Victime

Chapitre 8 : Distance

4541 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/01/2019 17:24

-Sophie ! paniquais-je. Qu'est ce qu'il y a ?


Les yeux ronds et la bouche entrouverte, elle fixait quelque chose que je ne voyais pas. De plus, elle le pointait avec son doigt. Son comportement était étrange.J'avais beau regarder attentivement, je ne comprenais pas. Elle avait parlé d'un monstre. Elle pouvait voir un monstre. Mon cerveau vrilla subitement. Plusieurs morceaux se recollèrent dans ma tête.


-Qu'est ce que tu as touché ? demandais-je perdue.


Elle pointa un morceau de papier à côté d'elle. Il ressemblait étrangement aux pages de mon Death Note. Je me baissai pour le toucher. Je me retournai plus qu'anxieuse de découvrir ce fameux monstre. Ma réaction était similaire à celle de Sophie. Je tombai au sol, tétanisée par ce que j'étais entrain de voir. Ça ne faisait aucun doute. Ce monstre était un shinigami. Comment était-ce possible ? Qu'est ce qu'il faisait ici et surtout tout seul ? Soudain, quelqu'un se dirigea vers le hall. Ses chaussures claquaient contre les marches d'escaliers. C'était Misa. D'un sourire narquois, elle nous lança un regard hautain.


-Tu es si prévisible Sophie, soupira la blonde.


-Ne me dis-tu pas que c'était un coup monté ? rétorquais-je en me levant.


Misa s'approcha de Sophie sans me donner de réponse. Nul doute que Light avait mis en place ce plan. Mais dans quel but ? Elle l'attrapa par le bras pour la relever. Plantant son regard dans le sien, Misa commença a tout lui expliquer. Le Death Note, le shinigami et le pouvoir de tuer. Je ne savais pas pourquoi elle lui racontait toute la vérité. Sophie l'écoutait sans jamais l'interrompre. J'essayai d'intervenir plusieurs fois mais Misa continua malgré tout ses explications.


-Tu ne trouves pas ça louche qu'Emi ne soit pas aussi étonnée que toi ? lui demanda Misa. C'est parce que elle aussi peut tuer. Tu te rappelles de Jenny, ta cousine ? Et bien c'est elle qui l'a tué. Plutôt logique, non ? Si tu n'étais pas devenue son amie, peut être que tu aurais subi le même sort.


Je poussai Misa pour qu'elle arrête de dire de telles sottises. Elle avait finalement découvert la mort de Jenny, ou plutôt, Light l'avait découvert. Je lançai un regard furtif vers Sophie. Elle était encore plus perdue que tout à l'heure. Misa soupira avant de sortir un stylo de sa poche. Elle regarda autour d'elle, cherchant certainement quelqu'un. Elle incita Sophie à se retourner pour observer ce qu'elle comptait faire. Quelques secondes plus tard, une fille non loin du portail tomba au sol. Misa positionna son papier devant le visage de Sophie pour lui montrer qu'elle venait de tuer cette personne rien qu'en écrivant son nom. S'en était de trop pour mon amie. Elle se leva précipitamment pour courir vers la sortie.


-Sophie, reviens ! paniquais-je. Misa, tu n'es vraiment qu'une pourriture.


-Que ça te serve de leçon, grogna t-elle. Bientôt, tu n'auras plus personne sur qui compter.


Je serrai les dents avant de partir à la poursuite de Sophie. Pendant ma course, j'essayai de me remémorer toutes les informations que je venais de récolter. Misa venait d'avouer au grand jour qu'elle possédait un Death Note. Light savait alors que je n'avais rien oublié de notre conversation. Tout concordait à présent. Light avait d'abord menti sur leur séparation pour que je le pense de mon côté. Hors, ils faisaient bien équipes. Misa voulait me tuer depuis le début. Light était contre puisque sinon il ne pourrait jamais savoir où je cachais mon Death Note. Les klaxons de voitures me ramenèrent à la réalité.


-Sophie, arrête-toi ! criais-je à bout de souffle.


-Ferme-la ! sanglota t-elle. Tu n'es qu'une menteuse, une meurtrière !


-Qu'est ce que tu racontes ? C'est Misa qui a tué cette fille, pas moi ! Pourquoi tu es contre moi ?

-Tu mérites tout ce qu'il t'arrive Emi, me cracha t-elle. Tu as tué Jenny.


Je manquai de trébucher. Ses paroles me faisaient mal. Je m'étais attachée à cette fille. Elle était devenue mon amie. Je tentai en vain de lui faire changer d'avis. Elle me menaça d'aller raconter tout à la police. Je paniquai à l'instant où elle me montra un bout de Death Note dans sa main. J'étais fichue. Et le pire, c'était que je ne pouvais pas l'arrêter. Au même moment, mon téléphone vibra. C'était un numéro inconnu. Dans la précipitation, je raccrochai. Seulement, cette personne me rappela une seconde fois. Je fronçai les sourcils avant de poser mon téléphone contre mon oreille.


-Allô ?


-Est ce que je la tue ? Oui ou non ?


J'écarquillai les yeux. C'était une voix masculine. Elle ressemblait fortement à celle de Light. Ce coup de fil me laissait croire qu'il était en ce moment avec Misa. Il me demandait de choisir entre tuer ou laisser Sophie en vie. Était-il stupide ? Elle était quelqu'un d'important pour moi. Je ne pourrai jamais la tuer.


-Si tu ne fais rien, m'indiqua Light, elle te dénoncera.


-J'arriverai à la convaincre.


-Elle ne t'écouteras pas.


-Je la forcerai.


-Tu vas finir en prison, grogna t-il. Et pendant ce temps-là, je m'occuperai peut être de ta famille..


Mon cœur loupa un battement. Il était vrai que si Sophie savait pour moi et Misa, elle n'avait aucune idée que Light était aussi dans cette histoire. Est ce qu'elle me détestait vraiment au point de me dénoncer seulement moi ? Je ne savais plus quoi faire. J'étais presque sur le point ne plus pouvoir tenir sur mes jambes. Je regardai Sophie devant moi. Elle était déterminée à me faire couler. Son visage était déchiré par la haine et la tristesse. Les passants, spectateurs de la scène, nous fixaient bizarrement. De temps à autre, Sophie hurlait des paroles qui me faisaient passer pour quelqu'un de mauvais. Le commissariat n'était plus très loin. Je serrai fortement mon téléphone dans ma main. Mon choix final était fais.


-C'est bon, murmurais-je, tue-la.


Je fermai les yeux, redoutant sa mort imminente. Je ne voulais pas voir ce désastre. Mes yeux me piquèrent. J'essayai difficilement de ravaler mes larmes. Un klaxon puis un bruit de frein. Le corps de Sophie percuta de plein fouet le capot d'une voiture. Je m'arrêtai brusquement, ne réalisant toujours pas les conséquences de mon choix. Au sol, son regard était vide. Les morceaux de verres faisaient déjà saigner sa peau si pâle. Des personnes à proximité appelèrent immédiatement l'ambulance. J'aimerai leur dire que ça ne servait à rien. Sophie était déjà morte.


-Souviens-toi Emi, chuchota Light. Si tu décides de partager notre secret avec quelqu'un d'autre, tu sais d'ores et déjà le sort qui l'attendra.

Il raccrocha. Je lâchai mon téléphone. L'impact de sa chute résonna comme un écho dans ma tête. Je m'écroulai complétement au sol. Les larmes coulèrent le long de mes joues. J'étais maudite. J'étais destinée à tout perdre. Je ne pouvais pas me rapprocher de personnes sans que celles-ci ne meurent. J'entendais la sirène du camion d'ambulance se rapprochait de plus en plus. Les médecins à l'intérieur essayèrent de réanimer Sophie, en vain. Ils ne pouvaient rien faire contre les pouvoirs du Death Note. Sophie avait été condamnée.


Je rentrai chez moi un peu plus tard, les yeux plus que rouges. Mes parents avaient déjà entendu la nouvelle. Ma mère m'enlaça tristement, me demandant de tenir bon et d'être forte. Mon visage était vide d'expression. Je n'arrivais même plus à ressentir. Je demandai à ma mère de me lâcher et de me laisser seule pour la soirée. J'enlevai mes chaussures et ma veste avant de monter lentement les marches jusqu'à ma chambre. Je me dirigeai vers mon lit, la boule au ventre. Je retirai le Death Note de mon matelas puis le déposai sur mon bureau. Si je voulais me débarrasser de toute cette tristesse, de tous ces mauvais souvenirs, je n'avais plus cas abandonner ce cahier. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher d'être déçue. Profondément déçue d'une certaine personne en qui j'avais confiance.


-Tu étais au courant depuis le début ! criais-je avant de me retourner.


-Hm ? s'étonna Ryuk en se pointant lui-même du doigt. Tu parles à moi ?


-Bien sûr que je parle à toi ! Il n'y a que toi dans cette foutue pièce !


-Pourquoi tu t'énerves à ce point ?


-Oh ferme la ! m'énervais-je encore plus. Je ne veux plus te voir ni t'entendre ! Va te faire voir !


Je claquai la porte de ma chambre pour rejoindre la salle de bains. Je me recroquevillai dans un coin de la pièce. Ryuk savait depuis le début que Misa avait le Death Note. Il pouvait voir son shinigami. Malgré notre lien, il avait décidé de délibérément me cacher la vérité. Je pensais que nous étions plus proches que ça. Je me rappelai soudainement des premiers jours où je l'avais rencontré. Il m'avait mise en garde. Jamais, il ne prendrait partie pour moi. C'était comment les dieux de la mort étaient sensés agir. Après cette énième perte, il était normal que je pète enfin les plombs.


-Tu as fini ? me demanda Ryuk en faisant passer sa tête à travers le mur.


-Laisse-moi tranquille.


-Arrête de te plaindre, soupira t-il. Tu ressembles à un humain.


-Oh, c'est peut être parce que j'en suis un ? rétorquais-je ironiquement.


Il soupira une nouvelle fois avant de complétement traverser le mur. Il se tenait à présent devant moi. Je ne voulais même pas croiser son regard. Je ne savais pas ce qu'il voulait dire par je ressemblais à un humain, mais je croyais comprendre que mon comportement le décevait. Il était vrai que jusqu'à maintenant, je ne m'étais jamais plainte. J'avais toujours trainer ma tristesse derrière moi, sans jamais un jour me rebeller. J'avais pour habitude de souffrir en silence. Aujourd'hui était le jour de trop. J'en avais assez.


-Tu peux t'estimer heureuse que son shinigami n'est rien dis non plus.


-Comment ça ?


-Et bien tu vois, nous avons fait un accord. Si il ne disait rien à cette fille, je ne te dirai rien. À l'inverse, si il refusait ou me mentais, je t'aurai tout révélé.


Cette nouvelle m'apaisa légèrement mais pas assez pour faire disparaître toute ma colère. Il m'aidait à sa façon sans en faire trop. J'avais eu tors de penser qu'il était totalement de mon côté. Le jour où je mourrai, personne ne m'aidera. Ryuk me regardera mourir, le sourire aux lèvres. Il récupérera son Death Note et s'envolera sans une once de pensée pour ma personne. Mon heure arrivera certainement plus tôt que je ne l'avais prévu.


Le lendemain, je retournai à l'école. Je marchai lentement, très lentement. Je redoutai la réaction des autres. Je passai le portail, essayant de ne pas faire attention au monde autour de moi. Lisa était près des casiers. Elle posait un bouquet de fleurs devant celui de Sophie. Il y avait des bougies, des photos et même des souvenirs. Lisa baissa la tête lorsque je passai à côté d'elle. Visiblement, elle ne voulait plus me parler.


Je me dirigeai vers la classe. Pour la première fois, elle était silencieuse. J'entrai plus que nerveuse à l'intérieur. C'était les mêmes regards sombres qu'autrefois. Sur le tableau, des mots étaient inscris. Ils disaient que je n'apportais que le malheur à ceux qui me côtoyaient. Gentilles ou mauvaises, ses personnes finissaient toujours par périr à cause de moi. Je ne pouvais pas vraiment les contredire. Je n'en avais plus la force.


-Combien de personnes sont déjà mortes dans cette classe à cause d'elle ? chuchota une fille à une autre.


-Deux, Jenny et Sophie.


-Non trois, enchérit un garçon, tu as oublié Lola.


Mon cœur loupa un battement à l'entente du prénom de mon ancienne meilleure amie. Peut être qu'ils avaient raison après tout. Lola était morte par ma faute. Je n'avais pas su la sauver. Au même moment, Ryuzaki et Light entrèrent dans la salle. Avec ces histoires, j'en avais oublié leur amitié. Si je devais résumer la situation, Light voulait me jeter au fond du gouffre pour que j'abandonne mon Death Note et le lui donne. Ryuzaki, lui, attendait que je sois à bout pour tout lui avouer. Les deux me tendaient un piège duquel que je ne pourrai certainement plus ressortir. Cependant, j'étais coincée. Un jour, j'allais devoir choisir dans quel piège je souhaitais mettre les pieds.


À midi, je déjeunai à la cantine. Je me retrouvai à mon habituelle table, seule. Les anciennes blagues de mes camarades recommencèrent. Ils n'en avaient plus rien à faire des conséquences. Je pense qu'ils voulaient tous que je meures. J'étais à présent dans les couloirs. Il n'y avait personne. Tout le monde profitait du soleil avec leur amis dehors. Je regardai à travers la fenêtre. Lisa et Johanna étaient avec un groupe de filles. Elles avaient l'air triste. Et c'était de ma faute. Un peu plus loin sur un banc à l'ombre, Ryuzaki était sur son portable. Quelques secondes plus tard, son amie s'installa à côté de lui. Il m'avait dis que ce n'était que pour me rapprocher de Light. Pourquoi est ce qu'ils trainaient encore ensemble ? Je soupirai avant de m'éloigner de la fenêtre. Au même moment, une silhouette apparu au bout du couloir.


-Te voilà enfin, ricana la personne.


D'une démarche victorieuse, Light s'avança vers moi. Il jouait avec la provocation. Je me retournai pour engager le pas dans la direction opposé. Il m'attrapa par le bras. J'essayai de le repousser mais à la place je me retrouvai collée contre le mur. Il me serrait tellement fort que j'en avais mal. Je le dévisageai intensément avant de lui demander ce qu'il me voulait encore cette fois.


-Comment tu as fait pour ne pas oublier ? me demanda t-il en fronçant les sourcils. Non plus important, comment tu as fait pour me mentir malgré ce que je t'ai fait avaler ?


-Ce n'est pas de ma faute si tu ne sais pas trouver un objet, rétorquais-je.


Il me poussa une nouvelle fois contre le mur avant de rapprocher son visage du mien. Cette distance me dégouta. Changeant de sujet, il m'ordonna soudainement de lui donner mon Death Note. Je n'avais plus personne sur qui compter. Alors je n'avais plus qu'à abandonner. Ça serait stupide de ma part. Autant creuser ma propre tombe. Malgré ce que je traversais en ce moment, ma réponse resta négative. Il fronça les sourcils avant de me menacer à nouveau.


-Tu veux vraiment que je m'en prennes à tes proches pour te faire changer d'avis ? me demanda t-il ennuyé. Et pourquoi pas Ryuzaki ensuite, hein ?


-Tu ne peux pas le tuer, affirmais-je.


Il arqua un sourcil. Je doute que Light ne suspectait pas Ryuzaki d'avoir un faux nom. C'était peut être pour cette raison qu'en ce moment il essayait de se rapprocher de lui. Il ne sembla pas tituber face à ma réplique. Je pensais d'abord qu'il parlerait des yeux de shinigami. N'était-il pas au courant qu'en sacrifiant la moitié de son espérance de vie, il gagnerait le pouvoir de connaître le nom d'une personne rien qu'en la regardant ? Il n'avait cas demander à Misa de le faire. Du moins, pour l'instant c'était une bonne nouvelle. Cependant, je détestais qu'on ramène Ryuzaki dans mes problèmes.


-Si jamais j'apprends que Ryuzaki est mort, je te tuerai sans hésiter.


-Mais si tu me tues, ricana t-il, tu mourras à ton tour.


-Je n'en ai rien faire, rétorquais-je, ça fera toujours une pourriture en moins dans ce monde.


Sur ces paroles, je le repoussai pour partir. Quant à lui, il resta immobile sans même se retourner. Je pensais réellement ce que je venais de dire. C'était comme si je n'aurai plus aucune utilité après la mort de Ryuzaki. Cependant, ce petit jeu n'allait pas durer très longtemps. Light en aura bientôt assez et me tuera sans même avoir trouvé mon Death Note. Je me dirigeai vers les escaliers. Au bout du couloir, Light m'interpella plus qu'irrité.


-Comment oses-tu me traiter de pourriture ? hurla t-il. Je suis quelqu'un de bon ! Si j'avais ton Death Note, je l'utiliserai de la meilleure façon qu'il soit !


Ne prenant pas la peine de lui répondre, j'entamai les marches d'escaliers. À priori, il n'appréciait pas beaucoup les insultes. Je n'y avais jamais pensé mais, comment Light utiliserait le Death Note si il en avait un ? C'était une question sans réponse. Quelles genre de personnes tuerait-il ? Des ennemis, des inconnus, des meurtriers ? Light était tellement obsédé par ce cahier qu'il serait prêt à refaire tout un monde avec. Il ne l'utiliserait certainement pas d'une meilleure façon que moi. C'est pourquoi, jamais je ne le lui donnerai.


Pour le peu de temps qu'il restait, je décidai de patienter devant la classe. La sonnerie n'allait pas tarder à retentir. Lorsque les cours reprirent, quelqu'un me bouscula pour entrer en premier dans la classe. C'était un garçon qui trainait souvent avec Misa. Il s'appelait Zack. Je me dirigeai vers ma table. Un tas d'insultes était inscris dessus avec un feutre noir. Je me déplaçai vers le tableau pour prendre une éponge. Tout le monde se moquait de moi. Le garçon de tout à l'heure me regarda alors d'une façon très étrange.


-Si je te dis que c'est moi qui ai marqué ces mots sur ton bureau, me provoqua t-il en souriant, tu vas me tuer ?


Je lui donnai aucune réponse, seulement un regard froid. Light, derrière moi, s'amusait de la situation. Mon regard croisa celui de Ryuzaki. Depuis ma venue la nuit dernière, nous n'avions échangé aucune parole. Est ce qu'il m'en voulait ? Ou est ce que m'éviter faisait encore partie d'un de ses plans ? Je soupirai avant de tristement nettoyer ma table. Les rires se stoppèrent lorsque notre professeur arriva enfin dans notre classe. Le reste du cours se déroula dans un silence de plomb.


À la fin de la journée, j'étais la dernière à sortir de la classe. Je rangeai mes affaires à une lenteur extrême. En réalité, je ne voulais croiser personne. Je longeai les couloirs tout en regardant à travers les fenêtres. Soudain, quelqu'un me bouscula en sortant des toilettes des filles. C'était l'amie de Ryuzaki. Elle me dévisagea avant de me pousser pour continuer sa route. Je ne pensais pas qu'il était intéressé par ce genre de fille. Ou alors c'était moi qui la poussait à agir comme Misa.


Un étage plus bas, je passai devant une salle encore ouverte. Je comptais passer mon chemin mais quelque chose attira mon attention. Il y avait un garçon couché sur une des tables de travail. Je pensais d'abord ne pas le reconnaître. Après avoir observé ses cheveux noirs et son gabarie, je devinai immédiatement que c'était Ryuzaki. Je me rapprochai en faisant le moins de bruit possible. Sa tête était posée contre son bras sur la table. Respirant par la bouche, il était profondément endormi. Je m'accroupis pour que mon visage soit à la hauteur du sien. Avec ses cernes permanentes, je me demandais souvent si Ryuzaki n'était pas insomniaque. J'enfouis ma main dans ses cheveux. Il était mignon. Les mots de Light me revinrent soudainement à l'esprit. Il voulait s'en prendre à lui si je ne lui donnais pas le Death Note. Je me redressai subitement. Je ne devais pas rester ici. Lorsque j'engageai le pas, une main attrapa mon poignet.


-Est ce que tu vas bien ?


Sa question me laissa silencieuse. Il devait certainement me la poser à cause de la mort de Sophie. Je ne m'y attendais pas. Je hochai simplement la tête avant de me dégager de son étreinte. Autant m'éloigner de lui si je ne voulais pas souffrir d'avantage. Il se redressa lentement puis me fixa droit dans les yeux. C'était toujours la même chose. M'observer scrupuleusement avant de me poser une question. Je n'avais pas envie de réfléchir ni de lui mentir. Je décidai donc de faire demi-tour pour fuir.


-Est ce que tu m'évites ? me demanda t-il. Light t'aurais menacé ?


-Qu'est ce que tu racontes ? rétorquais-je tremblante. Tu n'as pas entendu ce que tout le monde raconte ? Je suis maudite. Reste proche de moi et tu mourras.


Il pencha la tête avant de mettre son pouce au coin de la bouche. Ce geste aussi m'était familier. Il réfléchissait à ce que je venais de répondre, essayant de déceler le moindre petit indice. Sans me laisser le temps de me défiler à nouveau, il m'expliqua ouvertement ce qu'il pensait. Ces derniers-temps, Light n'agissait plus comme avant. C'était précisément depuis la soirée. Il était plus que clair que quelque chose avait changé entre nous. Comme si j'avais énervé Light. Sa théorie était que Light m'avais avoué ce qu'il voulait mais que je lui avais délibérément refusé. Toutes ces morts autour de moi ne venaient qu'accentuer la chose. Il m'indiqua aussi que ces morts étaient des personnes que j'appréciais ou que je détestais. Pour lui, celles que j'appréciais étaient reliées à Light. Celles que je détestais à moi. Il m'avoua finalement qu'il me pensait innocente pour la mort de Sophie.


-Dis moi Emi, m'interpella t-il, est ce qu'un cahier vous relie Light et toi ?


-Un cahier ? répétais-je déstabilisée.


-Les mots que tu avais écris sur ton corps, c'était celui qui revenait le plus souvent.


Mon cœur battait tellement fort. Déduire toutes ces informations rien qu'en observant, c'était surhumain. Le fait qu'il avait profité de mon sommeil pour observer ce que j'avais écris ne m'étonnait pas. Par contre, je pensais vraiment qu'il ne ferait aucun lien. Et pour lui, Misa ne faisait toujours pas partie de cette histoire. Il n'avait jamais non plus prétendu ouvertement que je pouvais tuer juste en écrivant le nom de la personne et en imaginant son visage. Cependant, il m'avait précisé que les personnes mortes étaient des personnes que je connaissais. J'avais peur qu'il n'arrive à cette conclusion plus rapidement que prévu.


-Écoute, ce soir là je n'étais pas dans mon assiette et puis..


-Tu es au courant pour la mort de Colin et Nil ? Tu avais ce feutre qu'il portait dans sa chemise, ce qui me prouve que tu l'a forcément croisé.


-Je lui ai simplement demandé un autographe. Il a oublié son feutre ensuite, c'est tout.


-Bizarrement, je n'ai pas vu cet autographe et je ne t'ai pas vu à son stand non plus.


-Il était dans mon sac.


-Dans ce cas, pourquoi lorsque tu as retourné ton sac cet autographe n'est pas tombé ?


Je serrai les dents. Discuter avec lui était une cause perdue. De plus, je n'étais pas du tout en état de me justifier correctement. Ryuzaki n'était plus qu'à quelques informations pour découvrir la vérité. Que fera t-il ensuite ? Je ne pourrais plus l'approcher, il me détestera. Il ira peut être même jusqu'à me dénoncer. Je soupirai une nouvelle fois avant de me retirer de la conversation. Lorsque je passai au niveau de la porte, il m'interpella à nouveau.


-Tu sais, je n'aimerai pas sortir avec une menteuse.


-Et moi tu penses vraiment que j'ai envie de sortir avec un garçon qui me manipule ? Qui essaye de me prendre par les sentiments pour me faire avouer quelque chose ? Tu me fais croire que j'ai une chance juste pour satisfaire ton intelligence et résoudre un problème dont je ne fais même pas partie. Alors si tu ne veux plus sortir avec moi, j'en ai rien a foutre !


Cette fois avait été celle de trop. Il avait réussi à me faire sortir de mes gonds. Il écarquilla les yeux avant de se lever précipitamment. Je ne le laissai pas le temps de me rattraper. Je courus rapidement jusqu'au portail. Je l'avais entendu m'appeler plusieurs fois mais je ne m'étais pas retournée. Je pense qu'il s'attendait à ce que je rentre dans son jeu ou qu'une de mes émotions me trahisses. Je ne savais pas si ma colère lui avait prouvé quelque chose. Cependant, je m'en voulais terriblement de lui avoir menti de cette façon. 


Le soir, je rentrai chez moi plus qu'anxieuse. J'avais peur d'y retourner et d'apprendre une mauvaise nouvelle. Light me hantait en permanence. Ma famille était elle aussi en danger. Enfin, tant qu'il ne connaissait pas leur noms je pouvais encore garder un espoir. À l'heure du dîner, je restai très silencieuse. J'étais consciente que mon humeur détenait sur ma mère mais je n'arrivais plus à me forcer. Je vivais en plein cauchemar. J'essayais sans cesse de me réveiller mais Light était toujours là pour m'y empêcher. Lorsque je retournai dans ma chambre, mon téléphone vibra. J'avais un message d'un numéro que je n'avais pas enregistré. Est ce que c'était un nouveau tour de Light ? Nerveuse, je déverrouillai mon téléphone.


"Excuse moi"


Je fronçai tristement les sourcils. Ma première déduction était Ryuzaki. Mais comment aurait-il eu mon numéro ? Si c'était réellement lui, ça me touchait énormément. Cependant, il pouvait très bien s'excuser pour simplement regagner ma confiance. Je reposai mon téléphone sur mon bureau, préférant ne pas répondre. Je me changeai rapidement en pyjama pour rejoindre mes couvertures. Cette nuit se montrait difficile.

Le lendemain, des bruits insistants me réveillèrent. Ouvrant difficilement les yeux, ma première vision était Ryuk regardant par la fenêtre. Je me redressai nonchalante sur mon lit. C'était le weekend et il n'était que sept heure du matin. Reprenant mes esprits, les bruits étaient en réalité la sonnette de ma maison. Soudain, ils cessèrent. Un instant plus tard, ma mère m'appela du bas des escaliers. Je me levai tout en essayant de m'arranger la figure et les cheveux. Je ne pensais pas que c'était Light. Il savait que venir chez moi ne servirait à rien. Descendant les escaliers, je me dirigeai vers la porte entrouverte. Mon regard croisa celui de deux hommes en costumes. L'un d'eux attrapa son badge avant de le positionner devant mon visage.


-Bonjour, je suis l'agent Suichi Aizawa. Êtes-vous bien Emi Adamcki ?

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