Inconnue au bataillon

Chapitre 13

1116 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/07/2018 10:00

  • Ça c'est du lourd, du très très lourd !, s'exclama Borel.


« WONERLAND » avait bel et bien ouvert tous les fichiers de la clé USB. Elle contenait des photos, des vidéos, des enregistrements téléphoniques … Évidement tout était parfaitement rangé et nommé dans des arborescences de fichiers précises.


  • Selon elle c'est Maxence Vassin qui a fait le coup.
  • C'est un peu facile, dit Caïn en faisant la moue.
  • Son profil correspond parfaitement. Il était revanchard, impulsif, extrême et plein aux as.
  • De plus il vous en veut à mort d'avoir fait enfermer sa petite amie le mois dernier.
  • Et puis Alice avait des preuves.


Tous se tournèrent vers Borel. Il leur présenta quelques clichés, des appels et un relevé de compte. Elle avait, bien entendu, une copie de son état civil avec une adresse. Caïn chargea Borel d'éplucher le reste des dossiers et partit pour rendre une petite visite à ce Maxence Vassin. Malgré leur avancement le capitaine était morose. Lucie comprenait assez bien son sentiment. C'était comme si Alice avait bouclé l'affaire avant eux et qu'ils n'avaient fait que la suivre avec du retard en quémandant ses indices.


Dès qu'il ouvrit la porte Maxence Vassin comprit.


  • C'est votre faute aussi ! Pourquoi vous avez mis Fiona en prison ? Moi j'en voulais qu'à lui, dit-il en désignant Caïn.
  • Vous avez payé un tueur à gage.
  • Non, non, enfin si mais maintenant j'ai tout fait annuler. Je voulais pas que quelqu'un d'autre soit …
  • Tais-toi. Si tu veux alléger ton temps en prison il va falloir que tu nous dises comment tu contactais F.
  • Je vous dirais tout. Je promets.


Sans une autre question, ils l'embarquèrent. Caïn fut visiblement déçu. Une fois en salle d'interrogatoire il raconta tout ce qu'il savait en détail. Alice avait réuni toutes les preuves nécessaires et avait même laissé le numéro d'un juge d'instruction. Borel l'appela mais le juge lui dit qu'il viendrait au poste après être passé à l'hôpital. Il travaillait habituellement à Paris mais était descendu à Marseille dès qu'ils avaient reçu la nouvelle de l'hospitalisation du capitaine Alberti.


Malgré l'irrégularité de sa situation, Alice n'avait pas fait une seule action qui n'ait pas reçu d'aval juridique via son juge. Caïn n'avait eu qu'à faire signer les aveux à Maxence.


La seule chose qu'elle n'avait pas réussi à faire était de coincer F. Il s'avéra qu'il travaillait comme chauffeur de bus pour une compagnie de voyage ce qui lui permettait de proposer ses services à travers toute l'Europe. Le procureur fut ravi de voir un tel criminel sous les barreaux. En une seule journée tout fut réglé.


Lucie accorda leur après-midi à tous si bien que dès 16 heure il ne restait plus au SRPJ que la commandante, son capitaine, les deux lieutenants et le juge. Le commissariat était trop silencieux pour que s'en soit vraiment reposant. Ils avaient chacun tant de questions à poser aux autres que personne ne parlait. Le juge se lança en s'adressant à Caïn.


  • Alice m'a beaucoup parlé de vous avant de descendre ici. Après le décès de sa mère elle a fait une fixation totale sur votre cas. Je crois que ça l'aidait à surmonter son chagrin. Je dois dire que je ne vous imaginais pas comme ça.
  • Plus grand peut-être ?
  • Non. Ça va paraître un peu cliché mais je vous imaginais un look plus … rebelle : du noir, des cernes, le teint blafard et les tatouages.
  • Au lieu de ça il roule dans une décapotable jaune à la propreté douteuse, se permit Borel sur un ton de plaisanterie.
  • C'est à peu près ça, concéda le juge.
  • Dites-moi maître Duval …
  • Appelez-moi Félix.
  • Félix, je n'ai jamais vu un juge d'instruction traverser toute la France en urgence pour un flic.
  • Vous avez tout à fait raison capitaine. Il se trouve qu'Alice est aussi ma meilleure amie. Nous nous connaissons depuis toujours.
  • Pratique d'avoir un juge dans ses petits papiers.
  • Alice a toujours voulu travailler dans la police, c'est même elle qui m'a donné le goût à la justice. Elle me force elle-même à toujours garder un regard critique objectif dans le cadre de nos relations professionnelles. Et elle ne m'a jamais déçu. Contrairement à vous elle connaît encore mieux le code pénal que moi. C'est elle qui m'a aidé à l'apprendre.
  • Ce serait donc un ange ? Parfaite sous toutes les coutures. Je comprends pourquoi elle vous plaisait tant Lucie.
  • Au contraire elle a un caractère de cochon et rien ne compte plus pour elle que son travail. Alors vous m'excuserez capitaine mais je dois aller la voir maintenant


Félix s'éloigna. Avant qu'il ait quitté la pièce, Lucie déclara qu'elle voulait y aller aussi. Elle adressa à Caïn, Borel et Legrand un tel regard qu'ils surent qu'ils n'étaient pas invités. Pour fêter la fin de l'enquête Borel proposa d'aller boire un verre. Caïn ne refusa pas alors que Legrand s'excusa et rentra chez lui. Au bar, le capitaine abandonna vite l'idée de parler de Lucie ou d'Alice car Borel se montrait aussi protecteur avec l'un qu'avec l'autre. C'est ainsi que Caïn en appris plus sur son propre lieutenant.


Pendant ce temps-là, à l'hôpital, Félix et Lucie parlaient autour d'Alice. Cette dernière était réveillée mais après avoir échangé quelques mots avec son ami elle économisa ses forces et se tut, se contentant de garder les yeux ouverts et de les écouter. Parfois elle souriait. Lucie se rendit vite compte que Félix connaissait les moindres secrets de son amie, elle ne se gêna donc pas pour lui poser toutes les questions qui lui brûlaient les lèvres. Il n'en laissa que très peu en suspend. Pour la plupart d'entre elles Lucie avait vu juste, avec ou sans l'aide de Borel et Stunia, avec les éléments dont elle disposait.


Comme Alice les écoutait, Lucie prit aussi le temps de leur exposer une idée qu'elle avait eu. Bien sûr elle ne lui demanda pas de répondre mais plutôt d'y réfléchir. Tout passait dans le regard chez elle. Lucie comprit qu'Alice lui prêtait une oreille attentive. Félix fut donc celui qui réagit à cette proposition. Il semblait réellement partagé, comme si son amie avait autant de chance d'accepter que de décliner cette offre. Plus de 2 heures après être arrivé ils la laissèrent se reposer.  


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