Trop tard

Chapitre 2

Chapitre final

921 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/05/2018 11:09

Lucie était venue débriefer leur dernière affaire chez Caïn, comme il s'était fait tard le capitaine l'avait invité à rester manger chez lui. Ils avaient donc discuté de tout et de rien. Ils chérissaient secrètement ces soirées où tout était simple quand quelqu'un frappa à la porte.


  • Tu attends quelqu'un ?
  • J'avais dit à la call-girl pas avant 2 heures du matin, répondit-il, léger.


Lucie soupira et le suivit du regard alors qu'il se dirigeait vers la porte en sortant son arme. Dehors la personne frappa encore. Caïn ouvrit sur un spectacle plus que surprenant. C'était Borel qui se tenait sur le palier. Ses vêtements étaient maculés de terre, le capitaine crut même y distinguer du sang.


Borel avait l'air complètement perdu. Il ne pouvait former une phrase complète et ses yeux étaient hagards et dilatés. Pourtant lorsqu'il vit Caïn quelque chose se passa dans son esprit et il s'approcha précipitamment pour venir se pencher au dessus du capitaine et lui murmurer à l'oreille. Même si elle s'était rapprochée Lucie n'entendit strictement rien mais elle n'avait pas besoin de cela. Elle lisait sur le visage de Caïn que c'était du sérieux.


  • Ne bouges pas, lui ordonna le capitaine.


Il partit vers la cuisine et rapporta un grand sac poubelle puis il se tourna vers Lucie.


  • Tu peux fermer les yeux.
  • Pourquoi ?
  • Parce que je vais demander à Borel de se déshabiller.


Sans poser de questions Lucie fit ce qu'on lui demandait. Ce n'était pas une habitude chez elle mais quelque chose dans l'attitude du capitaine la poussait à ne pas poser de questions. Pas maintenant. Sans qu'elle sache pourquoi, la situation était grave. Elle entendit effectivement Borel se déshabiller et Caïn qui lui parlait comme à un enfant.


  • Maintenant tu vas prendre une douche. Tu te frottes de la tête aux pieds, les ongles et entre les doigts, c'est clair ?


Borel dût répondre en hochant la tête car il ne parla pas. Une fois que Lucie fut sûre que le lieutenant était parti elle rouvrit les yeux. Caïn ferma le sac dans lequel il avait mis tous les vêtements et le posa prêt de la porte.


  • Qu'est-ce que tu vas faire de ça ?
  • Je le brûlerais à la première heure demain matin.
  • Fred dit moi ce qui se passe.
  • Rien. Il ne se passe rien.


C'eut été un euphémisme de dire que Lucie ne se satisfit pas de cette réponse. Elle pouvait percevoir le trouble et la détermination du capitaine. Elle ne lui avait connu un tel regard qu'à l'époque où Ben s'était accusé de meurtre. Elle le fixa aussi intensément qu'elle le put. Caïn roula jusqu'à son canapé, il s'y transféra avec une lourdeur inhabituelle. Lucie prit le siège adjacent.


  • Nous n'avons plus à nous inquiéter de Tina.


Lucie mit quelques secondes à comprendre ce que venait de lui dire Caïn. Au loin la douche s'alluma et petit à petit toutes les implications de cette déclaration la frappaient.


  • Tu ne penses pas que Nassim ait pu …
  • Je m'en fous. C'est un gars bien.
  • Mais Fred, s'il a tué quelqu'un …
  • Tu sais ce qu'il m'a dit à l'oreille ? Il m'a dit que « tout était terminé ». De vous tous, il est le seul qui n'ait jamais douté de moi, même lorsque tu me retrouvais drogué, amnésique, de la poudre aux doigts et du sang plein la chemise avec un cadavre sur les bras. Jamais. Il est temps que je lui rende la pareille. Si Nassim a dit « tout est terminé » alors ça l'est. Maintenant ce qu'il a besoin c'est du soutient.


Juste comme il disait cela, le lieutenant parut à la porte.


  • Nassim vas me prendre un caleçon et un t-shirt. Tu ne vas quand même pas rester tout nu.


Borel obéissait comme un robot. Il avait la tête d'un enfant qui vient de se réveiller d'un cauchemar et qui ne distingue pas encore bien le rêve de la réalité. Lucie pensa que Caïn avait raison. Quoi qu'il ait fait, Borel avait besoin d'eux. Lorsqu'il revint Caïn ne lui fit qu'un signe et Borel se coucha à ses côtés sur le canapé prenant ses genoux pour un coussin.


Le lieutenant tremblait comme une feuille. Certes il ne s'était pas séché donc ses habits étaient mouillés mais sa réaction était due à autre chose que le froid. Lucie le couvrit tout de même d'une couverture. Caïn lui parla tout bas, l'invitant à dormir. Lucie ne lui savait pas une telle douceur dans la parole et dans les gestes. Il n'en fallut guère plus pour que Borel se laisse aller.


  • Et si quelqu'un découvrait quelque chose ?
  • Fais confiance à Borel. Et si « quelque chose » venait à tourner mal, je dirais que c'est moi. Ce sera beaucoup plus crédible.
  • Fred !


Mais la gravité du regard que ce dernier lui adressa lui ôta tous les mots. Elle n'avait aucun doute qu'il le ferait.


  • Pourquoi est-ce que Borel a fait ça ?
  • Le duel ne s'est jamais joué entre Tina et moi. Après tout ce qu'elle lui a fait c'était Nassim son véritable adversaire mais je crois qu'elle-même ne l'a compris que trop tard.   


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