Petite leçon d'histoire

Chapitre 1 : Petite leçon d'histoire

Chapitre final

2421 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/08/2025 15:45

Cette fanfiction participe en seconde chance au défi du forum fanfictions.fr Chroniques d'antan (janvier - février 2024)




Les rayons du soleil faisaient briller la pierre, partout dans la cité de Kalaann. Sous ce ciel de plomb, l’épais dôme du Centre d’Instruction apportait une fraîcheur étrangement agréable à ses visiteurs. C’est ici que se déroulait la classe du professeur Thyren. Le vieux Dalek déambulait entre les rangs, son armure blanche scintillant lorsqu’il passait sous les fenêtres du dôme. Installés derrière leurs pupitres, les élèves l’écoutaient attentivement. Thyren avait toujours eu un certain talent pour captiver son auditoire. Ses talents d’orateur lui avaient d’ailleurs valu qu’on lui confie, en plus de l’histoire, les cours de politique étrangère, matière particulièrement importante pour l’éducation des jeunes Daleks.

Glissant lentement entre les rangs, celui-ci revint se placer devant son auditoire.

— Très bien. entonna le professeur en se replaçant face à sa classe.

— Je vous propose que nous posions d’abord les bases. Dites-moi, qui sont les ennemis des Daleks ?

— Toutes les races inférieures. répondirent en cœur les écoliers.

L’instructeur opina de l’œil.

— C’est-à-dire ?

— Tous ceux qui ne sont pas Daleks.

— Et quel sort réserve-t-on aux non Daleks ?

— L’Extermination !

— Très bien bravo, les félicita le professeur avec un ton enjoué, qui passerait pour de la fierté, auprès de qui ne connaîtrait pas les Daleks, bien sûr.

— Nous sommes bien entendu la race supérieure, et toutes les autres espèces doivent être éliminées. Pour cela, une stratégie fiable est garante d’efficacité. Vous devrez donc connaître vos ennemis. Connaître leurs motivations, leur fonctionnement, vous permettra d’identifier leurs faiblesses. Cela peut faire la différence entre la victoire et la défaite.

Un élève, placé au premier rang, leva sa ventouse. Invité à s'exprimer, il se lança.

— La défaite monsieur ? Je comprends pourquoi nous devons faire preuve de stratégie, … limiter les pertes, mais nous ne risquons pas une défaite complète, si ?

— En réalité, il s’agit d’un risque qui ne peut être écarté. Malgré notre évidente supériorité, quelques rares peuples ou individus, constituent une menace réelle. Quelqu’un saurait-il me citer l’un d’entre eux ?

Il balaya la salle de l’œil à la recherche d’un volontaire, qu’il ne trouva pas.

— Dalek Moan ? Demanda-t-il à un des jeunes Daleks, installé près de la petite fenêtre ovale.

Le petit Dalek leva lentement son objectif vers le vieux professeur. Pour une fois qu’il était attentif, il n’avait toujours pas la réponse.

— Heu, les Cybermen peut-être ?

— Non non, pas les cybermen. Je te l’accorde, ils sont connus aux quatre coins de l’univers, et effraient nombre d'espèces inférieures, les humains en particulier. Mais ils ne sont pas une menace pour nous. Contre eux, ce n’est pas une guerre que nous livrons, c’est une désinfection de nuisibles !

Toute la classe se mit à rire. Un rire monocorde et éraillé, assez proche d’une tondeuse à gazon prise d’un fou rire, dont la musicalité n’est appréciée que par, les Daleks eux-mêmes.

Deux rangs sur la droite, un élève leva sa ventouse. Le professeur l’invita à répondre.

— Les Seigneurs du Temps ? Mes parents ont évoqué la guerre du temps précisa-t-il. Ils ont dit que c’était une vraie plaie.

— C’est exact, Dalek Lin. 

C’est le moins qu’on puisse dire, pensa Thyren. 

— Les Daleks ont affronté les Seigneurs du Temps lors de ce qui est aujourd’hui appelé la Guerre du Temps. Celle-ci a causé de lourdes pertes, de très lourdes pertes. ajouta-t-il, l’œil tristement baissé vers le sol.

Prenant un ton solennel, le professeur entreprit le récit des évènements.

— La race des Seigneurs du Temps compte parmi les plus anciennes de l’univers. Originaire de Gallifrey, cette civilisation maîtrise des technologies avancées, notamment le voyage dans le temps. En outre, ils possèdent la capacité de se régénérer. Une fantaisie qui leur permet de changer d’apparence, mais surtout, les rend plus résistants. La Guerre du Temps a donc été très coûteuse, en termes de ressources et de soldats. Les batailles furent longues et nombreuses, mais finalement, notre glorieuse armée assiégea Gallifrey. Dix millions de nos vaisseaux bombardaient la planète. Arcadia, la seconde cité la plus importante de la planète était en train de tomber. 

On aurait pu s’attendre à le voir sourire, mais c’était un Dalek après tout (et puis comment voulez-vous qu’il fasse sous son armure ?).

— Connaissez-vous les raisons de cette guerre ? Interrogea Thyren.

Dalek Lin leva une seconde fois sa ventouse.

— Parce que les espèces inférieures doivent être exterminées. Répondit fièrement Lin. 

— Oui, mais nous avions une autre raison. 

— Moi, j’ai entendu mes parents dire que les Seigneurs du Temps voulaient nous supprimer. Intervint le voisin de Lin. 

Le professeur hocha de l’objectif et ajouta.

— Je vous l’ai précisé les seigneurs du temps maîtrisent le voyage dans le temps. Leur projet était alors de modifier l’histoire afin d’effacer l’existence même de la race supérieure ! Mais ils ont échoué. Et bien sûr, nous avons répliqué. 

 Toute la classe hocha du chef. Évidemment, aucun Dalek ne pouvait laisser passer un tel affront !

— Les pertes étaient colossales, mais nous avancions, nous allions faire tomber cette vieille civilisation qui se croyait supérieure à nous. 

Quelques enfants se demandaient quand même si leur professeur croyait vraiment à leur victoire imminente, tant il se répétait sur “les pertes Daleks”. Mais un bon élève n'interrompt pas son professeur, surtout en suggérant une défaite

— Malheureusement, une personne a mis fin à cette guerre. S’il y a bien un individu que nous devons cr… dont nous devons nous méfier les enfants, c’est bien celui-ci. 

Le professeur Thyren fit une pause, ménageant son effet, et ajouta.

— Nous ne sommes pas passés loin de l’annihilation. 

Choqués par cette déclaration, les élèves s’agitèrent devant leurs pupitres, regardaient autour d’eux. 

— Annihilés ? Répétèrent certains de leurs petites voix robotiques. 

— Mais qui ça ? Murmurèrent(1) d’autres.

Le Dalek blanc réclama le silence et le calme revint dans la classe. Les enfants avaient hâte d’en savoir plus.

— Comme je le disais, une personne en particulier a provoqué notre chute. Si nous devons considérer les Seigneurs du Temps comme une menace sérieuse, l’un d’entre eux est notre plus grand ennemi.

Peut-être le seul dont la mention ferait reculer un Dalek, songea Dalek Thyren. Il ne pouvait cependant pas se permettre de dire cela devant ses élèves. Il était de son devoir d’en faire de fiers Daleks.

— Je parle de celui que l’on nomme le Destructeur des Mondes, ou encore, la Tempête qui approche. Le Docteur.


L’instructeur s’approcha du tableau de commande à la droite de la salle et fit tourner une petite sphère, déclenchant le projecteur holographique. Quatorze extraits vidéo apparurent. Chaque séquence se focalisait sur un individu humanoïde, souvent accompagné d’un petit groupe, quatorze visages, certains paraissaient âgés, d’autres plus jeunes. La première scène se déroulait sur Skaro, en des temps anciens. Un homme aux cheveux blancs et une adolescente fuyaient une cité Dalek, aidés par d’anciens ennemis des Daleks, les Thals. D’autres scènes et d’autres visages se succédèrent. A chaque apparition, les Daleks étaient vaincus. Explosés, renversés, vaporisés, détruits à coup de batte … Un Dalek fut même piégé à l’aide d’un chapeau ! Tourné en ridicule ! Le dernier enregistrement montrait une femme à la chevelure blonde, accompagné d’un groupe d’humains, fondre l’armure d’un brave éclaireur Dalek. Vaincu, une fois de plus.  

Choqués, les écoliers observèrent ce spectacle macabre sans rien dire. Au bout d’un moment, le professeur demanda. 

— Que pouvez-vous remarquer ? 

— Que les explosions, même pour nous c’est pas bon. 

— Merci pour cette pertinente remarque, Gonan. Autre chose ? 

Le dénommé Gonan baissa piteusement l’objectif, avant de se rattraper. 

— Il n’est pas seul. D’autres humanoïdes l’accompagnent. 

Le professeur hocha du viseur. 

— Effectivement. Qui sont-ils d’après vous ? 

— Ce ne sont pas ses semblables ? 

— Non, le Docteur est un marginal sur sa planète d’origine et collabore rarement avec les autres Seigneurs du temps. Pour autant, comme vous l’avez constaté, il a des compagnons de voyage. Des Terriens l’accompagnent.

– C’est une faiblesse que nous pourrions exploiter alors ! Proposa Dalek Lin.

— Mais ça n’a pas eu l’air de fonctionner sur les enregistrements que nous avons vus. Répliqua Moan (qui est captivé pour une fois).

— Effectivement, c’est une arme à double tranchant car les compagnons du Docteur représentent aussi bien une faiblesse qu’une ressource. Alors retenez bien ces visages, mais surtout retenez ce nom. Méfiez-vous du Docteur.

— Mais qu’est-ce qui s’est passé pendant la bataille d’Arcadia professeur ?

— J’y viens, j’y viens. Lors du siège d’Arcadia, alors que nous avancions dans la cité, le Docteur fit quelque chose que ni les dirigeants de Gallifrey, ni nous, n’aurions fait. Il vola et activa l’arme la plus puissante de l’univers, le Dévoreur de galaxie, aussi appelé le Moment, et détruisit, ensemble, notre armée et Gallifrey elle-même. C’est comme cela qu’il mit fin à la Guerre du Temps. 

— L’assemblée fut parcourue d’un frisson. La noble et pure race Dalek avait failli disparaître, tout cela à cause d’un ennemi seul.


Au bout d’une minute, Moan leva sa ventouse. Thyren l’invita à parler.

— Il a sacrifié son peuple pour détruire ses ennemis alors ?

— Ça veut dire qu’il avait un plan pour reconstruire Gallifrey ? Supposa Dalek Than.

— C’est ce qu’un Dalek ferait. En s’assurant qu’il reste des survivants stratégiques pour perpétuer la lignée. Cependant, ce Docteur a ses propres raisons : mettre fin aux souffrances, protéger le reste de l’univers et ses pitoyables formes de vie. Ce genre d’inepties. Mais attention, ces principes ridicules participent à le rendre dangereux. Cela l’a conduit à utiliser le Moment.

— Comment avons-nous survécu alors ? Demanda Lin.

— Et bien, en réalité, notre flotte fut presque entièrement détruite. Le culte de Skaro réussit in extremis à échapper au Moment en voyageant à travers le flux temporel. Ils tentèrent alors de reconstruire la race des Daleks. Mais pour ce faire…

Le professeur marqua une pause, anticipant la réaction de ses élèves. 

— Ils modifièrent le code génétique des Daleks !

Indignés, les élèves regardaient tour à tour leurs camarades, le professeur et les incarnations du Docteur qui leur faisaient toujours face. 

— Comment ils ont pu penser à ça ? S’offusqua Than.

— A ce qu’il paraît, le culte de Skaro a tourné Zinzin en voyageant dans le flux temporel.

Quelques élèves pouffèrent(2).

— Où est-ce que tu as entendu ça ? 

— De mon père, mais il avait ajouté un peu trop d’éthanol à son tube d’alimentation. Précisa Gonan.  

— Il n’a pourtant pas tort. Répondit le professeur, déclenchant une série de chuchotements qui s'évanouirent sous le regard sévère du professeur.

— Cette hérésie prit fin quand ils furent, encore une fois, arrêtés par le Docteur. Notre véritable retour, nous le devons à quelques survivants qui récupérèrent le progéniteur, une matrice contenant le vrai code génétique Dalek. Bien que dégénérés, ces Daleks ont permis de redonner naissance à des représentants purs de notre race. Cette fois, les Daleks remportèrent la victoire ! Pas en se reposant sur des mutations répugnantes. Nous sommes la race supérieure, la race parfaite, nous ne devons pas changer, ou nous ne mériterions plus de nous appeler Daleks !


Sur ces mots remplis de sagesse, le cours prit fin. Les élèves sortirent en rang ordonnés pour se diriger vers l’une des cours intérieures, plus agréable, en cette journée caniculaire, que le terrain rocailleux où ils se rendaient habituellement.

— On joue à quoi ? Demanda Dalek Than à ses camarades. 

— A Dalek vs Cybermen ? 

— Non j’ai mieux, proposa Moan : Dalek vs Cybermen, vs Docteur. Les Daleks chassent les Cybermen comme d’habitude, mais cette fois attention, car le Docteur peut nous en empêcher, voire même nous éliminer !  

— Trop bien ! S’exclamèrent ses petits camarades. 

— Allons dans l’espace d'entraînement. Suggéra Dalek Lin. 

La petite classe se pressa jusqu’au terrain rempli de cibles. 

— Qui fait le Docteur ? 

Presque tout le monde se désigna. 

— Bon, vous savez quoi, je choisis au hasard et on tourne. 

— Ah non, la dernière fois j’ai fait un Cyberman tout le jeu ! Protesta Gonan. 

Après deux tours de désignation et quelques négociations, des rires étranges et robotiques, ainsi que des « exterminer ! » retentissaient entre les cibles. Les Daleks avaient parfaitement assimilé leur leçon. 



(1) Enfin produisirent ce qui se rapprochait le plus du murmure chez un Dalek.

(2) Pour vous aider à visualiser la scène, imaginez le son de votre aspirateur quand vous avez oublié de vider le bac à poussière.



Laisser un commentaire ?