Victime

Chapitre 9 : Risque

4478 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2018 18:25

Excusez-moi du retard ! Merci pour vos nouveaux commentaires. Comptez sur moi pour les prochains chapitres, je suis de retour !


***


-Oui c'est bien moi, indiquais-je perdue. Est ce que je peux vous aider ?


-Nous sommes actuellement sur l'enquête de plusieurs morts étranges dans le secteur, m'expliqua t-il. Nous aurions aimé vous poser quelques questions.


Plusieurs morts étranges ? À moins de n'être pas au courant, les dernières morts parues dans le journal étaient celle de Sophie et des deux frères. Je hochai la tête, acceptant de les laisser m'interroger. Par politesse, ma mère les invita à entrer. Je pouvais ressentir son angoisse. Nous nous dirigions vers la cuisine. Les inspecteurs et moi nous asseyions à la table. Pourquoi est ce qu'ils venaient me poser des questions à moi en particulier ? J'étais peut être sur la scène du crime durant l'accident de Sophie. Cependant, personne ne pouvait en témoigner. Attrapant quelque chose dans sa poche, le second inspecteur posa deux photos devant lui.


-Est ce que vous connaissiez ces deux personnes ?


Ces deux personnes étaient Colin et Nil. Il était entrain de me poser une question dont il connaissait déjà la réponse. Sinon, ils ne seraient pas venu sonner chez moi. Je leur racontai alors la vérité. C'était deux garçons que j'avais croisé pendant une soirée. L'inspecteur croisa ses doigts devant lui avant de me poser une seconde question. Est ce que j'avais parlé à l'un d'eux ? En réalité, je ne savais pas trop quoi répondre. Il avait peut être une preuve qu'il ne voulait pas tout de suite me faire partager. Par ailleurs, qui n'aurait pas essayer de discuter avec eux ? Ils étaient tout de même des personnes connues.


-J'ai échangé quelques mots avec eux, mentis-je ouvertement. Pas vraiment longtemps puisqu'ils étaient plutôt occupés à signer des autographes.


-Je vois. Et quand est ce que vous les avez vu pour la dernière fois ?


J'avalai de travers. Je n'étais certainement pas la première personne qu'ils interrogeaient. Il était plus qu'évident qu'ils me suspecteraient si je disais les avoir vu juste avant qu'ils ne commencent à boire. J'inventai donc avoir vu l'un des frères sur la piste de danse. Bien évidemment, c'était un mensonge. J'espérais juste que ces inspecteurs n'avaient pas trouvé quelque chose qui pouvait prouver le contraire.


-Il y a quelque chose que je ne comprends pas, affirmais-je. Ne sont-ils pas tous les deux morts d'un coma éthylique ? Vous pensez que c'est un meurtre ?


-Les circonstances de leur morts sont assez étranges. D'après certaines sources, les deux garçons seraient sortis un instant dehors. À leur retour, leur ceintures étaient défaites et le feutre de Colin avait disparu. C'est à partir de ce moment qu'ils ont commencé à se comporter comme des robots. Nous pensons que pendant ce laps de temps, ils auraient rencontré quelqu'un.


-Ce n'est pas la faute de ma fille si deux garçons ont décidé de boire, râla mon père.


-Nous n'avons jamais prétendu cela. Nil avait des problèmes cardiaques. L'alcool lui était fortement déconseillé par les médecins. Nous nous demandons seulement si quelqu'un ne les aurait pas forcé.


Sans attendre une quelconque réponse de notre part, il écarta les deux photos pour en sortir une autre. Cette fois-ci, c'était Sophie. Mes yeux commencèrent à me piquer. Ma mère ne manqua pas ma réaction. Elle me frotta gentiment l'épaule pour me réconforter. L'inspecteur alla droit au but, ne prenant même pas la peine de me poser les mêmes questions que tout à l'heure. Il m'expliqua savoir que j'étais sur le lieu du crime et que j'étais aussi la dernière personne à avoir vu Sophie.


-Pouvez-vous nous expliquer la cause de votre dispute ?


-Notre dispute ? répétais-je en fronçant les sourcils.


-Nous avons des témoins. Pour une raison de sécurité, nous ne vous révélerons pas leur noms.


Je serrai les dents. Des témoins ? Aucune connaissance n'était sur la scène du crime. Ça ne pouvait donc être que Light ou Misa. La blonde avait certainement inventé cette histoire de dispute pour m'enfoncer. Je me retrouvais dans une impasse. Je ne savais pas ce que Misa avait exactement raconté. Si je mentais un peu trop, les inspecteurs s'en apercevront.


-Nous étions dans le couloir lorsque Sophie et moi avons vu Misa, une fille de notre classe. Elles étaient amies avant mais plus maintenant. Elles ont commencé à fortement se disputer. Sophie l'a très mal pris puis est partie en courant. J'ai essayé de la rattraper mais..


Je reniflai pour ravaler mes larmes. Me remémorer cette scène m'attristait au plus haut point. J'avais tué Sophie. C'était de ma faute. À mon plus grand soulagement, l'inspecteur accepta mon mensonge sans faire de commentaire. Je pensais l'interrogatoire terminé mais il dirigea une nouvelle fois sa main vers sa poche. Une nouvelle photo, un garçon plus précisément. Je clignai plusieurs fois des yeux pour être sûr de ne pas me tromper. Comment pouvait-il être mort ?


-Il est décédé hier soir en rentrant chez lui. Il a reçu un violent coup à l'arrière du crâne. C'est clairement un meurtre.


Quelle coïncidence. Ce garçon était celui qui m'avait embêté en classe la dernière fois, Zack. Je n'y comprenais rien. Sans rien ajouter, il ajouta une photo juste à côté. J'écarquillai les yeux. Une fille. C'était l'amie de Ryuzaki. Je touchai mon front, il était rempli de sueur. Est ce que quelqu'un me faisait une blague ? Ma mère s'inquiéta et demanda d'arrêter l'interrogatoire. D'un geste de la main, je lui indiquai que je pouvais continuer. Cette fille était morte étranglée hier soir, à la même heure que Zack.


-Comment est-ce possible ? chuchotais-je en regardant les deux photos.


J'avais maintenant cinq photos face à moi. Deux nouvelles les rejoignirent. Jenny et Lola. Je me relevai pour attraper celle de Lola. Elle paraissait tellement joyeuse dessus. Son sourire me fendait le cœur. Me rendant soudainement compte de mon comportement, je reposai la photo avant de m'asseoir à nouveau. Je relevai les yeux vers les deux inspecteurs. Aucune émotion ne les trahissait. Tout le contraire de moi.


-Toutes ces personnes ont un lien avec vous, m'indiqua l'un d'eux. Vous étiez une fille qui se faisait beaucoup harceler. Jenny était une de vos ennemis. Zack aimait se moquer de vous aussi. Et cette fille, des personnes m'ont raconté qu'elle était votre rivale. Colin et Nil vous ont croisé avant d'agir différemment. Sophie était votre amie avec qui vous avez eu une dispute. Nous n'avons aucune preuve contre vous. Cependant, vous êtes notre principal suspect.


-Je vous ai déjà dis que ce n'était pas une dispute. Vous vous basez sur des dires. Je parie que la plus part des personnes que vous avez interrogé me détestent. N'en n'êtes-vous pas venu à l'idée qu'ils voulaient en profiter ?


-Votre meilleure amie est morte, me cracha t-il. Une vengeance de votre part ne serait pas étonnante.


-Vous venez jusqu'ici pour me dire que j'ai tué Sophie pour venger Lola ? m'énervais-je. Vous ne savez rien. Vous n'êtes que des naïfs. 


Je poussai ma chaise en arrière pour me lever. Mon comportement n'était pas le bon. Ma colère pourrait attiser des doutes. Seulement, j'étais beaucoup trop touchée pour rester transparente. Je montai dans ma chambre à toute vitesse. Je me laissai tomber sur mon lit avant d'enfouir mon visage dans mon oreiller. Je n'aurais pas dû agir ainsi. La bonne nouvelle c'était qu'ils n'avaient aucune preuve contre moi. Il restait tout de même un problème que je n'arrivais pas à résoudre. J'étais accusée d'avoir tué deux personnes en plus. Je me rappelai soudainement des paroles de Light. Si je ne voulais pas lui donner le Death Note, il me forcerait. Est ce que c'était Misa qui avait tué cette fille et ce garçon ? Light voulait que je panique et que j'abandonne mon Death Note. Je n'aimais pas du tout sa façon de faire.


Soudain, quelqu'un sonna de nouveau à la porte. Les inspecteurs étaient pourtant partis tout à l'heure. Déterminée, je me dirigeai vers les escaliers pour leur faire ultimement comprendre que je n'avais plus rien à faire avec eux. Ouvrant brusquement la porte, je me figeai sur place. Je n'attendais pas du tout sa venue.


-Ryuzaki, m'étonnais-je, comment est ce que tu.. enfin, qu'est ce que tu fais ici ?


-J'ai suivi ces inspecteurs jusqu'ici, m'expliqua t-il. Je voulais simplement voir à qui appartenait cette maison.


Je hochai nerveusement la tête. En réalité, j'étais un peu déçue de sa réponse. Mais ce n'était pas le moment de rechuter. Je n'avais certainement pas oublié notre conversation de la dernière fois. Il n'avait pas l'air de vouloir ajouter quelque chose. Alors, je le saluai rapidement avant de refermer la porte. Cependant, il posa sa main dessus pour m'en empêcher. Je l'observai, perdue. Voulant soudainement éviter mon regard, il tourna la tête. Pour la première fois, j'avais l'impression de voir naître un nouveau sentiment chez Ryuzaki.


-Est ce que ça te dirait de sortir un peu ? chuchota t-il à peine.


-Sortir ou passer un second interrogatoire ? demandais-je en arquant un sourcil.


-Hm, répondit-il en levant son doigt, peut être les deux.


Je lâchai un petit rictus avant de poser ma tête contre la porte tout en réfléchissant. Son regard était plus suppliant que d'habitude. Je ne pouvais pas nier le fait que j'avais terriblement envie de sortir et de me changer les idées. En faisant ça, je m'exposais une fois de plus au danger. Je risquais encore une fois de tomber entre ses griffes. Je soupirai avant de finalement accepter. Étant donné que j'étais loin d'être prête, je lui demandai d'attendre quelques minutes. Je n'y pouvais rien. J'étais faible contre lui.


Un instant plus tard, nous nous dirigions tous les deux vers la ville. Nous marchions côte à côté en silence. Parfois mon épaule touchait son bras. Ses mains étaient, comme d'habitude, dans ses poches. Je ne risquai pas de les frôler. J'essayai d'ouvrir la conversation en lui demandant depuis combien de temps il était devant ma maison. Je frissonnai légèrement lorsqu'il m'avoua avoir tout entendu depuis le début. J'étais persuadée au plus profond de moi qu'il essayait de se retenir de me poser des questions. Comme pour l'éloigner de ce sujet, je lui posai une autre question.


-Où est ce qu'on va au fait ?


-Tu verras.


-Tu essayes de me faire croire que tu es venu à l'improviste mais en fait tu avais prévu ce rendez-vous depuis longtemps, plaisantais-je.


-Va savoir.


J'étais un peu déçue de voir qu'il ne rentrait pas vraiment dans mon jeu. Ryuzaki était toujours froid. En réalité, je pense plutôt qu'il avait déjà une idée derrière la tête. Quelques minutes plus tard, nous marchions dans les rues de la ville. Des familles, des groupes d'amis et même des couples se promenaient autour de nous. Je regardai nerveusement un peu partout. Je ne voulais pas croiser quelqu'un que je connaissais.

Deux ou trois rues plus loin, Ryuzaki se stoppa devant un magasin. Un café plus précisément. Il tira la porte avant de me laisser entrer la première. Je restai subjuguée par l'intérieur. C'était très coloré. Cet endroit ressemblait aux magasins de bonbons pour enfants. Ryuzaki me pointa une table au fond de la salle. Une fois installés, j'attrapai la carte devant moi. Des desserts extraordinairement beaux. Mes yeux sortirent de la tête lorsque je remarquai les prix juste à côté. Je n'avais même pas assez d'argent.


-Tu peux prendre ce que tu veux, m'affirma t-il. Je te l'offre.


-Alors c'est ça ton plan ? ricanais-je. Me shooter au sucre et me faire plaisir pour que je répondes à tes questions ?


Ses yeux longeaient toujours la liste des desserts sur sa carte. Le silence resta sa seule réponse. Je notai simplement qu'un micro sourire était suspendu à ses lèvres. Je cherchai à mon tour une gourmandise pas très cher. Je ne voulais pas non plus en profiter. La serveuse vint rapidement prendre nos commandes. J'observai alors Ryuzaki. Je commençais à connaître ses mimiques. Il n'avait toujours pas remonté ses genoux comme il le fait d'habitude. J'avais toujours un peu de temps avant qu'il ne commence à me poser des questions. Soudain, il posa sa main sur la table avant de saisir une serviette. Il la dirigea jusqu'à sa poche pour en sortir quelque chose. Il déposa l'objet sur la table.


-Si je ne l'avais pas gardé, ils l'auraient trouvé et auraient su que tu étais la dernière personne à avoir vu les deux frères.


J'essayai de cacher mon étonnement. C'était le feutre de Colin. Je remerciai mentalement Ryuzaki de l'avoir récupéré. Les inspecteurs auraient su que j'avais menti. Ils se doutaient déjà que quelque chose s'était produis à l'extérieur. Ils auraient retrouvé mes empreintes digitales sur le feutre et m'aurais plus que suspectée. Je relevai la tête vers Ryuzaki. Mais ça voulait aussi dire qu'il savait que j'avais menti puisqu'il avait tout entendu. Serrant les mains sous la table, je redoutais sa question fatidique.


-J'aimerai bien devenir détective.


Mes sourcils se relevèrent légèrement. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me parle de lui. Est ce qu'il se forçait à ne pas me questionner ? Il continua à me confier qu'il aimerait devenir mondialement connu mais sous une identité secrète. Un détective qui agirait dans l'ombre et que personne ne pourrait voir ni entendre. Il ne serait appelé que pour des cas très sérieux. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres. Cette image lui correspondait totalement.


-Et toi ? me demanda t-il. Tu as déjà pensé à ce que tu voudrais faire plus tard ?


Je posai ma tête contre ma main, faisant légèrement la moue. Je n'avais aucune ambition particulière. Je ne savais même pas quelle étude je voulais faire l'année prochaine. J'enviais les personnes comme Ryuzaki. Déterminées et ambitieuses. Son avenir était déjà tout tracé. Le mien restait encore incertain. Il n'y avait rien que j'aimais en particulier. Et puis de toute façon, rien ne garantissait que je serai toujours en vie.


-Je suppose que j'aime bien réfléchir, soupirais-je. Un peu comme toi, mais à un degré beaucoup moins élevé.


-Je pense que je ne pourrai pas me débrouiller tout seul si je deviens un détective, m'indiqua t-il. Il me faudra quelqu'un pour m'assister.


-Tu plaisantes ? ricanais-je. Qui pourrait aider quelqu'un d'aussi intelligent que toi ?


-Va savoir, dit-il en faisant mine de réfléchir.


Je ne savais pas si je pouvais comprendre ce que j'avais envie de comprendre. Travailler et partager la plus part de mon temps avec le garçon que j'aimais. C'était l'image parfaite. Au même moment, la serveuse arriva avec son plateau. Ma commande paraissait ridicule à côté de celle de Ryuzaki. Elle les déposa sur la table avant de nous laisser. Ryuzaki attrapa sa cuillère du bout des doigts puis la planta dans son dessert. De la glace, de la chantilly, du chocolat et des morceaux de fruits. Je me demandais sérieusement comment son estomac pouvait supporter tout ce sucre. Cependant, je ne pouvais pas le nier. Il me donnait incroyablement envie. Discrètement, je lui volai un petit morceau de glace. Il me regarda avec de grands yeux, comme si je venais de lui prendre quelque chose d'incroyablement important.


-Emi, m'interpella t-il plus sérieusement. Est ce qu'on peut parler des événements qui ce sont passés récemment ?


-Ah, tu demandes la permission maintenant ?


-Ça m'embêterait que tu repartes en courant comme la dernière fois. Je t'ai dis quelque chose de pas très agréable à entendre. Je tenais à m'excuser.


-D'ailleurs, comment tu as eu mon numéro de téléphone ?


-Je ne peux pas te le dire, sourit-il. Secret professionnel.


Je levai les yeux au ciel tout en souriant. Lorsque je lui reposai la question une seconde fois, il m'avoua d'abord avoir demandé à Light. Il avait refusé, prétendant qu'il ne voulait que Ryuzaki se rapproche de moi. Quelle excuse idiote. Il ne voulait tout simplement pas que je me trouves un allié. Puisqu'il ne pouvait avoir aucune aide de son cher ami, il avait demandé à Mello de s'en charger. Étant doué en matière de fourberies, le blond n'avait eu aucun mal à trouver mon numéro. Parfois, j'en avais peur pour mon intimité. Mello était le genre de personne qui pourrait venir chez moi installer des caméras juste pour s'assurer que je ne mijotais rien.


-Bon et bien vas-y, soupirais-je.


-Pour commencer, dit-il en relevant ses jambes, je ne pense pas que tu ais tué Sophie, mon amie et Zack.


Tout en l'écoutant, je dégustai mon dessert. J'avais essayé de desceller une quelconque émotion chez lui en parlant de son amie. Rien, aucun signe ne montrait qu'il était attristé par sa mort. Je n'avais même pas à m'étonner. Je restai silencieuse, le laissant m'expliquer ses hypothèses. Une chose ne concordait pas dans toutes ses morts. Pour lui, il y avait deux groupes. D'un côté, les morts qu'il appelait "intelligentes". De l'autre, les morts normales. On pouvait ensuite créer des sous groupes. Les personnes que j'appréciais et les personnes que je n'appréciais pas. Je ne savais plus trop s'il me parlait ou réfléchissait à voix haute. Sortant une feuille de sa poche, il commença à dessiner. Dans le premier groupe, il y avait Jenny et les deux frères. Dans l'autre, Lola, son amie et Zack. Le nom de Sophie resta hors des deux bulles pour une raison que j'ignore.


-Le premier groupe regroupe les morts intelligentes, indiqua t-il. À l'intérieur, trois personnes qui t'ont fais souffrir d'une manière ou d'une autre. Dans le second, si on ne compte pas les morts récentes, il n'y a que Lola. Tu étais amie avec elle. Maintenant, il reste mon amie et Zack. Au début, Light voulait quelque chose qui t'appartenait. Il s'est rapproché de toi. Pendant cette soirée, quelque chose s'est produis. Depuis, il s'éloigne de toi et cherche un autre moyen de récupérer ce qu'il veut. Sophie est ensuite morte et tu as soudainement voulu couper les ponts avec moi. Supposons que ce sont des menaces, tu aurais donc refusé sa demande. Ces deux morts sont des moyens de pression. Elles ne ressemblent pas du tout au premier groupe. Il veut que tu abandonnes. De plus, il ne voulait pas me donner ton numéro. Il ne veut pas que tu obtiennes de l'aide. Serait-ce pour cette raison que Sophie est morte ? Sa mort est à la fois intelligente et normale. C'est pourquoi je ne peux pas la classer. Mais dans tous les cas, je peux assurer que les personnes du premier groupe ont été tuées par toi. Celles du second groupe, par Light. C'est fascinant à quel point vous partagez le même secret mais êtes ennemis. D'ailleurs, je me demande pourquoi je ne suis pas encore mort..


Je restai immobile, tétanisée par la peur et le choc. Il venait de faire un résumé complet de l'histoire, à quelques détails près. Sans faire attention à moi, il continua ses dessins tout en mangeant son dessert. Quant à moi, je ne savais plus comment agir ni quoi répondre. Est ce que lui mentir en valait toujours la peine ? Quand il était aussi près de la vérité, ça ne servait plus à rien. Cependant, il n'avait placé Sophie dans aucun groupe. Si il savait qu'en réalité c'était parce qu'elle avait été tué à la fois par Light et par moi. Il avait aussi placé Lola dans le second groupe. Ça n'était pas possible. Lola s'était suicidée, point final. Si jamais j'apprenais que Misa avait tué Lola, je ne pourrais pas le supporter.


-Et tu n'as pas peur ?


-Peur ? répéta t-il.


-De mourir.


-Je suis prêt à courir le risque. Et puis, si Light voulait me tuer je serai déjà mort. Ou alors, peut être qu'il ne peut pas..


-Mais Ryuzaki tu..


-Est ce que tu comptes finir ? me coupa t-il en pointant mon dessert.


Je baissai la tête avant de lui donner mon accord. Ryuzaki parlait comme si il n'avait pas peur. Moi, j'avais peur. Ses mots me touchaient. Il n'était pas prêt à m'abandonner pour satisfaire Light. Au moins, je pouvais m'assurer d'une chose. Ryuzaki ne sera jamais l'allié de Light. Il l'avait certainement déjà deviné. Light ne pouvait pas le tuer. 


-Et tu ne me poses pas de questions ? demandais-je perdue.


-Je t'ai déjà dis tout à l'heure que je ne voulais plus que tu partes en courant. 


Je ne savais plus trop si je devais m'en réjouir. Si il ne posait pas de questions, c'était surtout parce qu'il n'avait même plus besoin d'entendre mes réponses. Le faire changer d'avis était une peine perdue à présent. Ne pouvant plus avaler une seule cuillère de mon dessert, je le donnai à Ryuzaki. Un instant plus tard, son téléphone sonna. Il l'attrapa avec ses deux doigts avant de le mettre contre son oreille. Il m'expliqua rapidement qu'il devait rentrer. Mello n'était plus à la maison. Near était donc seul. Ryuzaki régla rapidement l'addition. Il me raccompagna jusqu'à chez moi. Nous restions quelques secondes bloqués devant ma porte. J'avais l'impression qu'il voulait dire quelque chose mais qu'il n'arrivait pas. Nous finissions alors par tout simplement nous saluer et nous séparer.


Je remontai dans ma chambre, me laissant tomber sur mon lit. Si ma vie n'avait pas tant changé, peut être que ce rendez-vous avec Ryuzaki n'aurait pas été pareil. Je ne savais même pas si sans le Death Note, Ryuzaki aurait commencé à me parler. Je me retournai plusieurs fois, me posant des dizaines de questions à la fois. Malgré l'enquête permanente qu'il faisait sur moi, j'avais énormément apprécié cette sortie. Je ne pouvais pas le nier. Mon cœur agissait comme n'importe quel cœur amoureux. Soudain, mon téléphone sonna. Je frissonnai légèrement en voyant le nom de Light apparaître. J'appuyai sur le bouton pour décrocher avant de coller le téléphone à mon oreille.


-J'espère que tu t'es bien amusé ?


Je serrai nerveusement les dents. Je pouvais sentir son sourire à travers le téléphone. Ça me rendait malade de savoir qu'il avait pu m'espionner. Est ce qu'il nous avait suivi pendant tout ce temps ? Ryuzaki s'était peut être empêché de trop parler parce qu'il avait remarqué quelque chose. Je me demandais simplement comment Light savait que Ryuzaki et moi étions de sortie. Je restai cependant silencieuse, attendant patiemment sa prochaine réplique.


-Je crois comprendre que tu ne veux toujours pas me léguer ton Death note, alors je vais passer aux choses sérieuses.


-Arrête tes conneries Light, grognais-je.


-Tu as dix secondes pour choisir qui je vais tuer. Tes parents ou Ryuzaki ? Bien évidemment si tu ne veux qu'aucun ne meurt, tu n'as cas me donner le Death Note.


-Tu penses vraiment que je vais te croire ? criais-je.


-Tes parents sont tous les deux dans la cuisine et Ryuzaki est entrain de rentrer chez lui. Un petit accident ou deux suicides ne sont pas difficiles à écrire tu sais.


Je passai nerveusement ma main dans mes cheveux. Il paraissait sérieux. J'étais plus inquiète pour mes parents que pour Ryuzaki. Light ne connaissait pas son vrai nom. Je tournai plusieurs fois dans ma chambre. Je n'avais que quelques secondes pour répondre. Comment pouvait-il savoir que mes parents étaient dans la cuisine ? Est ce qu'il y avait une caméra ou est ce que Light les observait de l'extérieur ? Non, ce n'était pas les bonnes questions que je devais me poser. Je devais choisir entre Ryuzaki ou ma famille. Je n'avais envie de choisir aucun des deux. Mais je n'avais pas non plus envie de lui donner le Death Note.


-Plus que deux secondes Emi, ricana Light. Si tu ne fais pas de choix, je les tuerai tous les trois.


-C'est bon ! paniquais-je. C'est bon !


-Alors ? Qui dois-je tuer ?


-R-ryuzaki..


Light éclata de rire. Qui aurait cru qu'un jour je sauverai quelqu'un d'autre plutôt que Ryuzaki. J'étais convaincue qu'il ne mourrait pas. Pourtant, j'avais ce petit doute qui persistait. Je raccrochai immédiatement pour appeler Ryuzaki. Plus l'attente se faisait longue, plus je paniquais. Puis il décrocha, plutôt étonné de m'avoir au téléphone. Je lui demandai rapidement si tout allait bien. Apparemment, c'était le cas. Je serrai le téléphone entre mes mains. Je n'avais pas envie de raccrocher. Je pouvais paraître ridicule mais j'avais vraiment peur. Au final, nous restions en contact jusqu'à ce qu'il rentre chez lui.


Le soir, je m'enroulai dans mes couvertures. Je regardais toutes les deux minutes mon téléphone. Je voulais m'assurer que Ryuzaki était en sécurité. Light n'avait pas agi. J'en étais soulagée mais je ne savais pas non plus à quoi m'attendre. Light était sadique. Il aimait donner un espoir pour ensuite immédiatement le retirer. Je restai jusqu'à minuit à regarder mon écran, en attente d'un message ou d'un appel. Malheureusement, je m'endormis peu de temps après.


Le lendemain, je me réveillai fatiguée. Mes yeux me faisaient mal. Je me redressai tout en m'étirant, saluant Ryuk à mes côtés. Je ne lui en voulais plus du tout. Je me levai pour me diriger vers la salle de bains. Je me débarbouillai la figure puis repartis dans ma chambre. J'attrapai mon téléphone. J'avais un nouveau message. C'était de Ryuzaki. Étonnant. Le message datait de cette nuit. Plus précisément de deux heures du matin. Je déverrouillai mon téléphone, fronçant légèrement les sourcils. Mes yeux suivirent ces mots que mon cerveau refusait de comprendre. Ma seule réaction était de faire tomber mon téléphone.


"Ryuzaki est grièvement blessé. Il est à l'hôpital."

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