Victime

Chapitre 27 : Ami

4086 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/11/2019 17:53

Ryuzaki avait trois jours pour choisir. Rendre le Death Note et me retrouver saine et sauve. Garder le cahier et signer mon arrêt de mort. Aujourd'hui était le troisième jour. Ligotée sur ma chaise, j'attendais impatiemment la venue de Kiyomi. Le cahier de la mort était peut être important pour Ryuzaki mais il ne pouvait pas me laisser mourir ainsi. L'attente était insoutenable. Puis enfin, Kiyomi se téléporta devant moi. Mon regard fixa son sourire hautain qu'elle avait éternellement sur le visage. M'apportait-elle une bonne ou mauvaise nouvelle ?


-L a répondu, m'informa t-elle, une réponse qui risque de te plaire.


Les larmes au yeux, j'essayai de sourire à travers le scotch collé sur ma bouche. J'étais tellement soulagée et heureuse. J'allais enfin pouvoir retrouver ma vie d'avant, mes amis et surtout Ryuzaki. Mon sourire s'estompa peu à peu en voyant celui de Kiyomi s'agrandir. Pourquoi ne bougeait-elle pas ? Deux grandes silhouettes apparurent alors à ses côtés, des hommes. Ils entrèrent dans ma cellule, corde et tabouret à la main. Je paniquai immédiatement lorsqu'ils s'approchèrent de moi. Ils soulevèrent ma chaise pour la mettre sur le tabouret puis lancèrent la corde autour de la barre métallique au plafond. Cette corde se retrouva rapidement autour de mon cou. Les hommes se dépêchèrent de libérer mes autres membres attachés. Je relevai la tête vers Kiyomi, la suppliant du regard de me sauver. D'un air moqueur, les hommes poussèrent la chaise et le tabouret. La corde se referma brutalement sur mon cou.


Je me réveillai en sueur. Ma poitrine se relevait et s'abaissait comme si je venais de courir un marathon pendant plusieurs heures. Encore un fichu cauchemar. J'essayai de me calmer en me répétant sans cesse que ce n'était qu'une illusion de mes peurs. Je n'arrivais pas à dormir la nuit. Quand mon corps n'en pouvait définitivement plus, je m'endormais. Malheureusement, j'étais loin de pouvoir me reposer et récupérer des forces. Mes cauchemars m'affaiblissaient encore plus. Sans compter que je n'arrivais toujours pas à satisfaire mes besoins vitaux. Les piqures de Kiyomi ne m'aidaient pas beaucoup. Depuis combien de temps m'avait-elle informé de l'échange entre moi et le Death Note ? Presque une journée entière.


-Tu avais l'air de faire un cauchemar, ricana Kiyomi appuyée contre le mur. Est ce que j'étais dedans ?


Je fronçai les sourcils, l'insultant de tous les noms dans ma tête. En voyant son sourire, je me remémorai mon cauchemar. La peur. La sensation de la corde sur mon cou. Ces souvenirs me donnèrent immédiatement des frissons. Comment pouvait-elle être aussi fière ? Cependant, la raison de sa venue m'était encore inconnue. Kiyomi ne revenait jamais aussi rapidement. Peut être que ma surveillance avait été renforcée ? Je me demandais soudainement comment était l'extérieur. Est ce que des gardes dispatchés un peu partout dans la forêt veillaient à ce que je ne m'enfuisse pas ? Je soupirai, sachant très bien que je ne connaitrai jamais la réponse à cette question.


-L a répondu.


Je relevai immédiatement la tête. Mon cœur battait vraiment très fort. Est ce que mon cauchemar allait se répéter ? Stoïque, Kiyomi m'expliqua simplement que Ryuzaki avait demandé une vidéo de moi pour être sur que ce n'était pas un piège et que j'étais toujours vivante. J'étais légèrement déçue de ne pas avoir la réponse que j'attendais mais j'étais tout de même soulagée de savoir qu'il n'avait pas abandonné les recherches. Kiyomi m'indiqua alors les phrases que je devais répéter pendant la vidéo. Lorsqu'elle me retira le scotch sur ma bouche, j'eus l'impression de revivre. J'inspirai profondément avant de me concentrer. Pourquoi est ce que j'étais obligée de répéter des phrases toutes construites d'abord ? Je n'étais pas du tout à l'aise et puis, j'étais surtout très honteuse de me montrer dans un état si déplorable. Les premiers essais furent des échecs. Je n'avais pas utilisé ma voix depuis très longtemps et ma gorge était tellement sèche que Kiyomi m'entendait à peine.


-Je suis bien vivante, essayais-je pour la cinquième fois, je vais bien. Mais certainement plus pour longtemps. Je n'ai pas de quoi manger ni boire. Je t'en supplie L. Donne leur le Death Note. Ma vie est plus importante qu'un simple cahier. Si tu ne le fais pas, Kira me tuera et je mourrai par ta faute.


Kiyomi coupa la vidéo, satisfaite de mon interprétation. Elle arracha un nouveau morceau de scotch pour le coller sur ma bouche. Je l'observai s'éloigner, silencieuse. Kira venait de me donner une occasion en or pour aider Ryuzaki à me retrouver. Je pouvais parier n'importe quoi que les paroles de ce discours avaient été inventées par Kiyomi. Kira aurait su que je n'appelais pas L par son véritable nom. Ce qui voulait dire que Kira n'avait pas vérifié le travail de Kiyomi et qu'elle en était par conséquent entièrement responsable. Jamais, elle ne découvrira ce que j'avais glissé dans la vidéo. Mes poignets étaient peut être attachés mais je pouvais toujours bouger mes mains. Alors, pendant la vidéo, j'en avais profité pour dessiner un arbre avec mon doigt et plusieurs fois. Kiyomi n'était pas assez intelligente et observatrice pour le remarquer. Ce n'était peut être qu'un minuscule détail mais j'étais persuadée que Ryuzaki le découvrirait.


Avec cette vidéo, Kiyomi avait carrément oublié de me donner ma piqure. Avait-elle réellement oublié ? Elle devait le faire exprès. Plus vite je disparaitrais et plus vite elle aurait Light pour elle toute seule. Il faisait nuit et je n'arrivais pas à trouver le sommeil. J'avais très froid et je me sentais aussi très sale. Dans très peu de temps, je tomberai certainement malade. J'avais juste de la chance de posséder un système humanitaire jusqu'à présent coriace. Dans ces moments, je ne pouvais m'empêcher de repenser à quoi cela ressemblait de dormir dans un lit. Je n'avais personne avec qui discuter. Je me sentais incroyablement seule et incroyablement délaissée. Je voulais rentrer chez moi. Je voulais retrouver les personnes que j'aimais.


Je marchai dans les rues, longeant chaque trottoir que je rencontrais. Je connaissais cet endroit. J'étais en ville et ma maison ne se situait pas très loin. Depuis quand n'y étais-je pas retournée ? Le sourire aux lèvres, je commençai à courir. J'étais impatiente. Lorsque j'atterris devant ma maison, je me stoppai. Une petite fille passa devant moi, sac sur le dos. Joyeuse, elle se précipita vers la porte pour l'ouvrir. De l'autre côté, ma mère la salua en la prenant dans ses bras. Je n'avais pas besoin de réfléchir plus longtemps pour savoir qui était cette fille. C'était tout simplement moi, à un âge beaucoup plus jeune.


-L'école s'est bien passé ma chérie ?


-Oui ! Regarde maman, dis-je en sortant un papier de mon sac, j'ai eu la note maximale en dessin !


Ma mère me félicita en me donnant un bonbon. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en observant cette scène. Plus que curieuse, je les suivis à l'intérieur. Cependant, en passant la porte, la petite moi de tout à l'heure avait grandi. Je devais avoir une douzaine d'années. Assise à la table du salon, j'étais profondément concentrée à résoudre un puzzle. Puis, en tournant la tête vers ma mère, je remarquai immédiatement la tristesse sur son visage. Pourquoi ce changement si brutal ? Je me concentrai à nouveau sur ma personne. Âgée de trois ou quatre années de plus, j'étais dans un coin de la pièce entrain de regarder mon téléphone. Je me penchai au dessus de mon épaule, intriguée par ce que je pouvais lire. Des insultes, des rumeurs et des méchancetés sur moi. Je me souvins alors qu'à cette époque, je rentrais au lycée et que c'était aussi le début des ennuis.


-Qui es-tu ? cria soudainement ma mère apeurée.


Je me retournai vers elle, très surprise de sa réaction. Elle me fixait, comme si une inconnue venait de pénétrer dans sa demeure. Tremblante, je lui répliquai que c'était moi, sa fille. Mon père s'avança à ses côtés. Ils me pointèrent tous les deux du doigt.


-Étrangère ! hurla ma mère.


-Tu n'es plus la bienvenue chez nous, cracha mon père.


-Mais enfin qu'est ce que vous..


-Tu passes tes journées au poste de police sans nous donner aucune information, continua ma mère. Nous ne te voyons plus. Si tu es réellement une meurtrière alors tu n'es pas digne d'être notre fille.


-Va t-en, m'ordonna mon père. Va t-en !


Je fronçai tristement les sourcils. Ma poitrine me piqua plusieurs fois en entendant les paroles cruelles de mes parents. N'avais-je réellement plus le droit de revenir à la maison ? Si je ne leur avais jamais rien dit au sujet de mes affaires avec la police, c'était pour les protéger. Lorsque je m'avançai vers eux pour m'expliquer, ils disparurent en un claquement de doigt. La pièce s'assombrit. Je me retournai immédiatement, faisant face à une nouvelle silhouette au milieu du salon.


-Pourquoi est ce que tu m'as laissé toute seule ?


Yuka, les poings serrés, me dévisageait méchamment. Je me dirigeai vers elle mais une vitre invisible me barra le passage. Je ne pouvais pas atteindre Yuka pourtant j'avais terriblement envie de la prendre dans mes bras. J'avais beau essayer de m'excuser, les mots ne sortaient pas. Je tapai plusieurs fois violemment contre la vitre, rencontrant par la même occasion le regard haineux de la brune. Elle était ma seule amie. Je ne voulais pas la perdre. Je voulais la rejoindre.


-Tu me mens depuis le début, murmura Yuka. Tu es du côté de Kira. Je suis persuadée que cet enlèvement t'arrangeait.


Je secouai la tête de gauche à droite. Comment pouvait-elle y croire ? Nous étions du même côté. Soudain, un nombre incalculable de silhouettes se téléportèrent autour d'elle. L'ancienne équipe de Ryuzaki, Sophie et des dizaines d'autres personnes que j'avais tué. La dernière à apparaître m'arracha complètement le cœur de la poitrine. Devant tout le monde, Lola tenait ses cheveux arrachés entre ses mains.


-Pourquoi est ce que tu ne nous a pas sauvé ? sanglota t-elle. Est ce que nos morts t'arrangeaient aussi ?


Je me réveillai une nouvelle fois en sueur. Ma gorge était tellement sèche que je n'arrivais même pas à reprendre mon souffle correctement. Rêver de toutes ces personnes à la fois avait fais renaître des souvenirs que j'avais souhaité enfuir à jamais. La mort de Lola avait été le déclencheur de cette histoire. Sans elle, je n'aurais peut être jamais utilisé le Death Note. En me remémorant le visage autrefois si joyeux de Lola, je fondis en larme. Je me rendais compte à quel point ma vie avait changé. Où serais-je en ce moment même si je n'avais pas découvert ce fichu cahier ? Combien de personnes seraient encore saines et sauves ? Une personne coupa court à mon chagrin lorsqu'elle se gratta la gorge. Sa tête dépassait du plafond au dessus de la mienne.


-Et bien et bien, soupira t-il, c'était plus compliqué que prévu de te trouver.


N'affichant aucune expression particulière, j'observai Ryuk atterrir devant moi. Je n'avais pas vraiment envie de laisser quelqu'un me voir pleurer. Honteuse, je baissai la tête. Ryuk m'expliqua tout de même que depuis plusieurs jours, il avait entamé ses recherches. Light et Kiyomi ne l'avaient pas prévenu de l'endroit où j'étais. Et puis, à chaque fois que Ryuk les avait questionné à mon sujet, ils lui avaient répondu que je séjournais dans une chambre d'hôtel en attendant la suite du plan. Je lâchai un triste rictus en entendant cette nouvelle. J'étais loin de la chambre d'hôtel.


-Alors je suis remonté dans le monde des shinigamis et je leur ai demandé si ils ne t'avaient pas par hasard aperçu, me raconta Ryuk en se grattant la nuque. Je suis désolé de mon retard. J'ai essayé de suivre Kiyomi mais elle ne me laissait jamais faire.


Je ne savais pas comment remercier ses efforts. J'étais vraiment touchée. Surtout dans cette situation où plus personne ne faisait attention à moi. J'essayai de sourire à travers le scotch sur ma bouche pour lui montrer ma gratitude. Si ces cordes ne me retenaient pas, je lui aurais sans doute sauté dans les bras. Je me demandais cependant pourquoi Light et Kiyomi n'avaient pas mis Ryuk au courant de leur plan.


-À chaque fois que je te vois, ton espérance de vie diminue.


Il m'arracha doucement le scotch que j'avais sur la bouche. Prenant une bouffée d'air frais, je respirai plusieurs fois profondément. Mon espérance de vie diminuait de plus en plus. Je n'avais aucun mal à le croire. Plus les heures passaient et plus j'avais l'impression que mon âme allait s'extirper de mon corps. Pourquoi Ryuk m'avait recherché depuis tout ce temps ? J'étais très bien placé pour le connaître. Jamais, il ne m'aiderait à complètement m'échapper de cet endroit. Ce n'était pas assez amusant pour lui. Il avait toujours sa façon d'apporter son soutien. Ou peut être que je me trompais complètement. Ryuk était simplement venu voir mon état et rien de plus.


-Est ce que des gens surveillent les alentours ? lui demandais-je.


-Oui, ils sont beaucoup.


-Est ce que tu as des informations sur Ryuzaki ? Sur ses recherches ? Sur sa réponse concernant l'échange ?


-Je regrette Emi, répondit Ryuk tristement, rien ne passe à la télé et lorsque je suis là, Light ne parle jamais de ses plans.


C'était sans espoir. Si Ryuk n'avait rien entendu, c'était peut être parce que Ryuzaki avait abandonné les recherches ou n'essayait pas du tout de me retrouver. Rien qu'à cette pensée, de nouvelles larmes perlèrent aux coins de mes yeux. Je devenais beaucoup trop émotive depuis mon arrivée ici. J'essayai de stopper mes pleurs, en vain. Je relâchais mes nerfs et toute la frustration que j'avais éprouvé jusqu'à présent.


-Oh non, bégaya Ryuk, arrête de pleurer. Écoute, je vais m'en aller mais je vais revenir. D'accord ? Tu m'attends, hein ?


Je reniflai avant de hocher la tête. Le shinigami déploya ses ailes puis traversa le mur pour s'envoler dans le ciel. Je ne pouvais que l'attendre. J'étais coincée sur cette chaise de toute manière. L'attente était longue, très longue. Je commençais à croire que Ryuk ne reviendrait jamais. Maintenant que ma bouche était à découvert, je pouvais peut être trouver un moyen de me détacher. Seulement, je mourrai de faim et de soif. J'étais fatiguée de survivre.


Toujours sur ma chaise, mon ventre gargouilla en apercevant un plateau de sucreries à mes pieds. Ce n'était pas tout. Il y avait aussi des glaces, des gâteaux ainsi que des bonbons. J'en avais presque la bave au menton. Guidée par la faim, j'essayai de me défaire de mes cordes. Ma seule envie était de sauter sur cette nourriture et de l'avaler d'une seule traite.


-Est ce que tu veux de l'aide ?


Mon cœur loupa un battement en reconnaissant cette voix. Au loin, caché à travers les barreaux d'une autre cellule, Ryuzaki. Le sourire jusqu'aux oreilles, je lui criai à quel point j'étais contente de le revoir. Les mains dans les poches, il avança lentement vers ma cellule. Il parvint à l'ouvrir en sortant magiquement la clé de son pantalon. Je n'avais pas la force de réfléchir comment il les avait eu ni quand. J'étais simplement concentrée sur la nourriture et sur Ryuzaki.


-S'il te plait, aide moi.


Ryuzaki me demanda qu'est ce que je préférais manger en premier. Sans hésiter, je pointai le gâteau du menton. Il s'abaissa alors pour en couper une part. Mes yeux brillèrent en voyant le morceau se rapprocher de ma bouche. Seulement, au dernier moment, Ryuzaki dirigea le gâteau vers sa propre bouche. Sans gêne, il commença à le déguster sous mes yeux.


-Mais enfin, qu'est ce que tu fais.. ?


-Qu'as-tu fait pour mériter cette part de gâteau ? Moi j'ai besoin de sucre parce que je réfléchis.


-Moi aussi je réfléchis ! Si je ne mange pas rapidement, je vais mourir !


-Vraiment ? Alors fais un peu plus d'effort et peut être que je partagerai avec toi.


Je l'observai, la bouche entrouverte, finir le gâteau en entier. Mon ventre était vide, ma tête aussi. Je méritais de manger tout en autant que lui. Jusqu'à présent, je m'étais battue mentalement pour survivre. Comment pouvait-il n'avoir aucune pitié ? Les minutes passèrent tandis que Ryuzaki avalait toutes les sucreries qui m'étaient pourtant destinées. Enfin, il termina tous les plats. Abattue, je n'osais plus relever la tête. C'était moi qui avait besoin de manger et de reprendre des forces. C'était moi qui, depuis des jours, était ligotée à une chaise sans pouvoir bouger ni correctement respirer.


-Tu n'es qu'un égoïste ! lui criais-je à la figure.


-Tu n'as pas été assez rapide, rétorqua t-il calmement en posant son pouce sur les lèvres.


-Rapide pour quoi ? C'est impossible pour moi de m'enfuir !


-Tu n'as même pas essayé, cracha t-il. Comme tu n'as pas essayé de m'empêcher de manger toute cette nourriture.


-Mais je..


-Tu ne mérites pas de manger comme tu ne mérites pas de boire. Tu ne mérites pas d'être sauvée Emi. Et tu ne mérites certainement rien de ma part non plus.


Ryuzaki se releva pour sortir de ma cellule. Il laissa la porte ouverte et avant de s'en aller, il jeta un couteau par terre. Perdue, je lui demandai de m'expliquer la situation mais il m'ignora. Ryuzaki avait maintenant disparu et j'étais seule à seule avec ce couteau. Qu'est ce que j'étais censé faire avec ? Est ce que Ryuzaki avait essayé de m'envoyer un message me disant qu'il était l'heure pour moi de mourir ? Mes poignets étant soudainement libérés, je me penchai pour attraper le couteau. Ce n'était pas le moment de mourir mais bien le moment de s'enfuir. Sans réfléchir, je coupai les cordes à mes chevilles. N'ayant pas marché depuis des jours, je tombai la première fois en essayant de courir. Au sol, je fixai la sortie. Elle brillait tellement, comme un portail qui pourrait m'emmener dans un autre monde. Je rampai difficilement jusqu'aux escaliers puis enfin lorsque je traversai cette lumière, tout autour de moi devint blanc.


-Emi, m'appela quelqu'un. Réveille-toi, je suis de retour.


Je clignai plusieurs fois des yeux pour reprendre mes esprits. C'était trop beau pour être vrai. Je n'avais pas réussi à m'enfuir et Ryuzaki n'était pas venu me déposer un couteau. Ryuk était revenu mais j'avais beau faire attention à la main qu'il était entrain d'agiter devant mon visage, je n'arrivais pas à me détacher de mon rêve. Personne n'allait m'aider. Personne n'allait perdre son temps pour me sauver. Mon attention se reporta vers Ryuk lorsqu'il agita, cette fois-ci, un sac plastique.


-Je t'ai rapporté de quoi te remonter le moral.


Je fixai ce que Ryuk sortait de son sachet comme si l'impossible était entrain de se produire. Une bouteille d'eau, des sandwichs et même une pomme. Est ce que j'étais bien dans la réalité ? Est ce que je n'étais pas encore entrain de rêver ? Face à mon manque de réaction, Ryuk se vexa. Il m'expliqua qu'un peu plus tôt, il avait été acheter ou plutôt emprunter ces aliments au supermarché. Je me répétais mentalement plusieurs fois cette phrase. Ryuk avait fais les courses pour moi. Sans pouvoir me retenir plus longtemps, je fondis en larmes une nouvelle fois.


-Arrête, paniqua le shinigami, je vais chercher autre chose si ça ne te plaît pas !


-Je suis désolée, m'excusais-je, je te suis simplement profondément reconnaissante.


Ne pouvant patienter plus longtemps, je demandai à Ryuk de me laisser boire. Il retira le bouchon de la bouteille avant de laisser couler l'eau au fond de ma gorge. J'étais légèrement déçue de constater que Ryuk transgressait les règles mais simplement qu'un peu. Il n'avait pas l'air de vouloir me détacher. Enfin, ce n'était pas le plus important. Pouvoir à nouveau boire après des jours de déshydratation était une vraie jouissance. Ce que je ne buvais pas, je demandai à Ryuk de le laisser couler sur mon visage. J'avais l'impression de renaître. Je me jetai ensuite sur le sandwich que j'avalai à peine en quelques crocs. Puis cette pomme que Ryuk m'avait rapporté, aussi rouge que celles dont j'avais eu l'habitude de lui acheter, j'étais persuadée que c'était la sienne.


-Qui t'a autorisé à l'aider ? gronda soudainement une voix.


Surpris sur le fait, Ryuzaki lâcha la pomme qu'il avait dans la main. Je fronçai immédiatement les sourcils en apercevant Kiyomi près des escaliers. C'était maintenant qu'elle daignait se montrer ? Il était trop tard. J'avais pu reprendre des forces, à son plus grand désespoir, grâce à Ryuk. Furieuse, elle se dirigea vers ma cellule pour nous cracher que Light serait très rapidement mis au courant de la situation. Je pouvais bien me moquer de ses menaces. Ils avaient conclu un accord avec Ryuzaki, du moins jusqu'à sa réponse. Ils ne pouvaient pas me blesser. Et puis, Ryuk était intouchable.


-Retourne auprès de Light, ordonna Kiyomi à Ryuk.


-Je ne me souviens pas être obligé d'obéir à tes ordres, rétorqua le shinigami.


-C'est vrai, ricana t-elle, mais tu veux peut être que j'aggrave ton cas en me plaignant à Light ?


Ryuk se figea avant de se retourner lentement vers Kiyomi. Très sûre de soi, la brune croisa les bras en attente de son obéissance. Son sourire arrogant s'estompa rapidement en voyant les yeux jaunes globuleux du shinigami la fixer. Un froid glacial s'installa, comme si le changement d'humeur de Ryuk avait soudainement pu prendre le contrôle du temps.


-Écoute, continua sèchement Ryuk, je te rappelle que tu es une humaine et que je suis un dieu de la mort. Nous ne sommes pas liés par le Death Note et tu es encore moins mon amie. La prochaine fois que tu essayes de me menacer, j'écrirai ton nom dans mon cahier.


-Si tu avais voulu me tuer, tu l'aurais fait depuis longtemps.


-C'est vrai, admis t-il en ricanant. Je dois cependant t'avouer que voir comment Emi va te tuer est beaucoup moins ennuyant.



J'essayai de ne pas sourire devant les provocations de mon ami. Comment ne pas éprouver de la fierté lorsqu'un shinigami était indirectement entrain de me défendre ? Mon cœur loupa un battement lorsqu'une des griffes de Ryuk coupa pratiquement la corde qui retenait ma poitrine contre la chaise. Kiyomi ne remarqua rien, bien trop occupée à soutenir le regard du shinigami. Avant de partir, il me colla un nouveau scotch sur la bouche. Son regard était encourageant et bienveillant. Il déploya ensuite ses ailes pour s'envoler de son côté. Quant à Kiyomi, elle pesta une dernière fois avant de repartir vers les escaliers. J'étais soudainement entrain de réaliser la situation. Je n'avais plus qu'à forcer pour découper entièrement cette corde. Je n'avais plus qu'à quitter cet endroit et ses souffrances pour enfin retrouver le monde réel. Et enfin, à ce moment là et seulement à ce moment là, je serai libre.

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