Erica

Chapitre 1 : Une nouvelle vie brisée...

Chapitre final

5417 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 20/06/2017 19:26

"Reportage en direct. Mathieu, un petit garçon de 9 ans dans la ville de Mainly Street nous raconte sa survie face à la tueuse inconnue apparue de nulle part il y a quelques mois. Je vous écoute.

— C... c'était le soir. Mes parents m'avaient laissé à la maison avec mon grand frère Yohan. Ils... ils étaient invités au restaurant par le chef de la boîte de mon père... J'étais dans mon lit, je lisais un manga quand j'ai entendu... un bruit étrange venant d'en bas... J'ai appelé Yohan, mais je n'ai rien entendu. Aucune réponse. J'ai crié plus fort, et j'ai finalement entendu quelque chose. Quelqu'un... quelqu'un montait les escaliers, je ne comprenais pas pourquoi. Je suis resté dans mon lit en me disant que ce n'était pas grave. Il était presque neuf heures, j'ai éteint la lumière et j'ai voulu m'endormir, mais... je n'y arrivais pas, je ne savais pas pourquoi. J'ai alors fixé la poignée de la porte de ma chambre qui était juste devant mon lit en me disant que... peut-être regarder un point fixe m'aiderait à dormir...

— Bien. Continuez.

— Sauf que la poignée s'est tournée. Quelqu'un était en train de rentrer dans ma chambre, alors que personne ne le fait sans frapper et attendre ma réponse avant. Je suis sorti de mon lit, je m'attendais à voir mon frère et à lui rappeler ça. Mais... ce n'était pas Yohan qui est entré dans ma chambre. C'était... c'était une fille... vraiment étrange. Elle avait... elle avait une cicatrice au niveau de son oeil droit. Il avait l'air... mort. Il était... il était tout blanc, comme si elle l'avait... recousu... maladroitement, mais que les coutures.... avaient craqué... J'ai vu des sortes de griffures sur son cou, et... et du sang coulait de sa tête. Juste... un petit filet se sang séché... C'était vraiment horrible. Et puis... On aurait dit qu'elle s'était cousu les coins de la bouche. Elle avait dans une de ses poches... un ours en peluche, mais il était affreux. Il était borgne, sale, des morceaux de coton sortaient à quelques endroits, des milliers de coutures le parsemaient de toutes parts... Il était vraiment glauque.

— Avait-elle quelque chose d'humain physiquement ?

— Hem... Des cheveux noir charbon coupés très court, des yeux verts étincelants... Sa peau était très bronzée, presque complètement noire et elle portait une sorte d'imperméable noir avec des coutures bordeaux... Elle avait des chaussettes enfilées différemment, l'une remontée jusqu'en haut rayée noir et bordeaux, et l'autre complètement rabattue sur sa chaussure. Elle avait un pansement imbibé de sang au niveau du genou, mais le plus frappant, c'était... qu'elle était recouverte de sang... et qu'elle tenait dans sa main droite la tête de Yohan, et dans l'autre main une aiguille couverte de sang elle aussi...

J'ai hurlé, vraiment hurlé, et j'ai voulu sauter par la fenêtre, puisque ma chambre se situait au rez-de-chaussée. Elle a lâché la... la tête de mon frère et s'est ruée sur moi alors que j'ouvrais la fenêtre. Elle m'a attrapé violemment le bras, a levé son arme au-dessus de ma tête et m'a regardé avec un sourire... Mais c'était un sourire dérangeant, un sourire de psychopathe malsain. J'ai essayé de me dégager, mais elle était trop forte pour moi. Alors j'ai mordu sa main jusqu'au sang et je lui ai donné un coup de genou pile dans son pansement le plus fort que je pouvais. Elle a hurlé de douleur, m'a lâché et m'a donné un coup de poing dans la tête. J'ai eu tellement mal... Elle avait une force impressionnante. J'ai basculé en arrière, et ma tête a heurté le rebord de la fenêtre ouverte. J'ai sauté et j'ai couru dans le jardin en espérant la semer, mais elle était vraiment trop rapide pour moi... Je voulais appeler la police, mais pour ça je devais retourner dans la maison... Et je risquais de tomber sur... Yohan... mort. Alors que je traversais la rue, elle m'a rattrapé, m'a agrippé l'épaule et m'a tourné de force vers son visage... Son visage était tordu par une expression... indescriptible. Elle avait toujours son sourire démentiel, mais ses yeux étaient... vides. C'est comme si le bas du visage ressentait quelque chose mais pas le haut... Ça avait quelque chose... de réellement perturbant. Elle allait me tuer avec son poignard quand une voiture est arrivée juste devant nous... Elle m'a lâché et a sauté sur la voiture. Moi, je me suis écarté le plus vite possible, la voiture a fait un freinage monstrueux et la jeune fille s'est enfuie...

— Nous vous remercions de votre témoignage, Mathieu. Si vous croisez quelqu'un qui correspond plus ou moins à cette description, ne l'approchez pas et contactez immédiatement le poste de police en vous éloignant le plus possible de cette personne. Merci de nous avoir regardé pour ce reportage exclusif."


"Je suis rentrée !" annonça Erica Loaks en ouvrant la porte et en entrant dans la petite maison. Elle retira ses chaussures et se rendit au bureau de son père, qui passait se journées dans cette pièce. La jeune collégienne soupira en constatant que le "laboratoire" comme il l'appelait n'était pas rangé ; des tas de boulettes de papier jonchaient le sol, des boites de conserve, des bouteilles d'alcool... Erica fronça le nez en sentant l'horrible odeur qui flottait dans l'air. Elle ne croyait plus vraiment en son père, qu'elle considérait comme quelqu'un qui aurait pu faire de grades choses, mais à qui la vie n'avait pas fait de cadeau, et qui n'avait pas su se reconstruire. En somme, un raté.

Le vieil homme regarda par-dessus son épaule et bondit presque de sa chaise en voyant sa fille unique. Il était pâle, très grand et très mince, avec quelques rodes par-ci par-là et une masse de cheveux noirs parsemés de gris. Il marchait de façon hésitante, comme s'il boitait et ses yeux extrêmement clairs semblaient presque éteints.

"Erica... Je crois que... que ça y est... Je vais réussir cette fois !

— De quoi tu parles, papa ? Ça fait des années que tu n'as plus rien inventé de novateur !

— Viens voir !"

Il entraina Erica dans le garage, là où il entreposait ses expériences ratées. M. Loaks était un scientifique autrefois brillant et reconnu, mais la mort de sa femme à la santé fragile ainsi que la charge d'élever seul sa fille Erica l'avaient poussé à abandonner pendant neuf ans, quasiment dix son métier. Cependant, il avait voulu revenir brillamment dans son ancienne équipe, mais le temps avait fait ses ravages et le cerveau du vieil homme n'était plus aussi vif qu'autrefois, et il était devenu la risée de la petite ville où il habitait. Depuis, lui et Erica s'étaient reclus dans un petit chalet à la sortie de la ville, là où personne ne les dérangeait. Plus les années passaient, plus M. Loaks se faisait huer par les habitants à cause ses six inventions ratées.

Erica écarquilla ses yeux émeraudes devant la machine de son père. C'était de base un réfrigérateur allongé, très grand, "sculpté" pour qu'il épouse le plus possible le corps humain avec divers bocaux vides pour l'instant reliés par des tuyaux. Le vieillard se plaça derrière son invention. Il avait visiblement l'air extrêmement satisfait.

"Qu'est-ce que c'est ? demanda la jeune fille, confuse.

— Je n'ai pas encore trouvé de nom, avoua l'intéressé sans pour autant perdre son euphorie visiblement très présente.

— Et ça sert à quoi ?

— C'est là que ça devient intéressant, dit le scientifique en se frottant les mains joyeusement. Dans ces bocaux, j'y mettrais par exemple des branchies de poisson, ou des choses comme ça. Une personne va rentrer dans ce réfrigérateur spécial, et lorsque j'appuierai (il désigna un interrupteur fixé sur la machine) sur ce bouton, les branchies de poisson vont se relier à la personne via un système à l'intérieur de la machine inspiré de la médecine. Ainsi, cette personne pourra respirer sous l'eau ! Tu comprends le principe ?"

Erica sauta dans les bras de son père. Cette invention la laissaient de marbre, mais elle i croire à son père qu'elle pensait tout le contraire de son invention, qu'elle allait cartonner et remettre M. Loaks sous les projecteurs. Cependant, alors qu'elle lui faisait un câlin, une question se posa dans sa tête. Une question cruciale. Elle se détacha de l'étreinte du vieil homme.

"Mais papa, est-ce qu'elle fonctionne, au moins ?"

Son père baissa honteusement la tête.

"C'est là que le problème arrive... Je ne le sais pas vraiment, j'ai besoin d'un cobaye mais... qui accepterait de tester. Seulement... après six échecs consécutifs, personne ne voudrait se proposer à tester MON invention... Et puis, pour être honnête, c'est très risqué. S'il y a le moindre petit pépin que je n'ai pas remarqué, alors la vie du cobaye est en jeu..."

Erica baissa la tête, et M . Loaks commença à tourner en rond, réfléchissant à une solution. Soudain après plusieurs longues secondes de réflexion, il s'exclama en relevant la tête.

"Mais toi, ma petite fille, ne voudrais-tu pas essayer ?

— Moi ? Jamais de la vie, s'esclaffa la jeune fille en pouffant de rire malgré elle. Papa, je suis ta fille unique ! Tu te rends compte de ce que tu avances ?

— Oh... euh... oui. Excuse-moi mon enfant.

— Je vais faire mes devoirs."

Erica se dépêcha de sortir de cette pièce. Ce n'était pas la première fois que son père lui disait ce genre de choses, mais à force elle disait presque toujours non dès qu'il lui demandait quelque chose, par habitude, ce qui avait rendu leur relation très tendue au fil des ans. Erica était devenue froide, n'affichait jamais ses émotions ailleurs qu'à la maison et ne parlait jamais aux élèves de son établissement. On disait d'elle qu'elle avait hérité de la sénilité de son père, mais elle n'en avait cure. En fait, elle ne ressentait rien et faisait semblant d'être normale. Elle ne se sentait pas humaine.

Erica prit son sac et se rendit dans sa chambre d'un pas vif. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se jeta sur son lit et regarda son portable, qui n'avait que très peu de contacts. La jeune fille n'avait pas d'amis en raison de son lien de parenté avec son père qui rendaient les choses compliquées pour tout. Au final, elle faisait de son mieux pour se détourner de son triste quotidien.

Lors du diner, Erica et son père n'échangèrent pas un mot. C'était pratiquement toujours le cas, car M. Loaks remuait des pensées bien sombres qu'il ne souhaitait pas partager et Erica n'avait jamais rien vécu de spécial qui vaille la peine d'être évoqué. Leur relation n'avait pratiquement jamais évolué en quatorze ans...


Lorsque la jeune fille se glissa dans son lit ce soir-là, un sentiment étrange l'habitait. Et elle connaissait ce sentiment, mais elle ne comprenait pas pourquoi celui-là. C'était le seul sentiment qu'elle connaissait, en somme.

La peur.

Son père était fou de joie lorsqu'il lui avait présenté son invention, et elle craignait qu'il n'en fasse trop des caisses autour pour au final être balayé de la société. Son coeur serait brisé et Erica n'était pas vraiment sûre qu'il supporte un tel choc.

Il n'avait pas donné l'impression qu'il construisait quoi que ce soit en deux ans, restant enfermé dans le garage et n'en sortant pratiquement jamais.

La jeune fille se leva finalement, incapable de dormir. Elle se rendit dans la cuisine et se prépara un thé au caramel. Tandis que l'eau bouillait, elle regarda l'heure : 00:23. M. Loaks devait être endormi à une heure pareille. Elle prit sa tasse et commença à la boire. C'était bon. Elle finit son thé rapidement mais ne retourna pas se coucher, préférant regarder les photos encadrées sur les murs.

Il y en avait de sa mère, une femme aux cheveux noirs, aux yeux noisette et au regard franc et juste. Erica ne se souvenait pas beaucoup d'elle, mais elle avait le souvenir d'une femme honnête mais souriante, sévère mais juste et aimante. Son père ne lui parlait jamais d'elle, et la jeune fille ne connaissait même pas les circonstances de sa mort. Sur aucune des photos cependant on ne voyait les deux parents ensemble. Peut-être n'étaient-ils pas forcément en bons termes...

Erica se tourna vers la porte d'entrée. Son coeur et sa gorge se nouèrent lorsqu'elle songea qu'elle devrait la franchir encore le lendemain pour aller en cours, chose qu'elle détestait. Elle ne comprenait pas le monde dans lequel elle vivait. Un monde ou le racisme quotidien règne au collège, tout comme les violences physiques ou verbales, et même des causes humanitaires comme le réchauffement climatique la faisaient se sentir concernée. Et cinq jours sur sept, elle était obligée de vivre avec ces gens qui pensaient que tout leur était permis, que tout ce qui était facile était amusant. La psychologie humaine est quelque chose d'à la fois fascinant et terrifiant, se disait la jeune fille. Les humains avaient certes des caractéristiques différentes selon les individus mais certains critères étaient récurrents, comme cette tendance à être toujours en groupe, à ne jamais être seul ; une autre chose comme la façon de penser des humains rebutait Erica qui n'avait toujours pas compris. Penser que la vie est belle, insouciante et que tous les coups sont permis sans engendrer de conséquences. Le rejet immédiat de quelqu'un qui n'était pas comme tout le monde, qui ne suivait pas la masse que ce soit physiquement ou mentalement. Erica avait déjà vu ça des centaines de fois : un garçon qui ne parvient pas à se faire d'amis à cause de sa couleur de cheveux, de ses goûts, de ses préférences.

Erica se regarda dans le miroir de l'entrée. Une fille qui n'était pas comme tout le monde, qui n'arrivait pas à s'imposer. Pour équilibre, elle devait partir. Sa décision était prise depuis longtemps, mais elle se refusait à l'admettre. Cependant l'heure était venue.

La jeune fille retourna dans sa chambre et sortit de son armoire un vieil imperméable pourpre et noir, recousu en rapiécé en plusieurs endroits. Elle sortit également un tee-shirt blanc et une salopette en short noire, mit des bas rayés, ses baskets de marche et rabattit la capuche de son manteau. Personne ne saurait qui elle était, mais pour plus de précautions, elle prit une paire de ciseaux de sa trousse, et d'un geste vif, elle coupa ses cheveux.

Si ce geste avait l'air de rien, c'était quelque chose de symbolique pour Erica. C'était comme de passer un cap de sa vie. Elle eut un léger pincement au coeur en voyant sa belle chevelure noire et brillante se réduire, mais tant pis. Elle jeta à regret ses cheveux dans la poubelle de sa chambre, prit son ours en peluche qui était le seul vrai objet qu'elle affectionnait réellement, puisque c'était le dernier cadeau d'anniversaire offert par ses parents avant la mort de sa mère, ainsi qu'un sac où elle mit toutes sortes de provisions à l'intérieur, à boire à manger, des sacs poubelles. Elle alla même jusqu'à se poser un cache-oeil sur un de ses yeux, même si cela lui semblait légèrement inutile. Puis vint la dernière étape. Celle qui la couperait de son ancienne vie.

Elle saisit son téléphone portable, retira la coque et avec une violence sans pareille, le fracassa à l'autre bout de la pièce. L'objet se brisa eu deux, et la jeune fille n'oublia pas de l'écraser avec son pied. Puis enfin, elle sortit de la maison.

Il pleuvait, mais ce n'était pas important. Erica serra son ours contre elle. Tant qu'elle ne retournait pas dans sa maison, parmi ses camarades de classe, avec son père dans cette maudite ville, tout allait bien se passer. Elle errait dans les rues, cherchant la sortie de la ville. Cet endroit l'oppressait, l'étouffait. Elle ne se sentait tout simplement pas à sa place dans cet endroit. Son premier réflexe fut de quitter la ville, partir très loin, là où personne ne la retrouverait, mais au fur et à mesure qu'elle marchait, la fatigue se faisait de plus en plus sentir, et elle se rendit compte qu'une ou deux heures de repos ne feraient pas de mal, bien au contraire.

Erica songea d'abord à dormir dans la rue, mais l'idée de dormir dans un endroit si malsain à la merci de tous ne l'enchantait pas. Ses pas la guidèrent finalement dans un parc pour enfants public. Personne ne la trouverait là.

la jeune fille se glissa sous un toboggan et essaya de trouver une position à peu près confortable. Cependant, peu importe la façon dont elle se plaçait, le sommeil en venait pas. Agacée, Erica se releva et sortit de sa cachette. Finalement, elle ne dormirait pas avant d'être partie.

La sortie de la ville lui parut alors être un but sans profondeur, puisque peu importe la direction dans laquelle elle allait, elle ne parvenait pas à s'échapper. Elle ne faisait que tourner en rond, cherchant à atteindre l'inaccessible.

Non... Ce n'est pas vrai... Ce n'est pas possible... Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je ne trouve pas de sortie ?

Tout se mélangeait dans sa tête, elle avait l'impression de ne rien contrôler. Ses sens s'affolaient, son rythme cardiaque s'emballait, ses pensées devenaient confuses, le décor tournait autour d'elle, des sueurs froides coulaient dans son dos.

Qu'est-ce que j'ai fait ??

"Tu m'entends ? Allô ? Comment tu te sens ?

— Gné ?"

Ce fut le seul son qui sortit de la bouche d'Erica. Ses yeux se s'ouvrirent pas tout de suite, et lorsqu'elle essaya de bouger ses bras, elle se rendit compte que ses poignets étaient attachés, et qu'elle était allongée sur une surface dure. Ses chevilles... son torse et... son cou ?? étaient également attachés, et les bouger étaient impossible. La jeune fille ne se sentait pas à l'aise, comme si... elle était enfermée dans une... dans une boite.

"Q... qui est là ?

— Ah, tu es réveillée ? Il aurait mieux fallu pour toi de rester endormie. Je suis Jean Loaks."

Erica ouvrit les yeux, et ce qu'elle vit la rendit bouche bée. Elle ne voyait toujours rien.


Papa... qu'est-ce qui se passe ?? Papa, qu'est-ce que tu fais ??

Libère-moi... Ces lanières me font mal...

"Bien. Je vais tenter une expérience, alors ne bouge pas et fais-moi confiance. Si tu veux quand ce sera terminé, je te ramènerai chez toi, d'accord ?"

Papa... Est-ce vraiment toi ? Tu... tu sembles... Tu es malade ?

"Je vais refermer la machine. Surtout ne penses à rien, et ce sera normalement sans douleur."

PAPA !!! C'EST MOI, ERICA !! Pourquoi suis-je incapable de parler ?? Qu'est-ce que tu m'as fait ?

Non... ne referme pas... Tu n'as pas le droit... Je suis ta fille... Papa, que t'es-t-il arrivé ? Pourquoi... pourquoi tu me fais ça ??

J'ai mal... J'entends ma propre voix... je crie de toutes mes forces... Mon bras... qu'est-ce que... Non, arrête, arrête, ARRÊTE !!!

"Ne crie pas ! Tu verras, tout va bien se passer ! Fais-moi confiance !!"

Mon bras... Il est en feu... C'est comme si on le roulait dans des braises aussi chaudes que... que... non... je ne veux pas mourir... Papa... Je n'en peux plus... À L'AIIIIIIIDE !!! QUELQU'UN, S'IL VOUS PLAIT, N'IMPORTE QUI !!!

Je pleure... Maman, sauve papa... Mon bras... j'ai l'impression de le perdre... AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!! S'IL VOUS PLAIT !! DIEU, S'IL VOUS PLAIT !!!!! QU'EST-CE QUI M'ARRIVE ??? POURQUOI TU FAIS ÇA ?????

Quoi ? Que... c'est fini ? J'ai toujours mal, mais... Il va me laisser en paix ? Merci mon Dieu... Mon cou... je peux lever la tête... Il va m laisser sortir ? Me soigner ? M'expliquer ?

N... non... ce n'est pas fini... Mon cou... Qu'est-ce qui se passe encore ?? Ça ne finira donc jamais...

Ah !!! mon cou... ma nuque... j'ai la sensation de... de clous qui s'enfoncent... C'est insupportable... Maman... sauve-moi... sauve papa... À L'AIIIIDE !!!

Je n'arrive pas à crier... Ma gorge est sèche... J'ai faim... j'ai soif... Que ça s'arrête... Que ça s'arrête... Au secours...

Je sens... quelque chose de liquide... de chaud... Mes larmes ? Je n'arrive pas à réfléchir... Ma... ma tête... Je... me sens... non, pas ça...arrête, arrête, ARRÊTE, ARRÊTE !!! Pourquoi tu fais ça ??? ARRÊTE !!!! NON !!! AAAAAAAAAAAAAH !!!! MAMAN !!!

Quoi... encore ailleurs ?? Non... non, arrête... je ne veux pas mourir... j'ai mal... Pitié... Mon oeil... qu'est-ce qu'il fait ?

Je... je... n'arrive... plus... Je... ne... peux... plus... j'ai peur... mon oeil... il est écrasé... j... p... pap...a... ma... maman... Il... me... je n... ne sens plus... mon corps... je... ne... vois

rien... Pourquoi... pourquoi... pourquoi moi...

J'ai peur... je... ne... survivrai pas...


"Qu'est-ce que vous avez fait, monsieur ?

— Ce... ce n'est qu'une erreur, vous pouvez me croire... Ce n'était pas intentionnel.

— Pas intentionnel ! Est-ce que vous savez au moins qui est cette fille ?

— Eh bien..."

Erica tourna la tête. C'était vraiment étrange... Elle ne sentait plus rien... Ses membres ne répondaient plus. Impossible de bouger, à part la tête. Lorsqu'elle regarda autour d'elle, elle ne vit quasiment que du blanc, des femmes, des hommes, des machines. Un simple bruit étouffé parvenait à ses oreilles, des bruits de toutes sortes, de toutes parts. Puis au bout d'un moment, elle comprit où elle se trouvait.

À l'hôpital. Dans un lit d'hôpital. Elle put discerner les infirmières, quelques médecins et son père.

Tous ses souvenirs confus déferlèrent sans ménagement dans sa tête. Toute sa souffrance, ses pleurs, ses cris, sa fugue. Un mal de tête fulgurant la frappa, et elle gigota comme pour le chasser. Le vieillard posa les yeux sur elle, et lui parla d'une voix vraiment étrange, à la fois rauque et douce.

"Tu n'as pas eu mal, n'est-ce pas ?

— S... o... si...

— Vous voyez ! déclara le vieux fou à une infirmière. Elle n'a pas souffert !

— Vous vous fichez de moi, monsieur. Et..." Elle marqua un temps d'hésitation. "Vous n'êtes pas venu avec votre fille ?

— Je ne sais pas où elle est, avoua M. Loaks. Elle a disparu. Je me suis réveillé ce matin et elle n'était pas là."

Les yeux du scientifique convulsaient nerveusement dans leurs orbites, ce qui n'était pas bon signe. L'infirmière soupira.

"Votre expérience à été un échec total, monsieur. Il faudra à cette jeune fille que vous ne connaissez même pas des points de suture sur le bras, dans le cou ; son oeil devra être opéré. Vous n'avez plus rien à faire ici. Partez."

Non !! Ne pars pas ! Papa, aide-moi ! Pourquoi tu ne me reconnais pas !! De l'aide, s'il vous plait !

"Ne t'inquiète pas. Il ne te fera plus aucun mal. On te soignera demain matin, mais là il est tard. Si tu as besoin de quoi que ce soit, juste hurle et nous serons là," lui dit l'infirmière d'un ton rassurant pour la jeune fille. Elle fit signe à toutes les personnes présentes dans la pièce et très vite, la chambre fut vide. Erica se tourna dans son lit, tandis qu'un sentiment d'angoisse l'envahissait. Que se passerait-il si son père découvrait à qui il avait fait subir une telle expérience ? Saurait-il un jour ce qu'il avait fait ? La jeune fille se refusait ces questions, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Finalement, après main et main efforts, la jeune fille se releva lentement, et sortit de son lit. De toute façon, en plein été le soleil encore levé ne donnait pas envie de dormir.

Dès qu'elle se mit debout, un vertige la saisit, et elle dut se rattraper à une perfusion. Son coeur s'emballa un peu, puis se calma bien vite. La jeune fille avait l'impression de pouvoir courir un marathon ; elle n'était pas fatiguée, pas affaiblie ; elle se sentait même bien plus forte qu'auparavant. Elle jeta un regard dédaigneux à la perfusion, et l'arracha de son poignet d'un geste vif, sans douleur. Elle défit les bandages, et ses blessures apparurent, toutes monstrueuses.

Son bras avait été totalement ouvert sur un des côtés. Il n'y avait rien de plus à dire, sinon que la plaie n'était pas belle à voir. La jeune fille crut avoir la nausée rien qu'en regardant, et préféra ne pas tâter son cou, pour ne pas être choquée. Cependant, elle se sentait sereine, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Quand à son oeil, elle n'avait même pas remarqué le cache qu'elle portait. Ça non plus, ça ne devait pas être très beau, mais c'était sans importance.

Ses pensées s'emmêlèrent dans sa tête, et sans qu'Erica ne s'en rende compte, un sourire malsain déformait son visage. Sa tête tournait légèrement, mais elle n'y fit pas attention. Elle se sentait revivre. Comme si elle avait trouvé une raison d'être. Mais il fallait l'exploiter, et ça ne se faisait pas n'importe comment.

Je ne peux pas les laisser faire n'importe quoi... Je dois me soigner moi-même...

La jeune fille fouilla tous les tiroirs de la chambre, et trouva du fil noir et une aiguille. Animée par un désir ardent de se faire les points de suture seule, elle alla dans la salle de bains et posa le matériel devant elle, et défit son cache-oeil sans trembler, ce que d'autres auraient fait.

Un trou béant dans sa paupière tombante. C'était juste un creux affreux taché de sang, mais pour la jeune fille c'était parfait. C'était par là qu'elle allait commencer.

Elle se fit un trou dans la paupière avec l'aiguille, y passa le fil, et en faisant le moins de bruit possible, recousit la plaie. Elle était devenue folle, mais elle avait la sensation d'être dans son élément.

Ce qu'Erica ressentait était indescriptible. Elle avait mal, mais cette douleur lui procurait du plaisir en même temps, de sorte qu'elle ne pleurait pas. Elle ne criait pas, restant concentrée dans sa tâche, et lorsque le soleil fut bel et bien couché, au environs de minuit, elle avait terminé.

Du sang coulait de ses blessures, mais elle n'avait pas mal. Plus mal. À force, elle s'était habituée. Le fil noir qu'elle avait utilisé ressortait énormément sur sa peau pâle. Un sourire malsain éclaira son visage tandis qu'elle se tournait derrière elle. Son ours en peluche trônait sur une chaise. Elle le saisit et fit un trou dans son oeil avec l'aiguille, et sortit du coton de la peluche. Elle recousit le trou, et fit de même avec divers endroits du corps. Elle était certaine que si elle faisait ça a un humain, il se serait évanoui de peur et serait mort dans son inconscience. Un rire glauque sortit de sa gorge tandis qu'elle trouait et recousait l'ours, et les sons de l'aiguille qui perçait la feutrine du jouet la comblaient. Finalement, lorsqu'elle eut terminé, elle ouvrit la fenêtre et regarda en bas. Il y avait deux étages à sauter, mais cela lui importai peu. Elle se mit sur le rebord de la fenêtre et sauta, son ours et son aiguille dans la main. La chute ne lui fit aucun mal, et ce fut avec une aisance déconcertante qu'elle courut à une vitesse effroyable. Elle grimpa le grillage sans difficulté, prenant bien spin de masquer son visage, et se dirigea vers sa maison.

Erica gardait la tête baissée. C'était impressionnant. Elle dominait les rues avec son ours et son aiguille, cachant son sourire démoniaque. Les rues étaient son élément. Elle se sentait... épanouie. De pauvres garçons qui trainaient là eurent alors le malheur de l'aborder sans l'avoir regardée de plus près.

"Hey, qu'est-ce que tu fiches là, ma jolie ? C'est pas un endroit pour une jeune fille aussi belle que toi !

— Si tu veux, je te ramène chez moi, on va bien s'amuser !"

Des rires moqueurs s'élevèrent, mais Erica ne réagit pas. Un des garçons voulut relever son menton de force, mais il n'en eut même pas le temps. La jeune fille lui planta son aiguille dans la poitrine, l'enfonçant le plus loin possible. La victime s'écroula aux pieds d'Erica , qui commençait à ricaner. Elle releva enfin la tête et avec une rapidité et une agilité sans pareille, tua les deux autres. Elle n'essuya pas le sang qui entachait son imperméable, et elle n'avait pas lâché son jouet. Elle continua sa route vers sa maison sans cesser de ricaner. Le silence était complet. C'était parfait.

Elle arriva à la maison de M. Loaks qui n'était plus son père, mais un substitut inutile. Elle ouvrit la porte d'entrée sans discrétion et fila directement vers la chambre du vieillard. Comme prévu, il dormait. Mais ce serait faire preuve de bien trop de clémence que de le faire s'endormir à jamais sans image de celle qu'il n'avait pas su élever. Erica s"coup son épaule frénétiquement et, voyant qu'il ne se réveillait pas, lui mit une gifle.

Le scientifique se réveilla instantanément, et lorsque son regard croisa celui d'Erica, ses yeux s'écarquillèrent et il s'apprêta à hurler. La jeune fille lui mit la mai sur sa bouche et le força à la regarder. Elle se sentait incroyablement bien.

"Papa... susurra-t-elle. Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tuer faisait autant de bien ?"

Le pauvre homme commença à pleurer tandis que la jeune fille riait d'un air bien macabre juste devant lui. Il se débattit, et Erica lui planta son aiguille dans le menton sans pitié. Elle se léchait les lèvres, plaquait son ancien père contre le mur avec son aiguille et sa main, tandis que celui-ci se débattait furieusement, pleurait. Erica était sûre que s'il pouvait parler, des supplications sortiraient de sa bouche.

Mais il n'y avait plus de retour en arrière. La jeune fille rentra son arme et la planta dans son ventre le plus lentement possible. Cependant, elle ne s'arrêta pas là, et blessa le vieillard à divers endroits de manière enjouée et frénétique, et les cris étouffés de sa victime l'enchantaient au plus haut point M. Loaks résista bravement, mais au bout d'une minute, il s'effondra sur le lit, tandis qu'une flaque rouge s'étalait sous on cadavre et tachait les draps blancs. Erica contempla son œuvre avec une satisfaction intense, et fila dans la nuit sournoisement. Dès demain, la population entendrait parler d'elle, la police la recherchait coûte que coûte, et le reste des gens trembleraient dans leurs maisons.

Erica se tourna une dernière fois vers la scène de crime. Elle avait trouvé sa raison d'être, et cette conviction la fit rire dans les ténèbres.


HEY !!!!! Comment ça va les gens ?

La voici la voilà, mon one-short spécial creepypasta que je mourrais d'envie de vous montrer. C'était vraiment sympa d'écrire des trucs vraiment horribles et d'imaginer vos réactions derrière !

J'espère que ça vous a plu, et dites-moi si vous voulez plus d'histoire de ce genre macabre, si vous avez eu peur mais je pense que c'est peu probable.

On a atteint les 1,1 K de vues, vous m'avez fait pleurer, je saurai jamais vous remercier assez... Snif. Mais bon...

Salut salut !




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