LES TEMPS D'AVANT

Chapitre 26 : Chapitre 26 et FIN

Chapitre final

833 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/05/2020 00:15

« Putain, mais qu’est-ce qu’ils foutent ? »

Tom lançait des regards furieux à la tente depuis trois heures. Il s’était levé à neuf heures et “les deux autres“ n’avaient pas encore mis le nez dehors.

« Vous êtes sûre qu’ils étaient tous les deux vivants quand vous êtes sortie, Signora ?

— Tommaso ! Vous vous imaginez bien que je ne les ai pas réveillés, j’espère : c’est la première fois qu’ils font une nuit convenable depuis trois mois et plus !

— Je me méfierais tout de même, à votre place. Je sais que vous faites confiance à ce sphinx à langue fourchue, mais moi, j’ai des images effrayantes qui me reviennent à chaque fois qu’il est seul avec Leo… Je vais voir.

Elle l’arrêta :

— Je ne le vous conseillerais pas. Je vais les réveiller, si ça peut vous rassurer. »

Elle lui tourna le dos pour gravir la légère pente en direction de la tente, un sourire aux lèvres. Elle faisait confiance à Leonardo, avec son aide, son plan marcherait.

Elle le réveilla le premier, caressant son visage et ses cheveux en murmurant : « Il est midi, mon beau Leo, vous avez dormi douze heures.

Leo n’était jamais de très bonne humeur quand il sortait de son sommeil, mais Laura offrait une image à ravir un peintre. Une lumière tendre et le léger flou du réveil la faisait ressembler aux petites filles qu’aimait peindre Renoir.

— Est-ce qu’il a dormi ? demanda-t-il.

Elle fit oui de la tête :

— Autant que vous. Je vais le réveiller… Votre ami Tom s’inquiète pour votre sécurité.

Tandis qu’il s’asseyait et se levait — cette fois souple et sûr de lui, à la manière des garçons de vingt-cinq ans, elle dit au Comte, dans leur langue de miel et de vin :

— È ora di alzarsi, tesoro.

Il vit la lumière et demanda :

— È reale ?

— Vous avez dormi longtemps, oui.

— Et Leo ?

Laura rit et lança un regard à Leonardo :

— Vous voyez ?

Il s’approcha :

— Je ne me mentirai plus, c’est juré. Bonjour, Comte, sourit-il.

— Artista ! Alors, vous aussi vous avez joué les marmottes ? Comment est-ce possible ?"

Il se leva et regarda Leonardo, constatant sur son visage les bienfaits que lui-même ressentait. Il se pencha pour prendre le T-shirt pendu à un cintre au pied de son lit, mais derrière lui Laura arrêta son geste, lui murmura quelques mots au creux de l’oreille et, tandis que Leo venait plus près, posa un baiser dans sa nuque.

Il frissonna et lui sourit.

Alors, elle s’éloigna, caressant l’épaule du peintre au passage et sortit.

Les deux amis se regardaient, intenses, immobiles.

« Je veux vous embrasser sans fumée interposée, murmura Leo.

— Vous oseriez ? défia le Comte.

— J’oserais bien plus, si vous le permettiez.

Un battement de paupières, il s’humecta les lèvres :

— Je…

Alors, Leo osa, couvrit les lèvres de son aîné tout en les dessinant du bout de la langue, la main droite sur sa joue. 

Girolamo tremblait un peu. Leo s’écarta pour reprendre l’échange de regard à regard :

— Nous irons jusqu’où vous voudrez, mais laissez-moi une chance, Rio. Un geste, un mot et je m’arrêterai.

— Rio ? Ça me plaît ! sourit le Comte.

— Ça fait trois mois que mes nuits vous appellent ainsi, à votre insu.

— Vous êtes Artista et Limone dolce.

— Citron sucré ? ça me va aussi !

Leonardo rayonnait, il fronçait un peu le nez à sa manière habituelle, celle qui accélérait le rythme cardiaque de Riario, à chaque fois.

— Je voudrais plus de votre opium sans fumée, Artista.

— Vous ne me le demanderez pas deux fois ! »

Cette fois, le Comte rendit un baiser plus ardent et ôta le T-shirt de Leo, impatient, le sang en révolution. Il voulait tout de et par ce garçon. Depuis des jours et des nuits. Il lui donnerait jusqu’à sa dernière goutte de sang, le dernier souffle d’air dans ses poumons.


Quand des sons inédits s’échappèrent de leur tente, un peu plus tard, Tommaso n’imagina plus un meurtre. Même lui ne pouvait s’y méprendre. Il lança au loin un sandwich à peine entamé et planta là Nico et Vanessa en bougonnant : « Et Dieu créa les enfers ! Merde ! On va avoir droit au nom de ce putain de psychopathe à chaque coin de phrase maintenant ! Fuck ! »

Les deux jeunes échangèrent un regard et étouffèrent leur rire… Une chose était certaine : au moins, Tommaso resterait Tommaso.


Ils n’ont pas toujours été amants, loin de là, mais il n’y a plus personne pour s’en souvenir. À l’esprit de tous, Leo et Girolamo sont, à jamais, les deux faces d’une même pièce... une pièce d'or.


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