Yes or No ?

Chapitre 27 : Orages, ô rage …

3827 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/05/2022 15:35

A noter que le chapitre précédent (Chapitre 26) est classé MA pour une petite scène finale. Je n'ai pas voulu la couper pour rendre l'historie plus "lisible" car les scènes d'amour font partie intégrante du développement des personnages. Je ne peux donc que vous conseiller de vous connecter à votre compte pour pouvoir le lire car il contient quelques informations importantes. Si vous n'avez pas l'âge requis, je peux publier un chapitre "sage". N'hésitez pas à laisser un commentaire en ce sens ou à m'envoyer un MP sur le forum.


***


Plus tard, nous étions couchés l'un contre l'autre, dans notre position habituelle, lui allongé sur le dos, moi la tête posée sur son épaule, son bras autour de moi, pendant que je dessinais du bout des doigts les cicatrices qui parsemaient son torse. Une à l'épaule gauche, celle faite par l'arme de Ryo, dans des circonstances qui restaient encore obscures, et deux autres, sans aucun doute, faites par des armes blanches, une au flanc droit et une autre le long des côtes. 


Rien de bien grave finalement, puisque, vu ces emplacements, aucun organe vital n'avait été touché. Et même si je connaissais parfaitement ces marques, cette nuit-là, je ne pouvais m'empêcher de songer à ce qu'elles signifiaient : Mick Angel n'avait pas toujours gagné ses combats. Et si le prochain ... 


J'essayai de chasser les idées sombres qui revenaient me hanter mais mes yeux revenaient sans cesse sur ses cicatrices et j'imaginais alors la lame d'un couteau s'enfoncer dans ses chairs ou une balle venir exploser dans ... Je sursautai presque quand il prononça à voix basse :

- "Qu'est-ce qu’il se passe ?"

- "Heu .. Rien ..."

- "C'est ça ... A d'autres, Kazue !" Répondit-il d'une voix douce.


Il attrapa ma main qui dansait sur sa peau :

- "Arrête, je sais ce que tu penses et non, il ne m'arrivera rien ..."


Je me redressai sur mon coude, le regardant dans les yeux, ma main sur son torse :

- "Qu'est-ce que tu en sais ? Hein ?"

- "Effectivement, je n'en sais rien mais fais-moi confiance, s'il-te-plait, je suis pas si diminué que ça ..."


Je m'écartai de lui, me mettant à genoux sur le lit, enroulant un bout du drap autour ma poitrine. Je sentais mon angoisse gagner à nouveau du terrain et la fatigue aidant, je n'arrivais plus à la contenir. 

- "C'est pas ce que j'ai dit ! Mais tu ne peux pas être sûr qu'il ne t'arrivera rien !"


Il me regarda quelques secondes dans les yeux et prononça d'une voix calme :

- "Non, c'est vrai. Je ne peux pas en être certain. Mais je peux te promettre de ne pas prendre de risques inutiles, de faire attention et de tout faire pour rester en vie."

- "Et si ... Et si ... Et si il t'arrive quand même quelque chose ! Je ne sais pas moi , une blessure, un accident, c'est parfois ... ça arrive tellement vite ... Et si ..."

- "Kazue ..."


Je prononçai d'une petite voix aigüe et étranglée tout en me triturant les doigts alors que je sentais mes nerfs lâcher :

- "Et s' il t'arrive quand même quelque chose ? Je fais quoi ? Je fais quoi ?!?!"

- "Kazue ..."

- "Comment tu crois que je vais pouvoir gérer si on t'amène à la Clinique ?"

- "Tu es la meilleure, je suis sûr que si je suis blessé, tu sauras parfaitement ..."


Je l'interrompis brutalement :

- "Mais si ça suffit pas ? 

- "Pourquoi ça ne suffirait pas ?"


Il s'assit dans le lit et voulut me prendre par les épaules mais je me dégageai de sa main. Je ne l'écoutais pas, je ne l'entendais plus et je poursuivis sur ma lancée :

- "Je fais quoi si je n'arrive pas à réparer, à recoudre, à soigner ?"

- "Kazue, arrête." 

- "Je fais quoi si tu reçois une ... une ... une balle en plein cœur ? Hein ? Je fais quoi ?

- "Kazue ..."

- "Je fais quoi ? Bah, rien ! Rien ! Je pourrais rien faire du tout ! Riiiiien ! Je ne peux rien faire pour guérir ça ! Rien ! Et si, et si ..."


Il s'exclama alors :

- "Docteur Natori ! Stop !"

- "Stop, quoi ?"

- "Tu t'inquiètes pour rien."


Je frappai du poing sur le matelas, martelant chaque mot :

- "Non ! Non, non non, et encore non ! Je ne m'inquiète pas pour rien ! Je sais ce que ça fait !" 


Je le défiai alors des yeux, en le menaçant du poing, à moitié couverte par mon bout de drap, à genoux au milieu du lit et je lui hurlai :

- "Je connais trop cette douleur, ce chagrin, cette impression d'avoir tout perdu, de n'être plus rien, de vouloir disparaître, de chercher une présence, d'avoir besoin d'un regard, besoin d'entendre une voix murmurer à son oreille, de sentir une caresse, de tenir une main dans la sienne ... Et de ne trouver que du vide ! Rien d'autre que du vide !"


Il me regardait, muet de stupeur. Je murmurai :

- "J'ai déjà perdu une fois l'homme que j'aime. Je ne veux pas revivre ça, Mick. Non, pas encore une fois. Pas avec toi ..."


Nous nous dévisageâmes, silencieux et immobiles pendant quelques secondes puis il se rapprocha lentement de moi, passa ses bras autour de moi et me serra contre lui.

- "Je te le promets : je serai encore plus prudent qu'avant. Je ferai très attention." 


Je sentis alors ses bras me presser encore un peu plus fort contre lui et il me caressa le dos, doucement, puis mes cheveux, délicatement, et me berça imperceptiblement tout en me murmura à l'oreille :

- "Chuuuut ... Tout va bien ... everything gonna be alright, I'm OK, I'll gonna be OK, don't worry ... (Tout ira bien, je vais bien, je continuerai à aller bien, ne t'inquiète pas.) Chuuut .."


Je pris une grande inspiration pour reprendre mon souffle et me laisser aller contre son épaule, profitant un moment de ses bras. Quand je sentis les battements de mon cœur se calmer peu à peu et reprendre un rythme régulier, je murmurai :

- "Tu me promets d'être prudent, hein ?"


Il s'écarta un peu de moi et me sourit tout en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. 

- "Oui. Je te le jure. Et toi, promets-moi de ne plus te mettre dans des états pareils, OK ?"


Je ris nerveusement :

- "Ca, désolée, je ne peux pas te le promettre ..."


Il m'embrassa et m'entraîna à sa suite pour aller s'allonger dans le lit, tournés sur le côté. Il se colla dans mon dos et passa son bras autour de moi, me serrant très fort.

- "Mick ..." Repris-je, mais il me coupa.

- "Arrête de t'inquiéter, maintenant. J'ai toutes les raisons du monde de ne pas vouloir mourir ..." Dit-il en m'embrassant sur l'épaule. "Maintenant que je sais ..."


Il resta silencieux et je posai la question qui me brûlait les lèvres :

- "Que tu sais quoi ?"

- "Que tu m'aimes ..."


Je me recroquevillai involontairement et je me sentis rougir. Avouer mes sentiments avait toujours été compliqué. Il m'embrassa encore dans le cou et je serrai son bras qui m'entourait contre moi, gardant sa main contre ma joue. 

- "Allez Docteur Natori, il faut dormir maintenant. Il te reste à peine six heures de sommeil avant que tu ne m'abandonnes pour aller travailler ... Donc, repose-toi. Et arrête de t'inquiéter ..."


Je me sentis un peu mieux et j'écoutai sa respiration devenir plus calme, plus courte, plus légère et je me laissai bercer par ce doux bruit près de mon oreille mais j'eus quand même du mal à trouver le sommeil cette nuit-là ... et aussi toutes celles qui suivirent.


Les deux semaines suivantes me parurent durer une éternité. Je rendais régulièrement compte à Ryo des informations que j'avais concernant les activités de Mick : trois affaires assez insignifiantes en réalité, un ex-fiancé trop possessif, une jeune lycéenne rackettée à la sortie de l'école et un chien perdu ... J'en arrivais presque à prier pour que son affaire, sa véritable affaire arrive enfin et soulage mon cœur de cet étau constant et persistant. 


Je commençai à ne plus maîtriser mon humeur : je perdais parfois patience avec mes collègues, j'avais failli en venir aux mains avec un automobiliste qui avait grillé un feu rouge, je ne supportais plus les regards entendus de Madame Sakamoto et la prudence de Ryo me tapait littéralement sur les nerfs.


Et puis, un soir, je venais juste de prendre ma garde quand le téléphone sonna dans mon bureau. Je décrochai :

- "Allô ..." Dis-je d'une voix tendue et la voix de Mick me répondit :

- "Allô ? C'est moi ..."


Je sentis mon cœur se serrer.

- "Que se passe-t-il ?"

- "Tu avais raison. Kaori a retrouvé la mémoire ..."


Je soupirai, je m'étais attendue à autre chose. J'étais à la fois soulagée et déçue. J'aurai voulu que les choses avancent et changent, je n'en pouvais déjà plus d'attendre. 


Cependant, je dis :

- "Oh ... Bonne nouvelle. Mais dis-moi, ça veut dire que tu as revu Kaori ? Comment est-ce que ça s'est passé ?" 


Je soupirai à nouveau, nous en avions déjà parlé plusieurs fois et je l'avais prévenu que cela allait arriver et comme il ne répondait pas, je poursuivis, évitant le "sujet Kaori" : 

- "Tu t'es fait griller, hein ? Je t'avais dit qu'à force de leur piquer des clients sur le tableau des messages, tu allais finir par te faire avoir ... Bon, et bien, reprenons depuis le début. Elle a retrouvé la mémoire ? Mais pourquoi elle n'en a rien dit à Ryo ?"


Il ne répondit toujours pas alors je continuai :

- "Ohhhh ! Ça confirme ce que je pensais ... Il a avancé d'un pas pour ensuite reculer de deux en espérant qu'elle ne s'en souviendrait pas, c'est ça ?"


A l'autre bout de la ligne, je l'entendis rire doucement :

- "Oui, c'est ça."


Nous avions quelques fois discuté d'une éventuelle stratégie pour les faire avancer tous les deux et, le sujet me passionnait particulièrement car il me permettait de mettre mon inquiétude de côté pendant quelques temps mais aussi de me rassurer. Très égoïstement, je me disais qu'une fois Kaori définitivement avec Ryo, elle ne risquerait pas de se mettre entre Mick et moi. Mais ça, je l'avais gardé pour moi. Je poursuivis : 

- "Pfffff ! Quel nul, ce Ryo ! Et je suppose que maintenant, tu vas essayer de tout faire pour que cet imbécile se déclare ? Tu sais que ça ne va pas être simple, avec ces deux-là !"

- "Je sais ... Ne t'inquiète pas, je m'en charge."


Et, à ma grande surprise, il raccrocha sans un mot de plus. Je trouvai sa réaction étrange et surtout je ne comprenais pas trop pourquoi il m'avait téléphoné pour m'en dire si peu. Je n'eus malheureusement pas le temps de m'appesantir sur le sujet car cette nuit-là fut bien chargée. 


Deux clans rivaux avaient décidé de régler leurs comptes en organisant des combats à mains nues entre trois de leurs différents champions. Résultat : six yakusas amochés, vingt-sept côtes fracturées, trois nez cassés, deux épaules démises, une mâchoire brisée, je ne sais plus trop combien de dents en moins, une arcade sourcilière ouverte ... Et aucun vainqueur. 


Bref, Himika et moi n'avions pas eu le temps de souffler, surtout que les combattants avaient encore eu envie d'en découdre et nous avions dû élever la voix et imposer à nouveau les principes qui régissaient notre clinique. Pour finir, nous avions administré des sédatifs à quatre d'entre eux. Je réprouvais ce genre de pratique mais je préférai ça aux sangles de contention. 


Je sortis vers sept heures du matin, fourbue, contrariée et épuisée. J'avais une seule hâte, prendre une douche pour aller ensuite retrouver les bras et le lit de mon amant avant de passer tout le reste de la journée à dormir. Enfin, si j'y parvenais et que mes cauchemars me laissaient un peu de répit.


Je passai par la cour arrière et montai les cinq étages en courant. Essoufflée mais ravie, j'ouvris la porte avec mes clefs et entrai sans faire de bruit. A ma grande surprise, Mick était déjà levé, assis à la table de la cuisine, une tasse de café fumante devant lui. A en juger par son teint cireux et les cernes qui se dessinaient sous ses yeux, il avait passé une mauvaise nuit. 


Inquiète, je demandai aussitôt, cherchant immédiatement les signes d'une crise de manque :

- "Mick, ça ne va pas ?"

- "Tu tombes bien il faut que je te dise quelque chose."


Je sentis mon cœur cesser de battre pendant un instant.

- "Alors, voilà ... On y est ? La grosse affaire ..."


Il secoua la tête :

- "Non, pas encore. Il s'agit d'autre chose ... " Il leva les yeux vers moi et me désigna la chaise en face de lui : "Tu devrais t'asseoir et prendre un peu de café. Ça ne va pas te plaire ..."


Nerveuse, tendue, crispée, je m'assis comme une automate et bus une gorgée de café sans vraiment m'en rendre compte, le cœur suspendu à ses lèvres et à ses yeux qui, pour une fois, restaient impénétrables.

- "J'ai dû faire face à un imprévu ... Mais je vais commencer par le début."


Je restai muette, la gorge serrée. Il but une gorgée de café et commença :

- "Hier, comme tu le sais, je me suis effectivement fait surprendre par Kaori et Ryo devant le tableau des messages. Nous avons donc fait un pari : celui qui résoudrait le plus d'affaires pourrait garder le nom de City Hunter et continuer à exercer en ville ..."


Je tiquai immédiatement :

- "Et donc, si tu gagnes ... Tu continues ?"


Il me regarda et me sourit :

- "Ah ... Je n'avais même pas encore songé à ça, tiens. C'est vrai que ce n'est pas vraiment ce qu'on avait prévu !"

- "Mick ... Tu es en train de me dire que tu vas continuer ? C'est ça ? Que si tu gagnes, tu resteras ici en tant que City Hunter ? "


J'avais élevé la voix sans m'en rendre compte. Il posa sa main sur la mienne :

- "Je n'ai pas encore décidé. Mais, c'est autre chose dont il faut que je te parle."

- "Oh ... Y'a pire, alors ? Chouette !" Grommelai-je, sarcastique en croisant les bras sur ma poitrine. "Vas-y, crache le morceau !"

- "Voilà ... Les choses en entraînant une autre ... Kaori s'est mis en colère contre Ryo, mais vraiment très en colère ... "

- "Moui ... Jusque là, rien de bien surprenant."

- "Je voulais t'en parler hier au téléphone, mais je me suis dit qu'il valait mieux que je t'en parle de vive voix ... J'avais proposé à Kaori qu'on s'associe tous les deux ... pour faire perdre Ryo et qu'il se rende compte que ... qu'il a besoin d'elle et qu'il l'aime ..."


Je le dévisageai. J'avais déjà compris mais je ne voulais pas réaliser. Je pensai, horrifiée :

- "Non, non, non, impossible. Tout mais pas ça."


Il poursuivit, chaque mot entrant dans mon âme et me faisant encore plus mal l'un que l'autre :

- "Donc, comme elle lui en veut énormément cette fois-ci, elle a débarqué avec toutes ses affaires hier soir."


Je me levai brusquement, raide comme un piquet, ne faisant pas attention à la chaise qui se renversa derrière moi. En quelques pas, je me dirigeai vers la chambre, ouvris la porte et inspectai immédiatement le lit. Vide. Défait.

- "J'y ai dormi seul. Kaori était dans son lit, dans le bureau."

- "Elle a son lit ? Déjà ? Tu plaisantes ?"

- "Heuuu non. Elle l’a apporté. C'était assez impressionnant d'ailleurs !"


Je ne répondis pas et me dirigeai vers le bureau, ouvris la porte brusquement. Le lit était fait, la couette impeccablement lissée, les vêtements de Kaori soigneusement pliés et posés à même le sol. Tout était parfaitement bien rangé.

- "Et elle y a dormi seule ?" Lâchai-je amère, les bras toujours fermement croisés sur ma poitrine. 

- "Il ne s'est rien passé, Kazue. Et il ne se passera rien."


Je répliquai :

- "Tu parles ! Vous avez bien fêté les retrouvailles ? Elle est où ? Nue sous la douche ?"

- "Elle est allée faire des courses. Il paraît que mon frigo ne contient rien qui permette de faire un petit déjeuner digne de ce nom au Japon ..."

- "Oh ... Fabuleux ! Voilà même qu'elle te fait la cuisine, elle ? Et dis-moi, c'est elle qui a terminé de ranger ton appart, je suppose ?"


Il baissa les yeux. Je fis un pas vers lui :

- "Et bah, tu as gagné au change, dis-moi ! Veinard ! Et puis, quel hasard fabuleux, n'est-ce pas ? L'amour de ta vie débarque dans ton nouvel appart avec armes et bagages, fâché contre ton rival de toujours, elle fait la bouffe, le ménage et en plus, vous allez être partenaires de travail ? Bah, génial, je vois que tout va bien ! La sortie de la Clinique se passe plutôt bien pour toi !" 


Je tournai les talons, ne supportant plus de le voir, parfaitement immobile, la tête baissée. 

- "Au fait ? Tu lui as dit pour nous deux ? Admettons même qu'il y ait encore un "nous deux" qui tienne ou qui ait jamais existé ?"


Je fis quelques pas pour m'éloigner de lui. Il restait muet et la fureur montait en moi telle une vague brûlante et incontrôlable. Je sentais mes mains trembler et mes jambes faiblir, mon cœur me donnait l'impression de vouloir exploser et le seul moyen de le soulager consistait à crier, à hurler :

- "Oh ! Putain ! J'y crois pas !"


Je commençai à perdre le contrôle et je me ruai sur lui le frappai au torse pour le pousser en arrière, croiser son regard, le faire réagir :

- "Tu n'as rien dit ? Hein ? Tu n'as strictement rien dit ? Regarde-moiiiii ! Regarde-moi, Mick Angel et dis-moi que je me trompe ? Tu t'es bien abstenu de lui dire quoi que ce soit ? C’est pour ça que j’ai droit à la porte arrière et aux stores baissés, moi ? Comme ça, elle ignore ce qu’il se passe entre nous …"


J'éclatai d'un rire cynique et je criai à nouveau :

- "Bah oui, suis-je bête ! Il fallait bien te ménager une porte de sortie ! Au cas où Ryo ferait le con et te libérerait la place ? Et quelle chance ! C'est arrivé tout seul ! Pas ta faute, en plus, je suppose ?!? "

 

Il ouvrit la bouche mais je ne lui laissai pas le temps de répondre. Finalement, je n'avais pas envie d'entendre ce que je savais déjà :

- "Je me suis faite avoir comme une conne par ton blablabla de dragueur à la con. Tu m'as bien embobinée, hein ? Avec tes mots doux, tes caresses murmurées à mon oreille, le grand jeu du restaurant et de l'hôtel cinq étoiles ..."


Je commençai à reculer vers la porte, le regardant toujours mais m'éloignant de lui, pas à pas. Je sentais une douleur grandir dans mon cœur, dans tout mon être, une douleur nouvelle que je ne connaissais pas :

- "Tu m'as bien eue et même si, à un moment, je t'ai fait fantasmer, je n'ai toujours été que le second choix ? La première sur la liste, c'était Kaori et ça l'a toujours été !" 

- "Kazue ! Non ..."


Il se précipita vers moi et essaya de me prendre par le bras pour me retenir mais je me dégageai violemment en le fusillant du regard :

- "J'aurais dû être plus prudente, je le savais dès le début ... Après tout, c'est elle que tu as appelée quand tu t'es réveillé et c'est encore son nom que tu murmurais pendant ta crise de manque ! J'aurais dû voir ! Je ne voulais pas voir ! Je voulais y croire ! J'ai été trop bête. Et trop naïve." 


Je sentis des larmes de rage couler sur mes joues et je ne fis rien, ni pour les retenir ni pour les cacher. Je relevai cependant la tête et le regardai dans les yeux en prononçant d'un ton froid et cassant :

- "Maintenant que Kaori est libre et accessible, Kazue va reprendre sa place et sa petite vie à la Clinique en la fermant gentiment ? C'est ça, ton plan ? Et puis, tu vas pouvoir définitivement évincer Ryo, lui prendre sa partenaire, son job, son nom, sa réputation ... J'avais raison finalement. T'es rien qu'un sale con."


Je tournai les talons, et sans un regard en arrière, je prononçai d'une voix éraillée par les cris et la colère :

- "Profitez bien de votre nouvelle vie, Monsieur Angel. Veuillez prendre note qu'à partir de ce jour, je ne serai plus votre médecin."


Je m'enfuis dans les escaliers après avoir claqué la porte derrière moi. Je les descendis en courant sans vraiment faire attention à ce que je faisais, courant comme pour fuir ma souffrance mais elle me rattrapait sans cesse. 


Arrivée dans le hall, j'aperçus la silhouette de Kaori qui sonnait à la porte d'entrée vitrée de l'immeuble. En plus, Mademoiselle Makimura avait droit de passer par la grande porte, contrairement à moi. Je n'avais absolument aucune envie de la croiser alors que j'étais en train de pleurer. Amère, je fis rapidement volte-face pour me dissimuler derrière les escaliers pendant qu'elle entrait dans le hall, bataillant avec deux grands sacs remplis de victuailles qu’elle portait à bout de bras. 


Je l'entendis maugréer tout en appuyant sur le bouton de l'ascenseur :

- "Ah, les mecs, tous les mêmes ! Pas fichus de se nourrir correctement. Si on les écoutait, ça serait juste café, whisky et chips toute la journée ..."


Je retins mes sanglots en me plaquant une main sur la bouche et ce fut avec un immense soulagement que j'entendis les portes se refermer derrière elle et que je pus sortir de l’immeuble. Mais par la porte officielle, cette fois, pas par la porte arrière, et je me concentrai pour ne pas céder à la tentation de jeter un œil derrière mon épaule pour vérifier si Mick me regardait partir. Je ne lui donnerais pas cette satisfaction. Jamais de la vie.




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