Elle.

ELLE.

ON SHOT: Illusion ou désillusion.

Le jeune homme tenait sa femme au creux de ses bras dans leur chambre. Ils voulaient  un enfant tous les deux mais il tardait à venir. Le claire de lune illuminait la ville sainte de Rabona et un beau ciel nuageux. Cheveux noirs, yeux gris claire, corps fin et effilé, elle avait de quoi plaire à tous les hommes de ce monde. C'est Sid qu'elle avait choisie six ans plus tôt. Aujourd'hui ils vivaient toujours heureux, songeant à fonder leur famille mais n'y parvenant pas. Il lui offrit un baisé sur la joue, affectueux. A ce moment il y eut comme un déclic, elle se leva, triste, mélancolique et sombre.

_Jeune femme: Sais-tu qui tue les quelques yomas qui approchent de la ville ou qui y entrent et ce durant la nuit?

_Sid: Tu va me dire que c'est toi?

Elle tourna la tête dans sa direction, des yeux argentés et sa chevelure devenant blanche comme neige. L'homme ne sembla pas choqué. Il sourit gentiment, compréhensif.

_Sid: C'est donc ça...

_Jeune femme: Tu te méprends... (verse une larme de ses yeux embués) je... je n'ai jamais su comment te le dire, je...

L'homme sortit du lit pour la consoler, elle le repoussa doucement, se cachant dans les ombres ne laissant que son regard d'argent foncé briller dans les ténèbres.

_Sid: Irina? Expliques-moi ce qui ne va pas? Tant pis si nous ne pouvons avoir d'enfant, je t'aimes et...

_Irina: Je suis... une... yoma.

L'homme n'y comprenait rien. Les yomas avaient les yeux jaunes, elle les avait argenté, ça ne pouvait qu'être qu'une claymore et ça ne le gênait pas. Elle s'avança, apparaissant dans les rayons de la lune, une peau marron, un visage presque identique à celui d'avant mais changé, toujours aussi charmante mais différente. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Si il s'agissait d'un yoma pourquoi tuait-elle ses congénères? Sa voix ne changeait guère.

_Irina: Je t'aime vraiment, mais toi, jamais tu ne m'acceptera comme je suis, c'est pour ça que j'ai fais en sorte de na pas pouvoir mettre au monde d'enfant parce que je savais que dès que tu apprendrais la vérité, tu me rejetterais. Tu l'as bien vu, je me nourris comme toi, mais... tu t'en fiche maintenant, tu dois penser que je t'ai trahis.

_Sid: Je n'en sais trop rien. Je suis paumé. La femme que j'ai aimé tant d'années n'était même pas une humaine...

_Irina: Tu ne me donnera pas ma chance, je le sais. J'ai donc pris la décision de partir.

_Sid: Pourquoi tes yeux sont argentés? Qu'est ce que tu es?

_Irina: Une hybride.

_Sid: Entre quoi et quoi?

_Irina: C'est absurde, tu ne me croirais pas. Et ça n'a plus beaucoup d'importance.

Elle se baissa sous le lit pour finalement prendre une épée à la lame aussi longue qu'elle était grande et la posa sur le lit. La femelle yoma s'habilla dans une tenue que l'homme connaissait point. Une tenue de combat inédite. Moulante, souple, confortable et prenant que très peu l'eau et l'humidité mais absorbant très bien la transpiration en cas de rudes efforts. Rangeant son épée en gaine elle se dirigea vers la fenêtre. Une main saisit son bras droit.

_Sid: Attend! Je ne te hais pas, je pense que tu es différente des autres, tu as droit à une chance, si tu veux revenir tu peux. Tout ça reste entre nous.

_Irina: Je verrai (baisse les yeux, sombre) je voulais vraiment fonder un foyer, mais...

Il l'embrassa par surprise sans qu'elle ne s'y attende. Il avait un regard confient, bienveillant même. Elle ne comprenait pas ce geste. Comment pouvait-il encore l'aimer alors qu'il s'agissait d'un monstre?

_Sid: Je ne te hais pas, et il y a de la place pour toi dans mon cœur, sache que tu es quelqu'un de bien, tu as donc été l'ange protecteur de cette ville en dépit du fait d'être un yoma. Tu mérites ta place parmi nous.

Un souffle de vent tiède balaya doucement ses cheveux couleur de neige. Elle le fixa, incrédule, puis finit par sourire, amer avant de partir.

_Irina: Si seulement ils étaient moins cons et aussi sympa que toi... ouvert serait peut-être plus adéquat. Bien, j'espère que nous nous reverrons...

L'homme lui lança une alliance, elle l'attrapa au vol et ces derniers mots furent leurs adieux.

_Sid: Si tu reviens, on se marie et on fonde une famille, ok?

_Irina (sourire): D'accord.

Disparaissant dans un tourbillon de vent, elle se faufilait avec agilité sur les toits des maisons, sentant l'air siffler à ses oreilles d'elfe. Comme quoi, sur terre il y avait des gens intelligents. Bien sûr dans le temps il détestait les êtres « surnaturels » mais cette rencontre avec cette claymore et ce petit garçon le changèrent. La ville aussi s'était assouplie avec de nouvelles règles mais il serait difficile d'accepter la présence d'une claymore en son sain et encore moins le sienne. Irina se dit qu'elle n'avait pas sa place dans ce monde et repensa à ses parents. Eux non plus étaient mal perçus mais pour d'autres raisons et ce par une bande d'abrutis à la bêtise sans bornes. Son père disait: « être yoma n'empêche pas d'être humain. » Sa mère ajoutait: « C'est parce que nous avons un cœur que nous sommes des humains. » Mais les gens ne partageaient pas cet avis. Ils étaient conservateurs avec des œillères et ne voyaient que ce qu'ils voulaient voir.

Ils la haïssaient dès qu'ils savaient ce qu'elle était et d'où elle venait. Incapables de comprendre ses parents. Une bande de larve. C'est tout ce que lui inspiraient ces crétins, ces moutons bêlant et broutant leur misérable pitance populaire sans se poser de questions et sans en poser. Il lui fallait supporter l'organisation aussi. Pour une raison qui lui échappait totalement l'organisation voulait à tout prix la capturer. Sans doute pour faire des expériences sur elle? Ou alors pourquoi? Courant loin de la ville dans les bois, toujours plus vite, Irina sentit les yoki d'un groupe de yoma. Tout de suite ses instincts de prédatrice s'activèrent. Réfléchissant sur son dernier repas, la jeune guerrière se rendit compte qu'elle n'avait rien mangé de toute la journée et ces proies la faisaient saliver. D'où lui venaient ces besoins, ces pulsions de prédateur notamment envers les yomas?