Three

Chapitre 1 : Prologue : la Fin.

1091 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/04/2015 23:31

Le cataclysme causé par le Néant se prononçait à mesure que des morceaux du manoir Halliwell retombaient dans la nuit noire. L’explosion, d’une force sans précédent dans le quartier, avait été si puissante que toutes les voitures dans un rayon de cent mètres avaient eu leurs alarmes antivol déclenchées. A l’emplacement du manoir n’était plus qu’un amoncellement de planches de bois, des débris évoquant une vie passée ainsi que, par ci et par là et quelques meubles encore debout au milieu des petits brasiers éparpillés dans ce qu’était, quelques minutes plus tôt, le salon.

Quelques toussotements se firent entendre depuis un petit amas de décombres : Piper Halliwell s’en libéra. Se relevant, non sans difficultés, Piper regarda autour d’elle et constata que c’était toute son enfance, son adolescence, sa vie d’adulte et sa vie en tant que sorcière qui étaient éparpillées sur le sol, en mille morceaux : sa vie venait de partir en fumée. Elle fit quelques pas, tentant de retrouver ses repères dans ce qui ressemblait désormais à un terrain de démolition après le passage des ouvriers. L’impensable s’était produit, mais elle ne le réalisa pas tout de suite. Il faut dire que c’était un sentiment qui commençait à devenir récurrent ; un sentiment de déchaussement violent. Lorsque quelque chose de tragique se produisait, cette impression qu’elle avait toujours eu de ne pas s’être bien réveillée, comme les réveils après un rêve confus dont il nous est impossible de bien nous rappeler. Dans ces cas-là, on a l’impression que les choses se sont passées, mais de façon plutôt aléatoire, sans véritable contrôle de nos actions. Et bien sûr, les choses se produisent vite.

En général, il s’agissait d’un sentiment que Piper n’éprouvait qu’après la perte soudaine d’un être cher. Cela avait commencé avec sa mère, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, noyée par ce qu’elle découvrit plus tard être un démon aquatique. Quelques temps après, le départ de son père n’avait rien arrangé. Elle n’avait nul besoin d’un psychologue ou autre psychothérapeute pour comprendre que sa frayeur du bonheur venait de là ; c’était pour elle quelque chose d’encré : lorsque les choses allaient bien, cela ne durerait forcément pas. Ce n’est qu’au début de sa vie de femme adulte que ce sentiment lui revint, lorsque sa grand-mère, Penny, fut emportée par une crise cardiaque dans l’escalier du grenier. Et c’était dans cette même maison que, quatre ans plus tard, elle verrait sa sœur aînée adorée, Prue, être violemment assassinée par Shax, un démon redoutable. Piper avait par la suite désespérément tenté d’éviter d’avoir de nouveau cet affreux sentiment mais elle n’avait pas eu le choix : Léo, son époux, lui fit enlevé une première fois par ses obligations de Fondateur. Heureusement, elle avait pu le retrouver… pour peu de temps après recevoir une visite clémente de l’Ange de la Mort, étant désolé de lui apprendre que l’heure finale de son mari était venue. Après s’être battue corps et âme, Piper avait, cette fois-ci, réussi à trouver une alternative. Cette alternative l’avait pourtant menée à ce moment précis, à cet endroit précis. Et il était l’heure pour elle de retrouver ce sentiment qu’elle avait ô combien détesté par le passé.

A quelques mètres devant elle, Piper remarqua un bras qui dépassait d’un tas de planches de bois. Sur le poignet était visible un tatouage. Un tatouage qu’elle connaissait.

« - Phoebe ? 

Elle se baissa et commença à déblayer les décombres qui recouvraient sa sœur cadette. Celle-ci était étendue par terre, inconsciente.

- Phoebe, allez !

Piper saisit sa sœur et la ramena contre elle, espérant voir ses yeux s’ouvrir d’une seconde à l’autre.

- Réveille-toi, s’il-te-plait, sanglota Piper. Ça va aller, regarde-moi.

Constatant une absence angoissante de réaction, Piper se mit à larmoyer. C’était en train d’arriver. De nouveau.

- Respires, ma puce, allez… Réveille-toi, ma petite…

Elle comprit ce qu’elle ne voulait pas comprendre. Phoebe était morte. Sa petite sœur était morte. Ses larmes commencèrent à couler, tandis qu’elle caressait une dernière fois le visage de sa cadette, qu’elle serra aussi fort contre elle qu’elle le pu. Cette fois, c’en était trop. La douleur était insupportable et ce sentiment, qu’elle détestait, était vraiment revenu.

A l’issue de cet affrontement, elle avait peut-être récupéré Léo, mais la perte de ses sœurs l’avait poussée à faire son choix : plus de magie. Plus de magie du tout. 

 

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