Contact (série TV)

Chapitre 3 : Episode 3 - Isabelle (Cross-over Contact et Capitaine Marleau)

7437 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/12/2019 18:00

Série : Contact s3ep3

Personnage principal : Thomas Adam

Public / Catégorie : M(16+) / policier / cross-over / continuation

Avertissement : Les personnages et les situations de ce récit sont purement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes, des situations existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

Les personnages et tout l'univers des séries "Contact" et "Capitaine Marleau" n'appartiennent pas à l'auteur de la fanfiction et demeurent la propriété exclusive de M. J.-Y. Arnaud et Mme. D. Jacobs (pour la série Contact) et Mme. E. Marpeau (pour la série Capitaine Marleau). Enfin, il ne peut pas être fait un usage commercial de l'œuvre sans autorisation.

 

 

Saison 3 Episode 3 – Isabelle (Cross-over Contact et Capitaine Marleau)

 

 

Chapitre 1 — Invité de marque

Commissariat Central de Toulouse, matin

 Thomas Adam nota à son arrivée l'effervescence régnante dans le bureau. Les agents pressaient le pas. La commissaire Fabienne Sentac sortit, à ce moment, du bureau d'où une voix forte et féminine semblait provenir. Il s'approcha d'elle :

— Bonjour Commissaire.

— Vous avez enfin une nouvelle chemise Thomas, c'est bien !

— J'ai emprunté quelques habits à mon frère. Je n'ai pas trop eu le temps de refaire ma garde-robe, ces derniers jours. Quelle est la raison de toutes ces allers et venues ?

— C'est la bonne question et vous tombez bien. Une nouvelle affaire et elle est pour nous en partie ! Le capitaine Berheim a pensé naturellement à vous ...

— Qu'est-ce-qui se passe dans le bureau de Vaudrel ?

— Une invitée. Vous allez très vite faire sa connaissance, elle lui dit en souriant.

Jean-François Marleau entra dans le bureau et se joint à la discussion :

— Avez-vous entendu parler de cet accident entre un drone et une voiture au sud de Bordeaux ?

— Oui et c'est votre cousine qui est sur l'affaire, répondit Fabienne avec le sourire.

Jean-François Marleau ne comprit pas immédiatement d'où la commissaire tenait cette information.

Elle ajouta tout en montrant le bureau fermé qu'elle venait de quitter :

— Discussion au sommet entre les capitaines Marleau et Vaudrel, ce matin !

— Oh non, pas ma cousine ... souffla Jean-François, de dépit.

Thomas n'était visiblement pas au courant de l'affaire et il chercha à obtenir plus de détails :

— Un conducteur s'est pris un drone et cinq kilos de cocaïne dans le parebrise. Il en est mort. L'engin était posé sur un camion et a décollé brusquement avant de heurter le véhicule.

Avant qu'il n'ait pu donner de plus amples informations, le téléphone de Thomas sonna.

— Excusez-moi, je dois absolument prendre cet appel, annonça Thomas avant de s'isoler dans un coin du bureau.

 

 

 

Chapitre 2 — Tourner la page

 Thomas décrocha et reconnu la voix du capitaine Ortiz à l'autre bout. Le ton de sa voix n'était pas particulièrement chaleureux :

— Arrêtez de harceler mon poste et le reste de ma brigade d'appels téléphoniques, Thomas !

— Je suis content de vous entendre ! Je n'ai laissé que six messages à votre intention. Je voulais seulement obtenir des informations sur notre enquête et sur la localisation d'Isabelle.

— C'est du passé cette enquête pour moi. Une nouvelle que vous n'avez probablement par reçue : ce n'est plus "notre" affaire ! Je n'ai pas plus d'informations que votre frère à propos de votre sœur.

— C'est la raison de votre mutation. J'en suis navré. Ecoutez, j'ai seulement besoin de connaitre la personne qui a repris l'affaire.

— Vous n'êtes pas autant désolée que moi, Thomas ! On m'a mis la pression pour accepter un nouveau poste ou partir. Demandez plutôt à celle qui a fait exploser ma brigade à Aix : le capitaine Berheim.

— Pourquoi vous me parlez d'elle ? Mon retour en France est de son fait, vous le saviez ça ?

— Je ne suis pas étonnée ! Elle m'a cuisinée pendant des heures jusqu'à ce qu'elle réalise votre implication dans une bonne partie des dernières enquêtes criminelles.

— Qu'est-ce-que vous lui avez dit ?

— Pas grand-chose. Elle a rapidement deviné le lien entre vous, Éric et Isabelle. En fait, elle m'a rapidement lâchée après lui avoir envoyé votre dossier.

— Mon dossier ?

— Celui fait à votre sujet, à l'époque, par le capitaine Louise Martel. Cela fait quelques mois mais je me souviens encore que le capitaine Berheim enquêtait sur une fuite au sein même de notre brigade.

— Vous pensez à une taupe dans la Police qui aurait fait capoter l'arrestation du "pendu" ?

— C'est sa théorie comme quoi le criminel surnommé "le pendu" serait au fait des détails de notre enquête. Thomas, vous étiez le principal suspect du capitaine Berheim !

— Cela expliquerait pourquoi elle souhaitait tant me faire revenir en France. 

— Il ne lui a pas fallu longtemps avant de cerner chaque personne liée de près ou de loin à ma brigade à une seule exception.

— Moi. Je comprends maintenant son insistance durant l'interrogatoire. Elle était particulièrement renseignée ...

— Elle a eu ce qu'elle voulait alors ?

— Visiblement non. Elle m'a eu dans le viseur pendant une journée et je pense qu'elle m'a écarté de la liste des suspects potentiels.

— Vous pensez ... Cela ne vous ressemble pas de douter. Vous n'avez pas eu aucun flash quand vous l'avez approchée ?

— Elle est particulière et vous savez qu'il me faut rester concentré pour utiliser mon don et ...

— Peu importe qu'elle vous ait perturbé ; j'ai tourné la page Thomas.

Thomas sentit une certaine lassitude dans ses paroles.

— Et les autres équipes ?

— Je ne sais pas. Demandez-lui ! Je vous laisse Thomas ; j'ai du travail. Je vous souhaite bonne chance pour retrouver votre sœur.

Il la remercia et raccrocha.

 

 

 

Chapitre 3 — Echange de bons procédés entre capitaines

Commissariat Central de Toulouse, un peu plus tôt dans la matinée

Le capitaine Marleau avait déboulé à l'accueil du commissariat de manière tonitruante :

— Et où est-ce qu’il est le capitaine "Vaudrel-que-la-joie-demeure" ? Dites-lui que le capitaine Marleau de la Gendarmerie Nationale souhaite lui faire la bise ! Est-ce-que vous savez si mon cousin rode dans les parages ? Je voudrais lui faire une surprise, dit-elle avec un sourire déconcertant.

Jérôme Vaudrel attendait sa venue avec une certaine fébrilité. Il l'interpella avant que l'agent à l'accueil n'ait eu le temps de décrocher le téléphone :

— Capitaine Marleau ? Laissez mes agents travailler, nous avons fort à faire ici. Venez avec moi, nous avons du pain sur planche.

— Oui mon capitaine ! On va donc s'en payer une bonne tranche, tous les deux ! elle s'exclama, en forçant le trait.

— Toujours en pleine forme visiblement ! il commenta, tout en lui indiquant le chemin.

— Psst où est mon petit ventripotent préféré, De Litton ou deux litrons ?

— Le commandant De Litton ne fait plus partie des effectifs toulousains. Il prend un poste à Paris et j'en assure l'intérim.

— Oh, je suis vraiment déçue qu'il ne soit pas là ...

— vraiment ?

— Non je plaisante. C'est de l'humour ! Allez, c'est pour détendre la discussion car c'est toujours assez tendu quand on se voit. Alors c'est toi le grand chef ! Qu'est-ce-que ça fait personnellement de prendre du galon ? Tes gars, ils ne sont pas trop mécontents, j'imagine ?

— ça n'a rien changé. Tu sais que je n'ai pas l'habitude de parler de moi.

— Dommage, j'avais presque failli l'apprécier ce commandant s'il n'avait pas fini par me prendre la tête la dernière fois que je suis venue ici. Celui-là, je l'aurais bien balancé sur #dénonce_ton_porc_au_caramel !

— De Litton n'est pas bien dans sa tête mais, en plus, il est rancunier. J'ai tout fait pour l'isoler des agents féminins.

— Hé ! C'est bien lui qui l'avait cherché en plongeant sur le décolleté d'une policière lors de la soirée ...

— ... Ce n'était pas très malin de mettre un coup de pied dans les parties du Commandant De Litton lors de la soirée d'entente entre officiers de Police et de Gendarmerie.

— Ce n'est pas vrai : je me suis fait des amies ! Et puis, heureusement que tu es intervenu !

— Même si ça m'a amusé un peu, je ne serai pas toujours là pour recoller les morceaux avec la hiérarchie.

— Recoller les morceaux ? Tu veux dire que tu lui as ...

— Amusant. Malheureusement, le Commandant De Litton a débarqué à Toulouse deux mois plus tard et Jean-François, ton cousin, a chargé à ta place. J'ai fait ce que j'ai pu pour atténuer la pression qu'il lui mettait. Tu devrais te méfier des gens qui n'ont pas la franchise de te répondre, surtout lorsqu'ils ont un grade hiérarchique élevé.

— C'est bon, on a fait nos classes ensemble alors tu connais mon caractère depuis une éternité.

Le capitaine Vaudrel parlait en toute franchise avec son ancienne camarade. Il la savait téméraire et brute de décoffrage et personne ne pourrait rien y changer. Il souffla et esquissa un sourire :

— Alors en vacances dans la région ?

— Oui, c'est ça ! Enfin jusqu'à hier, à croire qu'on ne peut pas se passer de moi.

Elle marqua un temps de pause, contente de son effet. Elle enchaina :

— Un sourire de Jérôme Vaudrel, c'est comme une éclipse de lune. Il ne faut pas manquer cet événement rarissime !

— Capitaine Marleau ...

— Allez, je te dis tout : le capitaine Berheim m'a envoyée dans la région bordelaise pour une affaire d'accident de drone. Tu sais ces trucs qui volent pour observer sa voisine se balader à poil dans le jardin derrière la haie !

— Tu es la deuxième personne en quinze jours à débarquer de sa part dans nos locaux. Qu'est-ce qu’elle manigance encore ?

— Berheim, oui toujours dans les coups tordus, celle-là ... Elle a aussi un peu l'esprit retord mais remarque qu'elle sait s'entourer de gens super-compétents ! elle ajouta en se pointant du doigt.

Le capitaine Vaudrel ne releva pas la remarque. Elle continua :

— Le type qui s'est fait éclater le parebrise et qui a rencontré un platane, il était de ton "village" : Toulouse, la ville rose. Ouais, "Pink City" pour les initiés !

— On vous a envoyé, hier par email, toutes les infos sur cet individu. Non vraiment, que me vaut ta présence ?

— Le gars qui est mort, il avait un ordinateur portable relié à une sorte de télécommande. Le labo dit qu'il pilotait probablement son bidule volant avec ça. C'était pas un petit rigolo selon les gars. Les scientifiques du labo, je les adore : ils sont presque aussi originaux que moi ...

— J'aurais pu t'envoyer aujourd'hui le rapport de la perquisition à son domicile. Tu n'avais pas besoin de te déplacer ; j'aurais fait cela avec plaisir pour toi.

— Mmm, tu es un amour. Non, le capitaine Berheim m'a dit que tu avais un Consultant spécialisé dans tout ce qui est techno-bidule, un analyste doué. Je voulais son avis sur les scellés.

— C'est cohérent.

— Parce que le gars qui s'est pris le platane, ce n'était pas une lumière alors son engin volant grâce à son ordinateur, il l'a bien trouvé quelque part !

Jérôme Vaudrel attrapa son téléphone et composa un numéro :

— Fabienne, c'est le capitaine Vaudrel. Pouvez-vous nous rejoindre dans mon bureau avec les scellés numéro 20.123 ? Ah, j'oubliais : Amenez-moi Thomas Adam quand il arrive.

 

 

 

Chapitre 4 — Présentations

Thomas venait à peine d'arriver au bureau de la commissaire Sentac quand une personne hurla dans les locaux, au grand désespoir de l'agent Jean-François Marleau :

— You You, mon cousin ! Comment vas-tu ? Ça fait toujours plaisir de voir quelques têtes connues ici !

— Chut, tu pourrais faire moins de bruit !

— Ah ! Ok, il y en a qui dorment derrière leurs écrans. C'est gentil : Tu penses à eux ; tu ne veux pas que je les réveille. Et toi, ça va ?

— Non ... Bonjour cousine ... On fait aller ici, il répondit, un peu gêné par la discussion à haute voix.

Le capitaine Vaudrel se joignit alors à la discussion :

— Thomas Adam, je vous présente le capitaine Marleau avec qui vous ferez équipe sur cette enquête.

— Alors c'est vous le Consultant qui vient nous dire avec de jolies présentations ce que l'on sait déjà ! Enchantée ! le capitaine Marleau aborda ainsi Thomas Adam pour la première fois.

Un peu surpris par la remarque, il hésita :

— Non, je ne suis pas vraiment ce genre de Consultant. Je fais plutôt dans l'analyse de preuves et ...

— Holà jeune homme ! On verra bien assez vite de quoi vous êtes capables. Je suis comme saint Glin-glin : je ne crois que ce que je verrai un jour. Ou bien est-ce saint Pierre, Thomas, Hubert ou Maclou ? Argh ! Je ne sais plus mais ça n’a pas d'importance !

— Qu'à cela ne tienne ! Allons alors sur le terrain !

— Ah quelle impatience ! N'empêche que n'est pas la peine de mettre la charrue avant les tractopelles. Vous voyez ces cartons posés dans le bureau du capitaine Vaudrel ?

— Oui.

— Et bien c'est pour vous, dixit le capitaine Berheim ! Je reviens dans une heure après avoir vu le logement du mort.

— Pff, c'est bon, j'ai compris ...

— Etonnez-moi !

En s'échappant, elle ne manqua pas de glisser un tonitruant :

— Bises, mon cousin ! J'te like !

 

 

 

Chapitre 5 — Sur le départ

 Jean-François Marleau se contenta d'un commentaire laconique :

— Elle est comme ça ma cousine. Il ne faut pas y faire trop attention ...

Thomas profita du retour au calme dans le commissariat pour commencer à jeter un œil à tous les scellés.

Il y avait le drone et sa cargaison venus s'écraser sur la voiture, le téléphone, le blouson, un briquet et autres petites affaires du conducteur décédé.

Au bout de deux heures, le capitaine Marleau revint et trouva Thomas assis devant son écran :

— Alors, vous avez consulté les astres et que vous ont-ils soufflé à l'oreille ? elle ironisa.

Thomas lui tendit son rapport imprimé. Curieuse, elle l'attrapa et le lit en un éclair. Son sourire disparut sur son visage laissant la place à une moue interrogatrice.

— Mazette comme disait mon vieux ! La cargaison venait d’Amérique du sud avant d'arriver dans un port d'Espagne en Galice et de remonter par les airs jusqu'en France ! Vous savez que ces bidules aériens ne volent pas plus d'un heure grand maximum.

— Il n'a clairement pas volé durant tout ce temps. Ce drone artisanal sautait de camions en camions pour transporter sa cargaison. Enfin, il lui fallait une paroi métallique pour s'accrocher aussi je pense, soit à des bus, soit à des camions citernes ou frigorifiques.

— Intéressant ! Et sur son propriétaire, vous dites que ce n'est pas lui qui a fabriqué cet engin volant. Ça ne m'étonne pas ! A la vue de son logement, il préférait la musculation et les jeux de guerre.

— Oui, je pense qu'il avait dans l'idée de revendre sa drogue en Bretagne.

— Vous avez vu tout ça sur le bidule électronique ?

— Non, c'est l'historique de ses recherches sur son smartphone qui me fait dire ça.

— Bingo ! Le gars a été chaudronnier, deux mois, sur un chantier naval à Lorient.

— J'imagine que le gars était rodé : il a juste noté une station-service du coté de Nantes. Il avait ses habitudes. Vous connaissez Lorient ?

— Pardi ! Bien sûr que je connais "Lorient-gelès", "West Coast", le "rêve armoricain" ! Allez ! Vous remballez tout ça dans ma voiture, on a bien six heures de route.

— Vous voulez que je vienne avec vous à Lorient ?

Elle ne répondit pas. La commissaire Sentac revint au bureau à ce moment précis et elle se mêla à la discussion :

— J'ai la liste de tous les véhicules venant d'Espagne et suivant le trajet du conducteur. Il y a un bus et un transporteur qu'il suivait et les deux sont censés aller en Bretagne.

— En voiture Simone ! Vous allez avoir du temps pour m'expliquer comment vous avez fait pour trouver ces infos avant que la commissaire ne nous amène la liste, s'exclama le capitaine Marleau.

— Mais je n'ai pas préparé mes affaires pour partir aussi loin, rétorqua Thomas.

— Attends, attends, ne me dites rien ! Toi, tu fais de la muscu, hein ? lui dit-elle en le tutoyant.

Un peu désarçonné par la question sans grand rapport avec l'enquête, Thomas répondit de manière amusée, presque un peu flatté de recevoir une sorte de compliment :

— Non, c'est naturel chez moi. Je ne fais rien de particulier pour entretenir mon corps. Pourquoi ?

— Eh bien ça se voit ! lâcha le capitaine Marleau.

Elle reprit :

— Alors tu vas porter ce gros carton de preuves jusqu'à ma voiture ; ça te fera les muscles ! On part tout de suite.

Thomas n'en revenait toujours pas. Il se retrouvait emporté dans une enquête par un capitaine assez peu conventionnel.

— Kenavo les amis du capitaine Berheim ! ajouta Fabienne avant de les voir quitter les lieux.

 

 

 

Chapitre 6 — En chemin

 Le vieux Land Rover hurlait sur l'autoroute en direction de Bordeaux. Thomas Adam accompagnait le capitaine Marleau, un peu contre son gré.

— Le capitaine Berheim m'avait prévenue et elle ne s'est pas trompée : vous êtes une sorte de véritable "labo sur pattes". Maintenant nous devons courir deux lièvres à la fois, soit un camion, soit un bus. Avez-vous une idée ou une préférence ?

— Deux équipes pourraient contrôler ces deux véhicules. Rien n'empêche que les deux soient impliqués.

— Et les brigades à vos ordres, vous les faites sortir de votre chapeau de magicien, j'imagine !

— Ok nous sommes seuls sur cette affaire.

— Pas tout à fait mais un maximum de discrétion s'impose car la chasse au drone risque d'être ouverte sur toute la côte atlantique si les médias apprennent qu'autant de drogues et d'argent se trimballent dans les airs.

— Vous pensez à un trafic organisé.

— Probablement, j'attends un retour sur identification, d'un instant à l'autre.

— Et la personne décédée ne serait qu'un transporteur.

— Probablement. Attrapez à l'arrière un des vêtements du type que j'ai retrouvé dans sa panière à linge.

Thomas attrapa un sac en plastique sur la banquette arrière. Il ouvrit, en sortit un polo de sport et s'étonna de ce qu'il sentit :

— C'est étrange, il est couvert de transpiration et de particules de fer. Regardez les traces de rouilles Est-ce qu’il pratiquait des sports mécaniques ?

— Mmm, je vois mais je ne pense pas. Il y avait deux trois posters de jeux de guerre dans son studio et une console de jeux au beau milieu.

Le téléphone de Thomas bipa plusieurs fois. La commissaire Sentac lui envoyait des résultats d'analyse.

— Oui je conduis. J'ai demandé que votre commissaire vous envoie toute la paperasse ...

— C'était quoi comme jeu ?

— Pff, qu'est-ce-que j'y connais en jeu vidéo ? Vous parlez à la mauvaise personne, mon bon ami.

— Ok, le thème des jeux de guerre ? Seconde guerre mondiale, commandos, espionnage ?

— Non, non. Rien de cela. Ce sont des jeux de chevaliers en armure du moyen-âge. Quelle importance ?

— Ce ne sont pas des posters de jeux vidéo.

— En tout cas ce n'était pas des toiles de ses ancêtres et il n'habitait pas dans un château alors ...

— ... alors c'est le bus et ses occupants que nous devons interroger. Par chance, le bus doit faire escale à Parthenay, ce soir, pour une compétition.

— Allons passer la soirée à Parthenay !

 

 

 

Chapitre 7 — Echange téléphonique

 Sur le chemin, Thomas profita d'un arrêt à la pompe pour passer un appel. Quelque chose le tracassait depuis son dernier échange avec le capitaine Ortiz.

— Allo, capitaine Berheim ? C'est Thomas Adam, votre Consultant détaché sur le terrain.

— Bonjour Thomas. Avez-vous fait connaissance avec le capitaine Marleau ?

— Oui et je suis sur son enquête actuellement mais ce n'est pas pour cela que je vous appelle.

— Je n'ai pas trop de temps alors faites vite. Je vous écoute.

— Vous ne m'aviez pas dit que vous étiez dans la commission d'enquête sur l'incident de l'enquête sur ma sœur et le meurtrier de mes parents !

— Vous ne me l'avez pas demandé. C'est vrai ; j'ai mené une bonne partie de l'enquête interne après les meurtres de plusieurs policiers des brigades criminelles d'Aix et de Marseille.

— Pourquoi vous n'avez pas commencé par cela ! Ecoutez, j'ai absolument besoin de savoir tout ce que vous savez sur Isabelle ! Je sais que vous avez interrogé tout le monde et que vous pensez qu'une "taupe" dans la Police a fourni au tueur des informations sur notre mode opératoire.

— Vous avez discuté avec le capitaine Ortiz.

— Vous pensiez que j'étais la "taupe" et c'est pour me tester que vous m'avez fait revenir ?

— Oui mais j'ai compris que ce n'était pas vous. Vous étiez la dernière personne que je n'avais pas interrogée et les rapports à votre sujet ont éveillé ma curiosité.

— Arrêtez votre baratin ! Vous cherchez autre chose ! Vous n'avez pas été particulièrement surprise par mes capacités.

— Je rencontre beaucoup de personnes Thomas ...

— Et vous avez l'habitude de coucher avec elles pour les mettre en confiance avant de les déstabiliser ?

— Nous ne sommes pas si différents, vous savez. Peut-être que ce drame n'aurait jamais eu lieu si vous aviez tenu votre parole envers l'agent Toussaint Lévi ! Je vous offre un peu de répit Thomas, ne l'oubliez jamais !

— Je m'emporte mais vous me cachez tellement de choses. Je ne vous cache rien moi !

— Je l'ai compris Thomas et c'est pour cela que je vous aime bien.

— Alors donnez-moi accès à votre rapport et à tous les éléments de l'enquête interne, je vous en prie ! Vous savez que je suis prêt à tout pour trouver ma sœur !

Elle ne répondit pas.

Thomas reprit la parole :

— Mon frère avait raison, vous êtes spéciale. Vous êtes comme moi, avouez-le : vous avez ce don, vous aussi ! C'est ça ?

Il l'entendit souffler à l'autre bout du téléphone et il continua :

— Vous avez réussi à me dissimuler ce don. Qu'est-ce-qui vous dit qu'une autre personne n'est pas capable de cela ?

— Thomas, il faut qu'on parle. Montez à Paris, une fois cette affaire résolue. Entre temps, je vais vérifier une ultime déposition.

— Très bien.

Elle raccrocha.

Le klaxon du vieux Land Rover se fit alors entendre. Thomas se retourna et observa le capitaine Marleau lever les yeux au ciel. Elle venait de régler le plein et il se dépêcha de la rejoindre.

 

 

 

Chapitre 8 — Tournoi de Béhourd

Parthenay en milieu de soirée

 Thomas et le capitaine Marleau avaient eu accès aux dernières places des festivités de la ville. Les sièges les plus proches du terrain en terre battue restaient libres. Le badge du capitaine avait aidé pour entrer in extremis. Le clou du spectacle des Médiévales de Parthenay allait se dérouler à leurs pieds dans quelques secondes.

Le son d'une corne de brume déclencha les hostilités. Venus de part et d'autre du terrain, deux bataillons de guerriers aux lourdes armures rutilantes s'élançaient dans une course effrénée. Derrière leurs casques, les hommes hurlaient, brandissant leurs épées et boucliers. La charge était fantastique. On devinait la montée d'adrénaline derrière les protections faites de fer.

Toutefois, les masses d'arme ne mirent pas longtemps à tournoyer avant qu'un bruit sauvage de choc métallique ne vienne remplacer les hurlements. Face à eux, une vingtaine de chevaliers en armure s'envoyèrent, sauvagement, des coups d'épées. Des boules de fer hérissées de pics vinrent s'écraser sur les heaumes, laissant des marques imposantes sur quelques chevaliers modernes restés à terre.

Le fracas de cette masse rugissante et informe d'armures moyenâgeuses fut masqué, petit à petit, par un nuage de poussière. Au bout de deux minutes, des applaudissements s'élevant des gradins succédèrent à l'abandon du dernier homme du groupe de droite.

Le capitaine Marleau n'arrêtait pas de tousser. Elle commenta :

— Je bouffe de la poussière avec tous ces enfantillages ! Je comprends pourquoi il n'y avait personne à nos places...

— Quelle violence ! Encore une chance qu'il n'y ait pas de morts avec la puissance des coups qu'ils viennent de s'infliger !

— Coup de bol, ce sont ceux qui viennent de gagner que nous devons interroger. Allez, venez ! On va se déguiser et écraser quelques épées sur leurs têtes !

— Non mais vous plaisantez, j'espère !

— Bien sûr que nous allons le faire ! J'adore les déguisements ! Pas vous ?

— Vous voulez vraiment essayer de vous frotter à ces brutes ?

— Oh, un peu de sport ça ne peut pas vous faire de mal ! Et puis des brutes, j'en ai mis au trou des plus violentes que ces types en armure !

— Non mais qu'est-ce-que vous avez à tout ramener à ma condition physique ? Je suis en forme, je n'ai pas besoin de me prendre une masse sur la tête pour me sentir vivre !

— Le capitaine Berheim se soucie de votre santé. Considérez-moi comme votre coach sportif !

— Pff, plutôt mourir ...

— En garde chevalier ! elle lança, tout en prenant la direction des vestiaires.

 

 

 

Chapitre 9 — Coup d'épée dans l'eau

 Le capitaine Marleau déboula dans les vestiaires en hurlant :

— Que trépasse si je faiblis !

Casquée d'un heaume, elle brandissait une épée et se jeta sur le plus grand homme qui leur faisait face.

Celui-ci attrapa son bras avant qu'elle n'ait pu porter son coup et d'un air goguenard, il déclara :

— Ce n'est pas comme ça qu'il faut tenir son arme. Vous êtes trop en arrière et vous laissez votre flanc à découvert.

Thomas rentra lui aussi mais sans protection, en tenant le heaume dans ses mains. Il se justifia face aux regards suspicieux de l'équipe :

— Ce n'est pas mon idée. C'est elle qui a voulu faire son entrée fracassante.

L'homme lâcha son bras et le capitaine Marleau se découvrit :

— Oh ça va ! Je voulais ménager l'effet de surprise. Jamais je ne mettrai, à nouveau, un truc serré comme ça sur la tête pour aller au boulot ! Au moins dans un casque de moto, on y voit alors que là ...

— C'est réussi ! Normal que cela soit un peu inconfortable, nous faisons attention à respecter le dessin de l'armure de l'époque.

— C'est vous Nounours, le capitaine de l'équipe de Béhourd de Lorient ?

— Pour vous servir Madame.

— Dame Marleau, ça suffira ... Enfin capitaine Marleau du blason de la Gendarmerie Nationale, c'est mieux ! L'autre fantassin s'appelle Thomas Adam. Il m'aide à porter les armes durant mon enquête.

Thomas trouvait qu'elle en faisait trop mais il souriait intérieurement en trouvant la scène cocasse. Elle poursuivit :

— Tant que je vous tiens tous, j'ai une photo à vous montrer. Est-ce-que l'un d'entre vous connait cet individu ?

Elle brandit la photo de la victime mais elle devina assez vite la réponse à la vue des visages de la dizaine d'hommes réunis.

— C'est un peu effrayant : vous nous montrez le visage d'une personne décédée. Je crois que je peux m'avancer en disant que ce visage ne nous est pas familier.

Les autres membres de l'équipe acquiescèrent. Il poursuivit :

— Nous ne connaissons pas personnellement tous nos fans. Notre notoriété a explosé depuis notre succès en coupe du monde de Béhourd, l'année dernière.

— Cette personne est originaire de Toulouse et je suis certain qu'elle pratique votre sport, ajouta Thomas.

— C'est probable. Nous rentrons du championnat d'Europe de Béhourd en Galice. Il y avait des équipes de toute la France. Nous avons probablement combattu contre votre gars, ajouta l'homme dénommé Nounours.

— Le type est mort mais pas dans un tournoi. C'est un accident de la route un peu particulier, commenta le capitaine Marleau légèrement contrariée par la réponse.

— Ecoutez Capitaine. Venez fêter ce dernier combat avec nous. Nous allons au bar du village et vous verrez que nous n'avons rien à cacher. Notre activité peut paraitre violente au premier abord mais il n'en est rien : vous pouvez clairement nous comparer à des catcheurs, à ceci près que nous restons de grands enfants derrière nos armures.

— Que la table soit ronde ou le manège carré, ce sera avec plaisir ! A toute à l'heure à la buvette du coin !

Le capitaine Marleau et Thomas s'éclipsèrent. L'entrevue n'avait pas été concluante. Elle avait le flair pour déceler celui ou celle qui avait quelque chose à cacher mais aucun de ces hommes ne mentait.

Ils n'eurent pas plus de succès avec le chauffeur du bus.

 

 

 

Chapitre 10 — une bière de trop

Bar de Parthenay, fin de soirée

 Le capitaine Marleau souleva sa pinte de bière pour trinquer avec Nounours :

— A la tienne, mon gars !

— Merci, capitaine. C'est bien que vous soyez venus. Vous avez trouvé une piste sur votre homme mort ?

— La seule piste solide, c'est votre bus. Nous venons d'y faire un tour et nous sommes revenus bredouille !

Elle tourna la tête vers Thomas pour confirmer ses dires. Celui-ci n'était pas aussi catégorique et cela agaçait le capitaine au plus haut point :

— Ecoutez si je dis des âneries alors crachez le morceau et arrêtez de me regarder comme ça !

Thomas lâcha :

— Je ne sais pas. C'est un bus qui prend beaucoup de public. Nous vous avons tous vu et j'ai quand même l'impression qu'il manque une personne.

Elle commenta :

— On a pourtant vu tout le monde. Nous avons même discuté avec votre chauffeur. Il est d'ailleurs de la région. Il a l'air sympa, le gars.

Le capitaine de l'équipe de Béhourd ne s'étonna pas de la remarque :

— Je ne sais pas si c'est important pour vous mais nous rentrons tout juste de Galice ...

— Oui et alors ?

— Nous venons de changer de chauffeur cet après-midi en raison d'un maximum d'heures autorisées durant le travail.

Le visage du capitaine Marleau se décomposa. Elle était furieuse :

— Et tu ne crois pas que ce nigaud de chauffeur aurait pu nous le dire !

Elle jeta son verre sur le comptoir et elle ajouta :

— Vous avez son adresse ?

— Non mais nous l'avons laissé à un hôtel. Au même endroit où notre nouveau chauffeur a pris ses fonctions.

— Celui-là, il est gentil mais il n'a pas compris à qui il avait affaire ! J'ai deux mots à lui dire ! Et vous, le Consultant, quand vous avez une idée, arrêtez de faire votre fifille toute timide et faites-m’en part ! On vient de perdre un temps précieux !

Elle empoigna Thomas qui venait tout juste de commander une pinte. A son grand regret, la bière lui passa sous le nez, laissant l'équipe de Béhourd se réjouir de cette consommation offerte.

Quelques minutes plus tard, ils obtinrent le nom de l'ancien chauffeur ainsi que l'adresse de l'hôtel.

 

 

 

Chapitre 11 — Arrestation

Un hôtel en bordure de l'autoroute

Le capitaine Marleau pestait contre les événements :

— Tout ça pour me retrouver à nouveau dans la région bordelaise, retour à la case départ ... En tout cas, merci cher collègue de nous avoir filé un coup de main !

Le commissaire du peloton de Gendarmerie local avait procédé à l'arrestation du chauffeur, le temps que nos deux protagonistes ne les rejoignent. L'individu recherché était maintenant menotté dans sa chambre où une fouille en règle était effectuée.

— J'imagine que ce n'est pas nous que vous attendiez mais votre comparse sur la photo. Dommage qu'il se soit pris son bidule volant en pleine tête ; il en est mort !

— Ecoutez, vous faites erreur : je ne connais pas personnellement cette personne. Oui, je l'ai déjà vu à cette compétition en Galice mais ça s'arrête là !

Thomas saisit les clefs USB ainsi que l'ordinateur portable sur le bureau et il l'interrogea :

— Et ça c'est pour quoi ?

— C'est pour regarder des films. Ok, je télécharge de manière illégale mais je n'ai jamais tué personne ! Vous n'allez pas m'arrêter pour ça !

— Vous avez échangé cette clef USB avec l'homme sur cette photo ce qui veut dire que vous étiez au courant du trafic de drogue. Ce matériel informatique, dernier cri, c'est un ami proche ou quelqu'un de votre famille qui vous l'a donné.

Thomas Adam venait d'avoir un flash et seulement trois personnes avaient eu accès au moyen de stockage de données et à l'ordinateur. Le mort, le chauffeur et une ultime personne que Thomas avait déjà rencontrée.

Il s'écria :

— Il nous faut revenir à Parthenay !

 

 

 

Chapitre 12 — Confrontation

Gendarmerie de Parthenay, le lendemain matin

 Le capitaine de l'équipe de Béhourd était assis dans la salle d'interrogatoire. Face à lui, le capitaine Marleau avait les traits tirés :

— Petit coquin. Vous ne m'aviez pas dit que vous étiez le patron d'une boite d'inspection de pylônes électriques.

— Le béhourd, c'est ma passion mais cela ne suffit pas pour vivre.

— Vous utilisez des drones pour inspecter les lignes à haute tension. C'est cool mais comment se fait-il qu'une de vos machines se soit retrouvée dans le parebrise de notre bonne vieille mule.

— Je n'en ai aucune idée. Ce drone, je l'ai prêté à notre chauffeur pour filmer nos exploits en compétition. C'est une de mes machines qui peut se déplacer à quelques centimètres d'un câble métallique grâce à toute une batterie de capteurs.

— Visiblement vous l'avez prêté à la mauvaise personne. Est-ce que vous saviez ce qu'il en faisait réellement ?

— Non, absolument pas !

Thomas entra dans la discussion :

— Arrêtez ! Le chauffeur le louait en échange de quelques billets pour son usage personnel. La monnaie dans votre portefeuille en atteste.

Le capitaine Marleau reprit l'interrogatoire tout en souriant :

— Il est doué, vous ne trouvez pas ? Votre portefeuille a éveillé l'attention de nos chiens renifleurs mais mon Consultant a trouvé la drogue déposée sur deux billets avant eux !

— Je ne savais pas à quoi pouvait bien servir mon drone. Oui, il me payait pour un usage privé.

— Les temps sont durs et l'inspection aérienne, ça ne paye pas autant qu'espéré alors pourquoi pas essayer le meurtre ou la drogue ? C'est ça votre histoire ?

— Je ne pensais pas que mon drone tuerait une personne ! Je ne baigne pas dans ce milieu ! Toutes les nouvelles lois sur les restrictions d'usage des drones m'ont coûté pas mal de contrats et les factures commençaient à s'empiler ...

— En tout cas, vous saviez que votre engin volant servait à un trafic. Vous croyez quoi ? Que tout cet argent venait de la caverne d'Alibaba ?

— Je ne sais pas ...

— Je vois. Le chauffeur servait d'intermédiaire entre une mule et un fournisseur de transport. Tout le monde y trouvait son compte avec une petite commission au passage. Je laisse à mes collègues du labo, le soin de vérifier tout ça en attendant votre déposition.

Le capitaine Marleau mit fin à l'interrogatoire et poursuivit la discussion avec Thomas dans le couloir :

— Alors c'est fini capitaine ?

— On a attrapé les principaux protagonistes de cette affaire. Il reste encore un peu de travail mais l'essentiel est fait. C'était cool de travailler avec vous ! Le capitaine Berheim avait raison de vous recommander.

— Merci. Je dois la voir le plus vite possible.

— Aie ! La capitale n'est pas trop sur mon chemin.

— Je vais me débrouiller. Est-ce-que vous pourriez me déposer à la gare la plus proche ?

— Aucun problème. N'oubliez pas de lui passer le bonjour de ma part !

 

 

Chapitre 13 — Absence

Paris, le même jour, en fin d'après-midi, au 4 rue Cambacérès, siège de la Direction Centrale de la Sécurité Publique.

 Thomas faisait le pied de grue devant le bureau du capitaine Berheim quand un de ses voisins de bureau l'interpella :

— Vous êtes Thomas Adam ?

— Oui je cherche le capitaine ...

— Cela ne sert à rien de l'attendre. Elle a reçu un appel, ce matin. J'ai cru comprendre qu'elle devait rencontrer une personne pour boucler son enquête. Elle m'a dit que vous recherchiez un dossier. Il est sur son bureau.

— Merci. Vous savez quand elle est censée revenir ?

— Pour tout vous dire, elle devrait être déjà revenue. La personne insistait pour la voir ce matin.

Thomas entra dans le bureau de Régina Berheim et se mit à feuilleter frénétiquement les pages du dossier.

L'homme à ses côtés se permit une allusion :

— Etonnant de la part du capitaine Berheim. Elle a l'habitude de prévenir si elle est absente ; c'est une personne qui pense à tout.

— Vous savez où elle est allée ?

Avant qu'il ne reçoive une réponse négative, un flash parvient instantanément à Thomas. Il tenait une page, en particulier, qui avait été récemment écornée. Régina Berheim avait fraichement ouvert le dossier à cette page pour retrouver une information.

Thomas pensa à voix haute :

— Le commissaire Conti ... Il n'y a presque rien sur lui dans ce dossier. Il y est fait, à peine, mention d'un établissement de convalescence. Est-ce-que vous connaissez cette adresse ?

L'homme sortit son smartphone et fit une recherche sur l'adresse :

— C'est en région parisienne, trente minutes en voiture ou une heure en bus et train. Vous pensez vraiment qu'elle s'est rendue à cet endroit ?

Thomas attrapa de quoi noter sur le bureau :

— J'en suis convaincu. Je pars maintenant.

 

 

 

Chapitre 14 — Retrouvailles contrariées

Maison de repos en région parisienne, une heure plus tard.

 Le contraste avec Paris était saisissant. Un espace de calme et de verdure à quelques minutes de la capitale servait d'écrin à une grande demeure. Thomas marcha cinq bonnes minutes dans un parc boisé avant de l'atteindre.

Sur le perron, il était mentionné "maison de repos du Clos Vert". Un peu fatigué par l'heure de transport passée dans les transports en commun, il se dirigea naturellement à l'accueil pour demander le numéro de chambre du commissaire Conti.

Thomas essuya un refus poli mais catégorique de la secrétaire à l'accueil :

— Je suis désolé, monsieur, mais notre établissement n'autorise pas les visiteurs qui ne sont pas inscrits. La convalescence de nos patients est une priorité. Je peux lui laisser un message si vous le souhaitez. Notre patient vous recontactera, le cas échéant, pour une nouvelle entrevue.

— Savez-vous si le capitaine Berheim est venue le voir ce matin ?

— Je ne peux vous donner cette information que si vous me montrez votre badge d'agent des Forces de l'Ordre. Vous ne seriez pas le premier journaliste à essayer de soutirer des informations sur nos patients.

Un peu dépité, il comprit qu'il n'obtiendrait rien. Il la remercia et sortit dans la cour où étaient garés plusieurs véhicules. Intérieurement, il se dit :

— Aucune voiture de Police présente ici. Cette piste ne mène à rien. Pourtant j'aurais juré qu'elle se rendait ici ...

Il jeta un dernier regard à l'accueil quand il reconnut une jeune femme pressant le pas en direction de l'arrière du bâtiment.

— Isabelle ! il cria.

Il venait brièvement de voir sa sœur avant que celle-ci ne disparaisse derrière les murs. Son sang ne fit qu'un tour et il courut à sa rencontre.

L'arrière de la maison de repos était consacré à la terrasse d'été de la grande salle à manger. Le temps que Thomas ne l'atteigne, une porte s'était refermée sur la jeune femme.

Thomas sut immédiatement où chercher. Il traversa la terrasse, en courant, ouvrit la même porte et s'engouffra dans un grand escalier.

— Isabelle ! il hurla dans le couloirs du deuxième étage.

La jeune femme s'apprêtait à ouvrir une porte. Elle se figea. Un sentiment d'effroi transparaissait sur son visage.

Thomas la rejoint avec un sentiment de joie mais l'accueil fut froid, voire glacial.

— Isabelle, c'est moi Thomas, ton frère !

— Laissez-moi ! Vous n'avez rien à faire ici !

La jeune femme le repoussa alors qu'il allait naturellement l'étreindre dans ses bras. Son incompréhension était manifeste. La voix de Thomas tremblait :

— Ma sœur !

— Je vous reconnais. Vous êtes mon demi-frère Thomas. Votre place n'est pas ici, je vous le répète !

— Mais ... Que veux-tu dire ? Cela fait des années que nous sommes à ta recherche avec ton frère Éric, après la mort de nos parents ! Isabelle, je ne sais pas ce qu'on t'a fait croire mais ta seule famille, c'est moi et Éric !

— Mon père m'a prévenu que vous refuseriez de reconnaitre la réalité. Votre père était une personne violente ! La seule vérité est que ma mère a fait l'erreur de rester avec lui ! Leur accident lui a coûté la vie !

— Mais n'importe quoi ! Alors, c'est cela qu'il t'a fait croire ! Conti est un manipulateur ; il t'a menti !

— J'étais furieuse moi aussi d'avoir attendu autant de temps avant de connaitre l'histoire tragique de notre famille. Mais mon père a été honnête et il a accepté que je fasse les tests ADN. La science ne ment pas ! Oui, ils ont eu une liaison qui n'a pas duré car il était déployé sur une autre continent, à cette époque.

— Ce n'est qu'un tissu de mensonges ma petite sœur chérie !

— Laisse-moi rentrer maintenant dans cette pièce ! C'est important !

Thomas s'interposa entre elle et la chambre :

— Je t'en supplie, Isabelle ! Je ne peux pas te laisser le rejoindre. Conti nous doit des explications ! Reste derrière moi !

Il restait abasourdi devant la découverte. Cette histoire restait difficile à croire. Il attrapa la poignée et ouvrit la porte.

 

 

 

Chapitre 15 — Régina Berheim

 Le passage d'un ouragan n'aurait pas fait moins d'effet à la chambre. Tout était sens dessus dessous.

Au mépris du danger, Thomas était rentré dans la chambre de repos du capitaine Conti et un flash violent lui apparut au contact de l'encadrement de la porte.

Une bagarre récente avait eu lieu. Le matelas du lit était renversé et visiblement une personne avait été trainée jusqu'à la salle de bain.

La montée d'adrénaline de Thomas troublait ses sens en exacerbant toutes les sensations. Il entendait distinctement des hurlements étouffés par un chiffon malgré le bruit d'un écoulement d'eau.

— Où est-il ?

Thomas se retourna vers Isabelle.

— Vite ! C'est une question de vie ou de mort !

Thomas se décida à entrer dans la salle de bain. Il réagit en un éclair, en se jetant dans la baignoire pour y extirper Régina Berheim. Ligotée, la malheureuse n'arrivait plus à lever la tête hors de l'eau.

— Où est Conti ! il hurla à sa sœur.

Elle n'était plus là. Tiraillé entre le sentiment de partir à sa recherche et la présence d'une personne en danger, il se résolut à sortir Régina de son piège mortel.

En dénouant ses liens, il ne cessait de l'appeler :

— Isabelle ! Je t'en supplie ! Reste avec moi !

En vain, elle avait quitté les lieux.

Le capitaine Berheim était exténuée, elle se blottissait dans les bras de Thomas :

— C'est une énorme erreur de ma part ! Je m'en veux tellement Thomas, vous savez...

Totalement bouleversé par les événements, il trouva néanmoins la force de la sortir de la pièce pour la ramener sur ce qui restait du lit. De là, il pouvait voir la cour principale et le parking des véhicules.

Soudain, il l'aperçut. Il laissa un instant le capitaine Berheim pour atteindre la fenêtre. Peine perdue, la fenêtre ne comportait pas de poignée afin de contenir les relents suicidaires de certains patients.

Il ne put que constater son départ au volant d'un véhicule en compagnie de son père.

Régina Berheim se releva sur le lit et remit en ordre son chemisier qui laissait sortir un de ses seins. Elle bredouilla :

— Ils ont mes clefs, Thomas. Je suis trop conne ! Ce type est doué pour dissimuler son don. Il est meilleur que moi ...

Thomas contempla le capitaine Berheim au bord des larmes. Il courut attraper une serviette de bain et l'enlaça entre ses bras :

— Non ce n'est pas vrai. Vous êtes en sécurité maintenant Régina ! Ce type ne pourra pas s'en sortir indéfiniment. Ensemble, nous l'aurons ! Ensemble ...

 

 

Fin de la saison 3

 


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