Complicité des Cimes

Chapitre 1 : Complicité des Cimes

Chapitre final

4952 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/01/2022 20:32

Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions .fr : Crossover improbable - (janvier février 2022).


En un clin d’œil, l’immense vaisseau qui surplombait ces terres revêtues de leur cape d’un blanc immaculé, avait déjà disparu. Il n’avait même pas laissé dans le ciel une traînée de fumée, ou peut-être était-ce car celui-ci était déjà très couvert, ce jour-là…


En était descendu, avant que le véhicule spatial ne s’envolât vers d’autres cieux, un voyageur galactique des plus renommés. Il avait tout de semblable à ce qui était connu sur Terre en tant que raton laveur, seulement rien ne l’amenait à se définir ou à se comporter comme tel. Bipède, atteignant les quatre-vingt-dix centimètres en se tenant droit sur ses pattes, il était un être des plus originaux, ce qu’il ne cessait de raconter à qui voulait bien l’entendre. Sa bravoure, sa ruse et son ingéniosité ne tarissaient pas d’éloges. Seuls les commentaires sur son caractère parfois colérique parvenaient à faire plus d’échos, ce qui ne le dérangeait guère.


« Que ceux qui m’aiment me suivent, ceux qui ne me supportent pas, qu’ils se tirent, et vite. »


Rocket Raccoon dirigeait son regard dans toutes les directions, ne parvenant à se constituer quelconque repère. Où était-il tombé ?

Tout se ressemblait ici, sur quelle damnée planète avait-il encore posé les pattes ?! Des montagnes à perte de vue, de la neige et encore de la neige recouvrant ces sommets immémoriaux. Il crut discerner, au milieu du sifflement incessant de la bourrasque caressant les monts, quelques loups hurlant un peu plus loin, très sûrement. Ce n’était pas ce genre de bestiole insignifiante qui allait pouvoir l’effrayer. Oh ça non, il avait affronté bien des créatures durant ses nombreux voyages spatiaux, accompagné de sa petite famille. « Famille, tu parles ! » Quand il les rejoindra, ça ne fera pas dans la dentelle, s’était-il promis en son for intérieur.

Toutefois, il commençait à s’interroger : Groot l’avait déposé ici en lui indiquant qu’il avait une importante mission à remplir en ces lieux. Mais où allait-il bien trouver cette fichue mission, il n’y avait personne au milieu de ce désert de roche et de neige ! Il aurait au moins pu lui indiquer la nature de son travail, ou préciser sa destination, mais non. S’il ne tenait pas autant à lui, il lui aurait bien tordu les branches à cet instant précis.


Commençaient à se dévoiler ses crocs ivoire dans sa bouche de raton laveur anthropomorphe qui s’entrouvrait afin de s’enquérir, sans doute vainement, de la présence d’autrui en ces lieux. Elle se referma en un soudain hoquet lorsque s’offrit à lui une vision déroutante. Était-ce une fillette qui ainsi s’approchait de lui, un air naïf collé au visage ?


Pas possible, non, impossible ! Et pourtant, aucune hallucination n’était source de ce que ses yeux percevaient, il s’agissait bel et bien d’une petite fille qui venait vers lui. Il en était certain, sa vue perçante n’ayant d’égal que son ouïe d’une extrême finesse. Il en resta coi.


Quand elle l’aperçut à son tour, elle se précipita gaiement vers lui. Que c’était rassurant, une présence, un peu de vie ! Elle termina son chemin face à lui, toute vêtue d’une parka violet lavande, le dominant d’une trentaine de centimètres. Elle n’était pourtant pas bien grande du haut de son mètre vingt, mais c’était normal pour une fillette d’environ huit ans. Elle ne possédait, en guise d’équipement, qu’un sac à dos de la même teinte que sa parka, son pantalon ou encore ses bottes. Sa peau légèrement hâlée de petite fille latine semblait détonner des environnements glaciaux, peu propices à la présence de quelconque chaleur. Ses grands yeux, du même marron que ses cheveux coupés au carré, se dévoilaient sous sa longue frange, et souriaient à Rocket. Mais lui n’avait pas du tout envie de sourire.


« Ok, explique-moi juste ce que tu fous là gamine, comment t’es arrivée au sommet d’une montagne ? Et si par la même occasion tu pouvais me dire où on est précisément, ça m’aiderait beaucoup, tu vois ?

– Tu le vois bien, petit raton laveur, tu l’as dit toi-même : we’re at the top of the mountain !

QUOI ? », vociféra Rocket dans une exclamation qui revint vers lui en de nombreux éclats d’écho.


Il n’était pas un raton laveur et n’acceptait pas qu’elle le traite ainsi. Pour qui se prenait-elle, la bambine latine qui se mettait à parler anglais ?

Dans un regard plein d’incompréhension, la fillette fixait Rocket en cherchant la raison de sa colère : n’avait-elle pourtant pas répondu à sa question ?


Le gardien de la galaxie lui ordonna de ne plus jamais le traiter de raton laveur, ne plus évoquer de ressemblance entre lui et cet animal, et lui interdit même de penser à ce terme en sa présence. Une fois sa colère exprimée, il lâcha un énorme soupir. La petite fille, elle, attendait simplement qu’il retrouve son calme.


« Bon… Certes, tu as raison nous sommes bien au sommet d’une montagne. Mais ça m’aide pas à savoir comment t’as fait pour arriver ici, t’as autant l’air d’appartenir à cette planète que moi, hein.

It’s really simple : c’est la carte qui m’a guidée ici ! », indiqua-t-elle naturellement en effectuant un petit pivot sur elle-même, dévoilant une carte blanche dépassant de son sac à dos. 


Une nouvelle fois, Rocket demeura interloqué. Après quelques secondes de silence, il reprit alors :


« Non mais c’est pas possible, t’as vraiment décidé de me mettre sur les nerfs toi c’est ça ? Va pas me faire croire que c’est grâce à une carte que t’as atterri ici euh… Attends, c’est quoi ton nom déjà ?

– Je m’appelle Dora, Dora l’exploratrice. »


Il allait lui rétorquer, arborant un sourire narquois, que ce n’était pas une fillette dotée d’un simple sac à dos qui pouvait se qualifier d’exploratrice face à lui ; il aurait apprécié lui exposer tous ses accomplissements, mais il n’en eut pas le temps. Se présenta face à eux une tierce personne, les interrompant ainsi dans leur échange.


« Ah, ouais, ouais, super, bienvenue à toi à la réunion des paumés des sommets, voilà Dora la bilingue, moi c’est Rocket, t’es qui toi encore … Eh oh, woah, doucement ! », lâcha-t-il quand il aperçut la silhouette qui courait désespérément vers eux.


Essoufflée, elle ralentit face à eux, posa les mains sur ses cuisses tandis qu’elle tentait de récupérer sa respiration. Dominant le gardien de la galaxie de plus d’un mètre, elle paraissait monstrueuse de son point de vue. Ses longues oreilles pointues dépassaient de sa chevelure, dorée par mèches et rayonnante par touffes. Il était clair qu’il s’agissait d’une race que Rocket n’avait jamais rencontrée au cours de ses voyages, et d’un coup d’œil il put déduire que Dora ignorait également tout de cette géante aux oreilles pointues. Celle-ci ne semblait pas hostile mais il restait sur ses gardes.


« C’est inespéré de rencontrer quelqu’un ici… Je ne sais pas qui vous êtes, ou ce que vous êtes, avoua-t-elle en fixant Rocket, ni même ce que vous faites ici, mais j’ai crucialement besoin de votre aide.

– Oui madame la géante, que pouvons-nous faire pour vous aider ?, interrogea la fillette.

– Attendez, attendez, je te connais pas petite, ni même toi la géante, et t’as cru que j’allais l’aider avec toi ?

– Bien sûr, why not ? »


Ce qualificatif amusa l’elfe, tout comme celui qu’il employa pour définir Dora, qui le dépassait pourtant. Sans perdre plus de temps, elle leur expliqua que l’hiver était rude en ces lieux et que nombre de ses amis souffraient de la faim, plus bas, dans la campagne lointaine. Ainsi, elle leur implorait de prendre les provisions qu’elle avait récupérées sur elle pour les apporter jusqu’au petit fort tandis qu’elle ferait demi-tour pour aller en chercher d’autres, afin de finalement les rejoindre.


Elle leur indiqua que pour accéder au fort, il leur faudrait descendre la montagne et passer par le premier pont qu’ils croiseraient, puis les avertit de la possible présence de trolls de glace qu’ils pourraient rencontrer lors de leur descente. Elle leur expliqua ensuite qu’ils devraient, s’ils ne se perdaient pas, rencontrer une ferme sur leur gauche, qu’ils devraient la longer tout comme la grande ville à son opposé. En continuant toujours tout droit ils seraient sensés finir par le trouver, se dressant sur leur gauche s’ils suivaient bien la route.


Voilà donc la mission qui avait mené ici Dora et Rocket, chacun de leur côté. Elle ne semblait pas bien compliquée, et maintenant qu’ils en étaient là, bien que ça l’agaçât au plus haut point, Rocket ne se voyait plus refuser. Peut-être qu’une des raisons de sa résignation résidait dans le fait que Groot ne viendrait pas le récupérer, il en était certain.


« Grrr, c’est bon, vas-y fais péter ton paquet de nourriture, on te le rapporte avec la gamine. »


Dora, de son côté, était ravie de pouvoir partir à l’aventure. Le raton laveur semblait certes avoir un caractère bougon, néanmoins, elle sentait qu’elle pouvait compter sur lui.


L’elfe, reconnaissante, les remercia chaleureusement avant de les quitter, se hâtant afin de récupérer les provisions qui lui restaient. Elle leur avait donc laissé un sac rempli de pommes de terre, de poireaux et autres légumes, un autre rempli de farine ainsi qu’une petite sacoche où étaient soigneusement emballées des friandises, desquelles émanait une douce odeur de miel.


« Bon, va falloir porter ça jusqu’à là-bas. T’occupes, Dora, je me charge des deux gros sacs.

No, let’s share ! J’ai un sac à dos, il peut porter plein de choses !

– Gamine, regarde un peu la taille de ton sac à dos, et maintenant celle des sacs de provisions. Tu comprends bien qu’il y a un léger, mais alors léger problème non ?

– Mais non, pas du tout, ne t’en fais pas Rocket ! »


Animée d’une solide détermination, Dora posa son sac à dos sur la poudreuse et de ses mains d’enfants, usa de toute sa force pour soulever le contenant de légumes au-dessus. Elle le lâcha d’un coup et, sous les yeux ébahis de Rocket, le sac de légumes disparut simplement à l’intérieur de celui de la petite fille.


« Attends, tu l’as foutu où le sac ? »


Elle récupéra alors son sac du sol et lui tendit, afin qu’il puisse en observer l’intérieur. Celui-ci semblait dénué de fond, tapissé à la place d’une étrange illusion kaléidoscopique où divers objets donnaient l’impression de faire une ronde lointaine, avec parmi eux, le sac empli de légumes.


« Qu’est-ce que c’est que ce truc ?! Tu vas pouvoir le récupérer au moins ?

– Ne panique pas, my friend ! C’est vraiment très pratique, nous pourrons le récupérer dès que nous en aurons besoin ! Veux-tu me passer l’autre sac également ?

– Nan. Ça ira, je m’en charge. En route, ne perdons pas de temps. Ils ont faim et nous on a autre chose à faire. »


Tandis que Dora enfilait la petite besace restante, Rocket lui ouvrait son GPS. C’est qu’elle était drôle, l’autre géante avec ses indications, mais lui n’allait pas s’amuser à retenir son histoire de ferme ou autres bêtises. Le chemin le plus court était le meilleur, et le meilleur, c’est son GPS qui allait le lui indiquer.

Du moins, c’est ce qu’il eut espéré. Quand son appareil afficha une barre de chargement qui ne progressait pas, il comprit que ses plans s’en voyaient compromis. Il rangea, avec une rage perceptible, son outil dans le compartiment dédié accroché à sa ceinture, avant de marmonner :


« J’aurais dû m’en douter, ouais, foutue planète ! Fillette, à moins que tu aies tout retenu à son charabia, on est mal pour trouver notre chemin là, fit-il en se tournant vers Dora.

– Vraiment ? Mais non, j’ai une solution ! Aide-moi, Rocket, répète après moi : map !

– Sérieusement Dora… Pourquoi je ferais ça ?

– Allez, aide-moi s’il te plait : map !

– Map map map map map map ! C’est bon t’es contente ? T’as vraiment cru que ça allait nous aider à avancer, d’une manière ou d’une autre ? »


Le faisant reculer de surprise, la carte contenue sur le côté du sac à dos bondit alors de son emplacement pour faire face à Rocket. Elle…avait des yeux, une bouche, pire même, elle se mettait à chanter !


« J’suis la carte, j’suis la carte… j’suis la carte !

– D’accord, merci, super, je pensais avoir remarqué. Je croyais avoir tout vu à travers mes voyages galactiques, mais des cartes qui parlent, enfin qui chantent, j’avais jamais connu. Bref, j’imagine que t’es censée nous aider ?

– Vous voulez vous rendre au fort pour leur apporter des provisions ? Heureusement, je connais le chemin le plus court ! D’abord, vous devez passer le grand pont, puis vous aurez à marcher près de la ferme, enfin vous arriverez au fort. Large bridge, farm, fortification ! Répète donc à Dora le chemin pour que vous puissiez arriver rapidement au fort ! 

– Ouais, du coup t’as juste répété ce que nous a dit l’autre géante quoi ? Merci quand même pour cette aide super précieuse, hein. »


Il ne tarda pas à saisir la carte pour l’enrouler sur elle-même, l’insérer à nouveau dans son compartiment et lancer à Dora :


« Au cas où t’aurais pas entendu ta pote la carte bizarre, il faut qu’on descende par ici. Suis-moi, fais pas de bêtises.

Don’t worry, Rocket ! Je suis du genre débrouillarde. »


Il haussa les épaules et commença à avancer à travers l’épais tapis blanc, Dora à ses côtés. Curieuse, elle lui demanda pourquoi elle l’avait trouvé ici, seul. Il lui expliqua alors sa situation, préférant encore faire la conversation à une gamine plutôt qu’un long silence. Le gardien en profita alors pour frimer, comme il le désirait plus tôt, en lui racontant ses aventures galactiques avec ceux qu’il considérait comme sa famille.


Ce fut ensuite au tour de Dora de lui parler d’elle, de sa vie. Elle lui expliquait qu’elle avait un ami, un petit singe gris portant toujours de jolies bottes écarlates auxquelles il tenait énormément. En raison du froid hostile de ces lieux, il avait pour une fois, à contre-cœur, décidé de ne pas l’accompagner.


« Et tu dis qu’il parle ? En voilà, un singe particulier pouahaha ! », s’esclaffa le raton anthropomorphe.


Tandis que le duo achevait sa descente et s’apprêtait à franchir le pont qu’il avait aperçu depuis le flanc de la montagne, la neige se faisait de plus en plus rare. Ils se réchauffaient peu à peu, grâce à leur marche, leur perte d’altitude et leurs échanges pour apprendre à mieux se connaître.


Subitement, Rocket se dressa droit devant Dora. Il se retourna vers elle, posa son doigt ganté devant sa bouche tout en lâchant le sac de farine pour attraper, dans son dos, son pistolet à laser qui faisait presque sa taille.


« Ne fais aucun bruit. Je perçois des craquements de brindilles, nous sommes surveillés », lui murmura-t-il. 


Dora avait déjà été confrontée à des situations similaires, mais pas de cette amplitude. Toutefois, elle parvenait à conserver son sang-froid sans peine et répondit à Rocket sur le même ton :


« Nous n’aurons sûrement pas le choix d’y faire face, alors avançons tranquillement. Je vais t’aider. »


Rocket songea qu’elle avait du cran pour une gamine. Peut-être que ses délires d’exploratrice n’étaient pas que des idioties ? Ils poursuivirent, du plus naturellement qu’ils le pouvaient, leur chemin jusqu’à atteindre le début du pont comme indiqué par l’elfe, puis par la carte. 


Des fourrés environnants surgirent alors une dizaine de bandits ; les deux compagnons ne furent pas surpris par cet assaut. De conserve, ils se retournèrent vers les hors-la-loi. Les habitants du fort où devaient se rendre Dora et Rocket n’étaient certainement pas les seuls à subir la rudesse de l’hiver. Le sac et la besace qu’ils transportaient dévoilaient des possessions intéressantes qui faisaient fortement envie aux bandits.


Lorsque Rocket chargea son pistolet laser, Dora s’interposa alors soudainement :


« Rocket, laisse-moi essayer !

– Dora, mais t’es idiote, ils vont te trucider ! Ils rigolent pas avec des cartes qui parlent, eux ! »


Ignorant les avertissements de son compagnon, elle bondit au-devant des bandits et tendit le bras, leur dévoilant la paume de sa petite main.


« Bandit, arrête de voler. Bandit, arrête de voler, bandit, arrête de voler !! »


Les brigands la toisèrent avant de se regarder entre eux. S’ensuivit un silence, Rocket s’attendait au pire et était prêt à tirer.

Il faillit faire tomber son pistolet lorsqu’il entendit les bandits lancer en chœur : « Oh, miiiince ! » , avant de s’enfuir en courant dans toutes les directions, lâchant leurs armes, paniqués.


Dora se retourna vers Rocket, affichant un air des plus satisfaits.


« Et voilà, j’ai réussi ! It is great ! 

Dora, t’enseignent-ils chez toi un genre de magie, ou quelque chose comme ça ?

Not at all ! Pourquoi donc ?

– C’est dément ce que tu viens de faire là, faudra que tu m’apprennes.

Of course, avec plaisir ! »


Ils décidèrent d’un commun accord de rester davantage sur leurs gardes pour le reste de leur mission. La fillette demanda si Rocket désirait à nouveau consulter la carte pour la poursuite de leur voyage. Il tenta de refuser poliment, c’est qu’il commençait à l’apprécier cette petite, il la trouvait presque aussi délirante que lui.


Cependant, ils n’eurent guère le temps d’avancer, ne serait-ce que de quelques pas, qu’un immonde grognement retentit dans leur dos.


« Cette fois, petite, j’en fais mon affaire, t’occupes ! »


Le gardien était légèrement frustré de ne pas avoir pu user de son pistolet sur la brochette de hors-la-loi qui s’était gracieusement offerte à lui. C’était bien de résoudre tout avec la magie pacifique de Dora, mais pour un adorateur d’armes tels que lui, c’était trop calme. Tant pis, il allait pouvoir profiter de cette nouvelle occasion pour s’en donner à cœur joie.

Rien n’aurait pu plus le ravir que la découverte d’un troll qui avançait vers eux dans le seul but de les trancher de ses griffes acérées.

« Il approche vite ! Bien, qu’il vienne encore plus près, il sera bien reçu… », songea Rocket.


De son pistolet laser, il visa le troisième œil au milieu du front de la bête, le brûlant fortement, ce qui suffit largement à la faire fuir.


« Quoi, il s’en va aussi ? Moi qui voulais un peu d’action, je l’ai à peine touché !

– Je crois que ça suffira comme ça, my friend ! Il est parti, continuons notre chemin. »


Elle avait raison, il fallait qu’ils avancent. Une fois le pont traversé, la route se faisait bien plus aisée. Ils pouvaient alors progresser sur un chemin pavé ayant subi l’usure du temps ; ils manquèrent de tomber à plusieurs reprises à cause des trous sur leur chemin.


La ferme était désormais visible, c’était dans cette direction qu’ils devaient continuer. La longeant, tout en continuant de discuter entre eux, ils se firent la réflexion que cette route était bien calme, trop calme peut-être. Ce fut lorsqu’une voix désagréable les interrompit pour les questionner qu’ils comprirent que cette planète regorgeait d’importuns de toute part.


« Je ne me promène pas souvent par ici et voilà que je rencontre des étrangers, ah ! Passez-vous souvent dans ces environs ? Oh, mais qu'est-ce que je raconte... Bien sûr que non. », leur envoya-t-il de son ton suffisant.


Il s’agissait d’un grand homme à la peau noire comme l’ébène, aux longs vêtements raffinés.

Rocket sentit la puissance de sa colère grandir en lui.


« Monsieur voudrait-il bien laisser passer les étrangers que nous sommes, avant que je ne lui éclate sa jolie petite tête ? »


Rocket était un être d’une extrême intelligence, son cortex cérébral ayant été génétiquement modifié, il ne résidait aucun doute sur le fait qu’il était le plus ingénieux de tout le vaisseau. Mais il était également le plus colérique, et cette provocation gratuite mettait son calme à rude épreuve.


Les dires de Rocket parvinrent même à faire rire Dora qui, elle aussi, était brûlante du désir de mener à bien sa mission.

Blême de peur, le citoyen de la ville située face à la ferme s’écarta sans demander son reste.


« Bien, Dora, je pense que nous allons finalement atteindre ce fort qui nous aura donné tant de mal.

Yes Rocket, let’s go ! »


Ils espérèrent y accéder rapidement, après toutes ces mésaventures. Avant que les compagnons ne passassent, d’un geste qui se dessina sournoisement, l’homme qui s’était écarté tendit la jambe, ce qui fit trébucher Dora sur les pavés.

Rocket se précipita vers la fillette et dégaina son énorme pistolet.


« Oh, doucement la bestiole, je voulais juste embêter la gamine, pas besoin d’en arriver là !

– Je ne suis pas une bestiole, et elle c’est pas qu’une gamine, c’est une exploratrice de talent, compris ? J’espère que ça t’aidera à t’en souvenir. »


Rocket propulsa son coup dans le genou de l’homme qui s’effondra à terre. Il s’enquit alors de l’état de Dora qui le rassura et le remercia, lui expliquant qu’elle s’était sûrement seulement foulé la cheville. Le gardien lui demanda alors ce qu’il pouvait faire pour l’aider. Elle était bizarre cette petite, mais c’était facile de s’attacher vite aux partenaires de missions, surtout s’ils bossaient bien. Dora était efficace, et elle pensait la même chose de lui. Elle lui demanda alors de regarder dans son sac à dos.


Dépréciant l’aspect multicolore et dérangeant du fond du sac à dos, Rocket s’y résolut pourtant. Plus rien ne le surprenait : ni le fait que le sac à dos se mît à lui parler, lui aussi, ni le fait qu’il trouvât encore à l’intérieur un tas d’objets qui ne pourraient normalement pas rentrer vu leur taille.

Comme si le sac à dos savait, comme par hasard, ce dont Dora avait besoin, il contenait un bandage pour fixer la cheville de la petite fille. Il demanda à Rocket ce qui serait utile pour l’aider, et dans un grand soupir, celui-ci lui indiqua donc le bandage. Les équipements de Dora avaient des comportements franchement étranges, il ne changerait pas d’avis à ce sujet.


Mais le sac à dos lui avait offert une précieuse aide et sans trop de douleur, la fillette put se remettre sur pied. Laissant derrière eux, sans même un regard, l’homme à terre, ils dépassèrent finalement la ville et la ferme.

La silhouette du fort naquit à l’horizon, ravissant les deux compagnons, leur rendant la vigueur dont ils commençaient à manquer.


« Yes we did it, we did it! », se mit à chantonner l’exploratrice.


Arrivés à la hauteur de la bâtisse de pierre, il fallait maintenant faire part de leur présence. Pour une fois, ils ne rencontrèrent aucune difficulté, un autre géant veillait l’arrivée de son amie géante.


Méfiant au départ, l’elfe qui les accueillit comprit rapidement leur histoire et les délesta de leurs charges tout en les remerciant chaleureusement. Il leur avoua que leur aide allait grandement les soulager, eux ainsi que l’elfe qui leur avait donné cette mission.

Rocket et Dora étaient fiers d’eux, mais n’avaient pas fait grand-chose en somme, ils en étaient conscients et lui en firent part. L’elfe contesta leurs dires, puis en guise de remerciement, les invita tous deux à partager le repas qu’il allait concocter à partir de ce qu’ils lui avaient apporté. Par politesse et afin de reposer la cheville de Dora, ils acceptèrent.


Ils ne se servirent qu’une petite part, afin que les habitants du fort puissent manger à leur faim, mais cela suffisait pour qu’ils goûtassent à la gastronomie de cette planète, qu’ils apprécièrent grandement.


Quelques heures après le repas, l’elfe qui avait sollicité leur aide était de retour au fort. Les autres habitants l’accueillirent très chaleureusement, elle était chargée de nombreuses autres provisions. Rocket et Dora l’avaient attendue avant de repartir. Ils avaient désiré lui montrer qu’ils avaient accompli la mission, et espéraient qu’ils pourraient désormais tous manger à leur faim et récupérer des forces.


Ils remercièrent le géant grâce à qui ils avaient pu savourer un bon moment, et saluèrent « madame la géante » qui leur témoigna, à nouveau, tout sa reconnaissance avant leur départ.

Les deux compagnons avançaient silencieusement sur la route, sans se diriger vers quelconque point, quelconque but. Rocket brisa le silence :


« Bon, alors gamine, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? »


Dora lui offrit un grand sourire.


« Je croyais que tu avais dit au monsieur que je n’étais pas une gamine !

– Lui n’avait pas le droit de dire ça. Moi, ouais.

– Oh, d’accord. Je pense que je vais rentrer chez moi, retrouver mon ami Babouche.

– Hmm, le singe qui parle, c’est bien ça ?

– Oui, d’habitude on part toujours en exploration ensemble ! Et toi ?

– C’est mon ami Groot qui va venir me chercher. Enfin, il est censé venir me récupérer, je lui ai envoyé un message. Il a intérêt à se dépêcher ! 

– Ton ami à branches, c’est ça ? »


Rocket pouffa puis hocha la tête, c’était effectivement lui. Il aurait bien voulu inviter la petite fille à bord du vaisseau, il était persuadé qu’avec de l’entraînement elle aurait pu devenir, dans le futur, une gardienne de la galaxie pleine de talent ! Mais Dora avait une famille, des amis, une vie sur sa propre planète… Sa propre planète ?


« Au fait, Dora, comment tu vas faire pour rentrer chez toi ?

It’s really simple !

Grâce à la carte ? souffla Rocket avec un sourire en coin.

Indeed ! », lui répondit-elle en lui retournant son sourire.


Il lui souhaita une bonne route, en espérant qu’elle ne soit pas semée d’embûches, ni trop longue pour sa pauvre cheville. Dora le remercia chaleureusement et lui avoua qu’elle désirerait que son chemin puisse croiser le sien de nouveau, un jour.


Elle s’approcha de lui et l’étreignit. Rocket répugnait ce genre de marques d’affection, mais cette fois-ci, il n’en tiendrait pas rigueur. Peut-être s’avouera-t-il un jour qu’il n’avait, finalement, pas été dérangé par cette étreinte.


D’un geste de la main, ils se dirent adieu. Tous les deux, chacun de leur côté, souhaitèrent que leur bonne étoile veille désormais sur leur nouvel et étrange ami, qu’ils avaient rencontré en ce jour tout aussi étrange.

 

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