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Chapitre 3 : Reviens-moi

1192 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/01/2024 20:52

La vie en dehors de Tokyo amène de belles surprises, à commencer par les étoiles qui brillent de mille feux dans le ciel. Ryô ne pouvait détourner ses yeux du ciel illuminé de toutes ces tâches lumineuses, un léger sourire aux lèvres. La lune éclairait le jardin japonais de la demeure du professeur, laissant parfois quelques animaux nocturnes se manifester brièvement. Les mains dans les poches, il s’imaginait ce qu’aurait pu être sa vie s’il n’avait pas toujours vécu dans le danger : l’aurait-elle connue ? Elle était devenue son monde, son univers entier, sa raison de vivre ainsi que sa bouée de sauvetage. Il aurait espéré lui offrir un autre chemin de vie, là était sa première idée lorsqu’il lui a amené l’argent le jour de son anniversaire, ce jour où il a dû lui annoncer la terrible nouvelle de la mort de son frère. Il avait été surpris par sa réaction, lui qui s’attendait à devoir gérer des larmes, des questions, une colère noire… Elle était restée forte, la tête haute et avait directement proposé de remplacer Makimura, de devenir sa partenaire. Face à cela, comment aurait-il pu refuser ? Aurait-il dû refuser ?


Son visage se tourna vers sa coéquipière qui sommeillait depuis deux jours, depuis que le bateau de Kaïbara avait explosé. Par sa faute, personne ne savait quand elle allait se réveiller, si elle allait se réveiller un jour. Sans elle, il était totalement démuni, désarmé et avait l’impression de s’éteindre. Ses espoirs s’amenuisaient lentement. Que ferait-il s’il venait à la perdre ? Peut-être serait-il temps qu’il se range ou se laisserait-il descendre par ses ennemis ? Tout le monde autour de lui savait que ses sentiments pour Kaori n’étaient pas de l’ordre de l’affection profonde. Miki et Umibozû étaient présents sur le bateau quand ils avaient échangé un baiser – à travers une vitre –, cela était inutile de continuer à nier. La jeune femme méritait qu’il réponde enfin à ses sentiments, même si cela impliquait de changer complètement de vie.


Il fit quelques pas en direction du lit, s’assit sur le matelas avant de saisir une des mains de sa partenaire. La lune l’éclairait avec une telle clarté qu’il pouvait observer son visage endormi. Elle était apaisée, un affreux bandage entourant son crâne et compressant son front. Il se demanda si elle rêvait, si elle était plongée dans des souvenirs qui lui étaient propres ou non, si elle pouvait l’entendre. Il inspira profondément puis libéra ses poumons en expirant. Il n’y avait pas le moindre bruit dans la maison, chacun devait dormir, sauf lui.


« Kaori… Je… Je ne sais pas si tu m’entends mais… Ne lâche rien. Juste, bats-toi. »


Il commençait à se sentir débile. Que lui prenait-il de lui parler ? Il se mordit l’intérieur de la joue, haussa les épaules avant de poursuivre son monologue. Personne ne pouvait l’entendre, il n’avait pas de honte à avoir. Il avait besoin de lui parler.


« Te voir dans cet état me rend triste… Je devrais sans doute aller me coucher en attendant qu’on me réveille en me disant que tu as ouvert les yeux mais… Je ne peux pas. Tu sais, j’ai toujours ce souvenir de toi, endormie près de moi, assise par terre après m’avoir veillé toute la nuit lorsque j’étais malade. »


Ryô se met à sourire avec nostalgie. Malgré tous les coups de massue, les pièges posés, les jalousies, les rages… La jeune femme avait un cœur si tendre, des sentiments profonds et une humanité si importante que l’homme n’aurait jamais pu la laisser partir. Son sale caractère faisait partie intégrante de sa personnalité et c’était le tout qu’il avait pris en charge.


« Je t’ai trop souvent mise en danger et j’en suis désolé. Je m’excuse aussi pour toutes ces fois où je t’ai donné l’impression de ne pas te faire confiance, pour toutes ces fois où tu as douté de mon amitié, mon amour pour toi. Tu es la chose la plus précieuse que ton frère m’ait laissé, jamais je n’aurais pu songer que tu allais modifier ma vie avec tant d’importance. Tu as su m’accepter malgré tous mes défauts – et il y en a un bon paquet –, tu as également réussi à t’adapter à moi, à ma vie tandis que je n’ai jamais essayé de m’adapter à la tienne. »


Les souvenirs se bousculaient dans la tête et dans le cœur de Ryô. Ensemble ils avaient surmonté tant de choses, l’ascension avait été lente et ils n’étaient pas encore au sommet. Pourtant, Ryô savait que le pic était proche, à moins que tout ne dégringole avec une avalanche inattendue. Mick était de retour, allait mettre du temps avant de se remettre de l’épreuve de l’Angel Dust, mais il était désormais un rival potentiel. Ses sentiments pour la jeune femme étaient vérifiés : elle seule était parvenue à ramener son ami américain à la raison, par son amour pour elle. Mais que ressentait Kaori ? Elle était profondément attachée à Mick, Ryô ne l’ignorait pas, toutes ses réactions vis-à-vis de lui le montraient. Néanmoins, il connaissait sa partenaire : Kaori était ce que lui n’était pas, amplifiant alors leur alchimie quasi automatique. Leur personnalité opposée était la combinaison parfaite au bon fonctionnement de leur duo : lui était la technique, l’action et le cérébral pendant qu’elle était la ruse et surtout l’humain. Il craignait fréquemment ses débordements d’émotions et ses maladresses, mais avec le temps il avait saisi combien c’était primordial dans leur équipe ainsi que dans la relation avec le client.


« Tu es unique, Kaori. S’il t’arrivait quoi que ce soit, personne ne pourrait plus te remplacer. Je ne pourrai pas rêver meilleure partenaire que toi. S’il te plait, continue à te battre. »


Il serrait sa main plus fort. Son cœur se serra à lui faire mal, son émotion commençait à transparaître sans qu’il ne le désire. Afin de détendre l’atmosphère et relâcher la tension qui l’enveloppait, il poursuivit.


« Et puis, si tu ne te réveilles pas, ton frère va revenir sous forme d’ectoplasme et me faire la peau comme jamais ! Tes massues, à côté, ne seront rien. »


Un rire tendu s’échappa de sa bouche, une larme roula sur sa joue. C’en était trop, la peur de la perdre était trop intense. Il allait devoir apprendre à gérer son humanité nouvelle.


« Je ne t’abandonnerai jamais. »


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