Victime

Chapitre 15 : Menottes

3968 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/02/2018 20:42

-Monsieur, on dirait bien que les meurtres ont repris..


C'était la phrase que j'avais entendu depuis ma cellule de surveillance. Le gardien m'avait lancé un regard noir avant de partir avec l'homme qui était venu l'avertir. J'étais restée quelques heures sans nouvelle. Un groupe de policiers étaient ensuite revenus à ma rencontre. Ils m'avaient emmené dans une autre salle plus spéciale. Une simple table et deux chaises. Je m'installai sur l'une d'elle. En face de moi, une machine avec des dizaines de câbles. J'étais à bout de nerfs et épuisée de ne pas avoir mon propre confort. J'étais enfermée depuis trop longtemps pour garder un esprit totalement sain. Un homme entra dans la pièce. Je ne l'avais encore jamais vu. Son badge sur sa veste m'indiqua qu'il était le père de Light.


-Pourquoi est ce que je suis ici ? demandais-je légèrement perdue.


Sans me répondre, il colla deux patch reliés à la machine sur mes tempes. Il appuya sur quelques boutons. D'un instant à l'autre, des informations sur moi défilèrent sur l'écran de la machine. Ma taille, mon poids, mon groupe sanguin ainsi que mon âge. Je ne comprenais pas, jusqu'à ce qu'il m'explique que cette machine était en réalité un détecteur de mensonges. Elle indiquait les battements de mon cœur ainsi que les parties de mon corps qui se réchauffaient. Il allait me poser une série de questions. Je devais simplement répondre par oui ou par non.


-Est ce que votre nom est Emi Adamcki ?


Je restai silencieuse, le provoquant du regard. Et si je ne répondais pas ? Ils étaient arrivés dans une impasse. Les meurtres avaient repris alors que j'étais toujours enfermée. Ils ne comprenaient pas alors ils voulaient me mettre la pression pour découvrir la vérité. Ils ne m'auront pas. Le père de Light soupira avant d'appuyer sur un bouton rouge. D'une seconde à l'autre, une décharge me donna un mal de chien à la tête. Est ce qu'il était fou ? Il n'avait même pas le droit de me torturer.


-Est ce que votre nom est Emi Adamcki ?


Face à ma ténacité, il m'administra deux décharges de plus. Je commençais à transpirer et le point représentant la partie de ma tête devint rouge. J'avais mal mais d'un autre côté je ne voulais pas abandonner. Il ne pouvait pas me torturer indéfiniment. Cependant, ne pas répondre prouvait que j'avais quelque chose à cacher. Mais si j'acceptais de répondre, est ce que je saurai mentir correctement ? Je ne connaissais pas cet homme. La situation aurait été différente si par exemple Light m'aurait interrogé.


-Oui, murmurais-je.


-Est ce que vous connaissez mon fils ?


-Oui..


-Est ce que vous savez combien de personnes sont mortes cette semaine ?


-Non..


-Est ce que vous avez déjà tué quelqu'un ?


-Non.

L'homme baissa les yeux pour regarder les résultats sur la machine. Les battements de mon cœur avaient légèrement accéléré et aucune partie de mon corps s'était réchauffée. Je faisais tout mon possible pour garder mon calme et mon sang-froid. Les questions s'enchainèrent à la suite. Est ce que j'avais un pouvoir pour tuer ? Est ce que je faisais équipe avec quelqu'un ? Est ce que je tuais depuis ma cellule ? Est ce que j'étais Kira ? Aucune question ne porta ses fruits. Le père de Light se leva en soupirant. Il murmura quelques mots au garde devant la porte avant de quitter la pièce. Est ce que j'avais réussi ?


Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit à nouveau pour laisser place à un nouvel arrivant. J'écarquillai complètement les yeux, le suivant s'installer face à moi comme si rien n'était. Il replia ses jambes pour s'asseoir comme il avait l'habitude de le faire. Il posa ses mains sur ses genoux avant de relever son regard vers moi. Ryuzaki. Me faire interroger par lui pour avoir des résultats plus concrets. C'était encore pire. Mon cœur battait déjà vite avant même qu'il ne commence à me poser des questions.


-Est ce que tu..


-Comment oses-tu t'adresser à moi ? le coupais-je d'une voix cassante.


Une alarme se déclencha sur la machine. Toutes les parties de mon corps s'allumèrent en rouge. Mon rythme cardiaque dessina de grandes vagues sur l'écran. Je me retenais réellement de pleurer. Je n'arrivais pas à savoir comment il pouvait avoir le culot de se pointer devant moi. Après tout ce qu'il m'avait fais. Il m'avait menti et utilisé pour son propre intérêt, encore une fois. Je n'avais même pas eu d'explications de sa part. Il ne s'était même pas donné la peine de se justifier en partant de l'hôpital. Ça prouvait simplement que j'avais totalement raison à son sujet. Il n'avait jamais eu de sentiments pour moi.


-Je t'en prie, le provoquais-je, appuie toi aussi sur ce bouton pour me faire parler. Puisque après tout, ce que tu sais faire le mieux c'est blesser les autres.


Nous nous dévisagions pendant un instant. Ses pensées resteront le plus grand des mystères pour moi. Est ce que me voir ainsi le délectait ? Je ne savais même plus quoi penser de lui, de moi, de nous. Ryuzaki se leva avant de se diriger vers la sortie mains dans les poches. Encore une fois, il ne s'était même pas retourné. Je baissai la tête avant d'essuyer mes larmes aux coins des yeux. Le garde me récupéra pour m'amener dans ma cellule. La séance était terminée.


Recroqueviller dans mon lit, je repensai à ce que j'avais dit à Mello. Est ce qu'il était prêt à trahir Ryuzaki pour le protéger ? Il avait d'abord hésité, comme n'importe qui l'aurait fais. Je lui avais fait promettre de ne rien révéler et de garder ce que j'allais lui demander de faire pour lui. Je lui avais donné les morceaux de mon Death Note, sauf un. Il devait regarder les infos et tuer les criminels de la même façon que les précédents. Il s'était d'abord moqué de moi, prétendant que je disjonctais et qu'écrire un nom sur un bout de papier n'allait jamais tuer personne. Je l'avais ensuite supplié de le faire. Je n'étais pas la véritable coupable. Le tueur se trouvait au côté de Ryuzaki. Avec ses mots, j'avais réussi à convaincre Mello.


Le lendemain, quelqu'un tapa sur les barreaux de ma cellule plus tôt que prévu. Je ne savais pas quelle heure il était, mais j'avais à peine réussi à me lever correctement. Qu'est ce que c'était cette fois ? Nous montions les escaliers pour nous retrouver dans le hall du bâtiment. Nous prenions ensuite l'ascenseur. Je ne savais toujours pas ce qu'il se passait. Nous arrivions dans un long et grand couloir. Le garde toqua à une des portes avant de me pousser à l'intérieur. Je me retrouvai nez à nez avec plusieurs personnes. La pièce était immense. Au centre, une table où plusieurs agents de police étaient rassemblés. À droite, Light était assis à un bureau. À gauche, Ryuzaki était installé devant des dizaines d'écrans.


-Qu'est ce que je fais ici ? demandais-je perdue.


-Ryuzaki, l'interpella le père de Light, nous nous remettons à toi. Que doit-on faire ?


J'arquai un sourcil. J'avais entendu que Ryuzaki avait réussi à clôturer d'autres enquêtes. Il s'était fais sa place et il était maintenant beaucoup plus respecté au sein des agents de police. Lorsque je tournai la tête pour regarder Light, je manquai de m'évanouir. À côté de lui, Ryuk. Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu. Lorsqu'il croisa mon regard, il sautilla d'abord sur lui-même. Il se déplaça derrière Light pour agiter sa main dans ma direction. J'aurais aimé le saluer en retour. Malheureusement, je ne pouvais pas le faire.


-Est ce que vous me donnez toutes les permissions ? demanda Ryuzaki.


Le père de Light hocha la tête. J'observai Ryuzaki se lever et s'avancer tête baissée vers moi. À ma hauteur, il attrapa mon poignet. Je reculai immédiatement mon bras. De ses deux doigts, il retira un objet de sa poche de pantalon. Des menottes. Sans me prévenir, il attacha l'une d'elle autour de mon poignet. Je le regardai complètement perdue. Il entoura ensuite l'autre autour de son propre poignet.

-Je peux savoir ce que tu fais ? grognais-je irritée.


-Mon travail.


-Ton travail est de me séquestrer et me suivre partout où je vais aller ? Tu n'as même pas le droit de faire ça !


-Light, l'interpella Ryuzaki, est ce que tu peux nous accompagner s'il te plait ?


Le voir m'ignorer m'énervait encore plus. Nous accompagner où ? Lorsque Ryuzaki commença à avancer, je n'avais pas d'autres choix que de suivre le pas. Mon bras droit était complètement à son service. Nous prenions l'ascenseur dans un silence terriblement lourd. Parfois, nos doigts se frôlaient. Je n'aimais pas du tout ce que j'étais entrain de vivre. Je ne voulais pas l'admettre mais je ressentais toujours ce même sentiment lorsque je me tenais à côté de lui.


Nous entrions dans une pièce plutôt bien aménagée. Elle était très spacieuse et rien ne manquait. Ça ressemblait vraiment à une chambre d'hôtel. Ryuzaki remercia Light de nous avoir accompagné. Seulement, lorsque Light essaya de faire demi-tour, il resta bloqué. Je baissai mon regard. Ryuzaki avait attaché le poignet de Light à son autre poignet. Vu l'expression du brun, je devinai facilement qu'il ne s'y attendait pas du tout.


-Alors c'était donc ça, soupira Light.


-Nous allons rester ici tous les trois, nous expliqua Ryuzaki, pendant un moment.


-Comment ça tous les trois ? râlais-je. Je ne peux pas vivre avec deux garçons. Sachant que je n'aurais aucune intimité avec ses menottes !


-Ça me va, affirma Light. Si ça peut m'innocenter que je ne suis pas Kira.


Je levai les yeux au ciel. J'étais totalement contre mais apparemment mon avis importait peu. Alors Ryuzaki avait des doutes sur l'identité de Kira ? Non, j'étais pratiquement certaine qu'il savait que je n'étais pas celle qui tuer ces centaines de personnes dans tout le pays. Dans ce cas, pourquoi avait-il besoin de moi ? Pourquoi est ce que je n'étais pas relâchée au lieu de me garder sous surveillance ? Ryuzaki savait déjà tout. Il lui fallait simplement des preuves. 


Ainsi, nous nous retrouvions tous les trois assis sur le canapé. Ryuzaki au milieu, Light et moi à ses côtés. Aucun de nous ne parla. Je remarquai parfois Ryuzaki nous jeter quelques coups d'œil pas vraiment très discrets. Pourquoi est ce que j'étais encore une fois enfermée ? Je pensais à une idée en particulier. Ryuzaki voulait voir ce qu'il se passait à l'extérieur pendant qu'ils nous avaient avec lui. Il voulait observer l'évolution des crimes. J'avais demandé à Mello d'arrêter de tuer à partir du moment où il verrait que j'avais été relâchée aux informations. Ça tombait plutôt bien. Si les crimes s'arrêtaient, Light serait suspecté puisqu'il était avec nous.


-Tu as plutôt une bonne vue, affirma soudainement Light. Remarquer une caméra dans un porte-manteau, tu es vraiment surprenante Emi.


-Je n'ai pas envie de te parler.


-C'est dommage, soupira le brun, nous avons dû couper au meilleur moment..


Ryuzaki tira sur la menotte de Light pour attraper un gâteau sur la table basse devant nous. Je gonflai mes joues, légèrement gênée. Me rappeler que ces deux-là m'avaient vu à moitié nue, ça me mettait bizarrement très mal à l'aise. Sans compter tout ces hommes dans la salle de tout à l'heure. Je n'étais définitivement plus bonne à marier. Lorsque je croisai le regard de Light, ce fameux sourire était toujours suspendu à ses lèvres. Depuis quand était-il devenu aussi arrogant ?


-Qu'est ce que ça te fait Ryuzaki de suspecter ton meilleur ami et ta petite amie de meurtre ?


-Rien de spécial.


Pourquoi sa réponse ne m'étonnait pas ? Il n'avait jamais su dire ce qu'il pensait, même avec moi. J'essayai de retirer ce soudain sentiment beaucoup trop heureux de ma tête. Il n'avait pas démenti que j'étais sa petite amie. Pour moi, nous n'étions plus ensemble. C'était logique. Je n'avais pas à aimer un garçon qui voulait me voir derrière les barreaux. Pourtant, je n'arrivais pas à faire rompre les battements de mon cœur à chaque fois que je le regardais.


-Pourquoi est ce que vous vous détestez autant ? nous demanda Ryuzaki en mangeant son gâteau. N'êtes-vous pas censé collaborer ?


-Pourquoi collaborions-nous ? s'étonna Light.


-Vous avez le même pouvoir. Vous tuez de la même façon. Alors pourquoi ne pas faire équipe pour rassembler votre force et protéger votre secret ? Est ce que vous êtes en désaccord sur quelque chose ?


-Il est sûr que si j'étais Kira, j'aurais aimé travailler avec quelqu'un comme Emi.


-Emi, m'interpella Ryuzaki. Est ce que je peux te poser une question ?


Mon cœur loupa un battement. Je ne m'attendais pas à ce qu'il s'adresse directement à moi. Et puis cette façon de me demander la permission, ça me faisait penser à beaucoup trop de souvenirs. Il avait décidé de le faire pour éviter que je ne partes une nouvelle fois en courant. Comme si je pouvais aller quelque part dans cette situation. Prenant soin d'éviter la remarque de Light, je hochai timidement la tête à Ryuzaki.


-Si tu faisais équipe avec Kira, qui serait ton principal ennemi ?


-C'est évident, non ? ricanais-je. La personne qui en sait le plus sur notre secret.


Ryuzaki était tellement intelligent. Il savait poser les bonnes questions. Il venait clairement de me demander pourquoi je n'acceptais pas de me joindre à Light. Et je venais clairement de lui répondre parce que il était notre principal ennemi. Si je suivais les plans de Light, il essayerait avant tout de mettre Ryuzaki hors d'état de nuire. Je ne voulais pas le tuer et encore moins aider Light à le faire. Protéger notre secret ou tuer la personne que j'aimais le plus au monde. Mon choix avait été fais depuis très longtemps déjà. Par contre, je ne voyais pas vraiment ce que ça lui apportait de savoir ça.


-Je vois. Merci.


À l'heure du repas, nous essayions de manger tous les trois du mieux que possible. Nous pouvions utiliser notre main droite sans vraiment déranger l'autre à côté. Quand bien même, je ne m'étais jamais sentie autant emprisonnée que maintenant. Je n'étais même plus maître de mes mouvements. J'avais déjà peur des prochains événements. En observant Light, j'avais l'impression que cette situation ne le dérangeait absolument pas. Est ce qu'il était confiant de quelque chose au point de se montrer complètement détendu ?


-Ryuzaki, est ce que tu penses que les crimes vont s'arrêter ? demanda Light.


-Je ne sais pas. Quand Emi était emprisonnée les crimes se sont arrêtés mais ils ont subitement repris.


-Qu'est ce que ça veut dire d'après toi ?


-Que Emi n'est pas Kira, affirma Ryuzaki. Ou bien qu'elle ait manipulé quelqu'un pour le faire à sa place. Mais qui ? Quelqu'un à qui elle confierait son secret et qui accepterait de tuer pour elle..


Ryuzaki tourna subitement sa tête vers moi. Les yeux grands ouverts, son regard me transperça. J'en avais des frissons. Est ce qu'il avait compris ? Quelle serait sa réaction si il savait que Mello l'avait trahi pour moi ? Il en serait certainement attristé. Ça m'étonnait toujours que Mello avait accepté de m'aider. Ryuzaki ne m'avait toujours pas quitté des yeux. N'osant pas lui faire face, j'évitai son regard.


-Emi, est ce que tu as eu des visites quand tu étais dans ta cellule ?


-Oui.


-Qui ça ?

-Mes parents.


Il regarda à nouveau devant lui avant de poser son pouce contre sa lèvre. Il ne m'avait définitivement pas cru. Mello m'avait dis que Ryuzaki ne savait pas qu'il était venu me voir. Et je lui avais bien évidemment rappelé de continuer à ne rien lui dire. Ce n'était pas juste. Tous les débats tournaient autour de moi. Et Light rajoutait à chaque fois son grain de sel. Ryuzaki ne posait pas de questions aussi directes à Light. J'avais l'impression d'être la seule suspectée. Est ce que j'étais réellement capable de me mettre à leur hauteur ? D'essayer de moi aussi contribuer à la chute de Light ? Faire douter Ryuzaki ?


-Tu parles de manipulation à mon sujet mais c'est peut être l'inverse, expliquais-je en fixant un point dans le vide. Quelqu'un me manipule, peut être même que Kira me manipule pour me faire porter le chapeau. Ou alors je fais équipe avec Kira. Je suis innocente mais j'accepte d'être suspectée pour lui. Je le couvre, ou quelque chose comme ça. Je peux aussi être Kira et Light est complètement innocent. Mais si Light est Kira, alors je pourrai être connecté à lui. Nous faisons exprès de nous détester pour éloigner les doutes que tu as sur nous. Alors qu'en réalité, en un simple regard nous arrivons à nous comprendre. Ou alors, Kira nous utilise tous les deux. Et dans ce cas, tu es loin d'avoir attrapé le coupable. Hein, qu'est ce que tu en penses Ryu.. ?


Lorsque je me retournai vers eux, deux paires de grands yeux me fixèrent intensément. Gênée, je me grattai l'arrière de la nuque. J'en avais peut être un peu trop dis. Je le savais, je n'étais pas de taille face à Light et Ryuzaki. La prochaine fois, je m'abstiendrai de tout commentaire et les laisserai chercher de leur côtés. Quelques secondes plus tard ils continuèrent de déguster leur repas dans le silence tandis que moi je restai dans mon coin, essayant d'oublier ce moment d'humiliation.


Au moment de passer sous la douche, j'avais catégoriquement refusé de rentrer dans la salle de bains avec eux. Comme à son habitude, Light avait décidé de partager son désaccord. Ce n'était pas juste d'après lui. J'avais le droit à un moment seul que lui ne pouvait pas avoir. Seulement, Ryuzaki refusa lui aussi de laisser Light. Nous étions donc confrontés à un problème de taille. Aucun de nous ne voulait changer d'avis. J'eus soudainement l'idée de demander si une femme ne faisait pas par tout hasard partie du service de police. J'appris que c'était le cas. Ryuzaki accepta finalement mon idée et me laissa me laver en compagnie de cette fameuse femme.


Je ressortis de la salle de bains avec des habits qui n'étaient bien évidemment pas les miens. Je m'installai sur le canapé toujours avec cette femme. Light et Ryuzaki partirent à leur tour pour revenir quelques minutes plus tard. Je n'avais pas envie de regagner ses menottes. À contre cœur, je tendis mon bras vers Ryuzaki. Je soupirai en entendant que nous allions tous les trois dormir dans le même lit. Ainsi, Light et moi nous retrouvions aux extrémités tandis que Ryuzaki était assis entre nous. Je n'étais pas du tout à l'aise et je réfléchissais beaucoup trop pour pouvoir m'endormir.


Plusieurs heures plus tard, j'étais toujours éveillée. J'avais cru comprendre que Light avait réussi à s'endormir. Ryuzaki n'avait pas bougé d'un poil. Est ce qu'il comptait rester assis toute la nuit ? Il pouvait bien faire ce qui lui plaisait. Je n'avais plus rien à cacher et je ne pouvais de toute façon plus rien faire. Je ramenai lentement ma main droite près de mon visage. Celle de Ryuzaki suivit le rythme à cause des menottes. Je ne pouvais même pas dormir dans la position que je voulais. J'avais mal aux poignets. Je pouvais déjà voir de légères marques rouges sur ma peau. Mon regard glissa sur les doigts de Ryuzaki. Ils paraissaient tellement grands à côté des miens. J'avais envie de les toucher. Est ce qu'il me regardait en ce moment ? Je ne pouvais pas savoir puisque j'étais allongée du côté. Mes doigts s'entremêlèrent timidement avec les siens. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti ce sentiment.


Il ne résista pas alors je rallongeai notre contact. Qu'est ce que j'étais entrain de faire ? J'étais sensé le détester. Il m'avait blessé et honteusement menti sur ses sentiments. Et si j'avais tors ? Ryuzaki ne m'aidait en rien à comprendre. Même si je lui posais des questions, il les évitera d'une façon ou d'une autre. J'avais juste besoin d'un signe, d'une parole. Mes yeux commencèrent à me piquer. Je n'avais plus personne. Je devrais être chez moi avec mes parents. Dormir dans mon lit. Revoir le sourire de Lola chaque matin avant d'aller au lycée. Me faire harceler par Misa et ses copines. Attendre que Light vienne me défendre. Admirer Ryuzaki de ma table sans jamais pouvoir lui parler. Si je pouvais voyager dans le temps, je choisirai de revenir dans le passé. 


-Je sais que tu n'es pas Kira.


-Qu.. ?


-Alors dors maintenant.


Ryuzaki détacha la menotte de mon poignet. Mon bras était redevenu libre. J'avais du mal à m'en servir de nouveau. Je passai discrètement ma tête au dessus de mon épaule. Ryuzaki fixait toujours un point devant lui. Il savait que je n'étais pas Kira mais il me gardait tout de même auprès de lui. Quel était son but ? Certainement un secret que je ne saurais jamais. Je lui murmurai tout de même un remerciement avant de me retourner définitivement. Sans difficulté, je réussis enfin à trouver le sommeil.


Je me réveillai le lendemain matin seule. Light et Ryuzaki n'étaient plus dans le lit. Je profitai de prendre mon temps pour me lever. De toute façon, ils y avaient des caméras partout. J'entrai dans la pièce principale où les deux garçons étaient déjà installés. Les jours suivants se déroulèrent de la même manière, toujours avec les mêmes rituels. Jusqu'à ce qu'un jour, la télé devant eux s'alluma pour la première fois.


-Qu'est ce qu'il se passe ? demandais-je intriguée.


Light m'expliqua que Kira avait un message à faire passer. Il avait manipulé quelqu'un pour envoyer une enveloppe avant de le tuer. Cette enveloppe contenait un message personnellement adressé à Ryuzaki. Une chaîne de journalisme avait accepté de lire ce message à la télévision, devant tout le pays. Étonnée, je m'installai à côté de Ryuzaki. Light avait décidé d'agir. Je le voyais jouer l'innocent du coin de l'œil. Qu'est ce qu'il manigançait cette fois ?


-"Ce message est pour la personne à la tête de l'enquête sur Kira. J'ai récemment entendu que tu étais surdoué, à la limite du génie. Tu es contre les agissements de Kira. Tu es donc le mal. Mais voyons voir si tu sauras faire un choix intelligent. Je veux que tu t'exprimes demain à la conférence, je veux que tu te montres aux yeux de tous. Sinon, je tuerai chaque agent de police qui essayera de m'arrêter. Voyons de quel côté se tient réellement la justice."






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