Code Alpha 1.0 : 25 ans plus tard

Chapitre 1 : Introduction - Le message du 15/03/2019

1965 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/08/2017 21:41

Jérémie avait les mains moites lorsqu'il commença à écrire. Il ne cessait de regarder autour de lui, comme s'il s'attendait à ce que quelque chose lui arrive. Quelque chose de plutôt dangereux. Quel heure était-il déjà ? Il ne lui restait pas beaucoup de temps. Il allait forcément bientôt agir. Il fallait le prendre de vitesse ! Il fallait réagir avant ! Il fallait trouver une solution ! Il fallait, il fallait, il fallait...

J'ai vraiment tout foiré sur le coup... pensa t-il, en tapant du poing sur le bureau. Bon, tout n'était pas encore perdu. Il alla rapidement jeter un coup d'œil dans le couloir. Il appela la nounou pour savoir si Antoine allait bien. Elle le rassura :

- Oui monsieur Belpois, c'est la troisième fois que vous appelez et tout va toujours très bien.

Reprend toi, Jérémie. Tout va bien se passer. Le stress m'empêche de me concentrer. Mauvais, mauvais stress. Calme. Respire. Zen.

- Alpha, est-ce que tu as réussi à retrouver tout leur numéros de téléphones ? lança t-il à son ordinateur portable, placé sur son bureau.

Une fenêtre de conversation apparut soudainement à l'écran, lui répondant sobrement :

A : Oui.

- Même... Celui d'Aelita ?

A : Oui, j'ai aussi réussi à le retrouver.

Bon. Il était temps de jouer pour le tout. De faire appel aux seules personnes à qui il pouvait encore faire confiance.

- Dans ce cas, envoie le message.

Il croisa très fort les doigts, tellement fort qu'ils en devinrent rouges.


***

Ulrich buvait. Où ? Il ne le savait plus très bien. Quel importance ? Chez lui ou dans un bar. Seul ou entre amis. De la bière ou du pinard. Ça ne changeait pas le principal : il buvait, et c'était tout ce qui comptait. Il allait finir par croire que c'était la seule chose à laquelle il était doué. Non mais franchement, quelle journée de merde. Déjà, son patron l'avait encore traité comme un moins que rien. Ensuite, il avait découvert que son compte bancaire était justement... à découvert. Et malgré sa récente abstinence (de deux semaines), il se retrouvait encore complètement torché alors qu'il avait promis que ça n'arriverait plus.

Une désagréable sensation de nausée commença à cogiter dans son ventre, et il essaya de se traîner jusqu'au toilettes les plus proches. Quelqu'un toqua à la porte. Il ne répondit pas, l'envie de vomir était trop forte. Finalement la porte de son appartement s'ouvrit, il avait encore dû oublier de la fermer. Ce qui d'ailleurs lui permit de comprendre qu'il était dans son appartement.

- Sérieusement Ulrich, dans quel état tu t'es mis ?

- Pas ma faute, articula t-il lentement.

Elisabeth Delmas, autrefois connue sous le nom de « Sissi », soupira et alla lui chercher un sceau. Il s'en empara et fit son affaire dedans. Elle l'observait avec dépit. C'est triste comment l'amour peut rapidement se changer en pitié. Est-ce pour ça que je ne l'ai pas déjà lâché ? Est-ce parce qu'il m'a tant fait souffrir pendant mon adolescence, à sans cesse me repousser ? Parce que je ne veux pas perdre ce dont j'ai dû me battre pour l'obtenir ? Ou parce que je sais que sans moi il ne s'en sortira pas ?

Elle n'en savait trop rien. Elle savait juste qu'elle était collée à lui désormais, et qu'elle n'arrivait pas à s'en aller. Et pourtant, elle avait essayé ! Quand est-ce qu'elle avait rendez-vous chez son psy, déjà ? Elle en avait grand besoin cette semaine.

Le portable d'Ulrich vibra, mais il n'était pas en état de le ramasser. Alors, comme pour tant d'autres choses, elle s'en chargea à sa place. Elle avait l'impression de remplacer sa mère. Tiens, c'était un numéro inconnu qui lui avait écrit... Est-ce qu'il flirtait encore avec cette... saleté de Madeleine ? Puis, elle lu le message. Et ses yeux écarquillèrent.

- Ulrich, tu dois lire ça ! hurla t-elle.

- Pas envie.

- Si ! Tu le dois !

Il finit par céder. Il lui fallu du temps pour réussir à comprendre ce qu'on lui mettait sous le nez.

Ce fut comme un électro-choc.


***

Odd Della Robbia faisait son jogging, en écoutant de la musique. Cela lui permettait de s'évader. Laura était chiante en ce moment, à toujours lui demander de garder la gamine... Il avait pensé qu'il aurait pu faire un bon père. Les enfants aimaient rire généralement, ben lui aussi, ça tombait bien ! Mais avec sa gosse, c'était beaucoup plus compliqué, elle rigolait pas beaucoup. Elle lui ressemblait pas. S'il ne se souvenait pas que trop bien de l'accident qui avait causé sa naissance, il aurait douté que ce soit vraiment sa fille.

C'était assez horrible mais... Il arrivait pas à l'aimer, cette petite. Elle était arrivée comme un cheveux sur la soupe. Elle lui avait gâché la vie. Il voulait pas avoir d'enfant, fin pas à l'âge où il l'avait eu ! C'était trop tôt ! Tout ça à cause de l'autre timbrée qui voulait pas avorter... Et toutes ces conneries sur « oui, c'est son corps, c'est à elle de choisir. » Bien sûr, il aurait pu refuser de la reconnaître sur l'état civil. Vu les circonstances, ça aurait pu marcher. Mais à l'époque il... Ben il était amoureux. Si Laura voulait la garder, et bien ils la garderaient !

Je devrais pas penser tout ça. Je devrais pas, mais je peux pas m'en empêcher. Comment virer tout ça de ma tête ? Il mit le son à fond, puis accéléra. Il se tapa un de ses sprints. Résultats, il fut rapidement crevé. La sonnerie de son portable retentit. Sérieusement, si c'était encore Laura... Mais non, ce n'était pas elle.

Un sourire se dessina sur le visage d'Odd. Enfin un peu d'action dans sa vie ! Il en avait rêvé ! Loin de ses obligations financières et paternelles ! Loin de tout ça !


***

William Dunbar était assit dans son lit, en train de lire. Substance Morte, que ça s'appelait. C'était redoutablement passionnant ! Le genre de livre qui vous chamboulait le cerveau. A une page, on pouvait croire une chose, et croire l'exact opposé la page suivante. Par contre, c'était pas très joyeux, ça parlait de drogues. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs.

Dans sa jeunesse, il n'avait pas été féru de lecture. Son truc, ça avait plus été les jeux-vidéos. Mais récemment, après de très bonne recommandations, il avait découvert un paquet de sacrés bons auteurs. Celui de Substance Morte était devenu son préféré. Peut-être parce qu'il pouvait s'identifier aux personnages.

Une petite note de musique le tira hors de ses pensées. C'était le bruit de ses notifications sur son smart phone un peu vieillot. Il regarda rapidement, dans le but de se replonger dans son ouvrage dont il avait très envie de connaître la fin.

Pourtant, il ne continua pas Substance Morte. Les quelques lignes qu'il venait de lire le glaçait, jusqu'à la moelle. Il hocha la tête, et tâcha de se calmer, non sans difficultés.


***

Aelita Stones discutait avec ses amis. Le sujet de conversation portait encore sur la garde alternée d'Aelita qui, de l'avis de tous, était un véritable fiasco.

- Quel est le juge qui a décidé de ça ?

- Vraiment, il faut que tu en parles à Jérémie...

- Ton ancien mari peut bien...

Elle ne les écoutait pas. Elle souriait, répondait quand il le fallait mais dans sa tête, elle était ailleurs. Elle pensait à sa vie, qui avait été somme toute assez étrange. A son père, qu'elle avait mal connu. A sa progéniture, qu'elle ne voyait pas assez souvent. A son mari, qu'elle aimait terriblement. Et c'était ça son problème.

On lui avait souvent dit que les histoires de cœur, ce n'était que pour un temps. Que ça changeait, qu'on se lassait. Elle n'était pas d'accord. Son amour pour Jérémie n'avait pas changé, même après tout ce temps. Elle l'aimait aussi fort que lorsqu'elle ne le voyait qu'à travers un écran. Elle l'aimait aussi fort que leurs premières nuits ensemble. Elle l'aimait aussi fort que lors de leur mariage. Elle se serait vu vieillir avec lui. Elle se serait vu mourir avec lui.

Mais il avait commit l'irréparable. Il avait été trop loin, et il l'avait fait en connaissance de cause. Alors un autre sentiment tout aussi fort que le premier était apparu dans sa tête : de la haine. Une colère noire, sourde et incontrôlable. Et leur famille, leur avenir, leur vie en qui elle avait tant cru s'étaient effondrés. Leurs chemins s'étaient séparés.

Et pourtant... Elle rêvait de lui chaque nuit. La haine s'était entremêlé à l'amour, si bien qu'elle ne savait plus vraiment où elle en était.

- Aelita ? fit un de ses amis.

- Oh excusez-moi, je crois que j'ai reçu un message, fit-elle en se levant.

Elle utilisa cette excuse pour s'éloigner un peu du monde. Elle avait, soi-disant, besoin de rappeler quelqu'un de façon urgente, ce qui était bien évidemment faux. Ce qui était vrai en revanche, c'était qu'elle avait bel et bien reçu un message. De... Jérémie ?

Une grimace d'horreur apparut alors sur son visage, alors qu'elle poursuivait sa lecture.

***

Yumi ne reçu pas le message de Jérémie, pour la simple et bonne raison qu'elle était déjà décédée des années auparavant dans un bête accident de voiture. Ce n'était pas elle qui conduisait. Le conducteur en question n'avait pas bu. Celui du véhicule avec lequel ils rentrèrent en collision non plus. Il faisait jour. Il ne pleuvait pas. La route était presque vide.

Certaines personnes n'ont juste pas de chance.

Tous les anciens Lyoko-guerrier étaient présent à son enterrement. Ce fut l'avant-dernière fois qu'ils furent tous réunis. La dernière fois allait être exactement sept jours après l'envoie du fameux message par Jérémie, à savoir le 22 mars 2019. Ce message qui avait provoquer tant d'émotions différentes chez ses divers lecteurs. Ce même message qui allait provoquer tant d'autres choses.

Si Yumi n'était pas morte, elle aurait eut l'immense déplaisir de lire ces lignes :


Mes amis. J'ai besoin de vous.

Cela fait longtemps qu'on ne se parle plus, et j'en suis désolé, mais ce n'est pas le moment de rattraper le temps perdu. Quelque chose de très grave va se passer, et j'en suis responsable. Vous l'ignorez peut-être, mais j'ai accepté de travailler pour une agence gouvernementale il y a de ça quelques années. Peu importe laquelle, ce n'est pas ça l'important. L'objectif était de travailler à nouveau sur le projet Carthage. Oui, je sais, celui qui a donné naissance à XANA.

J'étais persuadé que Lyoko pouvait faire tellement de bien dans le monde ! Les programmes multi-agents aussi ! C'était peut-être un rêve idiot, je l'admets. Bref, je n'ai pas le temps de tout expliquer. Quelque chose a mal tourné. Un collègue de travail avait des intentions bien moins louables. Je vous expliquerai tout en face à face. Il faut combattre le feu par le feu. Retrouvez-moi dans sept jours à l'usine où tout a commencé. En attendant soyez prudent, vous êtes tous en danger.

Avec amitié,

Jérémie Belpois.


Fort heureusement pour elle, beaucoup de gens allaient très bientôt la suivre dans la tombe. 


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