abattre Spike dans le même temps. La Tueuse décida de lui gagner une marge en frappant de toutes ses forces. La Némésis serait bien forcée d'encaisser... Sauf que c'est l'épée qui encaissa. Elle se brisa net au milieu, alors que Buffy tombait une nouvelle fois, le buste comme écrasé par un camion. Anya avait raison. Il était inutile d'insister bêtement. Ils risquaient tous d’y perdre la vie. « OK, on fuit » approuva-t-elle. Et l'ensemble du gang se précipita dehors, pendant que les sorcières libéraient toute leur puissance et leur ingéniosité pour ralentir leur poursuivant. Il esquiva d'abord le reste d'épée que lui envoyait Tara, sans prendre garde à toute l'armurerie dans son dos, qui s'envolait vers lui, avide de se planter dans sa chair, sous l'impulsion de Willow. Épées, haches, lances, et toutes les autres formes d'armes blanches se plantèrent violemment dans son dos pour le plaquer au sol. Mais il allait se relever. « Le plafond ! » cria Willow en reculant. Joignant leurs forces, les deux sorcières arrachèrent bloc par bloc le plafond de la boutique pour la faire s'écrouler complètement sur la Némésis. Cette vision déchira le cœur de la pauvre Anya. « Ma boutique ! hurla-t-elle, en deuil.

— On la réparera » la rassura vite Tara, la poussant dans la voiture. On ferma les portières, Willow sauta derrière Spike sur sa moto alors qu’il embrayait d'un coup de pied. Puis tout le monde démarra en trombe, filant dans la rue avec les crissements des pneus.

« Nous devons rouler le plus loin possible, décréta Anya, mettre le maximum de distance entre lui et nous, parce qu'il peut flairer Spike partout, jusque dans d'autres dimensions.

— Il peut savoir exactement par où est passé Spike ? demanda Tara pour confirmation.

— Exactement.

— Parce que tout à l'heure, il est passé devant la maison. Il a observé un bon moment avant de repartir.

— La maison, notre maison ? » s'inquiéta Buffy. Tara opina : « C'est comme ça que je suis arrivé au Magic Box : je l'ai suivi.

— Très bonne initiative, commenta Anya. Merci.

— On ne peut pas risquer qu'il trouve Dawn là-bas, continua Buffy. Xander, tu veux bien passer la prendre et l'amener chez toi ? Spike n'y est jamais allé, n'est-ce pas ?

— Pour ça, il aurait fallut que je l'invite !

— Comme si j'avais envie qu'il m'invite ! » rétorqua l'intéressé depuis sa moto, à qui Willow relatait toute la conversation par télépathie : « C'est sûrement sale, sombre, et puant. Pourquoi je voudrais entrer là dedans ?

— Chut ! » le coupa la sorcière. Xander accepta évidemment d'escorter Dawn jusque chez lui en bus, pour laisser aux autres le temps de fuir. « Spike a certainement des habitudes ailleurs, ajouta-t-il, la Némésis pourrait massacrer tous ceux qui s'y trouvent. Et je ne peux pas tous les amener chez moi. » Anya le stoppa des mains : « Attendez, attendez ! Le but d'une Némésis est de faire justice... en gros. Ce serait totalement absurde de massacrer encore davantage de gens.

— Chérie, il a déjà tué un médecin et blessé plusieurs autres personnes. » Anya dévisagea son fiancé, incrédule : « Vraiment ? avant de reprendre : Spike, c'est vraiment grave ce que t'as fais ? » Tous les regards se tournèrent alors vers la moto roulant à côté. Après un bref délai de transmission, Spike les regarda en retour, puis hocha vigoureusement la tête. « OK, il faut évacuer tout le monde » soupira Anya. Buffy observait les motards discutant, l'un par télépathie, l'autre en hurlant. C'était un mode de communication auquel on ne s'habituait pas vite. Elle devina un mot sur les lèvres du vampire, qu'elle répéta tel un écho qui aurait traversé les vitres : « Le Bronze !

— Mais évidemment ! Le club est bondé à cette heure-ci !

— Il faut trouver un moyen de l'évacuer.

— Je peux m'en occuper ! » déclara Tara. Elle avait décrété cela avec une telle confiance que personne n’osa la mettre en doute. « Très bien, alors faisons comme ça. »



1819


La lune avait à peine bougée dans le ciel de Westfield depuis qu'un vampire y avait massacré l'orfèvre et sa famille. Spike profanait déjà la tombe d'une femme, reposant sous le dallage de son église. Sur sa poitrine encore charnue, luisait le bijou tant convoité. Les deux monstres s'en allèrent-ils pour autant ? Non ! Échauffés par tant d'amour, ils pénétrèrent dans les maisons, torturèrent et tuèrent tous leurs habitants trois jours de suite. Enfin, ils trouvèrent refuge dans un beau manoir en marge du village, dont la maîtresse était justement la baronne de Westfield, la dame au camée ! Elle en avait laissé la garde à quatre de ses gens, pendant qu’elle partait en voyage. Mais un soir, la baronne vint à rentrer. Et quelle joie pour Drusilla de la voir descendre de voiture ! Vous pensez bien, qu'elle et son compagnon lui firent bon accueil ! Elle s'empressa de lui faire admirer son propre pendentif, dont le portrait la complémentait si bien : « N'est-ce pas que nous sommes belles toutes les deux, ainsi parées ? » se réjouissait la dame en noir, sa camarade entre les bras. Se tournant vers Spike : « Ne dirait-on pas de vraies sœurs ?

— Certes, ma mie. » Et les trois compagnons jouèrent tant, qu’à la fin de la nuit, la baronne était morte. « Veux-tu récupérer sa broche ?

— Pour quoi faire ? J'ai déjà le mien qui me va si bien. Et puis, je ne voudrais pas lui en priver, elle est si belle. » Drusilla disait cela en caressant le visage vide et livide de sa camarade.

Une orgie, voilà ce que c'était pour eux. Comme au temps des romains. Une orgie qu'ils achevèrent, ivres d'alcool, d'amour, et de sang, sur la tombe ouverte de la femme à laquelle ils avaient volé le camée. Spike lui prodiguait sa détestable compagnie, philosophant sur l'hédonisme. Parfois, il croquait un morceau de son en-cas, le prêtre, dont le sang gouttait sur la défunte, d'apparence imperturbable. D'apparence seulement... car à chaque goutte de sang que son corps sec absorbait, sa haine grandissait, jusqu'à la fin : Un son ignoble venant de la tombe. Spike recula d'un bond quand il remarqua le fœtus monstrueux qui gigotait dans le sang. Après un cri de panique, il vida prestement sa bouteille d’alcool sur la créature, avant de s’emparer d’une torche et de l’y jeter. Le brasier était tel que le vampire pensait avoir ouvert un portail sur l’enfer, le sang bouillonnant à l’intérieur. Il emporta Drusilla dehors, comme elle criait, horrifiée au-delà du raisonnable, par quelqu’autre chose qu’il ne pouvait pas voir. Ils observèrent avec grand trouble l'église se consumer puis se fracasser sur elle-même. « Où est le pendentif ? s'étonna enfin Spike.

— Hein ?

— Le camée, où est-il ? » Et Drusilla, se tâtant la poitrine, réalisa qu'elle ne l'avait plus : « J'ai dû le perdre quand tu me portais dehors... » Sans savoir pourquoi, ils se sauvèrent, effrayés, et consentirent tacitement à ne plus jamais revenir, ni même évoquer cette semaine de leur mort. Spike aurait juré avoir entendu, dans le ronflement du brasier, les cris d'un monstre.



Aujourd'hui, 21h00


« Je savais bien qu'il me rappelait quelqu'un, ce camée ! » s'exclama Willow. Spike avait terminé son histoire. Ce qui restait du gang, Buffy, Spike, Anya, et Willow, faisait une pause tactique à plusieurs kilomètres de Sunny Dale, en plein désert, pour voir la Némésis arriver de loin.

« Donc elle a probablement été invoquée cette nuit-là dans l'église, réfléchissait Anya.

— C'était ça le... « fœtus » dans le bouillon de sang ?

— Sans aucun doute. Il devait y avoir une sorcière au village, et pas n'importe laquelle. Il faut de la vergue pour invoquer Adrastée.

— Invoquer quoi ? buta Buffy. » Il était temps pour des explications. Anya organisa un moment le service des urgences débordé dans sa tête, puis se lança : « Les démons de la vengeance, comme moi, servent une déesse : Adrastée. C'est en quelque sorte leur PDG. Parfois, quand un crime est assez grave pour déséquilibrer ce monde, elle accepte d'intervenir elle-même. Je crois qu'il faut un déséquilibre d'au moins 1 %, contractuel. Mais voilà, Adrastée est une déesse, donc elle est incapable de se matérialiser dans une dimension aussi... petite. C'est pourquoi elle fragmente son âme, et l'envoie s'incarner dans le corps d'une victime : la Némésis. Une Némésis est un fragment d'âme incarnée d'Adrastée, dont le seul et unique but est de corriger le déséquilibre.

— Corriger le déséquilibre, ça veut dire me tuer, rappela Spike.

— Oh, non ! Ton cas est beaucoup trop grave. Ça veut dire te faire souffrir autant que tu as fais souffrir le village. » Anya avait opté pour le ton du professeur bienveillant, quoique légèrement trop enjoué. La panique se lisait en majuscule sur le visage de son élève : « Si c'est le big boss des démons de la vengeance, tu la connais, non ? Tu dois pouvoir intercéder en ma faveur, lui expliquer que j'ai changé, que je suis un gentil maintenant... » Puis, comme Anya ne répondait pas : « Mince, j'ai sauvé le monde plusieurs fois ! Ça compte quand même ! Ça rééquilibre !

— Je ne crois pas. Désolée... » Elle ne l'était pas. « Que quelqu'un me passe un pieu ! se résigna alors le vampire.

— Non, non, non, tu es responsable de cette pagaille, pas question de te défiler par suicide ! » Les paroles de Buffy semblèrent trouver sens, car il opina avec une nouvelle détermination : « Non... bien sûr que je ne vais pas me défiler, Tueuse. » Tout le monde apprécia silencieusement cette résolution.

« Bon, maintenant la question est : comment on la tue ?

— Je n'en sais rien, vraiment. Ce n’est peut-être qu'un fragment d'âme de déesse, mais déesse quand même ! Vous avez bien vu la dernière fois, nous avons failli y passer... » Anya réalisa trop tard ce qu'elle disait, et évita soigneusement de regarder Buffy, qui évita soigneusement de répondre. Willow brisa le silence gêné : « Et comment l'invoque-t-on, cette Adrastée ?

— Je ne connais pas les détails, seulement qu'il faut beaucoup de souffrance, et du sang...

— Est-ce qu'il ne faut pas, pour ce genre d’invocation, entretenir un lien magique avec le corps ? » Cela évoqua des souvenir à l'ex-démon. « Si ! Attends... je me souviens qu'il faut une sorcière, en permanence.

— Donc le sort serait alimenté par une sorcière, la même sorcière, depuis des siècles ? s'étonna Spike.

— C'est possible... ou alors plusieurs sorcières qui se relayent. Mais ça veut dire que si on trouve la sorcière, on peut interrompre l’invocation et renvoyer le fragment d'âme de machine chose chez elle ! » Passé une légère euphorie, on se demanda bien vite comment retrouver une sorcière qui se cachait depuis des siècles.

Willow se dirigea alors vers une cabine téléphonique pour informer les trois marginaux des nouvelles, et les joindre à la réflexion. Tara avait savamment procédé à l’évacuation du Bronze. Un claquement de doigts lui avait suffit pour activer le système anti-incendie, et ainsi ruiner la soirée (et la tenue) des fêtards. Mission accomplie en moins de cinq minutes, direction chez Xander. Après avoir écouté le résumé de Willow, massés autour du téléphone, Tara, Xander, et Dawn réfléchissaient : « Elle serait restée prisonnière des ruines de l'église pendant des siècles ? Dans la crypte ? La pauvre !

— La pauvre ? laissa échapper Xander, ahuri. Vraiment ?

— Oui, enfin... pas vraiment, non. Mais Spike l'a quand même bien cherché. » Xander agita vivement son index pour féliciter cette déclaration : « Là nous sommes d'accord ! » Interrompu par un gloussement de Willow qui résonna à travers le combiné : « Vous imaginez ! essayait-elle d'expliquer entre deux hoquets ...ce qu'elle a pensé quand le plafond du Magic Box lui est tombé sur la tête ! » Elle emprunta alors une grosse voix contrariée : « Oh ! non ! Pas encore ! » On en oublia un moment la menace de mort imminente. Puis Xander rempila les hostilités : « N'empêche que si monseigneur Spike avait daigné nous raconter cette histoire plus tôt, on en serait pas là.

— C'est vrai... Je crois qu'il avait honte, justifia Willow. Il avait l'air d’avoir honte en nous racontant.

— Honte ? Spike ? On parle bien du même Spike ? celui qui se vante du meurtre de deux Tueuses et du massacre de familles entières, bébés inclus ?

— Peut-être pas le même Spike, justement. Je ne sais pas. Toujours est-il qu'on ignore comment retrouver la sorcière qui est à l'origine du sort.

— Les villageois devaient tous la connaître, souffla Tara, pensive.

— Oui... dommage qu'ils soient tous morts à cause de qui-vous-savez, sinon nous aurions pu les interroger ! » Xander refusait de manquer la moindre occasion d'attaquer : « Oh ! attendez ! S'il ne les avait pas massacrés, la question ne se poserait même pas ! » Mais Tara, qui continuait de se taire, interpela son amoureuse : « Eh ! Tu ne sens pas que je te regarde avec insistance ?

— Qui ? Moi ? s'étonna Willow à des kilomètres de là. Oh, non, non, non ! Tu ne penses pas ?...

— Ça fait des semaines que tu te plonges dans le spiritisme, je suis sûre que tu saurais comment faire !

— Oh ça, je saurais comment faire... en théorie. Mais je ne saurais pas le faire ! » Cette fois, Willow devina le regard de son amoureuse à travers le combiné. « Et avec un coup de main ? »

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