Partenaire

Chapitre 13

1003 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/08/2018 09:27

Alice joignit Félix qui fit jouer à peu près toutes les ficelles du métier pour leur permettre de continuer à enquêter à pleine vitesse même avec des aveux. Caïn se démenait comme un beau diable mais ne donnait l'impression que de brasser de l'air. Le lundi arriva à une vitesse folle sans qu'ils aient plus d'indices.


Dès midi ils rentrèrent sur Marseille et Alice mit son plan à exécution pour le soir. À 19 heures tapante, la commandante su SRPJ était enfermée dans une cave quelconque qui avait été préalablement fouillée et qui ne comportait qu'une seule sortie. Ils lui avaient aménagé tout ce dont elle pourrait avoir besoin : sanitaire, frigidaire, alors que la porte d'entrée avec un digicode dont seul Alice et Caïn connaissait le code.


Durant toute la journée du mardi, Alice surveilla la porte. Elle était connectée en permanence avec Caïn et Lucie via deux appareils différents. Elle avait réussi à négocier que le capitaine continue l'enquête car rien n'indiquait que Lucie était la cible de cette semaine. De minuit à minuit Alice fit tendue et stressée à un point presque douloureux. Sa seule délivrance était de pouvoir parler presque constamment avec Lucie de l'autre côté de la porte.


À minuit une, Caïn appela. Alice sursauta de la sonnerie du téléphone mais en voyant le prénom de Caïn s'afficha, elle prévint Lucie et prit l'appel.


  • Oui Fred ?
  • Tu peux la faire sortir.
  • Je pense qu'on devrait atten …
  • Alice …


Cette dernière s'arrêta une seconde pour réfléchir et fit l'effort de sortir de son état d'esprit surprotecteur.


  • Qui est mort ?
  • Jean-Claude. Le gardien de nuit. Elle l'a égorgé sur le perron du SRPJ et je ne n'ai rien vu.
  • Tu es sûr que c'est elle.
  • « Tellement près ».


Alice raccrocha et resta plusieurs secondes silencieuses avant d'exposer en détail ce qui s'était passé à Lucie. À contrecœur elle lui ouvrit la porte. Lucie lui sauta au cou et l'enlaça. Alice la serra fort contre elle en retour. Elles restèrent ainsi pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que ce soit le téléphone de Lucie qui sonne. C'était Caïn.


  • Lucie ?
  • Fred ?
  • Vous allez bien ?
  • Oui.


Au bout du fil Caïn resta silencieux sans interrompre la communication. Lucie échangea un regard inquiet avec Alice.


  • Fred ?
  • Oui ?
  • Ça va ?
  • C'est juste cette affaire. Te savoir constamment en danger ça me …


Caïn fut interrompu par un cri et le son d'un coup de feu. Il dût éloigner le téléphone de son oreille lorsque celui de Lucie tomba à terre dans un fracas. Il resta figé. Deux autres coups de feu retentirent. Le cœur de Caïn lui fit soudain affreusement mal. Il n'arrivait plus à respirer. Borel se précipita à ses côtés. Il l'appelait mais le capitaine ne l'entendait pas.


Il était de retour quelques années en arrière. Il venait de sortir de chez Balducci et avait Jacques, Lucie et Sonia derrière lui. Le même coup de feu avait retentit alors dans son dos à quelques mètres à peine de lui pourtant il ne lui semblait pas plus fort que celui qu'il avait entendu via le téléphone un instant plus tôt.


De nouveau il se retrouvait dans cette même position. Le reste de ses membres était paralysés par une terreur viscérale qui l'empêchait de bouger. Il voulait de toutes ses forces se retourner, aller les voir tout en étant parfaitement incapable. Il ne voulait pas revivre cela. Il ne pouvait pas revivre cela. Perdre Sonia, perdre le bébé avait été insupportable. Mais si Lucie venait à disparaître …


Plus il essayait de se rassurer avec des scénarios alternatifs, plus il se rendait compte que la perte d'Alice ne lui serrait pas plus agréable. Il s'était attaché à elle dans leur relation de compétition/complicité mais c'est surtout Lucie qui s'était attaché à son adjointe. Les deux femmes partageaient quelque chose qui le dépassait complètement. Il lui arrivait d'être jaloux d'Alice sans même savoir vraiment pourquoi.


Le cri, les coups de feu résonnaient dans son crâne et se répétait encore et encore, le harcelant alors qu'il essayait désespérément de regagner le contrôle de lui-même. Il sentait vaguement que Borel le secouait mais ses appels ne lui parvenait que comme dans un rêve. Caïn savait pertinemment qu'il aurait dû s'y accrocher comme à une bouée de sauvetage mais ne réussissait même pas à faire la différence entre ce qu'il entendait vraiment et ce qu'il imaginait. Jusqu'à ce que l'une de ces phrases perce le brouillard de son esprit pour le harponner.


  • Elles ont besoin de nous !


Caïn n'avait pas une seconde à perdre. Lucie. Alice. Voilà tout ce qui comptait. Il aurait peur plus tard. Pour une fois Caïn mit ses sentiments de l'instant de côté pour penser avant tout aux autres. Lucie. Il sortit sur le parking avec Borel sur les talons. Le lieutenant devait déjà ramassé le téléphone du capitaine et quand il avait vu que la communication était coupée, il avait immédiatement appelé une équipe qui serait de toute façon avant eux sur place.


Une fois dans la voiture, Borel ne sut pas vraiment s'il voulait ouvrir les yeux et constater par lui-même toutes les infractions du capitaine ou les fermer et ne ressentir que la vitesse et les virages en épingle. Mais au lieu d'avoir simplement peur de la conduite de Caïn, il priait pour arriver le plus vite possible auprès de Lucie et Alice. Malheureusement pour lui, lorsque approcha leur destination, il vit de très loin des gyrophares des ambulanciers.  


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