Le journal d'Anna

Chapitre 2 : 18 juillet 2017: une rencontre surprise

1830 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/04/2020 19:21

18 juillet, 8h42 le lendemain

Le doux soleil d’un matin de juillet dans le Sud me réveille en douceur. J’avais vraiment oublié ce que ça faisait, cette sensation exceptionnelle qui vous réveille et qui fait tant de bien. J’ai passé une belle nuit à penser à ma vie d’avant et à tout ce que j’ai raté.

Je vais prendre un petit-déjeuner dans l’hôtel puis je sors profiter du canal et de sa douceur matinale.

Toute la matinée je pense à la stratégie que je compte adopter pour essayer de retrouver une partie de ma famille. L’idée arrive très vite sans que j’aie réellement besoin d’y réfléchir. Je vais passer, à l’heure du déjeuner, au bar que j’ai vu hier, le Spoon, ils proposent un repas, je mangerais là-bas et j’en profiterais, si j’ai le droit, pour montrer une photo de ma sœur aux personnes qui y seront. Je sais que c’est une ancienne photo mais j’ai bon espoir pour que la ressemblance entre la Chloé d’avant et celle de maintenant soit frappante.


12h40

Ça y est, dans quelques minutes, je saurais si ma stratégie a payé. Je rentre dans le bar et m’installe à une table, un jeune homme, le patron certainement, vient prendre ma commande et me l’apporte quelques minutes plus tard. En attendant, je regarde les gens et au fond de moi, j’espère que ma sœur s’y trouve même s’il y a peu de chance. Quand je reçois mon assiette, j’arrête d’y penser.

A la fin du repas, je prends mon courage à deux mains et m’approche du comptoir pour payer. Quand j’ai effectué le règlement, le barman part apporter une autre commande alors je l’attends. Je vous retranscris notre conversation pour que  vous suiviez au mieux mon histoire.


Moi : excusez-moi, j’aurais besoin d’un renseignement ?


Barman : bien sûr, allez-y.


Je lui montre la photo de ma sœur.


Moi : je cherche cette personne, elle est un peu plus jeune sur cette photo mais j’ai bon espoir pour qu’elle ait encore un air.


Barman : excusez-moi, ça ne me dit rien, je suis vraiment désolé.


Moi : c’est pas grave. Vous pensez que je peux faire le tour de vos clients, c’est vraiment urgent.


Barman : euh… je sais pas trop.


Moi : s’il vous plait, c’est ma sœur, ça fait dix-sept ans que je ne l’ai pas vue.


Barman : ok, mais pas longtemps.


Moi : merci beaucoup.


Je me retourne vite et observe les gens. Je demande à cinq tables mais personne ne la reconnait. Je commence déjà à perdre espoir alors que ce n’est certainement que le début d’une longue et éprouvante recherche. Je vais essayer une autre table puis après je m’en irai. J’ai peur qu’elle ait déménagé.

Je me dirige vers une table où il y a quatre jeunes, certainement deux couples. Je m’approche et commence à leur parler.


Moi : bonjour, je suis vraiment désolée de vous déranger mais j’aurais besoin d’un renseignement.


Le premier jeune, un brun répond : oui allez-y.


Je lui montre la photo, il a l’air de ne pas la connaitre, il la passe à ses amis et c’est celle en face de lui, je pense que c’est sa copine, une fille aux cheveux châtains assez jolie qui a l’air de la reconnaitre.


La fille : Max, tu ne trouves pas qu’elle ressemble à ta mère ?


Celle à côté d’elle, une brune, certainement la copine de celui à côté du brun qui semble se prénommer Max, se penche plus sur la photo.


La brune : très vite fait alors.


Moi : vous savez, cette photo date d’il y a plus de 20 ans.


« Max » : Margot, passe-moi la photo.


Il prit la photo et regarda de plus près.


Max : honnêtement, je sais pas. Je peux savoir qui est cette personne, son nom et prénom.


Moi, gênée mais retrouvant au fond de moi un petit espoir : elle s’appelle Chloé, Chloé Delcourt.


A l’annonce de ce nom, les quatre jeunes furent surpris.


Max : c’est ma mère, pourquoi vous la cherchez ?


Moi, heureuse : c’est ma sœur, je suis partie il y a dix-sept ans, je la cherche.


Max : écoutez, je ne l’ai jamais entendue parler d’une sœur, mais je vous crois,  je vais vous passer son numéro, vous pourrez l’appeler.


Anna : merci beaucoup, je ne vous dérange pas plus longtemps. Je peux juste savoir ton prénom ?


Max : Maxime.


Moi : enchantée Maxime, moi c’est Anna, je suis ta tante.


Sur ces mots, totalement chamboulée, je quitte le Spoon puis pars m’asseoir sur un banc. Elle a un fils et je viens de lui parler, ça me fait remonter beaucoup de souvenirs. Je regarde ce papier où est inscrit le numéro qui va peut-être tout changer, dans ma main. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis partagée, dois-je l’appeler tout de suite ou faut-il que j’attende un peu ?


Je quitte ce banc, décidée. Je dois l’appeler aujourd’hui, sinon je suis sûre que Maxime lui aura raconté ma visite et j’aimerais vraiment lui faire moi-même la surprise.

16h30

Je souffle un bon coup, prends mon téléphone qui se trouve sur la table de nuit de ma chambre d’hôtel et je compose le numéro indiqué sur le papier. La sonnerie du téléphone, avant qu’elle ne décroche, me paraît interminable. Des tas de questions tournent en boucle dans ma tête. Comment va-t-elle réagir ? Va-t-elle être contente ? Va-t-elle m’en vouloir et raccrocher quand je lui aurais dit mon identité ? Je ne sais pas. Quand elle décroche, je ne sais plus quoi dire. Quand elle s’apprête à raccrocher, je parle enfin.


Moi : allô, vous êtes bien Chloé Delcourt ?


Chloé : oui, en personne, qui êtes-vous ?


Moi : c’est un peu délicat.


Chloé : on se connaît ?


Moi : oui, enfin ça fait très longtemps que l’on ne s’est pas vu ?


Chloé : parlez sinon je raccroche.


Moi : Chloé, c’est moi Anna.


Chloé, chamboulée : Anna ? Ma Anna ? Ma sœur d’amour ?


Moi, les larmes aux yeux : oui c’est moi.


Chloé : tu es où ?


Moi : à Sète, j’ai eu la chance de rencontrer ton fils par hasard, il m’a donné ton numéro.


Chloé : j’en reviens pas, tu m’as tellement manquée. Passe à la maison.


Moi : maintenant ?


Chloé : oui, les enfants sont encore avec leurs amis. Je t’envoie l’adresse par message.


Moi : merci beaucoup.


Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si gentille et si pressée de me voir, alors que je suis partie dix-sept ans sans donner de nouvelles. En fait, je ne sais pas à quelle réaction je m’attendais. Je ressens à ce moment-là un mélange d’excitation et de peur. J’appelle un taxi pour qu’il m’amène à cette fameuse adresse. J’ai du mal à me dire que je vais la voir, j’ai mis si peu de temps à la retrouver que j’ai l’impression que cela cache quelque chose.

Une fois arrivée, je découvre une jolie maison avec un étage au bord de l’étang de Thau, c’est magnifique. Je prends une grande respiration et appuie sur la sonnette d’entrée. Une jolie femme, blonde m’ouvre la porte. Malgré les années passées, je la reconnais tout de suite, c’est elle j’en suis sûre, c’est Chloé. Les larmes me montent aux yeux. Elle aussi a les larmes aux yeux. Elle me prend dans ses bras.


Chloé : viens là toi (en me faisant signe de venir dans ses bras). Tu m’as tellement manquée, depuis tout ce temps.


Moi : je suis désolée.


Ce sont les seuls mots que j’arrive à prononcer.


Chloé : mais non tu n’as pas à t’en vouloir, c’est pas ta faute si tu es partie.


Moi : j’aurais pu prévenir.


Chloé : allez viens t’asseoir, c’est fini maintenant.


On parle pendant près d’une heure de ce que nous sommes devenues. J’apprends à ce moment-là qu’elle a une fille, Judith, qu’elle est famille d’accueil avec son mari et qu’ils accueillent la copine de leur fils, Maxime. J’ai l’impression d’avoir raté tellement de choses. On s’arrête de parler quand la porte s’ouvre. Un homme, environ quarante ans entre. Chloé prend la parole.


Chloé : Alex, chéri je te présente Anna ma sœur.


Alex, surpris : Anna, ta sœur qui a disparu il y a presque vingt ans ?


Chloé : oui c’est elle.


Alex, s’approchant de moi : enchanté.


Moi : moi de même. J’attendais ce moment depuis tellement longtemps.


Je fis dans la soirée la connaissance de toute la petite famille et nous discutons jusqu’à ce que ce soit l’heure du dîner.


Chloé : tu dors où en ce moment ?


Moi : à l’hôtel.


Chloé : viens dormir à la maison.


Moi : non je ne veux pas vous déranger.


Alex : vous ne nous dérangez pas du tout. Vous serez mieux ici.


Moi : je ne sais pas.


Chloé : la chambre d’amis est toujours prête pour ce genre de situation. On ira chercher tes affaires demain matin. C’est les vacances, j’ai le temps.


Moi : bon d’accord, mais juste le temps que je trouve un appart convenable.


Chloé : tu comptes rester ?


Anna : je pense oui.


Chloé : c’est tellement bien.


Nous discutons encore un peu puis je décide de me retirer. Ma sœur vient m’apporter de quoi dormir.


Je suis tellement bien ici. Ils sont tellement adorables avec moi. J’ai pu découvrir leur vie ici, c’est génial. Je me couche alors rapidement après avoir pris une douche bien rafraîchissante. L’émotion m’a énormément fatiguée. Je tombe alors vite dans les bras de Morphée.

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