mi Chien mi Loup

Chapitre 2 : Révélation

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Dernière mise à jour 01/06/2017 14:19

Chapitre 2 : Révélation


Sur le chemin du retour, j’eu fait ma première rencontre avec les « chiens de la montagne ». Alors que la charrette roulait en ligne droite, sur une route délimitant la prairie de la forêt, une meute de loups en chasse déboula devant nous. Le cheval à l’avant fut effrayé et se cabra de terreur. M. Lockart tentait tant bien que mal de le neutraliser. Les prédateurs nous entourèrent et Caramel aboya pour essayer de les faire partir. Pour ma part, je restai silencieux mais surtout, très curieux de découvrir enfin les fameux chiens sauvages dont mère nous avait tant parlé. Pendant que ceux à l’avant s’occupaient d’encercler leur proie aux sabots de fer, trois loups se tournèrent vers moi et Caramel. Un d’eux, plus grand et plus volumineux aux airs royaux, s’adressa à moi :


  •  Mon fils.


L’air abasourdi, j’eu l’air étonné d’apprendre cette révélation plutôt directe. Caramel me dévisagea et lut une certaine satisfaction dans mon regard brillant. En effet, le fait d’être le fils d’un loup si beau et si puissant au sein de son clan me fit presque rougir. Ceci n’avait pas l’air de plaire à mon grand frère qui aboya de colère face aux « chiens des montagnes » pour qu’ils partent.


  • Allez-vous en démons !


La voix du maître retentit suivis d’un coup de feu projeté en l’air. Des oiseaux s’envolèrent, apeurés et les loups sursautèrent ainsi que moi. Ce bruit si froid et tortueux me fit peur et je m’affaissai sur le sol de la charrette. Caramel, au contraire, ne semblait ni surpris, ni effrayé ; bien au contraire. Les loups s’enfuirent aussitôt, comme appelés par la crainte de se faire tuer. Un par un, ils disparaissaient dans la forêt. L’alpha, mon père s’éloigna avec les siens. Je le vis partir, ressentant un sentiment de tristesse au fond de moi. La charrette se remit en route et je pus m’empêcher de regarder en arrière cherchant ne serait-ce qu’un signe de mon père. Celui-ci était bien là dans un coin, caché par les feuillages, s’assurant de mon bien-être. Et pourtant, je ne l’eu vu pas.


A la ferme, Diana nous accueillit chaleureusement. Une fois détachés de cette laisse qui restreignait tout mouvement, Caramel s’empressa de rejoindre notre mère tandis que moi, je me contentai de l’ignorer avec mécontentement. Déplu, Diana me rejoignit et m’agrippa l’échine de ses crocs.


  • Nougat ! Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta maman en lâchant prise.
  • Pourquoi tu m’as pas dit que papa est un loup ? m’écris-je avec colère.
  • Comment as-tu… s’étonna Diana pensant le secret bien gardé.
  • Je l’ai croisé en chemin. Toute une meute nous a pris par surprise et il était là. Il m’a regardé et m’a parlé, même, me justifiais-je.
  • Que t’a-t-il dit ? s’empressa de savoir ma mère.
  • Que j’étais son fils, répondis-je.


           Diana soupira et m’ordonna d’oublier mon père. Je refusai sans aucun doute ; personne ne pouvait m’obliger à tirer un trait sur mes origines lupins. Et pour le crier sur tous les toits, je fis mon premier hurlement à la lune, quoi qu’un peu médiocre vu mon jeune âge. M. et Mme Lockart se retournèrent vers moi et firent une mine époustouflée. Diana me lança un regard glacé et furieux. A cet instant, je ne compris pas encore la gravité de mon acte.


  • Un loup ?! Mais comment est-ce possible ? s’étonna M. Lockart.
  • Débarrassons-nous de lui ! suggéra Mme. Lockart.


Ces mots m’effrayèrent sur le coup, mais pourquoi voulaient-ils me jeter dehors ? Un simple cri distinctif ne pouvait signifier que j’étais de la même nature que les démons de la montagne. Heureusement, le maître n’était pas du même avis que sa femme.


  • Nous allons le garder, affirme-t-il. Il peut nous servir.
  • A quoi ? Excepté de nous faire tuer !
  • Nous allons tuer les loups avec des loups ! jubila alors le maître.


Diana aboya fermement pour contester les dires des Lockart. Caramel et moi nous nous regardions d’un air incompréhensif. L’homme s’avança vers moi, d’un pas décidé. La queue entre les pattes, je ne savais pas ce qui m’attendait ; il m’effraya un peu. Il m’empoigna par la nuque et je me mis à grogner. Il traversa toute la cour pour me jeter dans la grange tel un monstre. Ensuite, il regarda alors mon frère Caramel qui se cacha derrière notre mère et le maître ne jugea pas la nécessité de le faire subir le même sort qu’à moi.


  • Pourquoi tu ne le mets pas dans la grande, lui aussi ? s’interrogea la dame.
  • Caramel est plus docile, et soumis ; il sera plus simple de le dresser, répondit le maître.


   Depuis l’antre de la grange, je vis ma famille s’éloigner vers la maison. Ma mère se retourna et me fit un regard triste et déçue à la fois. Caramel suivis avec cette même désolation. Je voulus les rejoindre, par un vent de panique. Cependant, M. Lockart m’interrompit dans ma lancée et me refourgua dans la paille que tapissait le sol de la grange.


  • Non, Nougat. Toi, tu restes là. Tu dois comprendre que nous ne voulons pas de loup chez nous, m’expliqua l’humain.


Je le suppliai à l’aide de couinements, ne voulant pas dormir seul éloigné de ma famille. Le maître compatissait légèrement à mon appel mais il me laissa là, sur la paille qui grattait. Je fis mon air de chien-battu afin de le faire céder en vain.


  • C’est pour ton bien, Nougat, rétorqua le maître sans cœur.


Il ferma la porte de la grange, après m’avoir déposé une lampe à pétrole sur un tabouret. Cette lumière était la seule que j’avais, la nuit tombée.

Les heures passaient, couché dans un coin, je m’ennuyais. Par une fente dans le bois, j’observais la maison. Le feu de cheminée brillait à travers la fenêtre, je languissais d’envie. L’odeur qui en ressortait enivrait ma truffe ; le repas semblait être délicieux. Et pendant que ma famille se régalait, je subissais la solitude. Soudain, un hurlement retentit au loin. Surpris, je dressai les oreilles et me dirigeai vers le fond de la grange, qui donnait vers la montagne. Je pus distinguer une silhouette familière, qui regardait dans ma direction avec des pupilles scintillantes. D’instinct, mes pensées se regroupèrent vers mon père. Je grattais les planches énergiquement pour le rejoindre mais sans effet.


Je fus volte-face quand j’entendis la porte s’ouvrir. Ma mère Diana apparut et un soulagement se fit ressentir. Elle portait une gamelle pleine de croquettes entre ses crocs. Après l’avoir déposé, elle me regarda fixement. Je sentis de l’inquiétude dans son regard mais je n’y prêtais pas attention. Je me ruai sur la nourriture mais cette odeur n’avait rien d’alléchant. Je repoussai la gamelle d’un coup de patte.


  • Encore des croquettes sans goût… me plaignis-je alors.
  • Nougat, arrêtes tes caprices et manges.
  • Les « chiens de la montagnes » ont de la viande, eux.
  • Ils n’ont pas le même luxe que toi, m’affirma Diana.
  • Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent ! répondit-je en haussant le ton. 


Diana soupira de ne pas réussir à me faire entendre raison. Elle semblait désespérée de mon attitude si arrogante. Je savais que je n’étais pas très gentil avec elle et les autres, mais je ressentais de la colère envers eux. Ma propre mère avait accepté de me laisser seul de cette grange pendant que Caramel et elle pouvaient profiter du confort de la maison. Je tournai le dos à Diana, avec l’esprit rancunier. Celle-ci attristée, souhaita une dernière chose avant de me laisser seule :


  • J’espère qu’un jour, tu comprendras que tu as de la chance d’avoir un foyer et d’être nourrit tous les jours.
  • Rien ne peut être pire qu’ici, lui dis-je, désinvolte.


Diana s’en alla, mécontente et très déçue de moi. Je me retrouvai encore seul, pour la seconde fois. Je me couchai avec amertume contre un ballot de paille. Mon estomac grondait mais je me refusais de toucher ces croquettes si sèches. Cependant, la faim prit le dessus sur mes convictions et je me contentai de manger toute ma gamelle, à contrecœur.


Alors que je terminai les dernières croquettes amères, une petite créature se montra tout près de moi. Elle voulait s’inviter à table, mais j’y fis obstacle. Quelques grognements ne suffisaient pas à faire fuir le petit rongeur. Ce fut qu’après, en observant de plus près l’animal, que mes instincts de chasseurs prirent le dessus. Je tentai alors d’attraper la souris qui fila entre mes pattes. Elle bougeait si rapidement que ce devint vite pour moi, un jeu. Mais cet amusement tourna vite au drame dès lors que le rongeur courut sous le tabouret où reposait la lampe à pétrole.

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