Liz Stevens, l'énigme du phare

Chapitre 9 : Épilogue

Chapitre final

2172 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/08/2018 19:23

Épilogue


À la fin du stage de pratique, Liz Stevens rentra enfin à Londres. Cela lui avait fait le plus grand bien de revenir dans sa ville. Archibald était arrivé la veille et il l’attendait sur le quai. Seulement il avait une surprise pour son amie. La jeune londonienne descendit du wagon, portant ses bagages. Archibald arriva vers elle, la salua et l’aida à les porter. Liz était très contente de le revoir, lui aussi mais il lui demanda de regarder attentivement devant elle. Surprise, Liz scruta la scène qui se déroulait sous ses yeux. Beaucoup de gens marchaient à vive allure, d’autres étaient regroupés et discutaient. De la fumée provenant de la cheminée de la locomotive troublait un peu la vision. Mais au bout d’un moment, elle parvint à distinguer des visages familiers. Ils la regardaient d’un air content et craintif à la fois. Ses yeux s’écarquillèrent et Liz ressentit une chaleur l’envahir, comme un certain apaisement. Toutefois la jeune femme resta inerte, se demandant si elle ne rêvait pas. Allait-elle marcher vers eux ? Sa mère l’espérait tellement et son père encore plus bien qu’il avait peu d’espoir. Liz se tourna vers Archibald et le regarda d’un air interrogateur.

- Je suis allé les voir à mon arrivée. L’article dans le journal les avait complètement bouleversés. Ils étaient très inquiets pour vous, se contenta-t-il de dire.

- Merci beaucoup, lui dit-elle la gorge serrée.

Archibald ouvrit le bras vers ses parents.

- Ils n’attendent que vous Liz.

Élisabeth se tourna à nouveau vers ses parents. Elle s’avança doucement vers eux. Archibald resta en retrait pour le moment. Sa mère était si émue qu’elle ne put s’empêcher de laisser couler ses larmes. Plus les parents voyaient leur fille s’approcher, plus ils ressentaient un poids sur l’estomac. Liz le ressentait elle aussi. Elle se tenait devant eux à présent. Sa mère lui sourit, son père la fixait se questionnant sur sa véritable présence. L’atmosphère était insoutenable pour la mère alors elle brisa le silence.

- Nous avons eu si peur pour toi Liz, commença-t-elle en la prenant dans ses bras. On a vraiment cru au pire.

La mère retira son étreinte et constata que Liz pleurait silencieusement. La jeune fille regarda son père qui n’avait encore rien dit. Était-il encore fâché après elle ? « Dis quelque chose enfin ! » lui dit sa femme. Mais il ne répondit rien, du moins pas pour le moment. Il s’approcha de sa fille et la serra fortement dans ses bras.

- Je te demande pardon Liz, lui dit-il rouge de honte. Je te demande pardon.

Élisabeth ne sut quoi répondre. Jamais elle n’aurait pensé que son père regretterait un jour ses paroles. Il relâcha son étreinte.

- Je n’aurais jamais dû te dire des mots aussi blessants. Tu es ma seule fille. Je t’aime. Pardonneras-tu ton imbécile de père ?

Élisabeth se contenta d’acquiescer. Ses parents lui avait tant manqué. Elle avait tellement attendu ce jour mais elle était persuadée qu’elle espérait vainement.

- Rentrons à la maison maintenant, suggéra le père. Monsieur Lewis !

- Oui monsieur Stevens ? répondit Archibald en s’avançant.

- Vous êtes mon invité. Joignez-vous donc à nous.

- Avec grand plaisir.

- Venez ma bien-aimée. Vous n’aurez pas à cuisiner ce midi, nous irons au restaurant.

Les quatre personnes quittèrent la gare et se dirigèrent vers la voiture de monsieur Stevens. Ce dernier ouvrit la porte pour que sa femme puisse monter. Archibald mit les valises dans le coffre pet ouvrit la porte arrière gauche pour Liz. Monsieur Stevens se mit au volant et démarra après qu’Archibald soit monté également. Pendant le trajet, monsieur et madame Stevens posèrent beaucoup de questions à leur fille au sujet de son parcours à l’école académique. Comment s’en sortait-elle ? Était-elle confiante pour l’examen ? Mais du fait de son aventure au phare, Liz avait peur de n’avoir pas pu réaliser une carte convenable pour son passage à l’oral. Mais ses parents avaient confiance en elle et l’encouragèrent du mieux qu’ils purent.

 

Pendant ce temps, Richard expliquait le déroulement de son voyage à son père. Debout devant son bureau, il raconta comment il s’était débrouillé pour réaliser une carte convenable. Il était comme un élève qui parlait à un proviseur assiégé à son bureau. Le rapport de son fils semblait satisfaire Monsieur Andrews Senior. Toutefois ce dernier ne put s’empêcher d’ajouter une remarque qui, au premier abord, ne devait pas toucher son fils.

- Je suis certain que tu seras le premier de cette promotion. Une belle place t’attend. Ce n’est pas encore cette année qu’on aura une femme cartographe.

Richard sembla insensible durant quelques secondes, puis il fronça les sourcils.

- Cela vous dérangerait-il que Mademoiselle Stevens réussisse ses examens ?

- Mademoiselle Stevens se rendra très vite compte qu’elle n’a pas sa place à l’académie royale Richard.

- Qu’en savez-vous ? rétorqua sèchement Richard. Savez-vous au moins de quoi est capable Mademoiselle Stevens ?! Vous n’en savez rien père ?!

- Mon garçon, que se passe-t-il ? s’étonna le père. Aurais-tu peur de cette femme ? Mais enfin tu es un homme, tu es bien plus capable qu’elle !

- Non je n’en ai pas peur. Mais vous m’avez empêchez de l’apprécier comme je l’aurais voulu.

Il y eut un moment de silence.

- Oh je vois. Elle a réussi à te détourner de ton objectif par la séduction !

- Non ! Vous m’avez fait perdre un ami ! Et vous m’avez fait rater l’occasion de trouver celle qui m’était peut-être destinée !! Et pour quoi ? Une place à l’académie ? Je n’ai que faire de cette place ! Confiez-la à qui vous le souhaitez mais je n’en veux pas !

- Mais après avoir obtenu cette place, tu pourras avoir une femme bien plus prestigieuse que cette Mademoiselle Stevens ! Que fais-tu de l’honneur de la famille ?!

- Si c’est cela qui vous inquiète père, alors rayez-moi de votre famille. Elle ne sera plus déshonorée.

- Cela je ne le peux Richard. Suis-je devenu si avide de notoriété ? Très bien, je veux bien reconnaître une erreur quand j’en fais une. Mais cette fille, t’aime-t-elle en retour ?

- Comment puis-je le savoir ? Je n’ai même pas pu l’approcher sans être vraiment honnête avec elle. Je ne lui en voudrais pas si elle me détestait car c’est ce que je mérite.

Richard se retourna et s’éloigna du bureau.

- Richard, où vas-tu ?!

- Prendre l’air !

Le jeune homme sortit du bureau de son père. Il n’était pas vraiment satisfait de l’entrevue qu’il venait d’avoir. Certes il avait dit à son père ce qu’il avait sur le cœur, mais il espérait plus de lui. Là rien, pas même la moindre excuse de sa part. Comment peut-on être aussi égocentrique et aussi borné ?? Mademoiselle Stevens ne voudra certainement pas le revoir après la remise des diplômes. En se promenant, Richard vit le véhicule de Monsieur Stevens. Liz avait eu tout juste le temps de croiser son regard. Avait-elle lu la lettre ? Sûrement. Liz était curieuse de nature.

 

Quelques semaines plus tard, après que tous les élèves eurent défendu leur dossier à l’oral, le jour des résultats arriva. Le classement des trois premiers élèves fut le suivant :

1 - Archibald Lewis

2 - Richard Andrews

3 - Ronald Layplon

Archibald était désolé pour son amie. Élisabeth était arrivée en quatrième position dans le classement. Mais il la rassura en lui disant que c’était une très belle réussite pour elle. La jeune femme fut de son avis. Monsieur Andrews s’était contenté de regarder l’affichage, le classement puis de s’en aller de façon furtive. Il préférait ne pas s’attarder dans les environs. Liz en avait assez de le voir la fuir sans arrêt alors elle le rattrapa sans mal. Archibald la vit, d’un regard amusé, l’abandonner sans lui manifester le moindre procès.

- Monsieur Andrews ! S’il vous plaît, attendez ! lui cria-t-elle.

L’homme ralentit son pas et fut rapidement rejoint par la demoiselle. Il se tourna vers elle.

- Pourquoi partez-vous comme cela ?

- Je suis désolé. Félicitations, vous êtes arrivée quatrième. C’est un exploit pour une femme. Vous féliciterez Archibald de ma part, poursuit-il en s’éloignant.

- Et c’est tout ce que vous avez à dire ? Vous comptez encore me fuir longtemps comme cela ?

- Que voulez-vous dire ?

- Vous m’écrivez une lettre où vous vous confiez pour la première fois depuis notre rencontre. Avez-vous eu une discussion avec votre père ? Qu’en est-il ?

- Oui, j’ai parlé à mon père... Je compte partir d’ici.

- Pour aller où ? demanda prestement Liz.

- À Newcastle Upon Time. J’ai un point d’attache là-bas et j’ai des chances de trouver un poste assez facilement grâce à l’appui de Monsieur Bather.

- C’est si loin. Vous quittez votre famille comme cela ? Je suppose que votre entrevue avec votre père s’est mal passée. Je suis vraiment navrée.

- Vous n’avez pas à l’être. Vous n’avez rien fait pour provoquer cela. J’ai pris ma décision et je ne compte pas en changer.

- Pourrions-nous au moins garder le contact ? Je sais que vous n’avez pas un mauvais fond. Comptez-vous correspondre avec vos relations.

- Quelles relations ? Des hommes qui se croient supérieurs aux autres sous prétexte qu’ils travaillent à l’académie royale ? Je n’en veux pas. Monsieur Bather, bien qu’il soit raffiné, est beaucoup plus simple que cela. Il se fiche de la renommée. Il a grimpé les échelons tout en restant humble. J’aimerais suivre son exemple.

- Vous nous oubliez nous. J’aurais voulu vous connaître autrement. Et Archibald regrette votre amitié.

- Il est trop tard maintenant.

- C’est vraiment ce que vous croyez ?! s’énerva Liz en tapant du talon. Arrêtez de vous voiler la face Monsieur Andrews ! Je sais ce que vous ressentez vis-à-vis de moi ou même d’Archibald. Vous avez été remarquable au phare. Ne croyez pas que cela ne signifie rien pour moi !

- J’ai besoin de prendre du recul. Je vous ai fait souffrir autant qu’un autre misogyne. Je veux bien garder le contact avec vous si vous le désirez. Au revoir Mademoiselle Stevens.

 

Richard Andrews s’éloigna sans lui laisser le temps de répondre. Archibald s’avança vers Liz. Elle lui avoua qu’elle ne comprenait pas sa réaction. Il lui expliqua que Richard était quelqu’un de très discret qui avait tendance à s’effacer à la moindre occasion. Sans doute que ses sentiments étaient sincères. La lettre n’était pas un subterfuge. Mais parfois les gens ont besoin de s’éloigner quelques temps pour faire le point. Reviendra-t-il à Londres ? Archibald l’ignorait. Ce n’était pas les habitudes de Richard de plier bagage de la sorte. Les deux jeunes gens rentrèrent chez eux. Liz annonça la nouvelle à ses parents qui étaient très fiers de leur fille. Après plusieurs candidatures envoyées, la jeune londonienne trouva un poste à Blaydon, une ville située non loin de Newcastle Upon Time. Un jour Liz et Richard se croisèrent. Le regard étonné de Richard, attablé sur la terrasse d’un café, amusa la jeune femme. Elle s’approcha et entama la discussion comme s’il était un vieil ami. C’est en se remémorant quelques instants à la fois drôles et embarrassants qu’ils finirent par se rapprocher davantage.


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