Yes or No ?

Chapitre 10 : Faire comme on peut ...

3336 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/01/2022 07:13


Je fus réveillée en sursaut par le Doc vers trois heures du matin.

- "Kazue ? Viens, il a une nouvelle crise."


Je me précipitai à sa suite dans la chambre de Mick. Il gémissait en tenant ses deux mains l'une contre l'autre, tout en se tournant à droite et à gauche.

- "Ca brûle."


J'échangeai un regard avec le Doc. Ce que nous appréhendions tant était en train de se produire. Le sérum agissait mais provoquait des douleurs qui se rajoutaient à celles induites par le manque.


Mick s'immobilisa et me regarda :

- "Merde, Kazue, vous m'injectez des fourmis dans les doigts ou quoi ???"

- "Vous sentez vos mains ?"

- "Ah ça, pour les sentir, je les sens ... ça démange tellement que j'ai envie d'ouvrir pour gratter à l'intérieur!"


Je pris ses mains entre les miennes et les approchaient de la lampe d'auscultation. Je pinçai la pulpe de son index entre mes ongles.

- "Aïeuuuu ! Mais ça va pas la tête ! Croyez pas que j'ai pas déjà assez mal ?"


Devant mon absence de réaction, Mick comprit enfin ce que cela signifiait :

- "Ça marche ? Ça veut dire que ça marche ?"


Mick se pétrifia et me regarda, ébahi. Puis, il éclata soudain de rire. Un rire puissant, nerveux et joyeux à la fois. Quand il s'arrêta, il jura en anglais en murmurant :

- "Fucking Holy Shit, Docteur Natori. Vous avez réussi ... Putain de merde, vous avez réussi. Votre truc à la poudre de perlimpinpin, fonctionne ! C'est pas vrai ..."


Nous échangeâmes un regard et il éclata de rire à nouveau, répétant, dans sa langue maternelle que tout avait fonctionné ...


Sans un mot, le Doc sortit son petit marteau et tapota en plusieurs endroits différents : deux sur dix. Ses doigts remuèrent de façon normale deux fois sur dix essais. Je retins mon souffle quand le Doc procéda ensuite au test des aiguilles :

- "Aïe ..." lâcha Mick en riant cette fois. "Non ! Aïe ! Non, là, je ne sens rien. Aïe ! Héééé ! N'en profitez pas non plus, vieux sadique !"

- "Vous pouvez bouger vos doigts ?" demandai-je.


Je le vis se concentrer mais malheureusement, rien ne se passa.

- "Bon. Pas de mouvement volontaire mais quelques réflexes sont de retour, c'est un bon début. Vous réagissez à la moitié des impulsions." Dit le Doc. "Bravo, Kazue, je crois que ton sérum est efficace."

- "Finalement, je ne vais pas avoir le même truc que Ryo, dites ?"


Nous éclatâmes tous les trois de rire jusqu'à ce que :

- "Bon, ça fait quand même un mal de chien votre truc ..."

- "Il va falloir le supporter, jeune homme. Vous êtes sur la bonne voie mais je crains qu'il vous faille attendre avant de vous lancer dans la broderie." Répondit le Doc avec un air malicieux.


Comme Mick n'arrivait pas à se rendormir, le Doc lui proposa de regarder la télévision dans son bureau et j'en profitai pour simplement rentrer chez moi.


Lorsque je revins le lendemain soir, Mick avait l'air de bonne humeur mais je commençais à comprendre que ces oscillations entre enthousiasme démesuré et désespoir profond étaient aussi un effet du manque, plus ou moins marqué chez les patients en sevrage, m'avait appris le Doc à qui je faisais mon rapport après chaque entrevue avec Mick, omettant bien sûr de lui raconter ses tentatives de rapprochement.


Pour l'instant tout lui semblait normal et il me laissait diriger la procédure d'un œil confiant :

- "Il faut bien que tu t'y mettes et que tu saches le faire, je ne serai pas éternel ..." avait-il dit avant d'ajouter devant mon angoisse non dissimulée : "Mais ça ne sera pas pour tout de suite, je te rassure !"


J'arrivai donc dans la chambre de Mick à l'heure habituelle. Il était impatient de commencer même si cette fois, il allait sentir les différentes piqûres.

- "N'hésitez pas à me dire si vous voulez que j'applique une pommade anesthésiante ..."


Il me répondit avec un grand sourire :

- "Je préfère m'en passer ... Je compte sur vous pour être douce."


L'intonation et la chaleur qu'il mit dans sa voix me fit presque rougir et je baissai la tête pour me mettre à l'œuvre, changeant de sujet :

- "Au fait, vous ne m'avez pas raconté comment vous vous êtes battu pour défendre une femme."

- "Ah ... Vous n'avez pas oublié ..." dit-il en s'éclaircissant la gorge. "En fait, c'est beaucoup moins romanesque et héroïque que vous semblez le supposer."

- "Dites toujours."

- "Alors ..." Il s'éclaircit à nouveau la gorge.


Je levai les yeux vers lui et le regardai au-dessus de mes lunettes grossissantes.

- "Vous semblez gêné."

- "Oui, je le suis."

- "On avait fait un deal, Mick, c'est pas correct de ne pas honorer la part de votre contrat."


Il soupira et dit à voix basse :

- "J'ai été élevé dans une maison de passe et quand j'ai eu la stature nécessaire, j'ai souvent joué les videurs pour protéger les filles de types violents ou ayant des envies bizarres ..."


Je manquai de m'étrangler. Je m'étais attendue à tout sauf à ça.

- "Vous été élevé où ça ?"

- "Dans une maison de passe. Un bordel, quoi. La tenancière, qui se faisait appeler dame Janine, était la sœur de ma mère. A la mort de mon père, on m'a confié à elle."

- "Ohhh ... Vous avez perdu votre papa ?"

- "A l'âge de dix ans, oui."

- "Mon Dieu ... Que c'est triste. Comment est-il mort ?"

- "Il a été blessé par un ours. Ou plutôt par une ourse. Les mères qui défendent leurs petits, y'a pas plus dangereux."

- "Par ... une ... ourse ?"

- "Oui. J'ai grandi en Alaska. Dans les environs d'une petite ville appelée Kenaï, un peu au sud d’Anchorage, autant dire le bout du monde ..."


Je restais un moment silencieuse :

- "Et votre mère ?"

- "Morte en me mettant au monde. J'ai grandi avec mon père ... alors quand j'ai débarqué dans cette maison remplie de femmes ... au cœur du quartier chaud de San Francisco ... ça m'a fait un choc." Continua-t-il avec un rire chargé de sous-entendu. "Mais j'ai fini par ... apprécier ..."


Ce récit devenait de plus en plus haché et ce fut quand il dut reprendre son souffle que je compris qu'il n'était pas en train d'hésiter et qu'il n'était plus gêné. Non, quand je relevai les yeux vers lui, je le vis serrer fortement les dents, le visage en sueur, les yeux dans le vague. Je m'exclamai :

- "Oh, Mon Dieu, quelle idiote je suis ! Pardonnez-moi, je ... Je me dépêche de terminer. Voilà, la dernière zone ... Fini."


Je l'aidai à s'allonger.

- "Que ressentez-vous?"

- "Je ... J'ai la nausée. J'ai des crampes aussi ..."

- "A force de ne rien manger ... ou presque rien ..."

- "Je sais, Kazue, je sais." répliqua-t-il en me souriant tristement. "Je vous promets d'essayer de manger un peu plus dès que je le pourrai."


Je lui caressai la joue alors qu'il fermait les yeux, épuisé.

- "Dites ... Kazue ..."

- "Oui. Quoi donc ?"

- "Maintenant, j'ai peur de mourir ..."

- "Vous n'allez pas mourir. Votre pronostic vital n'est plus engagé, Mick. Vous souffrez mais vous n'allez pas mourir ..."

- "Non ... Ce n'est pas ça. J'ai peur de mourir avant d'avoir réussi à vous embrasser ..."


Je cherchai à nouveau une pirouette pour me défiler :

- "On avait dit quand vous pourrez vous rasez seul, non ?"

- "Ahhh ... Alors, ce n'était pas des paroles en l'air ? Parce que vous avez dit que vous alliez réfléchir à la question. Pas que c'était entendu." Il me sourit faiblement. "Je suis fatigué."

- "Il faut absolument que vous mangiez quelque chose. Je ne veux pas prendre le risque de vous mettre sous perf pour vous alimenter, si une crise vous fait délirer et que vous arrachez votre ..."

- "Je sais, Kazue, je sais ... Vous me l'avez déjà dit mille fois ..."

- "Alors, acceptez de manger quelque chose et je vous laisserai me voler un baiser." Mon coeur s'accélera d'un coup et je le vis sourire franchement cette fois :

- "Non. Je ne vous crois pas."

- "Pourquoi ?"

- "Parce que vous êtes capable de me dire ensuite que je dois me brosser les dents tout seul d'abord."


Je ne pus me retenir de rire.

- "Je dois avouer que vous êtes tenace, vous aussi, Mick."

- "Vous n'avez pas idée ..." Murmura-t-il dans un râle de douleur, en se penchant brusquement en avant pour se tenir le ventre.

- "Mick !" M'écriai-je en le retenant par les épaules.


Alors que je me retrouvai à quelques centimètres de lui, il releva la tête en plongea son regard dans le mien. Presque un mois et demi s'était écoulé depuis notre première rencontre et son regard me troublait toujours autant. J'avais la sensation étrange qu'il cherchait à lire en moi et qu'il y parvenait comme dans un livre ouvert.


Nous restâmes ainsi quelques secondes, immobiles, retenant tous les deux notre souffle, les yeux dans les yeux. Il entrouvrit les lèvres et avança son visage du mien. Je sentis mon cœur se liquéfier et mon estomac rétrécir mais je bondis sur mes jambes, mue par un une sorte de réflexe de protection et ne trouvai rien d'autre à dire que :

- "Je dois partir."


Je m'enfuis bien vite dans mon bureau, priant pour ne croiser personne car je savais pertinemment que je ne pourrai jamais dissimuler le trouble qui était le mien à cet instant. Une fois la porte refermée derrière moi, je m'y adossais, fermant les yeux pour tenter de calmer les battements erratiques de mon cœur.


N'y parvenant pas, je sentis alors une énorme boule monter dans ma gorge et j'éclatai en sanglots, pressant mon poing dans ma bouche pour en étouffer le son. Je me laissai glisser au sol et lâchai enfin mes larmes. Mes épaules étaient secouées de sanglots qui me faisaient mal au ventre et mes cris contenus me brûlaient la gorge. Si encore je savais pourquoi ... Si encore je comprenais pourquoi ... J'aurai pu me raisonner ... mais là. Les émotions m'avaient submergée d'un coup et je n'avais plus rien maîtrisé.


Je me sentais comme une parfaite idiote. Pourquoi pleurer comme une fontaine alors que l'homme qui envahissait mes pensées et ma vie depuis plus d'un mois tentait de m'embrasser ?


La fatigue. Oui, voilà, je devais être complètement crevée ... Tout simplement la fatigue.


Je me forçai à me concentrer sur ma respiration et je finis par reprendre mon souffle. Je me levai enfin, essuyant mes larmes dans ma blouse et allai chercher un mouchoir dans mon placard. Quand j'ouvris la porte, mon cœur cessa de battre pendant quelques secondes et je vis de petites étoiles devant mes yeux. Je dus me tenir à la porte ouverte pour ne pas perdre l'équilibre.


Voilà la raison. Elle était devant moi. Une petite chose en carton rose pâle. Une boîte à chaussures anodine et ordinaire qui renfermait des affaires anodines et ordinaires : quelques stylos, une tasse à café, un paquet de chewing-gum et une brosse à dents.

Et une photo de nous deux.


Shinishi ...


Les larmes que je n'avais pas versées des années auparavant remontèrent et brouillèrent ma vue. Oui, c'était au moment où j'allais embrasser Mick que je m’étais rendue compte que je devais pleurer la mort de Shinishi, chose que je ne m'étais jamais autorisée à faire depuis toutes ces années. Il était temps. Il était temps que je fasse mon deuil et que je le laisse partir. Et ça, malgré ma raison qui me criait que c'était nécessaire pour aller de l'avant, ça faisait mal. Très mal.


Je me dérobai de mes obligations à la Clinique, prétextant une migraine lancinante. Je passai le reste de la soirée enfermée chez moi, à pleurer lamentablement, à tourner en rond, passant en boucle les chansons préférées de Shinishi sur mon tourne-disque pour finir par m'abrutir devant des idioties télévisées.


Le lendemain matin, je n'avais pas eu le courage de retourner à la Clinique. Ou du moins pas tout de suite. Je téléphonai pour prévenir que je prendrais mon tour de garde ce soir et non ce matin. Quand Naoko me prévint que Mick allait me réclamer, je lui dit de répondre que j'avais encore la migraine et que j'avais besoin de dormir. Je raccrochai, un peu honteuse de mon mensonge.


Mais, j'avais quelque chose d'important à faire, quelque chose de très important, quelque chose que je refusais de faire depuis toutes ces années. Quelque chose de tout simple mais de nécessaire : dire au revoir à Shinishi, à mon passé et aux espoirs que j'avais il y a six ans. Le temps de prendre un petit-déjeuner sommaire et une douche et j'étais prête à sortir.


Nous étions fin mars et la température extérieure devenait de plus en plus clémente, annonçant l'arrivée imminente du printemps et de l'Hanami. Je pris une veste légère et sortis, laissant mes pas me guider vers cet endroit que j'avais fui sans jamais vraiment me l'avouer. J'avais toujours eu mieux à faire que de venir ici : une garde à assurer, un rendez-vous que je ne pouvais pas déplacer, des courses impératives à faire, du linge à repasser ... Tout avait été bon, pour ne pas venir franchir les grilles de cet endroit qui paraissait pourtant si calme et si paisible.


Je pris une grande inspiration, sachant que, maintenant, il n'était plus question pour moi de reculer. J'avais souvent entendu dire que pour régler un problème, il faut l'affronter, directement, sans se détourner, que faire l'autruche ne sert à rien. Et c'était vrai. Je le savais, je l'avais toujours su. Alors ...


Je passai les grilles d'un pas décidé mais je m'arrêtai net devant des dizaines et des dizaines de stèles qui s'étalaient devant moi : je ne reconnaissais rien.


Plus de six ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois que j'avais mis les pieds ici ... et je ne me rappelais plus de son emplacement.

- "Ooooooh, Shinishi, je suis tellement désolée ! Je fais une piètre fiancée ... Je ne sais même pas où tu es ..."


D'un coup, j'entendis dans ma tête la voix de ma mère me reprochant de ne pas avoir porté le deuil de manière appropriée, de ne pas avoir ensuite trouvé un mari convenable gagnant bien sa vie et pratiquant un métier honorable, alors qu'elle m'avait présenté un bon nombre de prétendants aussi ennuyeux les uns que les autres.


Elle faisait partie de cette génération de femmes pour qui vivre sans mari était impensable et inconvenant. Comment lui expliquer que j'avais vengé Shinishi en promettant d'épouser le fils de son assassin, que j’avais fait exploser son laboratoire et que je m'étais même entichée du tueur à gages qui m'avait aidée dans cette entreprise ? Et comment lui expliquer ensuite que le travail que j'accomplissais auprès du Doc en sauvant des âmes égarées et des hommes peu fréquentables, me comblait de joie aujourd'hui ?


Mes parents vivaient à l'autre bout du pays près de ma sœur et de son époux bien comme il faut. Alors, naturellement nos contacts s'étaient petit à petit résumés à trois appels téléphoniques par an : un pour mon anniversaire, un pour celui de ma mère et un pour celui de mon père qui la soutenait dans sa vision des choses.


Je sentis les larmes que je croyais taries monter dans ma gorge alors que je serrai rageusement mon bouquet de fleurs à m'en faire mal mais décidai de ne pas abandonner et de ne pas faire demi-tour. Quitte à y passer la journée, je finirai bien par trouver sa stèle. C'était mathématique. Je commençai alors par la gauche et entrepris de quadriller méthodiquement la forêt de pierres ornées de fleurs et d'offrandes.


Presque une heure plus tard, j'entendis derrière moi :

- "Mais c'est ma petite mariiiiéééée !!!"


Ce cri fut suivi d'un grand BAOUM et je sus, sans me retourner qui était derrière moi.

- "Bonjour Kaori ! Bonjour Ryo !" dis-je sans pouvoir m'empêcher de sourire en découvrant Ryo aplati comme une crêpe sous une massue énorme alors que Kaori se frottait les mains de satisfaction et elle me demanda tout naturellement :

- "Bonjour Kazue ! Que fais-tu ici ?"


Je me sentis honteuse et je baissai la tête :

- "Je ... je voulais rendre une visite à Shinishi ... et ..."


Kaori s'avança vers moi et se pencha doucement pour chercher mon regard :

- "Shinishi ? Ton fiancé, c'est ça ?"

- "Oui ..." soupirai-je. "Et ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venue, que je ne me rappelle même pas de l'emplacement de sa tombe !!!"


J'éclatai en sanglots :

- "Je suis une mauvaise fiancée ! Tu te rends compte ! Je ne suis jamais venue le voir depuis son inhumation ! C'était il y a siiiiiiix annnnnns !!!!"


Kaori me prit par les épaules et me serra contre elle, caressant mon dos tout en chuchotant :

- "Chuuuut, Kazue, Chuuuut ... ça va aller.

- "Je suis une personne horrible !"

- "Mais non ! Chacun gère sa douleur comme il le peut !"


Elle me consola encore un instant et j'appréciai d'être ainsi étreinte. Prendre quelqu'un dans mes bras n'est pas une chose ordinaire pour moi. J'avais grandi baignée par des valeurs traditionnelles où se toucher, se prendre par la main, s'embrasser ... ne se faisaient qu'en privé et entre membres d'une même famille.


Ce n'était pas la première fois qu'elle me tenait ainsi dans ses bras. La première fois, c'était juste avant qu'elle ne sorte de la Clinique et j'étais restée raide comme un piquet, la prenant presque pour une folle car j'avais été surprise par cet élan de gentillesse. Mais elle était comme ça, Kaori. Elle ne dissimulait rien de ses émotions ce qui la rendait particulièrement sincère et je comprenais Ryo et Mick maintenant. Je me sentais comprise, aimée, apaisée. Mes sanglots diminuèrent et je la serrai aussi un peu contre moi, timidement.


Par dessus son épaule, je surpris le regard de Ryo qui, comme elle lui tournait le dos, en profitait pour baisser la garde et laisser parler ses yeux. Nous échangeâmes un sourire entendu.


Puis, tout en douceur, Kaori s'écarta de moi et me força à la regarder, me tenant toujours par les épaules :

- "Tu as fait payer les salops qui l'ont tué, ce n'est pas rien et ça vaut bien plus qu'un bouquet de fleurs acheté à la va-vite et déposé pour la forme ..."

- "Oui, peut-être ... N'empêche ..." Dis-je en reniflant.


Elle fouilla dans sa poche et me tendit un mouchoir :

- "Tu sais quoi ? Comme on est trois, on va pouvoir le chercher plus vite, non ? Hein, Ryo ? Ryoooo !!! RyyyyOoooooo ! Mais où est-il encore passé, cet abruti ?"


Elle le repéra quelques dizaines de mètres plus loin, en train d'importuner une jeune femme toute vêtue de noir et fonça pour l'attraper. Elle le ramena par la peau du cou, tout en pestant contre lui alors qu'il boudait comme un gamin. Je ne pus m'empêcher de rire tout en me demandant si un jour, les choses changeraient enfin entre eux ...


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