New Birth

Chapitre 1 : Rencontre

1228 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:04

« La vache, c'est lui ! » me hurle Suzan alors que j'ai le nez dans mes papiers.



Question discrétion, elle repassera.

Je lève la tête pour vérifier l'information : elle a raison, c'est bien lui. Il marche en direction du hall où Suzan et moi travaillons, assises derrière le comptoir d'accueil de la société Newbirth. Ca fait trois ans que j'y occupe le poste d'hôtesse d'accueil. C'est à moi ( et à Suzan ) que les gens s'adressent en entrant dans le bâtiment. Le taux de responsabilité n'est pas énorme, je dois bien l'avouer, mais l'aspect « contact et communication » n'est pas désagréable. Et j'essaie de prendre au sérieux le rôle qui m'a été donné : je suis sensée donner le premier sentiment sur la société que le visiteur peut avoir en entrant dans nos locaux. Je pense que je dois mon embauche au fait que je ne suis pas désagréable à regarder. Comme Suzan d'ailleurs, une jolie brune à la peau mate, qui fait le pendant de ma blondeur. J'imagine que nous formons à nous deux une belle vitrine pour la société Newbirth : choix et diversité.



Vu qu'il ne nous regarde absolument pas, j'ai tout le temps d'observer la scène. « Lui » c'est le nouveau chef de la sécurité. Il a été embauché il y a quelques jours pour renforcer une sécurité qui, pour une raison qui m'est inconnue, semble être insuffisante. Il n'est pas seul, toute une floppée de hauts dirigeants l'accompagne. Apparemment, c'est une visite des lieux pour le nouvel embauché.



_Dis donc, qu'est-ce qu'il est beau !  me souffle Suzan qui a rapproché son fauteuil du mien.



Beau ? C'est un doux euphémisme. Canon serait plus juste. Grand, brun, la mâchoire carrée, et des yeux bleus à tomber par terre.



_ Et célibataire » ajoute Suzan avec un sourire en coin.



_ Qu'est-ce que tu en sais ? M' étonné-je en tournant brusquement la tête vers elle.

_ J'ai des renseignements tout à fait sûrs, me lance t-elle avec une sourire satisfait. J'en ferais bien mon quatre heures, mais je suis bien trop avancée dans mon histoire avec Sean.



Devant mon air ahuri, elle éclate de rire :

_ Idiote, j'ai juste regardé sa fiche sur le serveur de l'entreprise.



Voilà qui n'est pas bête, je n'y avais même pas pensé. Elle n'a d'ailleurs pas perdu de temps, et tourne l'écran de son ordinateur vers moi. C'est bien lui, et j'entreprends de lire au plus vite les informations contenues dans sa fiche.



_ Je vous présente Monsieur Tobias Eaton, le nouveau chef de la sécurité.



Je me lève d'un bond, imitée par Suzan, tout aussi surprise que moi. Les groupe d'hommes s'est rapproché de nous sans que nous y fassions attention et se tient devant le comptoir d'accueil.



_ Voici Mademoiselle Clare Simon, déclare Mr Finch, vie-président de Newborn, en me désignant, et Mademoiselle Suzan Davis, nos deux hôtesses. N'hésitez pas à les solliciter en cas de besoin, elles sont les yeux et les oreilles de cette société !  termine-t-il en riant.

Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Que nous sommes deux commères ?

Je n'ai pas le temps de m'en offusquer, car le nouveau chef de la sécurité me tend la main.



_ Enchantée Mr Eaton , soufflé-je, très gênée. Sans me répondre, il renouvelle son geste à ma collègue, qui tout sourire lui rend sa poignée de main. Puis il tourne les talons, et observant brièvement l'intégralité du hall, incite la troupe à continuer la visite.



Il ne m'a pas accordé un seul regard. Je me rassieds donc, rouge de honte, ne sachant trop quoi penser de cette première rencontre.



_ Chouette, hein ? Me lance avec un grand sourire entendu ma collègue de travail. Il vient de Chicago.

_ Chicago ? Ce n'est pas une des villes expérimentales du gouvernement ?

_ Si, poursuit Suzan, le gouvernement des factions y a duré plus de deux cents ans. Ca s'est terminé il y a dix ans par une révolte et leur gouvernement a été renversé. D'après ce que j'ai entendu, Tobias Eaton a été un des acteurs majeurs de la révolution. Il faisait partie de la faction « audacieux », il en était même un des principaux leaders.

_Je croyais qu'ils n'avaient pas le droit de quitter la ville et de venir ici ! New York n'interdit-elle pas l'entrée aux Déficients ?

_Tout juste, concède ma collègue, mais Eaton est un Divergent, il n'est pas concerné.



Sans perdre une miette de ce que me raconte Suzan, je suis des yeux le groupe qui n'a toujours pas quitté le hall, absorbé par le panneau de contrôle de l'entrée. Mais l'arrivée d'un couple à mon comptoir m'oblige à me concentrer à nouveau sur mon travail. Mince, vais-je me laisser distraire aussi facilement par un homme, si beau soit -il ? L'homme et la femme, la trentaine, me présentent la convocation qu'ils viennent de recevoir de nos services. Ils sont rayonnants : ça doit faire un bout de temps qu'ils attendent leur tour. C'est un des aspects sympathiques de mon métier : savoir qu'on va participer à un des plus beaux jours de la vie de quelqu'un.



D'un sourire, je les invite à se rendre au bureau des Attributions et me propose de les accompagner jusqu'à l'ascenseur. Ils pourraient faire les quelques mètres qui nous en séparent tout seuls, mais les trois années que je viens de passer chez Newbirth m'ont appris que la plupart des couples qui viennent ici pour la première fois sont tellement énervés par ce qui leur arrive qu'il vaut mieux les guider et les calmer du mieux que nous pouvons : un sourire, un geste et quelques paroles réconfortantes.



_ Merci Mademoiselle, c'est vraiment gentil, me remercie l'homme en pénétrant dans la cabine d'ascenseur.

_ Avec plaisir, monsieur. N'hésitez pas à revenir pour tout autre question : Newbirth sera ravie de pouvoir répondre à toutes vos attentes ».



Un des dirigeants s'est retourné, le sourire aux lèvres. Il a l'air ravi de ce qu'il vient d'entendre. Parfait, une petite augmentation ne me ferait pas de mal.



Machinalement, je redresse ma queue de cheval en tirant sur mes cheveux blonds, des deux mains. C'est à ce moment-là que je me rends compte que Tobias Eaton, attiré par mon geste, tourne la tête vers moi. Il semble presque choqué , l'air interloqué. Je vois bien que mon geste anodin l'a perturbé et je reste là, étonnée.

Très vite il se reprend et se tourne vers ses interlocuteurs, comme si la scène n'avait pas eu lieu.



Troublée, je regagne mon siège et me mets à pianoter sur mon ordinateur, nerveusement.



_ Il t'a regardée, me murmure Suzan, amusée.

_ Je ne crois pas non, réponds-je sans la regarder.

_ Ce n'est que partie remise, alors, on va tout faire pour, continue Suzan.



Je ne réponds pas. Le groupe finit par quitter les lieux, à mon grand soulagement. Il faut que je me reprenne très vite, j'ai horreur de me sentir si mal à l'aise.


































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