Liz Stevens, l'énigme du phare

Chapitre 2 : Chapitre 1 - Attitude étrange

1634 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/04/2018 17:26

Chapitre 1 - Attitude étrange


Sur les côtes des Cornouailles anglaises, comme partout ailleurs sur le littoral, bon nombre de phares furent érigés il y a bien longtemps afin de prévenir les navires qu’une terre était proche. Le phare de Fetch Rock est l’un d’entre eux. C’est un phare de premier ordre (situé à environ soixante kilomètres de la côte). Selon l’intérêt des gardiens, il existe trois catégories de phare : les enfers, les purgatoires et les paradis. Les phares classés « enfers » sont situés en pleine mer. L’équipage est totalement coupé du monde. Il doit être autonome et faire attention à leurs réserves car selon la météo le ravitaillement pouvait prendre du retard. Les phares classés « purgatoires » sont situés sur une île à environ quarante kilomètres des côtes. L’équipage est moins isolé, il peut se rendre plus facilement sur terre pour se ravitailler. Les phares classés « paradis » sont des phares situés sur terre. L’équipage a donc une vie bien plus facile. De façon générale, les gardiens débutent leur carrière dans un enfer pour finir dans un paradis. Pour cela n’empêchait pas certains de rester toute leur vie en haute mer. C’est le cas d’Oliver Drake, le gardien principal du phare de Fetch Rock. Il veille sur le phare avec ses deux co-équipiers James Wolf et Robert Shaw, James étant le plus jeune.

 

Nous sommes en fin d’année d’études, au mois d’avril plus exactement. De son côté, la jeune brune suivait les cours avec à ses côtés Archibald. Le professeur faisait son cours sur les courbes de niveau. Les élèves étaient très attentifs Mais peut-être pas si attentifs que cela puisque la jeune femme reçu une boule de papier avec un message anonyme. « Vous échouerez mademoiselle Stevens ». La boule semblait provenir de la table de Richard Andrews. Liz se tourna donc vers lui et croisa son regard énigmatique. Il n’était pas haineux comme quelqu’un qui voudrait votre perte. Toutefois il n’était pas chaleureux non plus. Élisabeth n’aurait pas su lire dans son regard. Qu’était-il en train de penser en la fixant ainsi ? Elle montra le message à Archibald mais celui-ci lui conseilla de ne pas se laisser abattre. Monsieur Lewis savait qu’elle était capable de réussir ses épreuves. Il l’avait toujours appuyé et aidé à comprendre les leçons quand elle avait des difficultés. Vers la fin du cours, les lieux de stage furent attribués aux élèves. Ceux-ci furent très éparpillés sur le continent. Archibald Lewis fut affecté à Haddington sur la côte est de l’Écosse. Richard Andrews se retrouva à Newcastle Upon Tyne, bien plus au sud en Angleterre. Quant à Élisabeth, elle fut mutée à Trewarthan dans les Cornouailles anglaises, là où un homme de haut rang aurait refusé de s’y rendre. La Cornouailles est une région campagnarde et elle est populaire pour son exploitation minière. Un homme d’affaire pourrait certes être intéressé pour les profits pouvant être faits, mais il préférera gérer l’affaire de loin. La cloche sonna et les élèves sortirent de la salle. Archibald et Liz discutèrent en marchant dans le couloir extérieur. Le ciel était bien dégagé et le soleil illuminait la cour verdoyante.

 

« Je suis vraiment navrée qu’on vous ait envoyé aussi loin Archibald, avoua Liz l’air embêté.

- Ne le soyez pas Liz, je ne le suis pas, répondit-il en souriant. J’ai de la famille à Edimbourg. Cela me fera une occasion de les voir.

- C’est une belle occasion en effet. Moi je ne connais personne à Trewarthan. Je suis certaine qu’on m’a envoyée là-bas pour me décourager davantage.

Un homme brun aux yeux sombres passa à ce moment-là tout en regardant Élisabeth de façon tout aussi énigmatique qu’en cours. Mais Richard n’adressa aucune parole et poursuivit son chemin.

- J’ignore pourquoi il me regarde de cette façon. Je suis sûre que le message venait soit de lui soit d’un de ses acolytes.

- De lui… Franchement je ne saurais vous répondre. J’avoue que je ne le reconnais plus depuis un moment.

- Je n’ai pas vraiment compris ce qu’il s’était passé entre vous. Vous m’aviez pourtant dis que vous étiez bons amis.

- Oui nous l’étions depuis longtemps. Mais lorsque nous sommes entrés à l’école de cartographie, notre relation s’est détériorée. Il est devenu plus distant, il me parlait peu. Et quand je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a reproché de cirer les bottes des enseignants.

- Je n’ai en rien remarqué cela de votre part, assura Liz.

- Je le sais. Je le soupçonne d’avoir menti. Il ne veut pas me révéler la véritable raison. Et cela l’ennuie beaucoup.

- À quoi le voyez-vous ?

- Il vous a parlé de ses réussites à plusieurs reprises.

- Oui afin de me rabaisser davantage. Et je vous rappelle qu’il vous méprise tout autant. Je n’ai pas apprécié ce qu’il a dit la dernière fois devant la cafétéria.

- Que je jouais de mes relations ? Oh ce n’est que de la jalousie, rien de bien méchant.

- Oui mais j’ai été mal à l’aise pour vous, insista Liz.

- Il nous regarde souvent en cours, surtout vous.

- Cela ne lui plaît pas que je fasse partie de la promotion. Vous le savez aussi bien que moi.

- En effet mais je soupçonne autre chose.

- Ah et quoi donc ?

- Je ne suis pas encore sûr alors je préfère ne pas m’avancer.

- Quoi qu’il en soit, je trouve qu’il est très injuste envers vous. J’espère que je vais savoir quoi faire dans les Cornouailles.

- Ne vous inquiétez pas. Avec les va-et-vient de la mer, les cartes du littoral ont souvent besoin d’être renouvelées. Les Cornouailles ne sont pas si déplaisantes que cela. Tout du moins si on aime prendre du bon temps, c’est un bon endroit pour se ressourcer. »

 

Liz regarda autour d’elle les plantes qui décoraient la cour. Il est vrai qu’elle n’avait pas réellement envie de se rendre aux Cornouailles mais peut-être que le tableau n’était pas si noir qu’elle le croyait. Les élèves devaient partir à la fin du mois pour se rendre à leur lieu de stage soit en train, soit en bateau. Ils devront y rester pendant un mois. Quelques jours plus tard, Élisabeth était dans sa chambre dépourvue de personnalisation. Les murs étaient tapissés de rayures beige et marron. Il n’y avait qu’un lit avec des draps de couleur écrue, une table de bois clair avec une chaise et une grande armoire. Elle préparait ses bagages pour le voyage. Elle partait le lendemain matin. Liz plia ses robes de façon très minutieuse de manière à ne pas avoir de faux plis. Une valise suffirait pour ses vêtements car lors de sa dispute avec son père, celui-ci lui laissa peu de temps pour déguerpir et ce malgré les oppositions de sa mère. Le fait de repenser à cet instant lui causa bien du chagrin. Liz ne put retenir ses larmes. Elle posa ses mains sur le visage comme pour cacher une certaine honte. Lorsque sa peine fut passée, elle se dirigea vers une porte située en face de son lit et entra dans la petite salle de bain. Élisabeth se regarda dans le miroir. Son visage était rougit par les pleurs, son maquillage avait un peu coulé. Bien sûr qu’elle voulait devenir une femme cartographe mais elle était loin de s’imaginer que son père allait entrer dans une telle colère. « Tu m’as désobéi Élisabeth, alors quitte cette maison sur-le-champ » lui avait-il dit. « Tu entends ?! Prends tes affaires et fiche le camp !! Je te donne quinze minutes pour filer d’ici et en vitesse !! » C’étaient les dernières paroles que son père lui avait adressées. Liz se démaquilla et se passa de l’eau sur le visage tout en essayant de se reprendre. Archibald était au courant de son altercation avec son père. Il lui avait répondu qu’il le regretterait bien amèrement plus tard, même si sa fierté l’empêchera de l’admettre. Il commençait à se faire tard. Liz était en train de lire une nouvelle avant de se mettre au lit. Lorsque ses yeux se mirent à picoter, elle posa son livre sur la table et éteignit la lumière. L’interrupteur était près de la porte d’entrée. Pour rejoindre le lit, il fallait avancer à l’aveuglette dans le noir en espérant ne pas se cogner le pied en arrivant. La jeune femme se glissa dans son lit et ne tarda pas à s’endormir. Elle n’avait pas remarqué que quelqu’un se tenait de l’autre côté de la porte. Le jeune homme s’abaissa, glissa une enveloppe blanche sous la porte et s’en alla aussi silencieusement qu’il est venu.

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