Yes or No ?

Chapitre 3 : Réveils au paradis ?

3407 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/01/2022 15:06

Après avoir secoué légèrement la tête, Mick Angel ouvrit les yeux et je fus époustouflée par leur couleur : un bleu d'une intensité que je n'avais encore jamais vue. J'avais déjà rencontré des hommes blonds aux yeux bleus lors de mon année d'internat à Londres mais, là ... Je dois dire que ses yeux étaient tous particuliers et, d'un autre côté, malgré cette couleur exceptionnelle, j'avais l'impression de les connaître depuis toujours.

- "Ne vous fatiguez pas Monsieur Angel. Tout va bien." Dis-je.

- "Kaori ?" murmura-t-il à nouveau.

- "Elle va bien, Mick." Répondit Ryo. "Ne t'inquiète pas. Elle va bien. Tout le monde va bien."

- "Really ? (Vraiment ?) Alors pourquoi c'est toi qui est là avec ta sale tronche ... et pas ma douce Kaori ?" 


Sa voix était rauque et éraillée, sa diction approximative mais je fus surprise qu'il parvienne à s'exprimer aussi bien. Comme Ryo tardait à répondre, c'est moi qui pris la parole, amusée par la répartie de mon patient :

- "Elle se repose, Monsieur Angel. Il est tard, très tard. Elle dort. Ne vous inquiétez pas pour elle."


Il se tourna vers moi, le regard encore embrumé par les sédatifs et la morphine qui coulaient en intraveineuse dans son corps. Je fus encore déconcertée par l'intensité de son regard. Un glacier, ses yeux me faisaient penser à la couleur des glaciers.

- "Oh ... I understand ... I'm dead ... We are both dead !  I was right, Bro, God is a woman ... (Je comprends mieux ... Je suis mort ! On est morts tous les deux ... J'avais raison, Frangin ... Dieu est une femme !)"


Je lui souris et lui répondis en anglais :

- "Vous n'êtes pas mort. Et ce n'est pas près d'arriver. Je suis un de vos médecins et je vous promets de tout faire pour que ça n'arrive pas dans les prochains temps."


Ryo me regarda, surpris mais il resta silencieux. Je terminai :

- "Reposez-vous Monsieur Angel. Vous en avez besoin. Je repasserai vous parlez de vos blessures quand vous vous serez reposé." Je serrai légèrement son épaule avant d'ajouter : "Si la douleur est trop forte, appelez. On ajoutera une dose de morphine."


Comme il s'endormait doucement, je fis signe à Ryo de me suivre dans le couloir. J'avais à peine refermé la porte de la chambre que Ryo m'invectiva, retenant le volume de sa voix :

- "De la morphine ? A un drogué à l'Angel-dust ! Non, mais, ça va pas, la tête !!!"


Je lui fis signe de se calmer :

- "Je sais, ça peut paraître fou mais, c'est la meilleure chose à faire. Ses brûlures ne sont pas étendues mais elles vont lui faire un mal de chien. Les terminaisons nerveuses sont endommagées, les muscles rongés de l'intérieur ... Nous avons débridé les plaies et nettoyé tout ce que nous avons pu mais le principal danger est l'infection. Ses pansements doivent rester en place, ce qui est impossible s'il se débat lors d'une crise de manque. Il faut d'abord guérir ses mains, s'assurer que ses organes fonctionnent correctement, prévenir les infections et, ensuite, on commencera la procédure de sevrage. En attendant, il a droit à tous les anti-douleurs qu'il souhaite : morphine, sédatifs et produits de substitution ... la totale."


Ryo comprit soudain et me regarda, effaré :

- "Tu as menti. Il va mourir, c'est ça ? Y'a pas d'espoir, alors vous le shootez pour qu'il parte sans souffrance, c'est ça ?"


Je pris le temps de choisir mes mots :

- "Effectivement, le pronostic vital peut vite être engagé en cas d'infection sur des tissus brûlés. Mais ce n'est pas le cas, Ryo."

- "Kazue ..." Ryo passa ses mains sur son visage. 


Il avait l'air épuisé. 

- "Il nous a sauvés, il nous a tous sauvés. Sans lui ... Sans lui, nous serions tous morts, en petits bouts, éparpillés dans l'océan ... Il a plongé les mains dans un poste de commande électrique. Il prétendra toujours le contraire mais je suis persuadé qu'il l'a fait volontairement et qu'il avait le dessus sur la drogue. Il y a eu des étincelles de partout et il est resté accroché pendant au moins vingt secondes ... Il a empêché la bombe d'exploser."


Il soupira :

- "XYZ, Kazue ..."


Je connaissais cette formule. Je l'avais prononcée aussi quelques années auparavant. Le dernier recours ... 


Ryo poursuivit :

- "C'est mon ami. C'est un chieur de première, un pinailleur exaspérant, un mauvais perdant, il a le don de me taper sur le système ... mais c'est mon ami. Il m'a sauvé la mise il y a des années et il s'est sacrifié pour nous sur cet horrible bateau. J'ai déjà perdu quelqu'un qui m'était cher aujourd'hui. Sauve-le, s'il-te-plait. Et Kaori aussi ... hein ? N'oublie pas Kaori, OK ?"


Je ne l'avais jamais vu comme ça. Je lui répondis doucement :

- "Kaori se réveillera bientôt. Tu sais, je n'ai pas menti à Mick. Et à toi aussi, je peux le promettre : je ferai tout ce que je peux pour qu'il s'en sorte."


A cet instant, je ne mesurais pas encore toutes les implications de ce serment.


Quelques jours plus tard, je me réveillai sur le sofa de mon bureau. Un peu moins de soixante-douze heures s'étaient écoulées depuis l'arrivée de Ryo et de ses amis. 


Chambre numéro deux, le grand Falcon se remettait rapidement et sortirait certainement dans la journée. C'était presque un soulagement car, même sa fiancée, la belle brune qui s'appelait Miki, ne parvenait que difficilement à le faire tenir en place. 


J'avais failli tomber à la renverse quand j'avais compris que ces deux-là étaient ensemble, pensant immédiatement qu'ils étaient mal assortis ... Quelle grossière erreur ! A y regarder de plus près, on remarquait facilement l'osmose qui existait entre eux par les regards discrets mais tellement éloquents de la jeune femme, par ses petites attentions ... 


J'avais involontairement surpris Falcon, en train de serrer discrètement les doigts de Miki, sous les draps. J'avais trouvé ça tellement plus romantique qu'un baiser langoureux ... Remarquant ma présence, le géant avait rougi comme une tomate et avait retiré sa main de celle de Miki. J'avais découvert ensuite qu'il était presque aveugle à cause d'une ancienne blessure aux yeux. 


Chambre numéro un, Kaori était encore inconsciente mais son électroencéphalogramme était normal. Quant aux brûlures de Mick, c'était encore trop tôt pour s'avancer mais les pansements restaient propres, ce qui était déjà un bon point. Ryo, de son côté, faisait sans cesse les aller-retours entre le fauteuil de la chambre de sa partenaire et celle de son ami. 


La veille, le Doc avait réussi à le convaincre de rentrer chez lui pour prendre une bonne douche, passer des vêtements propres et dormir. A ma grande surprise, à peine une heure et demie plus tard, il était de retour ... et il avait recommencé ses allées et venues. Inlassablement.


J'étais en train de changer les pansements de tule gras de Mick quand celui-ci commença à s'agiter.

- "Ce ne sont pas des mouvements réflexes ..." me dit Himika alors qu'elle ajustait le débit de sa perfusion d'antibiotiques. "Il se réveille."

- "Va chercher le Doc et Ryo, s'il-te-plait ..."


Elle tourna les talons pour partir à la recherche de notre chef et de notre lion en cage et je me retrouvai seule avec Mick. Je me penchai vers lui, tout en retenant doucement ses bras. 

- "Ne bougez pas, Monsieur Angel. Vous ne devez surtout pas bouger vos mains." Lui dis-je en anglais.


Il se tourna vers moi, les yeux éblouis par les lumières, le regard embrumé par les drogues :

- "Where am I ... ?" (Où suis-je ?)

- "Vous êtes dans une clinique. Je suis votre médecin et on s'occupe de vous." 

- "Que s'est-il passé ?"

- "Je ne sais pas tout. Ce que je peux vous dire c'est que vous avez été électrisé et brûlé aux mains. C'est pour ça que vous ne devez surtout pas les bouger. Je suis en train de changer vos pansements. Et vous avez été drogué aussi."


Il me regarda et soudain, un voile de tristesse passa dans ses yeux. Je fus à nouveau troublée par son regard et le bleu glacier en accentua encore la mélancolie.


Il toussa et je le relevai délicatement pour amener un verre d'eau à ses lèvres. Après quelques infimes gorgées, il se laissa retomber sur les coussins et me regarda :

- "Ah oui, c'est vous. Je me rappelle de vous ... et de votre visage. Vous avez un visage magnifique. God. Je vous ai pris pour Dieu."


Je ne pus m'empêcher de sourire alors que je terminai le pansement de sa main droite :

- "Ne dites surtout pas ça à un médecin, Monsieur Angel, il pourrait le croire ..."

- "Mick ... Appelez-moi, Mick. Qu'une belle femme comme vous m'appelle Monsieur Angel me donne l'impression d'être ... je ne sais pas moi ... un vieux débris inutile."

- "Ne dites pas n'importe quoi ..."

- "Et quel est votre nom, Dieu Médecin ?"


Je souris à nouveau :

- "Kazue Natori."

- "Enchanté, Docteur Natori."


Qu'il m'appelle par mon titre me toucha particulièrement. D'habitude, même ici, une femme en blouse blanche n'était pas toujours considérée comme médecin par les patients, souvent habitués à la hiérarchie traditionnelle des clan. J'étais régulièrement confondue avec une infirmière ou au mieux, perçue comme l'apprentie du Doc. Ce qui n'était pas tout à fait faux en un sens, mais vexant quand même, quoiqu'habituel dans la société nippone. 

- "Mais vous pouvez m'appeler Kazue ..." poursuivis-je sur le même ton que lui. "Que vous m'appeliez Docteur Natori me donne l'impression ... je ne sais pas moi ... d'être une vieille dame ennuyeuse."


Il ébaucha un sourire et le voile de tristesse disparut pendant quelques secondes de ses yeux pour laisser la place à un regard espiègle et pétillant. Je retins mon souffle. 


Je baissai alors la tête, tentant de me reconcentrer sur mon travail : je devais terminer les pansements de sa main gauche, ce que j'effectuai dans le silence.


Si j'avais été honnête avec moi-même à cet instant, je me serais déjà avouée que cet homme avait un étrange pouvoir sur moi. Deux jours auparavant, je lui avais juré de tout faire pour le sauver. J'avais fait la même promesse à Ryo, et ça avait bien été la première fois de ma carrière que je faisais un truc pareil. Et voilà qu'aujourd'hui, je lui proposais de m'appeler par mon prénom ... ça aussi, c'était bien la première fois. Quelque chose en lui m'avait émue, troublée même, sans que je puisse encore définir quoi. 


Était-ce ce que Ryo avait dit de lui, qu'il les avait tous sauvés en se sacrifiant, alors qu'il était contrôlé par la drogue ? 

Était-ce son regard quand il m'avait dévisagée, en me prenant pour God ?

Était-ce la façon qu’il avait eue d'invectiver Ryo et sa "sale tronche" quand il s'était réveillé la première fois dans cette chambre ? Comment pouvait-il trouver la force de faire de l'humour dans sa situation ?

Était-ce le fait qu'il pratiquait le même métier que Ryo, et que dans un sens, il lui ressemblait peut-être ? Était-il aussi fort et aussi fascinant que lui ?

Etait-ce son physique particulier ?

Était-ce le fait qu'il m'avait dit que j'étais belle, tout simplement ?


Même avec le recul, je serais incapable de répondre à ces questions. Peut-être était-ce un peu tout à la fois, finalement. Mais, si j'avais été honnête avec moi-même à cet instant, je me serais rendue compte que j'étais déjà en train de tomber amoureuse de lui.


Le Doc fut le premier à passer la porte :

- "Ah, vous êtes réveillé, jeune homme ?"


Il fut suivi immédiatement de Ryo qui déboula en trombe, un sourire éclatant aux lèvres :

- "Alors, tu traînes encore au plumard, vieux débris inutile ?"


Mick me regarda en me murmurant : 

- "Vous voyez ... Qu'est-ce que je vous disais ..." Mais, il fut pris d'une nouvelle quinte de toux et il prononça d'une voix grinçante : "Va te faire voir, t'es pas plus jeune que moi. Ça fait plus de dix ans que je te connais et tu as toujours la même sale tronche ... Tu peux me dire ce qu'il s'est passé exactement ?"


Le visage de Ryo reprit une expression neutre, son regard se figea dans le lointain et il dit d'une voix presque douce :

- "C'est une longue histoire ..."

- "J'ai tout mon temps ... Enfin, si mes médecins m'y autorisent ..."


Je hochai la tête, de même que le Doc. Ryo demanda :

- "De quoi te rappelles-tu ?"


Mick soupira : 

- "Pas grand chose. J'ai pris l'avion, un fou avait un détonateur, j'ai tiré mais c'était trop tard ... Ensuite, c'est confus : choc, chute, sensation d'étouffer, mal partout, et ensuite, le trou noir ..."


Ryo se tourna vers moi et je compris parfaitement son regard :

- "Je vous laisse. Je reviendrai tout à l'heure." Dis-je. "Ne le fatigue pas trop. Je dois encore faire un point avec lui sur son état et sur le protocole de soins que nous allons mettre en place ..."

- "Ne t'inquiète pas, Kazue." Dit le Doc avec un sourire. "Je veille."


De son côté, pour toute réponse, Ryo hocha la tête. En passant devant lui, je lui murmurai :

- "Je vais voir Kaori ... ne t'inquiète pas, je t'appelle dès qu'elle est réveillée."


Cela faisait à peine quelques instants que j'avais laissé Ryo et le Doc avec Mick et je n'étais pas encore arrivée au chevet de Kaori quand j'entendis mon mentor sortir également de la chambre. Avec le temps, il m'avait appris que, parfois, même les médecins n'ont pas besoin de tout savoir sur leurs patients. S'en tenir aux données brutes était plus simple et plus efficace. Et surtout plus sûr. Comme ça, on limitait les risques de se poser en juge. Moins on en sait, moins on prend parti et c'était la principale valeur de celui qui avait fondé cet établissement. 


Et tant que j'avais assez d'informations pour prendre correctement en charge un patient, son parcours m'importait peu. 


Et pourtant ... tout à l'heure, en refermant la porte derrière moi, j'avais été tentée un instant d'écouter le récit qu'allait faire Ryo des évènements qui s'étaient déroulés sur ce fameux bateau pour découvrir des indices sur la vie de Mick, sur son caractère, ses habitudes ... Cet homme m'intriguait et j'avais envie d'en savoir plus sur lui mais n'ayant perçu que le silence de l'autre côté de la porte, j'avais aisément compris que Ryo attendrait d'entendre mes pas s'éloigner dans le couloir pour commencer. Fichu instinct de nettoyeur ...


Ravalant ma curiosité, je m'étais tranquillement dirigée vers la chambre de Kaori. 


Je vérifiai les constantes de ma patiente endormie, j'ajustai la perfusion d'hydratation et la poche de nutrition parentérale et m'assis sur une chaise, juste en face de son lit, la regardant dormir. Il m'avait semblé apercevoir un léger mouvement alors que je vérifiais le débit du goutte à goutte, alors j'avais décidé de prendre un peu le temps d'observer : son visage, ses mains, ses pieds, à la recherche du moindre signe de mouvement. 


Pendant ce temps, j'entendais ses voisins de chambre s'agiter. Falcon devait très certainement être en train de râler ou de se plaindre ou de prétendre qu'il n'avait pas besoin de soin ou qu'il guérirait tout seul ou ... 


Je souris. Drôle de bande ...


Et puis soudain ...

- "Hummmm ..."


Kaori soupira et commença à s'agiter, tournant la tête à droite et à gauche, comme pour sortir d'un cauchemar. Elle ouvrit les paupières, cligna longuement des yeux, éblouie par la lumière qui filtrait à travers les rideaux de la chambre.

- "Où ... Où suis-je ?"

- "Kaori !" M'exclamai-je, soulagée d'entendre enfin sa voix. 


Je me levai d'un bond, ouvris la porte et m'écriai dans le couloir : 

- "Elle est réveillée, Kaori est revenue à elle !" 


Alors que je retournai vers le lit de ma patiente, j'entendis des pas précipités derrière moi. Miki, Mary, Falcon, suivis de peu par le Doc entrèrent dans la chambre.


Kaori les regarda, un à un, d'un air un peu ahuri :

- "Ryo ? Mick ?" Demanda-t-elle immédiatement.

- "Ils discutent." Répondit tout simplement le Doc. "Ils vont bien. Tout va bien, ne t'inquiète pas." Ajouta-t-il en plantant son stéthoscope dans ses oreilles. 

- "Je vais chercher l'imbécile de service ..." Dit alors Falcon et il sortit dans le couloir en boitant légèrement mais avec un sourire très satisfait aux lèvres.


Quelques instants plus tard, le Doc terminait de vérifier l'état de Kaori et je retirai la dernière perfusion quand la porte s'ouvrit :

- "Ryo !" s'exclama Mary, visiblement ravie.

- "Ah, Ryo ! Je viens de finir d'ausculter Kaori ... Il n'y a rien d'anormal"


Je vis le regard de Kaori se figer :

- "Ryo ..." Murmura-t-elle.

 

Il se dirigea droit sur elle, et si je ne les connaissais pas comme je les connaissais, j'aurais parié qu'il s'apprêtait à la prendre dans ses bras.

- "Alors, Belle Au Bois Dormant, comment vous sentez-vous ?" Lui demanda-t-il d'une voix douce.

- "Pourquoi suis-je ici ? J'ai encore la tête toute engourdie et je ne comprends pas très bien ..."

- "Tout va bien. Ne fais pas d'excès et repose-toi bien ! J'étais inquiet, tu sais !" Lui répondit-il en lui posant maladroitement une main sur l'épaule. 


Je n'en revenais pas. Il avait tourné comme un lion en cage quand il n'était pas resté assis à son chevet ou à celui de Mick, n'avait pas dormi ou très peu depuis trois jours, il m'avait demandé de la sauver, nerveux et inquiet comme il était, et tout ce qu'il trouvait à faire, c'était de lui poser une main sur l'épaule ! Tout ce qu'il trouvait à lui dire, c'était : "Repose-toi bien !" Non, mais, hallucinant !!!  Je levai les yeux au ciel d'exaspération, réprimant au fond de moi l'envie de tout déballer à Kaori.


Cette dernière sembla reprendre ses esprits et s'exclama :

- "Ah oui ! Et Kaïbara ? Et le bateau ?"

- "Tout est arrangé ! Rassure-toi et repose-toi bien."


Elle le dévisagea. Visiblement, elle ne comprenait pas ce que Ryo était en train de lui dire :

- "Hein ? Arrangé ?" Et après un moment de silence, elle écarquilla les yeux de surprise et nous vîmes tous sa colère grandir. 


Elle se leva de son lit et sa voix, chargée de colère, me fit frémir :

- "Ne me dis pas que tu m'as de nouveau laissée à la maison pour aller te battre avec Kaïbara, tout en disant qu'on était partenaires et que c'était normal qu'on y aille ensemble ... Tu m'as bien eue, hein ?"


Ryo sembla se ratatiner. 

- "Hé ! Mais qu'est-ce que tu racontes ?"


Elle poursuivit, les poings tellement serrés que ses jointures blanchirent :

- "C'est dégueulasse !"


Tous gardèrent le silence un moment. Je chuchotai au Doc :

- "Kaori n'est quand même pas ..."


Il compléta ma pensée :

- "Avec le coup violent qu'elle a pris sur la tête, elle aurait perdu la mémoire de ces derniers jours ?"


Comme personne ne venait la contredire, Kaori rumina sa colère jusqu'à gronder en fixant Ryo :

- "Toi alors, tu ne me considères donc pas comme ta partenaire ..."


Ryo la regarda, abasourdi :

- "Hein ?"


Et puis d'un coup, elle se jeta sur lui, l'assommant d'une massue énorme dont elle seule avait le secret en s'écriant :

- "Je te déteste !!!"


Sur le coup, je dois dire que j'étais plutôt tentée de la croire ...



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