L'enquête de la Wammy's House

Chapitre 1 : Les faits et les enquêteurs

1294 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/01/2021 15:43

Wammy’s House, Salon principal, mercredi 16 janvier 1999, 17h26

 

Ils avaient treize, quatorze, dix-sept et dix-neuf ans. S’appelaient respectivement R, V, O et L. Enfin, ils ne s’agissaient pas réellement de prénoms, mais plutôt de noms de code. Ils étaient jeunes, mais dans l’orphelinat de la Wammy’s House se trouvaient des enfants spéciaux. Ces quatre-là faisaient partie de la catégorie « Génie ».

R, le plus jeune, maniait mieux les armes que beaucoup d’adultes, il était également culturiste et adorait en particulier les sports de combat. Il avait tout de l’enfant soldat. Le corps à corps ne lui faisait pas peur et cela lui avait valu le surnom de « Rocky » en référence au célèbre boxeur, qui apparaissait d’ailleurs dans son film préféré. En raison de sa force et ce malgré son jeune âge, R se faisait respecter de tous et il avait ainsi déjà créé un réseau dont certains membres faisaient probablement partie de la mafia. Il frappait sans craindre la douleur, étant donné que depuis son plus jeune âge une analgésie congénitale le touchait. R était donc craint et respecté grâce à ses capacités physiques hors-normes.

Le comportement de V s’opposait totalement à celui de R, elle était une jeune fille douce et attentive. Tous l’adoraient et elle adorait tout le monde. À elle seule, elle avait plus d’amis que tous les autres enfants de la Wammy’s House réunis. Et parmi ses amis, les trois quarts répondraient certainement à chacune de ses demandes sans poser de questions. Même la défunte princesse Lady Diana se faisait moins respecter qu’elle. Elle pourrait d’ailleurs certainement entrer dans la famille royale sans aucun souci si elle le souhaitait. V était donc redoutable grâce à ses relations.

O ne restait pas, elle non plus, sur le banc de touche. Cette jeune femme avait pour don incroyable de s’intégrer parfaitement dans tous les milieux où elle allait, en tirant les informations les plus importantes sans se faire démasquer. À dix-sept ans, elle avait donc un palmarès impressionnant de voleuse et de fouineuse. Selon la loi, O était considérée comme une malfaitrice, mais finalement elle faisait le mal seulement dans les endroits où il régnait déjà. De loin, O semblait timide, mais elle s’interdisait seulement toutes relations humaines pour mieux exercer son don.

Le seul contact que O s’autorisait était avec L, le plus étonnant des jeunes gens de la Wammy’s House. Il agissait déjà pour Interpol, où ses talents étaient souvent requis. L possédait en effet une capacité d’analyse hors du commun. Il résolvait les enquêtes les plus ardues et les plus dangereuses. Personne en dehors de la Wammy’s House n’avait pu voir son physique étonnant de par sa courbure du dos et son teint blafard montrant qu’il ne sortait que très peu, passant la plupart de son temps devant son ordinateur pour pénétrer les entrailles du web et résoudre les affaires les plus sombres.

 

Les quatre jeunes génies étaient donc regroupés pour la première fois dans le salon principal de la Wammy’s House, se demandant pourquoi ils avaient été appelés si urgemment. Aucun ne se parlait quand Watari entra. R faisait craquer méticuleusement chacune de ses phalanges, V s’observait discrètement dans le reflet de la fenêtre, O s’était installée tranquillement dans un fauteuil au fond de la pièce et L finissait son rapport en tapant rapidement son verdict sur la dernière enquête qu’il venait de résoudre. Aucun ne leva le regard lorsque la porte que Watari venait d’ouvrir grinça. Ce n’était pas par manque de respect, mais plutôt parce que chacun savait que tout le monde analysait tout le monde dans cette pièce. Bien que l’éducation que ces enfants avaient reçu à la Wammy’s House ait été complète, la méfiance restait la leçon qu’ils avaient le mieux retenue.

Watari se racla la gorge et finalement quatre paires d’yeux le fixèrent.

- Watari, déclara finalement V, que se passe-t-il ? Quelque chose de grave s’est produit, n’est-ce pas ?

- Oui, V, c’est bien cela. Et j’ai besoin de vous quatre.

- Tu veux qu’on travaille ensemble ? demanda R d’un air dégoûté.

- Non, mais j’ai besoin de mettre toutes les chances de mon côté pour résoudre cette affaire et vous êtes les quatre meilleurs éléments de cet établissement.

- Tu parles de cette affaire, j’imagine, fit soudainement L en fermant son ordinateur portable.

- Oui, j’imagine que tu as déjà lu mon rapport et celui de la police.

- Vous pouvez partager ?! s’impatienta R.

- Ecoutez-moi vous quatre. Je sais que vous avez d’autres affaires à gérer en ce moment. Mais je vous demande pour la toute première et certainement la dernière fois de tout arrêter. Cette enquête-ci ne vous sera pas si lointaine et si étrangère, elle aura lieu au sein même de la Wammy’s House.

- Ici ? s’inquiéta V.

- Oui, ma chère. Ici. S et T ont été retrouvés dans un état pitoyable.

Watari posa des photos sur la table basse du salon, O daigna finalement s’approcher. À la vue des photos, V poussa un cri d’horreur. En effet, ce n’était pas la plus belle chose à voir. Les deux enfants de sept ans se trouvaient l’un à côté de l’autre, attachés, les yeux brûlés et la gorge tranchée. R cogna du poing sur la table pour montrer son mécontentement. V pleurait à chaudes larmes, elle avait été proche de ces deux enfants. L, lui, avait pris une photo entre ses mains frêles et l’analysait déjà. O s’approcha de Watari et chuchota de manière à ce que lui seul entende ce qu’elle avait à dire.

- Watari, c’est ma chambre. Ces enfants se trouvent dans ma chambre.

- Oui, O. Après ton départ de la Wammy’s House, il y a six mois, ta chambre est restée inutilisée. Fermée à clé. C’est pour cela qu’on a mis du temps avant de les retrouver. C’est l’odeur qui a alerté un des enfants. Toi seule avais la clé, je ne touche pas à celle que j’ai, comme promis, on a donc défoncé la porte.

- La fenêtre était brisée ? demanda L.

- Non et il n’y a aucune trace d’effraction.

Watari observa O qui avait pris en main sa clé. L dit finalement tout haut ce que tout le monde pensait tout bas :

- O est donc la première suspecte.

La jeune femme ne chercha pas à se défendre. Elle savait qu’elle n’avait rien fait et Watari aussi en était persuadé. C’était donc pour cela qu’il l’avait appelée.

- J’ai donc besoin que vous résolviez l’enquête au plus vite. Peut-être que d’autres enfants de l’orphelinat sont en danger.

- Qu’est-ce qui nous pousserait à accepter ? demanda L avec nonchalance.

- Vous savez que je peux vous trouver les meilleures enquêtes, les meilleurs jobs avec les meilleurs salaires. Si vous réussissez, vous serez à jamais dans mes contacts.

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