Code Alpha 2.0: Rainy Days

Chapitre 13 : Chapitre 13: Ce qu'Antoine a fait cet été

2542 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2019 10:46

Violette


Juillet.

Le début de l'été avait été étrange pour Violette. Avant, elle était sans cesse fourrée sur Lyoko, à lutter contre les monstres d'Hannibal pour désactiver les multiples tours qu'il activait. Parfois, ça pouvait arriver jusqu'à trois fois dans la même journée. Elle ne s'en était jamais plaint. C'était son quotidien, elle ne connaissait rien d'autre. Bien sûr, la relation secrète avec le boulanger à qui elle rendait visite au minimum une fois par semaine lui avait fait comprendre qu'il existait autre chose que lutter sur Lyoko, mais elle avait toujours été incapable de comprendre l'étendue de cet autre chose.

Mais maintenant que l'été était arrivé et qu'Hannibal avait annoncé à Antoine qu'il n'y aurait pas d'attaque pendant les deux mois de vacances... Violette n'avait plus rien à faire. Alors bien sûr, Antoine l'envoyait de temps en temps sur Lyoko pour lui inculquer de nouvelles capacités et les tester, mais il passait le plus clair de son temps à les développer. Alors elle avait ressenti une nouvelle sensation: l'ennui. Elle alla souvent voir Paul, le boulanger. Mais il travaillait. Un beau jour, il lui avait dit:

«Bon, ma p'tite dame... Si vous voulez... on peut...

Il était tout rouge et bredouillait. Violette eut un sourire en le voyant comme ça, sans savoir pourquoi.

- J'veux dire, on peut... aller boire un verre, un de ces quatre ?

- Je vais me renseigner. » Lui répondit-elle.

Et le soir même, lorsqu'Antoine alla se coucher, elle alla discuter avec Alpha pour lui poser des questions.

A: Tout va bien, Violette ?

«Paul veut boire un verre. Je m'inquiète pour sa santé morale: un verre, ça ne se boit pas.

A: Ah. Oui. Et bien, c'est une expression. Ça signifie allait quelque part et boire le contenu d'un verre.

- Mais à quoi ça sert ?

A: Et bien, ça donne juste un prétexte pour discuter... je suppose.

- On le fait déjà très bien à sa boulangerie pourtant...

A: Il veut peut-être apprendre à mieux te connaître. Ecoute, Violette, je ne suis pas forcément la plus qualifiée pour te donner des conseils là-dessus.

- Désolé Alpha... A ton avis, je peux y aller ?

A: Je ne sais pas. Il y a quelque chose de plus urgent à faire avant. J'ai besoin que tu ailles dans la salle des transferts. Quelqu'un va arriver. Tu vas t'assure qu'il va bien et aller chercher Antoine, compris ? Quoi qu'il se passe, peu importe qui arrive, tu t'assures du bien-être de cette personne et tu vas chercher Antoine.

Violette hocha la tête et descendit immédiatement. Alpha avait raison, un des scanners était en train de s'activer. Lorsqu'il s'ouvrit et que la fumée se dissipa, elle n'en cru pas ses yeux.

C'était...

«Violette ? C'est... c'est vraiment toi... ? Je n'arrive pas à y croire... »

C'était Antoine.


Antoine

Trois semaines après l'attaque de Kadik.

Assis sur ma chaise, je regardais autour de moi les cadavres des hommes en noir. Le dernier obstacle que j'avais dû rencontrer. Bien sur, ils n'avaient pas fait le poids. Jim, mon fidèle soldat, était tombé face à eux. Heureusement que c'était enfin terminé, car je n'avais plus la moindre carte dans ma manche... Je les avais toutes perdues au fur et à mesure du temps, au cours de mes échecs. Déjà, depuis que Violette avait disparu, la situation était devenue beaucoup plus compliquée. Melvin m'avait été utile jusqu'au bout, jusqu'à la fin et jusqu'à sa fin. Quant à Jean et Ambre... ou plutôt la chose qui avait prit sa place... le souvenir de leur trahisons était encore trop frais dans ma tête.

Autour de mon usine, de mon royaume, ce n'était plus que de la désolation. Et je régnais sur cette désolation. L'attaque de ZETA avait été rude, encore plus rude que ma défaite cuisante lors de l'explosion de Kadik. Mais je m'en étais sorti. J'étais vivant. J'avais montré que... Que c'était bel et bien moi qui...

H : Bravo Antoine. J'avais perdu espoir en toi, mais j'avais tort.

« Hannibal... fis-je d'une petite voix. Je n'arrivai même plus à faire semblant d'être triomphant. Ce n'était pas un triomphe, c'était une hécatombe ! Et j'avais perdu l'unique chance de retrouver Ambre... Je l'avais perdu en la tuant de mes mains...

H : Reprends-toi. Tu as gagné contre tous tes adversaires. Même ZETA, c'est de l'histoire ancienne. Pense maintenant à tout ce qu'on va pouvoir accomplir ensemble.

Je fondais en larmes. Le corps meurtri et sans vie d'Ambre me restait en tête. Depuis l'attaque du lycée, j'avais l'impression de n'avoir fait que ça : pleurer.

H : Je te laisse une heure pour te calmer, Antoine. Après, je reconsidérerai mon choix.

L'écran s'éteignit brutalement, faisant disparaître la dernière lumière qui éclairer mon visage que j'imaginais blafard. Je n'avais plus rien. J'avais tout perdu cette fois et pour de bon. Tout... tout ce que j'avais toujours voulu... C'était de retrouver Ambre... De fonder une famille, une vraie... Même la famille artificielle que j'avais voulu me créer avec Violette avait disparu. Alors que je réalisais que j'avais besoin de quelqu'un. Je ne pouvais pas être seul. je n'étais pas aussi doué que j'avais voulu le faire croire tout ce temps... Sinon, j'aurai pu m'en sortir indemne.

J'avançais vers le fond du laboratoire en faisant rouler les roues de ma chaise roulante. Mes jambes... avaient été condamné par l'explosion du lycée. Je... Je ne pourrai plus jamais marcher. J'éclatai en sanglot en pensant à tout ce que j'avais perdu dans cette croisade idiote contre Hannibal et ses sous-fifres...

«Tout a commencé quand je...

Puis des grésillements. Je me retournai, abasourdi. Le journal vidéo de mon père s'était activé sur l'écran. Tout seul. Qu'est-ce qu'Hannibal essayait de me prouver ?

- Ecoute... Moi ! ... bien....

Les propos de mon père étaient hachurés, on passait d'un extrait à un autre à toute vitesse.

- En... toit... ne !

Il... il venait de dire mon prénom ? Mon père essayait de me parler ? C'était pas possible... il était mort depuis tant d'années... J'aurai aimé qu'il puisse venir, me réconforter, me dire que tout irai bien... Mais je ne l'avais jamais connu ! Il m'avait abandonné ! Comme tout le monde...

- Qui... qui es-tu ? Tu n'es pas mon père... Je deviens fou, c'est ça ?

- Je... nez... pas... le temps... On... Doit... Agir vite !

- Laissez-moi tranquille ! Pour...pourquoi tu me tortures comme ça, Hannibal ?

Je commençai à me recroqueviller dans ma chaise en pleurant.

- On... Peut... changer... lit... su... De... tout ça...

- Comment ? C'est trop tard ! Tout est fichu ! J'ai tout fichu en l'air, comme toujours ! Je suis sûr que c'est de ma faute si papa et maman sont morts...

- En... toit... ne... On... peut... changer.... tout ça

- Pourquoi tu n'étais pas là quand j'en avais besoin, papa ?

- Des... sans... dans la... salle des scanners... Fais... moi... con ! ... fi... en... sse.»

Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait. Il faut croire que quand on a touché le fond du fond, on se pose beaucoup moins de questions quant à la logique des choses. Toujours est-il qu'après ce dernier message, l'écran est redevenu noir. Je suis resté une bonne vingtaine de minute à réfléchir. Puis, j'ai pris ma décision. La seule qui s'imposait à moi. Je suis descendu. Un scanner était ouvert. Il m'attendait. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis rentré à l'intérieur.

La grande lumière habituelle. Peut-être que c'était un piège. Peut-être que j'allais mourir. Ce n'était pas une pensée aussi désagréable que je l'aurai cru, étrangement.


Violette

Violette avait obéit aux ordres d'Alpha. Antoine était en piteux état. Il était encore plus maigre qu'avant, carrément en sous-poids: il flottait dans ses vêtements. Ses cheveux sales étaient longs et lui retombaient sur la nuque. Il n'avait plus de lunettes et surtout... Il ne pouvait plus marcher. Après son arrivé, il tomba rapidement dans les vapes. Violette alla lui chercher des barres de céréales, prémâcha la nourriture et la lui fit avaler. Elle fit de même avec de l'eau.

Au départ, elle ne comprenait plus les directives d'Alpha. Ce dernier avait tellement insisté sur chaque point, il devait y avoir une raison. Elle alla donc chercher Antoine dans son coin de l'usine... et il y était, exactement comme il était parti.

«Qu'est-ce qui se passe ? Hannibal attaque ? rugit-il en se réveillant au son des pas de Violette.

Violette lui fit signe de le suivre. Alpha lui avait conseillé de ne pas trop montrer ses capacités intellectuelles à Antoine. Comme d'habitude, elle avait écouté les conseils de l'intelligence artificielle sans les remettre en question.

- Ça a intérêt à être important pour me tirer de mon sommeil ! grommela le blondinet en la suivant.

Ils arrivèrent là où l'autre Antoine attendait. Antoine et Antoine, face à face.

- Qu... qu'est-ce que c'est que ça ?

Antoine en chaise roulante ouvrit les yeux et eut un sursaut de surprise en se voyant.

- Alors c'est vrai... J'ai vraiment voyagé dans le temps...

Antoine normal se tourna vers Violette et parla à toute vitesse.

- C'est une stratégie d'Hannibal. Un piège grossier pour nous avoir. Mais on ne va pas se faire avoir, n'est-ce pas ? Violette...

- Antoine... C'est moi... J'ai déjà vécu cette période. On est en juillet, c'est ça ?

- ll ne faut surtout pas l'écouter ! Il ne me ressemble même pas, ce n'est qu'une grossière contre-façon...

- Antoine... Tu as une photo d'Ambre dans ta poche, en ce moment même. Avec une photo de papa et maman. Celle de leur mariage.

Le génie du présent cessa immédiatement de parler et mit la main dans sa poche avant d'en ressortir les dites-photos.

- Ça ne prouve rien !

- Après que Jean soit venu te voir, tu as activé une tour pour pouvoir voir ce qui se passait chez lui. Tu as dû arrêter parce qu'Hannibal a attaqué en même temps, mais ça a suffit pour que tu l'entendes. Que tu entendes Ambre dire qu'elle était soulagée. Soulagée que tu la laisses tranquille. Et ça a été le moment le plus douloureux. Le moment où tu... où on a failli tout arrêter... Parce qu'Ambre, c'était la seule chose qui nous donnait envie de continuer. Encore maintenant, tu lui écris de longues lettres tous les soirs dans le but de les lui envoyer mais tu les déchires toutes. Parce que tu aimes Ambre. Quand tu as appris que c'était ta sœur, tu as voulu lui donner tout l'amour que tu n'as jamais reçu. Et elle n'en veux pas. Et ça fait mal...

Les deux Antoine se regardaient fixement. Tous les deux étaient en larmes désormais.

- Je... Je ne comprends pas pourquoi elle ne veut pas de moi ! Elle et moi... On aurait pu être tellement plus ! Si elle était avec moi... Hannibal serait déjà vaincu...

- Je sais... Mais Antoine... Il faut te dire que c'est une chance que je sois là. Tu vas pouvoir éviter toutes mes erreurs. On va pouvoir changer tout ça... !

- Je vais perdre, c'est ça ? Quand je te vois, c'est la seule idée qui me vient en tête. Je vais finir par être encore plus misérable que je ne le suis déjà.

- Non ! hurla l'Antoine en chaise roulante. On ne va plus perdre. Parce qu'on est des génies, tu l'as oublié ? On a créé Violette, à partir de rien ! Maintenant que je suis là... je vois une multitude de possibilité ! Tu vas perdre si tu continues à espérer quoi que ce soit d'Ambre parce que...

- Je refuse de l'abandonner !

- Tu vas perdre si tu continues à penser que c'est Ambre !

Grand silence.

- Comment ça ?

- Tu n'as jamais remarqué qu'elle avait deux avatars sur Lyoko ? L'un est Ambre, l'autre est une sorte de parasite qui se surnomme Ombre. Il n'y a plus qu'elle dans le corps d'Ambre. Il suffit de la capturer pour pouvoir retrouver Ambre, la vraie !

- C'est... c'est vrai ?

- Tu vas perdre si tu continues à penser que Violette suffiras ! Tu vas perdre si tu n'as pas une longueur d'avance sur tes ennemis.... Que je vais te donner immédiatement !»

Violette prit peur en écoutant ce dialogue. La même lueur brillait dans les yeux des deux Antoine. Une lueur qu'elle ne pouvait pas interpréter mais qui était clairement de la folie. Leur conversation dura toute la nuit. Antoine du futur donna les noms des agents d'Hannibal et un déroulé assez complet des événements. Ils ricanaient tous les deux dans l'ombre, se félicitant pour leur intelligence. Antoine du présent ne cessait d'encenser son double du futur pour l'idée géniale de venir dans le passé. Ils affirmaient qu'ensemble, ils allaient faire trembler le monde entier.

Quand finalement, ils s'endormirent, après une nuit de bavardages intempestifs, l'ordinateur du laboratoire s'alluma et clignota trois fois. Le signal d'Alpha, signifiant qu'il souhaitait converser avec Violette.

A: Violette. Je vais encore avoir besoin de toi. Il va falloir ramener notre visiteur dans le scanner, et rapidement. Sans réveiller notre Antoine.

La mission fut périlleuse, la chaise roulante était grinçante, et Antoine, que ce soit celui du passé ou du futur avait l'oreille fine. Forte heureusement, Violette avait été conçue pour avoir une force surhumaine. Elle porta Antoine du futur sans sa chaise et sans le réveiller dans le scanner. Il n'ouvrit les yeux qu'une fois à l'intérieur.

«Qu'est-ce que tu fais, Violette ? Revient me chercher !

- Tu n'es pas mon Antoine. Je n'ai pas à t'écouter.

- C'est lui qui t'a demandé de m'emmener ici ?

- Non.

- Qui alors ? Oooh... je sais... je comprends... C'est Alpha, c'est ça ? Je comprends tout ! Laisse moi sortir, je dois lui expliquer ! Je dois lui... »

Les portes se refermèrent. Antoine disparut. Alpha demanda l'aide de Violette pour effacer toute trace de ce qui avait eu lieu dans l'historique d'activité du supercalculateur. Pendant qu'elle le faisait, Violette pourquoi elle écoutait Alpha, même lorsque ses directives étaient aussi étrange... Parce que lui aussi, il veut aider Antoine. Il a juste une manière plus secrète de le faire.

Le lendemain matin, Antoine fut plus rassuré qu'autre chose en voyant que son double du futur avait disparu. Il ne voulait pas partager sa gloire avec lui-même. Et puis, selon lui, il était inévitable qu'il disparaisse. Un tel voyage dans le passé était déjà complexe à faire, alors à maintenir...


C'est ainsi qu'Antoine pu éviter le carnage de l'attaque de Kadik, et le changer en un carnage encore plus grand. C'est ainsi qu'Antoine pu gagner, non plus d'une manière difficile en se retrouvant dans ses retranchements, mais avec une facilité déconcertante.


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