C.H.C.H. ou Courtes Histoires de City Hunter

Chapitre 10 : Avec détermination et patience...

2115 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/10/2023 08:31

Merci beaucoup à Cris pour sa relecture et pour l’inspiration. C’est en lui racontant une de mes mésaventures qu’elle m’a dit : Rooo, je vois trop bien le truc … et hop… voilà le résultat.

J’espère que cette toute petite histoire vous plaira ! ;-) 

(et comme Noël approche à grands pas, si si si, ça va venir vite, on se retrouvera fin novembre pour un conte de Noël en six chapitres, à bientôt !)




Avec détermination et patience


Quelle joie ! Quel bonheur d'avoir enfin trouver la perle rare ! Une telle alchimie entre deux âmes, c'est exceptionnel ; ça ne se produit qu'une fois dans une vie. C'est ce qu'on appelle être faits l'un pour l'autre, pas de doute et ça me donne des ailes, plutôt deux fois qu'une ! 

Quand enfin, elle avait été en ma possession... l'extase absolue ! Ah oui, oui, il n'y avait pas d'autre mot. Absolue.

Ohhh, sa douceur, la délicatesse de sa peau, son parfum sucré, son goût délicat, son souffle exquis, le rythme hypnotisant de ses battements de cœur... Tout... Tout avait été simplement parfait. 


Depuis, je suis euphorique. Je sens chacune de mes cellules galvanisée par une formidable énergie. Mais la séparation entre nos deux corps devient de plus en plus douloureuse, pour ne pas dire insupportable. Il m'en faut encore. Oh oui ! encore ! 

Maintenant, un seul but a de la valeur à mes yeux : Elle ! 

Encore ! Encore ! Encore ! 

Ca, sinon rien. 

Juste Elle

Plus rien d'autre ne compte  que : Elle

Je n'ai plus qu'un seul et unique —et magnifique— objectif : Elle

Mon monde ne se résume qu'à : Elle. Et la conquérir à nouveau, évidemment ! Il le faut ! Il le faut ! Il le faut !


Cependant, pour y parvenir, mon parcours est semé d'embûches et un problème de taille se profile à l'horizon : Elle s'avère des plus récalcitrantes et ne se laisse décidément plus atteindre, dressant autour d'elle une véritable muraille, sorte de fortification infranchissable. 

Depuis, chaque tentative d'intrusion se solde par un échec. Pourtant,  mon inspection du bouclier a été méthodique, méticuleuse et organisée. Mais, pas de brèche, pas de crevasse, pas de passage, pas le moindre interstice. Aucun. Enfin, pour l'instant... Il y a toujours une faille quelque part. Toujours. Tout n'est qu'une question de patience ... de détermination et de patience. Avec détermination et patience, tout vient à point, je le sais bien. Toujours.

Trêve de tergiversation, il est temps de se lancer dans un nouvel essai. Mais c'est un autre échec cuisant car le chemin choisi donne sur un cul de sac. Cependant, j'ai à peine le temps de reprendre mon souffle que ma déception a disparu.

Détermination et patience... 

Détermination et patience... 

Avec détermination et patience, on peut tout obtenir... 


Détermination, patience ... Et prudence !!! 

Et oui, aussi... 


Car ces incursions sont particulièrement périlleuses, force est de le reconnaître. En effet, ma belle est assurément une redoutable spécialiste des aplatisseurs en tous genres et de toute taille ! Je dois déjouer ses attaques, éviter ses projectiles et ses armes de destruction massive. Vigilance donc : c'est une question de vie ou de mort ! 

Dès lors, je m'embarque dans un combat acharné, une lutte sans merci, réclamant ténacité stratégique et endurance physique. Ce qui ne fait qu'attiser mon désir, augmente la sensation de manque d'Elle, renforce ma détermination... 

Elle... Encore... Oh oui ! Elle !


Allez... Il est temps de me lancer à nouveau. Rien ne reste indéfiniment infranchissable. Rien. 

Cependant, un vent contraire ruine à nouveau ma tentative...


Qu'à cela ne tienne, Moi, Véronique la Moustique, je ne suis certainement pas du genre à abandonner. Ah que non ! J'ai goûté à ce doux nectar chaud et sucré, à son sang à Elle et j'en veux encore. Et je l'aurai. 

Détermination et patience. 

Détermination et patience. 


Et la prudence ? C'est peut-être ce qui m'a fait défaut. Je n'aurais jamais soupçonné qu'un quelconque danger viendrait de l'autre, celui qui a si mauvais goût.


***

— Kaori ? Ça va ?

A moitié somnolente, la jeune femme relève ses yeux pleins de brouillard vers Ryo mais ne répond pas. Elle cligne seulement des paupières pour ajuster sa vue encore floue.

— Mais qu'est-ce que tu fabriques ? s'étonne-t-il.

—  Je... Je chasse.

Il se moque ouvertement d'elle:

— Tu... chasses ? Assise par terre, au milieu du salon à une heure du mat' ?

— Ouais... je chasse le moustique, grommelle-t-elle.

— Ahhh, c'est pour ça que tu t'es enrubannée dans ton rideau !

En effet, un tissu fin et transparent est déployé sur la tête de Kaori, formant une sorte de tente transparente jusqu'au sol.

— C'est pas un rideau, c'est une moustiquaire.

— Tu sors la moustiquaire pour un tout petit moustique de rien du tout ?

Il se penche pour examiner ce qui est posé devant elle : une tapette à mouches violette et une bombe d'insecticide ExtraStrong. 

— C'est pas un peu radical pour une si petite bestiole inoffensive ?

— Inoffensif ? Ce moustique ? Tu rigoles ? Il m'a déjà dévorée... regarde... Cinq piqûres rien que sur la cheville gauche ! Et ça graaatte... Alors, je ne laisserai plus aucun centimètre carré de ma peau accessible à ce monstre dévoreur de sang.

— Dévoreuse, corrige Ryo. Seules les femelles moustiques piquent.

— Dévoreur ou dévoreuse, j'm'en fous. Je veux m'en débarrasser et aller enfin dormir tranquillement.

— T'as qu'à rester sous l'drap. Les moustiques piquent pas à travers les draps.

— Pour me retrouver avec des piqûres sur les oreilles, non merci ! Et puis, il fait trop chaud là-haut pour dormir avec le drap.

— Mais non ! Bon allez, viens dormir maintenant. Tu seras crevée demain.

— Pas tant que je ne l'aurais pas eue, cette vampire-moustique.

— Comme tu veux... Moi, je retourne au dodo.

Ryo repart d'un pas traînant puis fait soudain volte face :

— Tu sais quoi ? Tu n'as qu'à prendre ta moustiquaire et dormir avec. Je vais l'accrocher à l'abat jour, ça devrait le faire...

— C'est une idée, concède-t-elle tout en se relevant péniblement. Outch...

Plusieurs heures passées assise en tailleur ont eu raison de sa souplesse et ses jambes tremblent un peu. Ryo l'attrape par le poignet pour l'aider à se redresser :

— Eh bah, ne viens plus jamais me traiter de petit vieux quand j'ai le dos coincé !

— Pas la même chose, réplique-t-elle en se débattant avec sa moustiquaire pour s'en dépêtrer sous le regard amusé de Ryo. 

Elle se force à ignorer son sourire narquois et le petit pli aux coins de ses yeux. Il faut dire qu'elle s'énerve déjà suffisamment avec cette satanée moustiquaire qui s'enroule de plus belle autour d'elle.

— Tu crois qu'elle sera assez grande pour nous deux ? demande-t-elle en se retenant de jurer.

— Non, même en se serrant l'un contre l'autre... Et puis, il fait trop chaud pour ça. Mais je n'en ai pas besoin. J'ai grandi dans la jungle amazonienne. C'est pas une toute petite petite bébête qui va m'empêcher de dormir, va. J'ai connu pire !

Kaori se rembrunit brusquement, attristée, comme toujours, quand ils évoquent cette sombre période du passé de Ryo. Il remarque immédiatement son malaise et, puisque son but était plutôt la plaisanterie, il fanfaronne ostensiblement. Il a toujours préféré la voir sourire :

— Suis un étalon, moi, Madame Saeba, pas une mauviette... Alors, hop, hop, hop... 

Il la soulève dans ses bras, encore enroulée dans sa moustiquaire et s'empresse de remonter vers la chambre, avalant les marches quatre à quatre. 

— Au lit, la chasseuse ! Avec moustiquaire d'enfer, le moustique, on va voir si ça pique, héhéhéhé !


***


La lumière de l'aube estivale caresse les paupières de Kaori qui s'éveille de bonne humeur. Elle a passé une deuxième partie de nuit très agréable. Ryo l'avait libérée de l'emprise de la moustiquaire et avait suspendu sa protection comme promis. Elle avait bien perçu quelques bourdonnements près de son oreille mais, se sachant protégée par le tissu, elle avait replongé dans la douceur du sommeil. 

Elle s'étire. A part sa cheville, elle ne sent aucune nouvelle piqûre. En plus, elle n'a pas eu trop chaud, car elle a pu dormir en sous-vêtements, sans drap ni couverture... Elle se retourne pour observer Ryo, allongé à ses côtés mais ne découvre qu'une place vide. Surprise, elle jette un œil au réveil : il est à peine six heures dix ! Ça alors ! Quelle mouche l'a piqué ?

Intriguée de ne pas trouver son lève-tard-fainéant en train de ronfler, elle se lève, passe un peignoir léger et part à la recherche de l'absent.

Elle le débusque rapidement dans la salle de bain, en pantalon, chaussettes et col roulé, les cheveux en bataille, le visage brillant de transpiration. Armé de la bombe d'insecticide dans une main, de la tapette à mouche violette dans l'autre, il est en train de scruter la petite pièce dans tous les coins, les yeux hagards, cernés de gris et rougis par le manque de sommeil.

— Tu fais quoi là ? s'enquit-elle, inquiète.

— Ces satanés bestioles vont me rendre fou ...

—  Ah mince, il y en a plusieurs ? 

— Et comment ! Ça prolifère ! J'en ai écrasé un cette nuit. Il ne faisait que zomber autour de la moustiquaire. Je pensais que c'était fini mais ensuite... j'ai pas arrêté d'me faire piquer. J'ai dû m'habiller pour me protéger, tellement ça devenait insupportable. Du coup, je crève de chaud mais... j'm'en fous, il ne m'auront plus ! Je suis persuadé qu'ils me suivent partout ! C'est pour ça que je suis venu ici : les acculer dans un petit espace et les zigouiller tous autant qu'ils sont. Les uns après les autres... Je les aurai !

D'un grand geste de la main, il lance alors un coup de spray. Kaori se couvre la bouche et le nez, en se moquant :

— C'est pas un peu radical pour des petites bébêtes inoffensives ?

— Hahahaha, très drôôôle ! C'est sûr que toi... Pendant que je me battais contre tout un escadron, Madame roupillait comme un bébé, enroulée dans sa précieuse moustiquaire qu'elle ne partagerait pour rien au monde.

— Oups... minaude Kaori seulement à moitié confuse. Je n'ai rien remarqué, désolée. Mais, je croyais qu'après avoir vécu dans la jungle, tout ça, tout ça...

— Raaa, ceux-là, c'est des moustiques mutants de Tokyo. Rien à voir ! J't'assure ! Hééé !

Il lâche sa bombe d'insecticide qui vient rebondir sur le carrelage, pour se claquer violemment la joue avec la paume de la main mais il a visiblement fait chou blanc : 

— Tu vois ? Je me fais bouffer !

— Mon pauvre Ryo, ironise Kaori faussement contrite.

Il redevient brusquement sérieux et triste, boudant comme un gamin chagriné :

— Oui, tu vois... Je crois qu'il me faut un câlin.

— Bah tiens...

Ravi, Ryo s'avance vers elle, la bouche en cœur et des étoiles plein les yeux. Elle croise les bras mais sourit légèrement, signe qu'elle est, somme toute, charmée par la perspective d'un baiser. Elle ferme les paupières, dans l'expectative de la douce caresse sur ses lèvres mais rien ne vient. Surprise par cette attente infructueuse, elle ouvre lentement les yeux et découvre Ryo qui s'échappe à pas de loup.

— Qu'est-ce que ...

Profitant de son avance, il s'élance vivement dans le couloir :

— A moi la moustiquaire ! Je te laisse avec ces monstres ! Tu vas les avoir, Chasseuse-De-Mon-Coeur, j'ai confiance !!! Après tout, tu es la moitié de City Hunter !

— Espèce de ...


***


Dans le camp adverse, on ne peut que ricaner en guettant la prochaine fenêtre d'attaque. La fortification qui protège maintenant le sans-goût finira bien par tomber. 

Patience et détermination. Comme toujours.

Depuis l'aplatissage tragique de Véronique la Moustique, ses comparses ont décidé de la venger comme il se doit : Angélique, Monique, Dominique et Frédérique sont passées à l'attaque. Elles ont même été ralliées pour l'occasion par Eric, Cédric et Loïc... Il faut bien faire comprendre à cet énergumène-pas-goûteux que, même petits, les moustiques, loin d'être des petites bébêtes inoffensives, ça pique en équipe. C’est ça, la ta-ta-ta-tactique !







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