Victime

Chapitre 13 : Manipulation

5233 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/02/2018 20:09

-Objection ! criais-je en claquant ma règle contre la table.


Après cette étonnante révélation, j'avais attrapé Ryuzaki par la main pour l'emmener chez moi, dans ma chambre. Ryuzaki était assis devant ma table basse tandis que moi je tenais fermement ma règle entre les mains. Je voulais mettre ses propos au clair ainsi que son comportement. C'est pourquoi, j'étais prête à entendre ses explications. Perdu, Ryuzaki m'observa comme si je venais d'une autre planète.


-L'accusé Ryuzaki est suspecté de malhonnêteté et de tromperies, affirmais-je en tournant autour de lui. Emi, la victime, prétend que vous mentez pour votre propre intérêt.


-Est ce que j'ai le droit de me défendre votre honneur ? me demanda t-il en levant la main.


Souriante, j'étais amusée qu'il rentre dans mon jeu. Mais en réalité, j'étais plus que sérieuse. Je souhaitais vraiment qu'il se justifie. J'avais toujours cette impression d'être manipulée. C'était compliqué de lui faire complètement confiance, surtout sur ses sentiments. Ce n'était pas comme si je pouvais m'introduire dans sa tête pour savoir ce qu'il pensait. Hochant la tête, j'acceptai d'entendre ce qu'il avait à me dire.


-Je ne suis pas coupable de ces actes. Vous le savez très bien. Il y a des preuves qui le prouve.


-Ah oui ? m'étonnais-je. Et quelles preuves ?


-J'ai embrassé la victime, se justifia t-il tout naturellement. Je lui ai même révélé mon nom.


Je fronçai les sourcils, rouge tomate. Pendant notre retour, je n'avais cessé de repenser à ce baiser. Je n'arrivais toujours pas à y croire. Mais je ne devais pas retomber dans sa sorcellerie. Je me grattai la gorge plusieurs fois avant de reprendre mon rôle de juge. Il me fallait des réponses et de vraies réponses. Si pour moi il n'était pas sincère, je serai dans l'obligation de m'éloigner de lui. Même si je n'en avais pas du tout envie.


-D'ailleurs qu'est ce que c'est que cette histoire de nom ? le questionnais-je. Pourquoi lui avoir révélé ?


-Parce qu'elle m'a fais confiance pour me mettre dans la confidence, expliqua t-il. C'était une manière pour moi de la remercier et de lui prouver ma sincérité.


Je croisai les bras sur ma poitrine. Je n'avais rien à redire et je n'avais pas du tout l'habitude de l'entendre parler ainsi. Est ce qu'il jouait un rôle ? Cette nouvelle m'avait chamboulé. Ryuzaki s'appelait en réalité L. Je n'arrivais toujours pas à comprendre son but derrière cette révélation, si il en avait un. Jusqu'à présent, je l'avais toujours appelé Ryuzaki. Je me voyais mal changer de prénom du jour au lendemain. Donc pour l'instant, je me contenterai de son faux nom. Malgré mes émotions, je restai de marbre face à lui.


-J'ai quelques questions à vous poser. Jurez-vous de dire la vérité et seulement la vérité ?


-Je le jure, jura Ryuzaki en levant la main.


-Très bien. Alors, première question : Pourquoi avoir embrassé la victime ?


-Va savoir.


M'asseyant à mon tour, j'appuyai ma joue contre ma main. Ce n'était pas la réponse que j'attendais. Elle était trop simple et trop vague. C'était souvent celle qu'il me donnait quand je lui posais des questions un peu personnelles. Je levai les yeux au ciel avant de me concentrer à nouveau. J'observai son visage, la moindre de ses mimiques. Il était pourtant très calme, comme si la situation était normale. En y repensant, il n'avait montré aucune gêne en entrant dans ma chambre. Pourquoi il n'agissait et ne pensait pas comme moi ? Peut être que c'était là tout le problème. Nos sentiments n'étaient pas du tout à la même hauteur.


-Et que ressentez-vous pour la victime ?


Il haussa les épaules. J'avais envie de me lever et de le secouer. Ryuzaki était loin d'être le garçon typique que les filles appréciaient en général. Il n'était pas arrogant, direct et n'avait pas confiance en soi. Tout le contraire de Light. Malheureusement, lui me dégoûtait. Dans une autre vie, si Ryuzaki et le Death Note n'existaient pas, peut être que j'aurai pu être intéressé. Mais je m'écartais du sujet. Revenant à nos moutons, je continuai mon interrogatoire.


-Est ce qu'un changement a eu lieu récemment, par rapport à la victime ?


-Oui, avoua t-il en hochant la tête.


-À quel moment ? demandais-je souriante.


-Quand elle a commencé à venir tous les jours me voir à l'hôpital.


Je tournai la tête avant de rougir. Je n'arrivais pas à y croire. Pourquoi s'intéressait soudainement à moi ? Pourquoi me révéler son véritable prénom ? Essayait-il de découvrir quelque chose, de me tester ? Ce n'était pas comme si je pouvais le tuer. Il me manquait son nom de famille. En y repensant, Ryuzaki m'avait légèrement trahi. J'avais compris par Light qu'il avait demandé à voir le contenu de l'enveloppe. Je lui faisais face tout en sachant ce détail. C'était compliqué.


-Tu as manipulé Light pour faire quelque chose que je t'avais formellement interdis, grognais-je.


-Mais tu m'as manipulé aussi, non ? rétorqua t-il du tac au tac.


Je lui lançai un regard rancunier avant de me lever et de lui tourner le dos. Est ce que ça voulait dire qu'il savait que le miroir n'était pas ce avec quoi je tuais ? Connaissant sa faculté à réfléchir, je n'en doutais même pas une seule seconde. Je jetai un coup d'œil à Ryuk. Couché sur mon lit, il paraissait ennuyé. J'aurais aimé savoir ce qu'il pensait de cette histoire, même si il ne devait pas en penser grand chose. J'étais perdue et je ne voulais pas me jeter dans une relation qui risquerait encore plus de me détruire.


-Alors, m'interpella t-il, quelle est ma sentence ?


Je me retournai les bras croisés, soudainement agacée. Je reculai immédiatement lorsque je tombai nez à nez avec lui. Comment ? Je ne l'avais même pas entendu se lever ni se déplacer. Gardant une légère distance entre nous, je fixai son cou face à moi. Il était tellement grand. Je n'avais pas envie de lever la tête. Je savais dort et déjà ce que mon corps me dicterait de faire. Inspirant un grand coup, je fermai les yeux avant de reprendre la parole.


-L'accusé L, alias Ryuzaki, est condamné à prendre soin de moi et à ne jamais trahir ma confiance.


-Qu'est ce que je risque ?


-La peine de mort, affirmais-je en le regardant droit dans les yeux.


Nous nous fixions l'un et l'autre dans un silence total. J'essayai de paraître la plus sérieuse possible. Je voulais qu'il comprenne mon message. J'étais clairement entrain de le menacer. Est ce que je serai réellement capable de le tuer si jamais j'apprenais depuis tout ce temps qu'il m'avait menti ? Je ne prédisais pas le futur et je n'en avais aucun idée. J'avais commencé mon histoire sans lui. Peut être que je devrai la terminer de la même manière.


-Je vais essayer alors.


Je hochai la tête en évitant son regard. Je ne savais pas quoi faire ni comment me comporter. Est ce que je pouvais réellement dire que Ryuzaki était devenu mon copain ? J'avais envie de l'embrasser et de le toucher. Pourtant j'avais toujours cette même impression de vouloir quelque chose que je n'avais pas le droit. Lorsque je relevai la tête, je fixai sa bouche. Et puis, tant pis. Si ma façon d'agir lui déplaisait, il n'avait qu'à me repousser.


-Chérie, est ce que tu es là ? Je suis rentrée !


Je m'apprêtais à embrasser Ryuzaki. Nos bouches n'étaient plus qu'à quelques centimètres, voir millimètres. Soudain, la porte s'ouvrit pour laisser place à ma mère. Ryuzaki et moi n'avions pas bougé d'un poil. Plus qu'étonnée, ma mère lâcha son sac. Je me reculai nerveusement avant de me gratter l'arrière de la tête. Ça devait être un choc pour elle. Je n'avais jamais amené de garçon à la maison, mise à part Light qui s'était invité tout seul.


-Maman je te présente Ryuzaki, c'est un.. un ami.


Elle ramassa son sac avant de le saluer plus que souriante. Impassible, Ryuzaki s'abaissa en guise de réponse. Est ce que j'avais fait une bêtise ? Nous étions ensemble que depuis quelques minutes. Je ne voulais pas précipiter les choses et encore moins donner de faux espoirs à moi et ma mère. Prétendant vouloir nous laisser tranquille, elle referma la porte. Je soupirai à son départ puis me retournai vers Ryuzaki.


-Je vais rentrer, m'indiqua t-il.


-Quoi ? m'étonnais-je déçue. Déjà ?


Il hocha la tête avant de me tourner le dos. Ce n'était pas ce que j'imaginais. Je pensais avoir franchi une étape mais c'était toujours la même chose. Je baissai la tête, attendant un quelconque signe de sa part. Au moment d'ouvrir la porte, il se retourna vers moi. Enfouissant les mains dans ses poches, il s'avança lentement vers moi. Il se pencha légèrement pour me faire un baiser sur la joue. Sans lui laisser le temps de repartir, je l'attrapai par le bras pour l'embrasser tendrement. Je ricanai légèrement en voyant son air étonné. Ses réactions ne m'étaient pas déplaisantes. À partir de maintenant, j'allais devoir lui apprendre pas mal de choses.


Les jours suivants se déroulèrent lentement. Je voyais à chaque fois ce visage qui m'inspirait tant la haine. Celui de Light. Pourtant, lui m'ignorait complètement. Son comportement me laissait même parfois suspicieuse. Est ce qu'il préparait quelque chose ? Croire que Light allait gentiment arrêter ses plans diaboliques était une énorme erreur. Quant à la mort de Misa, elle avait laissé le lycée en total panique. Des rumeurs, prétendant qu'un meurtrier trainait dans l'école ou encore que chaque étudiant allaient mourir, jasaient dans tous les sens. D'autres, des fidèles de Misa, me suspectaient encore plus d'être coupable de quelque chose. Leur avis me faisaient de belles jambes.


Ma relation avec Ryuzaki n'avait pas vraiment évolué. Nous étions ensemble depuis une semaine à présent. Pourtant, il y avait toujours cette même distance qui nous séparait. Je n'osais pas lui demander de mieux se comporter. J'avais peur qu'il me rejette. Nous avions échangé quelques baisers depuis le jour où il était venu à la maison. Je n'appelais pas vraiment ça une histoire d'amour. Je voulais ressentir des émotions, comme des papillons dans le ventre ou avoir le souffle coupé. Nous avons discuté par message depuis tout ce temps. Aucune sortie. Je ne comprenais plus vraiment si notre relation avait réellement un sens.


C'est pourquoi, je me tenais en ce moment même devant sa porte. Je refusais de mettre un terme à notre relation. J'essayais de me convaincre du mieux que je pouvais. Ryuzaki ne connaissait rien à l'amour. Il ne savait pas comment se comporter et n'osait jamais faire le premier pas. Mise à part cette fois, sur le banc. Et puis c'était les vacances. Il n'avait aucune excuse pour refuser. Je toquai plusieurs fois à la porte. Ayant aucune réponse, j'appuyai sur la sonnette. J'entendis soudainement les râlements d'une personne. Je levai les yeux au ciel. Je n'avais pas besoin de voir son visage pour savoir qui allait m'ouvrir la porte.


-Qui viens nous faire chier un samedi matin ? grogna la personne.


Porte ouverte, je tombai nez à nez avec Mello. Il grimaça en me voyant. Il avait déjà ses chaussures et sa veste. Peut être qu'il sortait. Une autre tête apparut à côté de lui. Near aussi était déjà habillé pour partir. J'arquai un sourcil. Où allaient-ils ? Derrière eux, je m'étonnai de voir Ryuzaki. Légèrement irrité, il était entrain d'enfiler ses chaussures. Relevant la tête, il se retrouva perdu de me voir. Est ce que j'étais venue au mauvais moment ? Ma présence n'avait pas l'air de les ravir.


-Emi, m'interpella Ryuzaki. Qu'est ce que tu fais ici ?


-Je suis venue te voir mais apparemment je tombe mal.


-Oui, rajouta Mello avant de me pousser, très mal même. Alors rentre chez toi.


Je fronçai les sourcils à ce geste. Je pensais m'être suffisamment rapprocher de lui pour me faire accepter. Il s'était confié et m'avait même proposé sa barre de chocolat. Near suivit Mello à la trace, comme un enfant. Seul Ryuzaki resta face à moi. Je baissai la tête, déçue. Je n'allais pas pouvoir rester avec lui aujourd'hui non plus. Faisant demi-tour, je pensais déjà à ma prochaine venue. J'avais envie de passer du temps avec lui. J'avais l'impression que ce n'était pas très réciproque.


-Tu n'as qu'à venir avec nous.


Je stoppai ma marche. Au même moment, une voiture noire se gara devant la maison. Near sauta à l'intérieur ainsi que Mello. Au volant, un homme que je n'avais jamais vu. Il avait l'air très sérieux. Je n'aurais jamais imaginé que ces trois-là auraient pu avoir un chauffeur personnel. Que faire ? Je restai encore étonnée de la déclaration de Ryuzaki. Est ce que je pouvais réellement venir avec eux ? J'en mourrais d'envie. Grattant le bout de mon nez, j'acceptai timidement sa proposition.


Je m'installai à l'arrière de la voiture avec Mello et Near tandis que Ryuzaki se contenta de se mettre devant. J'étais plutôt mal à l'aise. J'avais accepté sans réfléchir. On ne m'avait rien dis et je ne savais pas où ils m'emmenaient. L'ambiance était plutôt calme. Ma présence agaçait clairement Mello.


-Tu nous fais drôlement confiance dis donc, ricana le blond. Tu ne te doutes même pas de quelque chose. On pourrait facilement te kidnapper et te séquestrer.


Je lui donnai un coup de coude dans les côtes avant de lui tirer la langue. Il en recracha son morceau de chocolat. Je ricanai légèrement. Malgré cette haine inconnue, le comportement de Mello me fera toujours rigoler. Il aimait me taquiner mais je savais qu'il n'était pas réellement méchant. Je pouvais le deviner car à chaque fois que je répondais à une de ses répliques cinglante, il souriait discrètement.


La voiture s'arrêta devant un bâtiment. Lorsque je posai mon pied sur le trottoir, je restai émerveillée. Immense et magnifique. Les deux seuls mots qui me revenaient sans cesse en tête. Est ce que c'était une sorte de château ? Near s'empressa d'ouvrir l'énorme portail noir. Je me plaçai derrière Ryuzaki. J'avais un peu peur. Je ne savais même pas où j'étais. Nous pénétrions rapidement à l'intérieur d'une immense cour. Végétations, fontaines et jeux d'extérieur. Je n'arrivais pas à deviner quel était cet endroit.


-Ryuzaki, est ce que tu peux m'expliquer ?


-L ! cria quelqu'un. L ! Tu es revenu !


Micro sourire aux lèvres, Ryuzaki avança sans me répondre. Quelqu'un nous barra soudainement la route. Je baissai la tête. C'était un enfant. Il devait être un peu plus jeune que Near. Dans ses bras, il tenait fermement une peluche. Il m'observa avec de grands yeux, comme si j'étais un extraterrestre. Je jetai quelques coups d’œil à Ryuzaki, perdue. Je ne savais pas comment agir. Lorsque j'essayai d'ouvrir la bouche, le garçon fonça vers Ryuzaki pour enlacer sa jambe. Son sourire enfantin m'illumina complètement.


-Excuse-le, murmura Ryuzaki. Il ne voit jamais d'étranger.


-L, qui est cette personne ? demanda l'enfant en me pointant du doigt.


-C'est ma copine.


Mes joues se rosirent. J'étais très contente de l'entendre complètement assumer. Ça me rappela rapidement l'épisode avec ma mère. Je n'avais pas été capable de dire la vérité. Pourtant, j'étais sensé être la personne la plus expressive dans notre couple. Je lançai un regard timide en direction de l'enfant. Il se recula soudainement pour nous observer tous les deux. Il gonfla ses joues avant de froncer les sourcils.


-Menteur ! rétorqua t-il. Les amoureux se tiennent par la main !


Touchée, je baissai la tête. La vérité sortait toujours de la bouche des enfants. Je ne pouvais pas le contredire. Nous ne ressemblions pas à un couple. Personne ne devinerait au premier coup d'œil que nous étions ensemble. Je restai pour ma part silencieuse. J'étais très mal à l'aise. Je ne savais pas du tout quoi répondre. Ryuzaki s'avança lentement vers l'enfant. Il s'agenouilla à sa hauteur pour chuchoter dans son oreille. Je me sentais légèrement exclue. Le garçon devint soudainement rouge comme une tomate.


-Hé ! Qu'est ce que tu lui a dis ?


-Rien de spécial, sourit Ryuzaki.


Faisant la moue, je croisai les bras sur ma poitrine. L'enfant me fixa avec la bouche ouverte. Qu'est ce qu'il avait pu lui raconter ? Je ne le saurais certainement jamais. Au loin, une silhouette familière se rapprocha de nous. Mello était accompagné d'un garçon que je n'avais jamais vu. Ils avaient l'air de bien s'entendre puisqu'ils étaient entrain de rigoler. À notre hauteur, Mello afficha un air exaspéré pour me présenter à son compagnon. Il s'appelait Matt. C'était donc cet ami avec qui il avait voulu rattraper les agresseurs de Ryuzaki.


-Il t'attend L ! cria le petit en tirant sur le pantalon de Ryuzaki. Vite, dépêche-toi !


-Mais enfin gamin, ricana nerveusement Mello en pointant son pistolet sur l'enfant. Il s'appelle Ryuzaki, tu sais bien.


-Laisse tomber Mello, je lui ai déjà révélé mon nom. Et range cette arme.


Le blond se pétrifia, au point d'en faire tomber sa tablette de chocolat. Il cria que notre relation allait beaucoup trop vite. Et moi, je lui pouffai au visage. Il ne s'y attendait pas. C'était comme une partie que j'avais gagné et lui perdu. Je tirai la langue pour l'irriter d'avantage. Au moment où il essaya d'avancer vers moi, je me cachai derrière Ryuzaki. Serrant les poings, il ramassa son chocolat. Il passa son doigt sous sa gorge pour me menacer.


-Oh aller, toi aussi tu devrais me dire ton vrai nom !


-Jamais de la vie ! s'énerva t-il.


-Et pourquoi ça ? ricanais-je. Est ce que tu en as honte ? Se pourrait-il qu'en réalité tu t'appelles Bernard ou encore Bob ?


Mello se jeta littéralement sur moi. Sourire en coin, Matt l'arrêta avant qu'il ne puisse m'atteindre. J'essayai de trouver du renfort chez Ryuzaki. Son absence d'expression me montra qu'il ne trouvait pas la situation très marrante. J'arrêtai alors mes bêtises. Peut être que je le gênais plus qu'autre chose. Je restai silencieuse le reste du chemin. Je ne savais toujours pas où j'étais. Nous entrions dans cet immense bâtiment. À l'intérieur, des dizaines d'enfants jouaient les uns avec les autres. Near avait rejoins un groupe.


-C'est ici que nous avons grandi, m'affirma Ryuzaki.


-Nous ? répétais-je perdu.


Je me retournai vers Mello. Il leva les yeux au ciel. Pendant la visite, Ryuzaki m'expliqua que ce bâtiment était un orphelinat pour des enfants surdoués. Tous les trois avaient vécu ensemble, ici. Ils avaient construis une amitié indestructible. Le premier à partir avait été Ryuzaki. À sa majorité, il avait demandé l'autorisation "d'adopter" Mello et Near. Ayant de bonne relation avec le directeur de cet établissement, sa demande avait été rapidement acceptée. Ça voulait donc dire qu'aucun de ces garçons n'avaient de parents. J'aurai aimé poser des questions à Ryuzaki sur sa vie, sa famille. Mais ce n'était certainement pas une discussion que je pouvais naturellement aborder avec lui.


Quelques minutes plus tard, nous nous arrêtions devant une porte. Est ce qu'ils étaient venus voir quelqu'un en particulier ? Nos regards se retournèrent simultanément vers Ryuzaki. J'avais l'impression de le voir hésiter à entrer. Je lui expliquai immédiatement que ça ne me dérangeait pas d'attendre dehors. Je pouvais comprendre qu'il voulait garder certaines choses confidentielles. Il hocha la tête avant de toquer. Ils entrèrent tous les quatre à l'intérieur de la salle tandis que moi je patientai contre le mur.


Je n'avais pas vu qui était dans cette pièce. J'entendais parfois des bouts de phrases ou quelques mots. Leur conversation attisait grandement ma curiosité et je n'arrivais pas à me retenir d'en entendre plus. Vérifiant les alentours, je me collai contre la porte pour les écouter. J'avais conscience de faire quelque chose de mal. Pourtant, je tenais absolument à savoir de quoi ils parlaient.

-Est ce que tu as eu des réponses ? demanda Ryuzaki.


-Une seule, affirma une voix que je ne connaissais pas. C'est plutôt compliqué étant donné que tu es encore un étudiant. Malgré les tests que je leur ai envoyé, ils n'ont pas vraiment envie de perdre leur temps.


-Est ce qu'ils ont quand même accepté ?


Je fronçai les sourcils face à mon incompréhension. De quoi est ce qu'ils parlaient ? Et en quoi cette conversation et pas une autre devait m'être cachée ? Ryuzaki ne m'avait jamais parlé d'une demande. Je venais de découvrir que Ryuzaki était surdoué ainsi que Mello et Near. Qu'est ce que je ne savais pas encore ? Un instant plus tard, ils se dirigèrent vers la sortie. Me remettant rapidement à ma place, je continuai d'agir que si de rien n'était.


-Et n'oublie pas de revenir me voir pour tout confirmer, indiqua un homme en sortant.


Son regard croisa le mien. Ayant des cheveux blancs, il devait être assez âgé. Qui était-il ? Une connaissance de Ryuzaki ? Un membre de sa famille ? Il se gratta la tête avant de me demander si j'étais une enfant de l'orphelinat et si j'avais quelque chose à lui demander en particulier. Mello ne manqua pas l'occasion pour rétorquer que étant donné ma stupidité, je ne pouvais pas venir de cet établissement. Le vieux homme se montra encore plus perplexe. Near coupa court à la plaisanterie en l'informant que j'étais une amie de Ryuzaki. Bouche entrouverte, l'homme me regarda avec de grands yeux. Un chaleureux sourire se dessina soudainement sur ses lèvres.


-S'il te plaît, me pria t-il, prend soin de Ryuzaki.


Je me montrai un instant étonné. Est ce qu'il avait deviné ? Nerveuse, je lui affirmai qu'il n'avait rien à craindre. Je protégerai et prendrai soin de lui. Il se pencha en avant pour nous saluer. Il posa discrètement sa main sur l'épaule de Ryuzaki avant de partir. Je trouvais leur relation très touchante. J'aurais aimé en apprendre d'avantage sur eux. Au chemin du retour, Ryuzaki décida bizarrement de prendre la place de Mello à l'arrière de la voiture. Le blond accepta presque sans broncher.


Nous revenions à l'heure du dîner. Par gentillesse, Ryuzaki me proposa de rester avec eux. Nous mangions dans la bonne humeur, même si parfois Mello essayait de me taquiner. Bizarrement, aucun d'eux ne reparla de cet après-midi. J'étais à table avec trois génies. J'arrivais difficilement à y croire. Surtout Mello. Il paraissait tellement sauvage et direct alors qu'en réalité c'était quelqu'un de très intelligent. Je pense que c'était le plus loyal des trois. J'appréciais beaucoup sa personnalité, même si je ne le montrais pas vraiment.


-Tu veux bien arrêter de me fixer ? grogna le blond. Je ne suis pas Ryuzaki.


-Je me demandais comment tu pouvais être quelqu'un de surdoué, crachais-je en souriant. Moi qui pensait que tu avais du chocolat à l'intérieur du cerveau.


-Très drôle, ricana t-il. Et si je faisais sauter ta tête pour voir ce qu'il y a à l'intérieur du tien ?


Je levai les yeux au ciel, refusant de répondre à ses provocations. Je tournai la tête vers Ryuzaki. Il fixait silencieusement son assiette. Nous n'avions échangé aucune parole depuis notre arrivée. Parfois, j'avais carrément l'impression d'être invisible pour lui. À la fin du dîner, je me dirigeai vers la sortie. Face à la porte, je restai bloquée. Je n'avais pas envie de partir. Sentant une présence derrière moi, je me retournai rapidement. C'était Ryuzaki. Est ce que je pouvais vraiment le faire ? Me mettant sur la pointe des pieds, je fermai les yeux avant de me rapprocher de sa bouche.


-Est ce que tu veux rester ?


-Quoi ? m'étonnais-je en me reculant. Mais il est déjà tard.


-Tu n'as qu'à passer la nuit ici.


Rouge tomate, je m'imaginai déjà des scénarios les plus gênants les uns que les autres. Ça ne me déplaisait pas, loin de là. Mais est ce que j'avais réellement le droit ? J'appuyai sur mon téléphone pour regarder l'heure. Je pouvais toujours appeler mes parents pour demander. Leur mentant ouvertement, je leur expliquai qu'une amie m'avait invité à dormir chez elle. Naïve, ma mère accepta immédiatement. Je hochai la tête pour faire comprendre à Ryuzaki que c'était d'accord. J'allais me rapprocher de lui mais Mello me bouscula au même moment.


-Bon alors vous en aurez pour combien de temps ? demanda t-il en regardant sa montre. Que je sache où je dois emmener Near.


-Qu'est ce que tu racontes encore ? râlais-je.


-Ça m'ennuierait de vous entendre et surtout de briser l'innocence de Near.


Je plissai les yeux. Réalisant soudainement de quoi il voulait parler, mon visage se transforma en volcan. Il n'avait pas honte de dire ça devant nous ? Lorsque je tournai la tête vers Ryuzaki, je le retrouvai en pleine réflexion. Pouce au coin de la bouche, il était entrain de réfléchir à un éventuel message secret derrière la phrase de Mello. J'avais oublié que Ryuzaki était aussi innocent que Near, malgré son âge. Je ne savais pas par contre si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Très mal à l'aise, je saisis son poignet pour prendre les escaliers et monter dans sa chambre.


Au moment de dormir, Ryuzaki me pointa son lit du doigt. Tandis que je me couchai à l'intérieur, lui s'installa au pied de sa table. Étant de dos, je ne pouvais même pas voir son visage. Il n'allait quand même pas me laisser seule ? Quel aurait été son but si ce n'était pas pour passer du temps avec moi ? Inspirant un grand coup, j'attrapai mon courage à deux mains avant de prendre la parole.


-Tu ne viens pas ? chuchotais-je gênée.


-Tu sais bien que je ne dors pas.


-Mais j'ai envie d'être avec toi, insistais-je.


-Ah bon ? murmura t-il. Je n'en ai pas eu l'impression aujourd'hui.


Est ce que c'était un reproche ? Ryuzaki était toujours discret et n'osait jamais déballer ses pensées. Un peu comme moi. Sauf que je me donnais beaucoup de mal pour faire des efforts. Je voyais ce soir comme une chance. Une chance que je refusais de laisser s'envoler. Sourire suspendu au lèvre, je me rapprochai discrètement de lui. Je déposai un baiser sur sa nuque tout en faisant glisser ma main sur son épaule. Il se retourna rapidement avant de cacher sa nuque. J'étais surprise de découvrir une teinte rose sur son visage si pâle. Il ne savait pas qu'en réagissant ainsi, j'avais encore plus envie de le taquiner. Sortant du lit, je me jetai sur lui pour le faire tomber en arrière et me mettre au dessus de lui. Son regard légèrement apeuré s'encra dans le mien. Le voyant complètement perdu, je décidai de le taquiner.


-Bah alors ? Vous êtes coincé inspecteur Ryuzaki ? Je vous pensez beaucoup plus intelligent que ça.


-Je ne suis pas dans la bonne position pour réfléchir. Je viens de perdre 40% de mes capacités.


-Oh vraiment ? Quel dommage.


Mes lèvres effleurèrent les siennes. Lorsqu'il essaya de s'avancer pour m'embrasser, je reculai mon visage. Face à ses nombreux essais, je cédai finalement. Je m'amusais mais j'avais terriblement envie de le laisser faire. Nous échangions quelques baisers pour timidement se lancer dans un baiser plus long. Je ne l'avais jamais embrassé de cette façon. Ça me faisait quelque chose. Les petits papillons et le souffle coupé. J'avais envie d'aller plus loin. Malheureusement, quelqu'un toqua à la porte.


-On avait dis pas ce soir.


Je soupirai en reconnaissant la voix nuisible de Mello. Je me relevai à contre cœur avant de saisir le poignet de Ryuzaki. Je le tirai jusqu'au lit pour le faire s'allonger. Je m'installai à ses côtés plus que souriante. Nous venions d'entamer un pas important dans notre relation. Je savais son nom, j'en avais aussi appris sur son passé. Je posai ma tête contre son torse. Je me sentais incroyablement bien. Mon cœur battait tellement vite que je me demandais si j'allais réellement pouvoir m'endormir. En tout cas, j'étais soulagée. J'avais découvert une nouvelle facette de sa personnalité et même de sa vie. Il me restait encore beaucoup de temps pour tout connaître de lui et gravir toutes les étapes.


Au milieu de la nuit, je me réveillai d'un merveilleux rêve. Je râlai mentalement de ne pas pouvoir y entrer à nouveau. Lorsque je tournai la tête, je remarquai Ryuzaki endormi. Je me levai discrètement pour me diriger vers mon sac. Je fouillai à l'intérieur pour trouver une poche secrète. Je récupérai une boîte avec un mot de passe. J'entrai le code pour retirer mon Death Note. Faisant le moins de bruit possible, je me dirigeai vers le premier étage. Je cherchai les clés pendant quelques minutes pour ouvrir la porte. J'entamai quelques pas avant de cacher mon cahier dans un buisson.

Je regagnai la maison pour rejoindre la cuisine. Je sursautai lorsque je me retrouvai nez à nez avec une personne. Mello. Il était entrain de fouiller dans le frigo, certainement à la recherche d'une nourriture pour rassasier son gosier. Prenant son air provocateur, il s'adressa à moi.


-Tu essayes de faire brûler toute la maison en douce ?


Je m'avançai vers les étagères tout en l'ignorant. Ouvrant plusieurs tiroirs, je recherchai un objet en particulier. J'écoutais Mello me parler mais je ne lui répondais pas. J'étais concentré à accomplir une tâche, une mission, un ordre. Lorsque je trouvai enfin ce que j'étais supposée trouver, je l'observai longuement.


-Plus sérieusement Emi, qu'est ce que tu fais debout à une heure pareille ? Tu as du mal à dormir ?


Je retirai un large couteau du tiroir. Il était tellement aiguisé qu'il brillait à la lumière de la nuit. Mello paniqua légèrement lorsque je le plaçai devant mon visage. Cependant, il était déjà trop tard. D'un geste brusque, j'enfonçai violemment le couteau dans mon ventre.


***


Merci pour vos commentaires comme d'habitude et de me suivre malgré l'attente !







Laisser un commentaire ?