Victime

Chapitre 7 : Vérité

5065 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/01/2019 17:04

Je le dévisageai intensément. Light était le prédateur qui venait de piéger sa proie. Comme si une cage s'était finalement refermée sur moi. J'étais coincée et je n'avais aucune échappatoire. J'essayai de garder la bouche fermée, de serrer les dents. Mes lèvres en tremblèrent. Light ricana de ma résistance. Il reposa lentement sa question une deuxième fois. Où était mon Death Note ? Je n'arrivais plus à rester muette. À contre cœur, les mots commencèrent à sortir de ma bouche.


-Il est dans ma.. dans ma.. chambre.


-Je suis sûr que tu aimerais demander de l'aide à quelqu'un pour le cacher de ce Light, m'affirma t-il. Je peux t'aider, mais il faudra que tu me précises où dans ta chambre.


Je basculai ma tête en arrière, espérant qu'il arrête son interrogatoire. J'étais énervée contre moi-même de m'être faite avoir aussi facilement. Je tapai du pied. Je me battais réellement pour ne pas lui révéler toute la vérité. Malheureusement, en vain. Quelques instants plus tard, je continuai à entrer dans son jeu.


-À l'intérieur de mon.. de mon..


À bout de patience, il se leva puis m'attrapa par la gorge. Il m'étrangla tellement fort que j'avais du mal à respirer. Son geste me faisait encore plus tourner la tête. J'avais l'impression de pouvoir m'évanouir d'une seconde à l'autre. Au même moment, la porte se déverrouilla d'un seul coup. Le choc était tellement violent qu'elle claqua contre le mur. Ryuzaki, le pied levé, venait littéralement de la défoncer. Light me lâcha, sourire mesquin aux lèvres. Je retombai complètement sur mes genoux. Les mains dans les poches, Ryuzaki s'avança vers Light. Sans lui laisser le temps de réagir, il écrasa son poing dans le visage du brun. Je me relevai maladroitement pour les séparer. Malgré les tentatives de défense de Light, il abandonna rapidement puis quitta la pièce.


-Attends, ne pars pas ! criais-je. 


Je manquai de trébucher. Ryuzaki me rattrapa de justesse. Light ne devait pas partir. Il allait tout découvrir. Ryuzaki enroula son bras autour de ma taille pour m'aider à marcher. Malheureusement, je n'arrivais même plus à tenir sur mes jambes. Voyant que je n'irai certainement pas plus loin, il passa son bras sous mes jambes avant de me soulever. Son visage était tellement près. Ryuzaki paraissait d'habitude tellement fébrile que le voir me porter m'étonnait. Dans un silence de plomb, je le laissai m'emmener là où il le désirait.


À l'extérieur, il y avait un petit bâtiment rempli de matériel de sport. Il me déposa délicatement sur un des tapis de gym. Pour une raison que j'ignore, je me relevai aussitôt. Je me précipitai vers la porte pour sortir. Ryuzaki me retint par le poignet. Je devais partir, je devais rentrer chez moi. Pourquoi ? C'était une question qui m'immobilisa complètement. Quelques minutes plutôt, j'étais accompagnée de Light. Je me rappelai à peine de notre conversation, seulement de quelques passages qui restaient encore encrés dans ma mémoire. Je regardai vivement autour de moi. Je retournai mon sac pour faire tomber ce qu'il y avait à l'intérieur.


-Emi, qu'est ce que tu fais ? me demanda Ryuzaki perdu.


J'attrapai le feutre de tout à l'heure. J'enlevai rapidement le capuchon avant de le jeter. Je levai mes bras, commençant à écrire les mots que je ne devais pas oublier. Verre. Light. Cahier. Vérité. Questions. Endroit. Je dirigeai le feutre vers ma poitrine. Misa. Équipe. Cahier. Contrôle. Je dessinai des flèches, des points d'interrogations et des croix. Ryuzaki m'observait tout en clignant des yeux, plus que dubitatif. Je lâchai le feutre, me demandant soudainement pourquoi est ce que je venais d'écrire tout ça. Mes mains tremblèrent. Je me retournai lentement vers Ryuzaki. Je me rappelai subitement de tous les événements. Cette fille, l'invitation, le jeu. La colère bouillonna à l'intérieur de moi. Je me jetai soudainement à son cou avant de lui crier en pleine figure.


-Pourquoi est ce que tu m'as laissé de côté ? Pourquoi est ce que tu es venue avec cette fille et pas avec moi ? Tu l'as embrassé devant moi comme si c'était normal ! Tu aimes tant que ça me faire souffrir ? Au fond, tu sais très bien ce que je ressens pour toi ! Tu en joues, et sans jamais me donner de réponse claire !


Il resta d'abord silencieux tandis moi je réalisai ce que je venais de dire. Je me touchai le front en fronçant les sourcils. Cette drogue faisait encore effet sur moi. Tout ce que je pensais, ce que je gardais pour moi, je venais de tout lui déballer. Je reculai lentement, honteuse. Je trébuchai à cause du tas de tapis derrière moi. Je tombai dessus, cachant mon visage avec ma main. J'avais envie de pleurer. Qu'est ce qu'il allait penser de moi maintenant ? Un poids s'écrasa soudainement sur le tapis à côté. Couché à son tour, Ryuzaki fixait le plafond. Je tournai la tête, légèrement rouge. Je venais tout de même de pratiquement me déclarer.


-Tu es tellement facile à lire, soupira t-il. Il n'y a qu'à regarder ton visage.


-De quoi est ce que tu parles ? grognais-je.


Il m'expliqua que n'importe qui pourrait voir que je m'étais forcée à aller vers Light. Si il s'était éloigné de moi et avais invité cette fille, c'était pour rendre la chose plus crédible. Il m'avait donc intentionnellement énervé pour que je me rapproche du brun. Il n'avait pas voulu me prévenir car encore une fois, mes sentiments m'auraient trahi. Il disait que c'était ma faiblesse. Autrement dis, ma faiblesse c'était lui.


-Je suis sûr que grâce à moi, tu as pu découvrir ce que Light te voulait.


-J'ai l'impression d'être Misa, murmurais-je à moi-même.


J'essayai de fuir le sujet à ma manière. J'exprimais aussi en même temps le fin fond de ma pensée. Misa obéissait aux ordres de Light. Elle faisait tout pour lui faire plaisir. Elle se laissait manipuler. J'étais aussi le pantin de Ryuzaki. Il me manipulait pour découvrir le secret de Light. Et Light manipulait Misa pour protéger ce même secret. Je n'étais pas du tout digne d'avoir un Death Note. J'avais parfois l'impression que ce n'était plus moi contre Light mais Ryuzaki contre lui. Ryuzaki se redressa avant de se pencher du côté. Il attrapa le feutre noir que j'avais fait tombé tout à l'heure.


-Pourquoi est ce que tu as le feutre de Colin ?


Mon cœur loupa un battement. Je me retrouvai un instant déstabilisée. Ryuzaki connaissait ce garçon. Sans que je ne lui pose la question, il m'indiqua qu'il aimait beaucoup la musique qu'il produisait. Une infime peine me submergea. Il allait bientôt découvrir que Colin ne faisait plus partie de ce monde. Cependant, avec ce feutre, il savait maintenant que je l'avais vu dans la soirée. Je pouvais toujours inventer que je l'avais trouvé par terre. Mais ce n'était pas très crédible. Et ce n'était pas de ce sujet que je voulais parler. Prise d'une soudaine audace, je poussai Ryuzaki en arrière pour me mettre sur lui. Il commença à scruter chaque passerelle de ma peau, lisant les mots que j'avais écris sur mes bras.


-Donne moi une réponse, maintenant !


-Une réponse ? répéta t-il.


-Arrête de jouer l'innocent ! Est ce que je dois abandonner l'idée de sortir avec toi et me trouver quelqu'un d'autre ? Où alors est ce que je peux encore avoir de l'espoir ?


J'étais bien consciente qu'il pouvait me mentir pour me garder sous la main. Sans oublier qu'il voulait définitivement savoir la raison de Light. Je crois que cette situation me convenait. Tant que je pouvais rester auprès de lui, il pouvait m'utiliser de la façon dont il souhaitait. J'aimais tellement ce garçon que je pourrais même lui donner le Death Note. Je fronçai sévèrement les sourcils de ma propre stupidité. La drogue de Light me faisait encore penser n'importe quoi.


-Je ne peux pas te donner de réponse, m'affirma t-il, car peu importe ma décision, j'ai peur de la regretter.


-Alors quoi ? demandais-je irritée. Je dois attendre ? Drôle de façon de me garder comme plan de secours.


-Emi, m'interpella t-il plus sérieusement. Je pensais avoir mal vu tout à l'heure mais, qu'est ce que c'est ?


Son doigt pointa ma poitrine, plus précisément quelque chose qui en dépassait. J'essayai de cacher ma panique. Ryuzaki pouvait voir le morceau de mon Death Note. Il n'était plus qu'à quelques centimètres de le toucher. Je me reculai rapidement, le recachant rapidement à l'intérieur de ma robe. Comme excuse, je lui racontai que sur ce bout de papier était écris quelque chose destiné pour lui. Étant donné que je n'avais eu aucune occasion de lui parler, je voulais lui faire passer un message indirectement. Sur le moment, je trouvais cette excuse un peu stupide. Cependant, je devais répondre vite et c'était la seule chose que j'avais trouvé.


-Qu'est ce que ce mot disait ? me questionna t-il intéressé. Montre-le moi.


-Oh non, ricanais-je nerveusement, je ne peux pas faire ça.


Comme pour me rassurer, il déposa sa main contre ma joue. Je me transformai littéralement en tomate. Est ce qu'il essayait encore une fois de me manipuler ? Ça me faisait mal au cœur de me l'avouer. Le pire c'était certainement qu'il obtiendra toujours ce qu'il désirait. À ma plus grande surprise, il rapprocha seulement mon visage du sien. Un peu rapidement, il m'incita à poser ma tête contre son torse. Son cœur battait tellement vite. Ce geste me réchauffa tellement de l'intérieur que mon corps décida de complètement s'endormir.


Je me réveillai en pleine nuit. J'avais en face de moi un plafond que je ne connaissais pas. Je me redressai subitement. Ce n'était pas ma chambre. Je n'étais venue ici qu'une seule fois mais j'étais pratiquement sûre que c'était celle de Ryuzaki. Je baissai la tête pour toucher les draps. J'étais actuellement dans son lit. Je m'enroulai rapidement dans les couettes, plus que rouge. Est ce que j'étais entrain de rêver ? Je balançai mes jambes pour me relever. Je repensai soudainement à la soirée. Je me dirigeai vers le miroir près de la porte. J'avais toujours ma robe, les traces de feutre sur mes bras et le morceau du cahier. Pourquoi est ce que je n'étais pas chez moi ? Pour une raison ou une autre, il n'avait certainement pas pu me ramener. Je regardai soudainement autour de moi. Je me sentais seule, terriblement seule. Quelque chose n'allait pas. Quelqu'un manquait à l'appel. Est ce que Light avait réussi à me voler le Death Note ? C'était plus qu'une évidence à présent.


-Ryuk, l'appelais-je en sanglotant. Où es-tu ? Reviens.. je ne veux pas être seule.


Je me recroquevillai dans un coin de la pièce. D'habitude, je n'avais cas regarder derrière moi pour savoir qu'il était là. Je n'aurai jamais imaginé que sa présence pouvait autant avoir un impact sur moi. J'avais beaucoup perdu aujourd'hui. Le Death Note, Ryuk, Light, ma fierté. Du moins important au plus important. Une larme tomba. Je la regardai couler le long de mon bras. Je pouvais encore faire quelque chose, déchiffrer ce que j'avais voulu me faire comprendre. Je ne me rappelai de rien. Ma mission était de découvrir la vérité avant que le soleil ne se lève, avant que Light ne décide de me tuer.


Je me réveillai le lendemain, plus que fatiguée de la nuit que j'avais traversé. Avachie sur le lit, je me tournai du côté. Je voulais dormir un peu plus longtemps. Les rayons de soleil qui tapaient sur mes paupières me disaient que la matinée était largement passée. Soudain, quelque chose bougea. Comme une présence, j'avais l'impression que quelqu'un était allongé à mes côtés. J'étais dans la chambre de Ryuzaki. Cette personne ne pouvait être que lui. Sans prendre la peine d'ouvrir les yeux, je l'enlaçai avant de coller ma tête contre son torse. Sourire aux lèvres, j'appréciai ce moment. Cependant, un détail clocha. Ce n'était pas du tout le physique de Ryuzaki. Lui semblait légèrement plus musclé et moins mince. Je déplaçai ma main vers son visage puis ses cheveux. Ils atteignaient pratiquement la hauteur de ses épaules.


-Lâche-moi ou je te bute.


Cette voix cassante, elle me rappelait étrangement quelqu'un. Un objet se colla contre mon front, une fois de plus. Agacée, j'ouvris rapidement les yeux. D'un bond, je tombai de l'autre côté du lit. Croquant son chocolat, comme à son habitude, Mello était entrain de m'observer ou plutôt me surveiller. Depuis quand était-il là ? Je me relevai timidement, cachant par la même occasion ma poitrine. J'étais toujours en robe et je ne souhaitais aucunement qu'il en profite pour regarder. La dernière fois que j'étais venue, il m'avait dis que je n'étais pas du tout féminine. Il n'avait qu'à rester sur cet avis.


-J'ai insisté pour que tu dormes nue mais Ryuzaki n'a pas voulu, râla t-il.


-C'est quoi cette manie de toujours me vouloir sans vêtement ?


-Je te l'ai déjà dis, grogna t-il ennuyé. Tu pourrais avoir un micro sur toi ou même une caméra.


-Mais vous êtes qui à la fin pour vous méfier autant ? demandais-je exaspérée.


-Qui c'est, ricana t-il en faisant sauter ses sourcils, des meurtriers en série peut être.


Je levai les yeux au ciel. Je me demandais réellement pourquoi il m'espionnait à ce point. Son regard longea mes bras pour revenir sur ma poitrine. Je fronçai les sourcils. Je n'avais pas envie qu'il me pose des questions. Je ne savais pas non plus si il était intelligent. Si c'était le cas, il avait plutôt l'air de quelqu'un qui jouait sur l'offensif. Je le voyais mal utiliser les mêmes techniques que Ryuzaki. Il se dirigea lentement vers un coin de la pièce. Il s'installa sur une chaise avant de poser ses pieds sur le bureau. Tout en me dévisageant, il commença son interrogatoire.


-Alors, dit-il en grignotant sa tablette, que sont ces mots sur ton corps ? Une sorte de code ?


-Pourquoi est ce que tu me demandes ? Je pense que tu as largement eu le temps de m'observer pendant que je dormais.


-Tu as raison, sourit-il. Pour info, j'ai relevé les noms que tu as écris. Je n'avais qu'à rechercher dans ta classe pour trouver Light Yagami et Misa Amane. Si tu fais une action de travers, je les tuerai.


J'aimerai lui répondre qu'il n'avait pas à se gêner. Cette nuit, j'avais tout découvert grâce à mes notes. Light m'avait drogué en mettant quelque chose dans mon verre. Il en avait après mon Death Note. Il m'avait donc enfermé quelque part pour me poser des questions quant à l'endroit où je l'avais caché. Quant à Misa, elle faisait bien équipe avec Light. Elle se faisait contrôler par lui. Malheureusement, la fin de mes recherches s'était terminée par un point d'interrogation. Il me restait encore à savoir la cause de ce problème. Comment Light savait pour le Death Note ? Pourquoi Misa était mêlée à cette histoire ? Je relevai la tête vers Mello. Il me regardait toujours aussi méchamment. Sans me laisser le temps de reprendre la conversation, il continua à m'interroger mais sur un tout autre sujet.


-Est ce que tu sors avec Ryuzaki ? me demanda t-il un peu froidement.


-Si je sortais avec lui, tu n'aurais pas eu la place que tu as occupé toute la nuit.


Sourire malicieux suspendu aux lèvres, il arbora un air de vainqueur. Il utilisa ma réponse pour me prouver justement que Ryuzaki s'en fichait de moi. Je ne devais pas m'accrocher à un quelconque espoir car il n'était aucunement intéressé par moi. Si il acceptait de m'aider et de m'héberger, c'était seulement parce que je lui faisais pitié. Son monologue continua un certain temps. Au bout d'un moment, quelqu'un entra dans la chambre. C'était, le principal concerné, Ryuzaki. Il soupira en voyant Mello à côté de moi.


-Il me semble que je t'avais dis ne pas vouloir te retrouver dans cette chambre.


-Tu baisses trop ta garde, grogna Mello. Tu vas finir par te faire avoir.


-Je ne crois pas être encore assez bête pour ça, rétorqua Ryuzaki.


-Bien sûr, ricana Mello. Au début tu l'invites chez nous, et puis ça sera quoi la suite ? Lui révéler ton vrai nom ?


Hautain, Mello quitta la pièce en croquant dans son chocolat. Ryuzaki avait le regard vide, contemplant étrangement le sol. Avec tous ces récents événements, j'avais carrément oublié cette histoire de nom. Je relevai timidement les yeux vers lui. Avant qu'il ne relance la conversation, je lui indiquai que j'allais prendre une douche. Je devais nettoyer toutes ces écritures et me débarbouiller la figure. Un peu froidement, il me montra où était la salle de bains. Je hochai la tête avant de partir à la hâte. J'étais encore gênée de la soudaine proximité de hier soir. Lorsque je me rappelai m'être déclarée, je devins rouge pivoine. Malgré cette révélation, il avait accepté de m'héberger. Cependant, je n'avais plus de temps à perdre ici. Je devais rapidement entrer chez moi.


J'entrai dans la cuisine tout en m'essuyant les cheveux. Le déjeuner était déjà prêt. Je m'installai à table puis commençai à déguster mon repas. C'était agréablement bon. J'étais encore plus étonnée de découvrir que Mello avait cuisiné. Pendant le repas, je demandai à Ryuzaki pourquoi il ne m'avait pas tout simplement ramené chez moi. Il m'indiqua qu'il ne savait pas où j'habitais. Sophie et les autres filles étaient déjà parties. Ça me vexait un peu de savoir qu'elles ne m'avaient même pas attendu. Ryuzaki avait aussi tenté d'appeler mes parents. À cause de mon mot de passe, il n'avait pas pu déverrouiller mon téléphone.


-Oh je vois, soupirais-je à la recherche d'un autre sujet de conversation. Sinon, tu t'es bien amusé hier soir ?


-Oui j'ai passé un bon moment. En parlant de ça, la question que tu as eu pendant le jeu, ne la trouves-tu pas étrange ?


-Si, admettais-je perdue. Je ne m'y attendais pas du tout.


-Est ce que tu as une idée de la personne qui aurait pu écrire ça ?


-Pas vraiment, mentis-je ouvertement. Certainement quelqu'un qui voulait mettre un petit peu de piment à la soirée.


-En fait, c'était moi.


J'écarquillai les yeux. Je relevai la tête pour croiser son regard. C'était le regard qui analysait chacune de mes réactions à chaque fois qu'il me posait une question. Est ce qu'il me mentait pour me tester ? Moi qui pensait depuis le début que Light avait écris cette question, c'était compliqué de croire le contraire maintenant. Si Ryuzaki était réellement le coupable, ça voudrait dire qu'il était au courant ? Il avait bien utilisé le terme "pouvoir". Et puis, il n'y avait eu qu'une faible probabilité pour que je pioche cette question. Si quelqu'un d'autre l'avait lu, qu'est ce qu'il se serait passé ?


-Toi écrire une question aussi sordide ? ricanais-je. Ça ne te ressemble pas !


-Mais ça ressemble à Light ? rétorqua t-il.


Je fronçai légèrement les sourcils. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Sans me laisser le temps de répondre, il m'expliqua ses raisons. Pour lui, la personne qui lierait cette question importait peu. Ce qui comptait le plus, c'était de voir la réaction des autres mais surtout d'entendre la réponse. Par chance, c'était tombé sur moi. Il m'avoua bizarrement être déçu du résultat. Pour lui, j'avais trop bien répondu. Autrement dis, il n'avait réussi à déceler aucune erreur de ma part.


-Je pensais d'abord que tu allais répondre Light puisque je savais d'avance que tu allais le suspecter, m'affirma t-il. Si tu avais répondu ça, tu m'aurais clairement prouvé que quelque chose se tramait entre vous, comme un duel. J'aurai même été jusqu'à dire que tu connaissais et partageais son secret. Tu ne pouvais pas répondre mon nom, car tu aurais menti et j'aurai compris que tu te méfiais de la question donc que tu cachais quelque chose. Misa était la bonne réponse. Cependant, la sienne m'intrigue beaucoup..


Pouce aux lèvres, son regard était encore vide. Il faisait souvent ça quand il était en grande réflexion. Je me remerciai mentalement de ne pas avoir répondu Light. Ryuzaki était beaucoup trop intelligent. Le côtoyer était aussi dangereux que de se rapprocher de Light. Il essayait peut être de me faire croire qu'il ne me soupçonnait pas alors qu'il savait très bien que je lui cachais encore quelque chose. À cause de Misa, ça ne m'étonnerait pas qu'il finisse par comprendre que ce secret nous le partagions à trois.


-Je devrais rentrer, indiquais-je. On se revoit en cours, d'accord ?


Il hocha simplement la tête. Je le saluai de la main avant de partir en courant en direction de chez moi. Mon téléphone n'avait plus de batterie. Je n'avais même pas pu appeler ma mère pour la prévenir. Je pourrais parier n'importe quoi qu'elle se faisait un sang d'encre pas possible en ce moment même.


À quelques rues de chez moi, les voisins regardaient à travers leur fenêtre ou leur porte pour voir ce qu'il se passait. Devant ma maison, plusieurs voitures de police étaient garées. Ma mère, en larmes, parlait à un des policiers. Lorsque son regard croisa le mien, son visage changea. Elle bouscula l'homme avant de courir dans ma direction. Elle me serra tellement fort que j'avais l'impression que ses bras écrasaient ma cage thoracique.


-Où étais-tu passée ? me cria t-elle au visage. Ton père et moi nous sommes inquiétés !


Sans me laisser le temps de répondre, elle me serra une nouvelle fois dans ses bras. Elle continua à pleurer de soulagement pendant quelques minutes. Nous nous dirigions ensuite vers la maison, informant aux policiers que l'affaire avait été réglée. Paniquée, ma mère avait demandé de l'aide à cause de mon absence d'hier soir. J'essayai de la rassurer du mieux que je pouvais, lui expliquant que j'avais dormi chez des amies. Elle soupira avant d'ouvrir la porte. Mon père me gronda immédiatement, me criant que j'étais irresponsable. Mais je comprenais que par sa colère, il s'était réellement inquiété pour moi.


-Où est ce que tu étais ? cria t-il furieux. Avec qui ? Tu ne sortiras plus si c'est pour te comporter ainsi ! Regarde ce qui est arrivé à ta fête !


Il me jeta le journal d'aujourd'hui sur la table. Il y avait un encadré avec deux photos de deux garçons. D'après la presse, ils étaient tous les deux morts d'un coma éthylique. J'essayai de faire mine d'être surprise. En réalité, c'était la mort que j'avais donné à Nil et Colin. C'était arrivé au moment où j'étais droguée mais je m'en rappelais bizarrement encore. Seule la conversation avec Light m'avait été retirée de ma mémoire.

Après ces retrouvailles, je montai les marches à toute vitesse pour rejoindre ma chambre. Je claquai la porte avant de me précipiter vers mon lit. Je retirai le fil, celui qui me permettait de cacher le trou. Je plongeai la main à l'intérieur de mon matelas. Les battements de mon cœur s'accélérèrent. Je ne touchais rien. Le cahier n'était plus à sa place. Je me relevai, plus qu'énervée et déçue. Pour exprimer ma colère, je jetai un objet au hasard dans la pièce. Je me dirigeai vers la fenêtre, posant lourdement ma tête contre la vitre. Je n'avais plus le Death Note. Light avait gagné. Pourtant, j'étais toujours en vie. Pourquoi ne m'avait-il pas encore tué ?


-C'est ça que tu cherches ?


J'écarquillai les yeux. Mon cœur loupa un battement. Cette voix grave et rauque, c'était comme une mélodie en plein cauchemar. Je me retournai au ralenti, ne réalisant toujours pas ce qui se passait. Devant moi, Ryuk tenait le Death Note entre ses doigts. Comme un soulagement, je me précipitai vers lui pour l'enlacer.


-Hé Emi, grogna Ryuk. Lâche-moi tu veux.


-Pourquoi ? Comment tu as réussi enfin, explique moi !


-Tu as déjà oublié notre accord ?


Je restai un instant stupéfaite avant de le regarder toute souriante. Notre accord était que la prochaine fois que Light viendrait chez moi, Ryuk devra s'envoler quelque part avec le Death Note. Mais alors Light était venu pendant la nuit ? Je lançai un regard plein de doutes à Ryuk. Il m'expliqua rapidement que Light avait prétendu être revenu chez moi parce qu'il était inquiet à mon sujet. Ma mère, paniquée, en avait immédiatement informé mon père qui était dans le jardin. Pendant ce laps de temps, Light en avait profité pour prendre les clés dans l'entrée. Un peu plus tard dans la nuit, il était revenu pour entrer discrètement dans ma maison. Il avait cherché pendant des heures et des heures dans ma chambre, sans jamais rien trouvé.


-Tu peux me remercier, s'indigna Ryuk. Il avait trouvé la cachette dans ton matelas.


-Merci, merci beaucoup Ryuk !


-Je n'ai même pas pu me reposer, soupira t-il. Mon travail acharné mérite bien une pomme, tu ne crois pas ?


Le lendemain, je retournai à l'école comme à mon habitude. Je n'avais pas à m'inquiéter pour les clés de ma maison. Light les avait reposé avant de partir. Si il les avait gardé, mes parents l'auraient vu et auraient immédiatement changé la serrure. Ça ne lui aurait donc servi à rien. Aujourd'hui, je devais agir normalement. Light n'était pas au courant que je me souvenais de notre petite conversation. Il s'en doutera certainement de toute manière. Cette nuit, c'était moi qui avais gagné. La défaite devait avoir un goût amer pour lui.


Je passai à peine le portail que quelqu'un me sauta dessus. C'était une fille, une blonde. Sophie me serra fortement dans ses bras. Elle me demanda où est ce que j'étais passée hier soir. J'avais totalement disparu de la soirée. Elle et les autres avaient été contraintes de rentrer sans moi.


-Même Light ne savait pas où tu étais !


Je fronçai les sourcils. Il leur avais menti sans scrupule. Tout ça pour être le premier à rentrer chez moi. Je rassurai Sophie en lui racontant que j'étais parti chez un ami. Elle me cria que je n'étais pas intelligente de faire ça, que ça aurait pu être très dangereux. Morte de peur, elle avait d'abord cru que la personne dans le journal c'était moi. Je lâchai un petit sourire. La voir s'inquiéter ainsi me redonnait espoir en l'amitié.

Je rentrai en classe, saluant timidement Ryuzaki au premier rang. Je croisai le regard de Light. J'essayai d'enfouir au fond de moi toute la colère que j'éprouvais pour lui. Il me salua le plus naturellement possible. Je me forçai à sourire. Pendant le cours, nous n'échangions aucune parole. Le reste de la journée se déroula de la même façon.


À la sortie des cours, Sophie m'attendait devant la classe. Elle me demanda si elle pouvait faire la route avec moi. J'acceptai sans réfléchir. Son comportement me touchait vraiment. Dans le hall, nous nous dirigions vers les casiers. Personnellement, je rangeai quelques-uns de mes livres à l'intérieur. En face du mien, un casier était à moitié ouvert. En fait, il était mal fermée. J'en informai immédiatement Sophie.


-On ne devrait pas le dire aux surveillants ? demandais-je tristement. Ce n'est pas cool de le laisser comme ça.


-Pas la peine, rigola t-elle. C'est le casier de Misa.


Elle se rapprocha du casier avant de me montrer le nom dessus. C'était bien le sien. Elle écarta lentement la porte, vérifiant aux alentours qu'il n'y avait personne. Moi qui pensait que Misa était une fille pointilleuse, son casier était un vrai foutoir. Sophie se retourna vers moi, un sourire narquois au coin des lèvres.


-Et si on se vengeait un petit peu ?


-Quoi ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.


-Allons Emi, soupira t-elle. Tu as déjà oublié ce qu'elle t'a fais ? Une petite blague ne va pas la tuer !


Je la regardai en faisant la moue. Une petite vengeance ne coûtait rien, elle avait raison. Même si c'était Misa, je n'aimais pas spécialement répéter les horreurs qu'on m'avait fais à moi. Sophie enroula ses bras autour des affaires de Misa avant de les faire tomber au sol. Elle cassa au passage quelques objets. Il y avait des bouts de papier partout sur le sol. La blonde s'abaissa en ricanant. Elle en attrapa un avec ses doigts. Soudain, elle arrêta de rire. Son regard se stoppa devant elle, à sa hauteur. Elle le remonta lentement plus haut, comme si elle observait une personne invisible. Elle tomba brusquement en arrière, terrifiée. Je me précipitai vers elle, lui demandant ce qui n'allait pas.


-C'est.. c'est un monstre !

Laisser un commentaire ?