Myna DRACULA

Chapitre 3

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:07

Mayra allait tous les jours au cimetière sur la tombe d’Andreï.

 

Un jour que Dan et moi l’accompagnions, et alors que nous retournions lentement vers le village, ils m’annoncèrent qu’ils allaient partir étudier en ville. Ils avaient fini le lycée à la fin du printemps dernier et avaient trouvé un appartement à partager tous les trois avec Andreï. D’ailleurs, ils espéraient trouver un autre colocataire une fois sur place.

 

-         Vous comptiez m’en parler quand ?

-         Il était prévu qu’on le ferait un peu avant….

 

Mayra s’arrêta de parler un instant et regarda derrière elle, en direction du cimetière.

 

-         Je, je pourrais vous accompagner, je….

 

C’est inutile Myna, tu n’as même pas passé d’examen de fin d’étude, il faut des notes pour pouvoir entrer à l’université. Et puis tu sais très bien que ton frère dira non. Il l’a fait quand tu as voulu entrer au collège avec nous, et au lycée aussi…

 

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Attention !  Je n’étais pas inculte, mon frère m’avait instruite depuis ma plus tendre enfance, puis quand il n’avait plus pu à cause de ses obligations, il avait fait venir des précepteurs, plus sévères les uns que les autres. J’avais étudié, la plupart du temps sous la surveillance omniprésente de mon frère, la littérature, les mathématiques, les sciences et la physique, l’histoire et la géographie mondiales. Je parlais couramment plusieurs langues vivantes ou mortes. Mais toujours chez moi.

 

Me rendre au village, était le seul privilège que j’avais obtenu. Mais j’avais interdiction d’en dépasser les limites. J’y avais bien pensé à plusieurs reprises, encore plus en recevant les clés de ma petite voiture. Mais je savais que je risquais gros si j’osais, d’autant que mon frère avait du monde à sa solde qui me surveillait sans arrêt.

 

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Peu avant la rentré scolaire, alors que mes amis étaient partis s’installer en ville. Je boudais dans la cuisine. Je n’avais pas été suffisamment attentive, pendant mon cours de grec ancien, je m’étais rebiffé à une remarque de mon professeur, et pour me punir, il m’avait donné une dissertation à faire, plus un billet à faire signer par mon frère car ce dernier était absent ces jours-ci.

 

Sandor vint s’asseoir près de moi et me dit :

 

-         Il faut que nous ayons une petite discussion.

 

Je le regardais dans les yeux pour voir s’il se moquait de moi ou s’il était sérieux. M’avait-il entendu durant mon cours, venait-il me faire la morale ?

 

N’attendant pas de réponse de ma part il reprit :

 

-         Demain, vont arriver ma femme et mon fils.

-         Je n’étais pas au courant …

-         Cela s’est décidé très vite. Elle est enceinte de jumeaux et …

-         Mais il est tard pour…

-         Je sais, mais c’est arrivé, c’est ainsi… et si tu arrêtais de m’interrompre, je pourrais finir, et tu pourrais retourner à ta dissertation…

 

Je me contentais de grogner et il continua avec un sourire :

 

-         Bref, ces deux personnes sont les plus importantes de ma vie et j’aimerais que tu les accueilles comme il se doit. Je sais que tu es loin d’être le sauvageon que tu prétends être… . Je peux compter sur toi ?

-         Oui…

-         Promis ?

-         Promis… 

 

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Le lendemain, en fin de matinée, alors que je me trouvais dans la bibliothèque pour tenter de finir ma dissertation, Sandor me fit appeler. Sa famille venait d’entrer dans la cour.

 

Aussitôt je lâchais ma feuille et mon crayon, trop contente de cette diversion. Je courus dans le hall, et je vis Sandor ouvrir la lourde porte en bois massif. Aussitôt une femme se jeta à son cou tandis qu’un jeune homme le saluait plus sobrement mais avec autant de chaleur.

 

J’attendis patiemment et lorsqu’ils eurent leur comptant, ils se tournèrent vers moi et Sandor fit les présentations.

 

-         Voici mon épouse, Julie et notre fils Nikola.

-         Bonjour. Je vous prie de bien vouloir excuser l’absence de mon frère, il avait… des euh… affaires urgentes à régler.

-         Inutile de vous tracasser, Sandor nous a mis au courant du mode de vie particulier de Monsieur le Comte.

-         Oh… Euh… vous pouvez me tutoyer, ce n’est que moi…

 

Ma remarque les fit rire et pour cacher mon embarras je proposais à Nikola de lui montrer sa chambre.

 

Il me suivit, et nous montâmes à l’étage. Je lui ouvrais la porte des appartements des invités. Elle contenait la chambre en elle-même, un cabinet de toilette avec douche et lavabo, et un petit salon contenant un bureau et un grand fauteuil. Dans la chambre trônait une grande cheminé.

 

-         Je l’appelle la chambre de Mathias à cause du portrait du Roi Mathias de Hongrie, que tu peux voir là, lui indiquais-je. Mais s’il te dérange, tu n’auras qu’à le dire. On le fera déplacer.

-         Non… Non c’est très bien… Merci. Au fait, tout le monde m’appelle Nick…

-         Ok…

 

Je me retirais alors pour le laisser s’installer. Et retournais m’installer dans la bibliothèque. Je posais les yeux sur ma feuille quasiment vide et songeais que je n’avais pas encore fait mes autres devoirs pour  le lendemain. Mon précepteur allais être sacrément fâché.

 

Lorsqu’on vint me chercher pour le dîner, je déclinais. J’avais à peine fini le reste, et il fallais encore que je planche sur la dissertation.

 

Vers deux heures du matin, j’eu enfin fini. Je rangeais mes affaires et me dirigeais vers le bureau de mon frère afin de lui présenter mon billet et ma punition, mais il n’était pas là. Je tentais ma chance dans sa chambre, mais il n’était pas là non plus. Je commençais à m’inquiéter, il était rare que mon frère s’absente aussi longtemps.

 

Mon estomac se mit à se rappeler à mon bon souvenir, en des bruits tels, que je cru qu’ils allaient éveiller toute la maison. Je décidais de descendre à la cuisine, voir s’il ne restait pas un petit morceau du dîner. Là je trouvais Julie devant une assiette de poulet froid.

 

-         Je suis désolée, me dit-elle penaude, mais j’ai des petites contractions qui m’empêchent de dormir, et puis j’avais faim, et Sandor m’a dit que pouvais descendre à la cuisine et me servir. Ça ne te dérange pas ?

-         Euh non, Sandor est chez lui ici, et vous aussi.

-         Tu sais, tu peux aussi me tutoyer si tu le souhaites.

Mon estomac se remit à grogner.

 

-         Tu as faim ? me demanda-t-elle 

 

Comme je la regardais sans rien dire, elle me tendis un morceaux de poulet que je mangeais avec appétit. Puis elle me demanda :

 

-         Tu ne dors pas ?

-         Non, je viens de finir mes devoirs pour demain, et j’ai un billet à faire signer par mon frère mais il n’est toujours pas rentré et cela commence à m’inquiéter.

-         Crois-tu qu’il serait heureux de te voir veiller si tard en l’attendant ?

-         Je ne pense pas… mais je me fait du soucis. Il n’a jamais été absent aussi longtemps…

 

Je remercie Julie pour le poulet, avant de me retirer mais elle me dit :

 

-         C’est la cuisinière qu’il faudra remercier… Piatrava, c’est ça ?

 

J’acquiesçais. C’est vrai que Piatrava était une excellente cuisinière. Elle et son mari nous chouchoutaient mon frère et moi et tenaient très bien notre maison. C’est un couple de Tsigane dont la famille travaillait pour ma famille depuis de nombreuses générations. Ils m’avaient vu naître, et il était arrivé à plusieurs reprises à Ector de me corriger lorsque je me comportait mal envers lui. Piatrava, elle m’avais toujours chouchouté et gâtée. La première fois qu’Ector m’avait corrigée comme n’importe lequel des enfants de son camps, j’avais été me plaindre à mon frère, pensant qu’il allait prendre ma défense. Bien mal m’en avais pris. Il était allé voir Ector, pour lui demander des explications, puis il lui avait donné carte blanche en son absence. Et lorsqu’il était présent, Ector devait systématiquement lui en référé. En général, je n’avais jamais gain de cause…

 

Tout à ces souvenirs, je m’était rediriger vers le bureau de mon frère et m’était installée dans le grand fauteuil devant le feu qui ronflait dans la cheminé. Je relisais mon billet :

 

Ne suis pas le cours et est insolente au possible.

A refusé de s’excuser

 

J’écrasais le billet dans ma main et fini par m’endormir, vaincu par la fatigue.

 

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Le fraîcheur ambiante dans la pièce me réveilla, j’étais couverte, et les lourds rideaux étaient tirés. Je regardais autour de moi, surprise. Dans la pénombre, assis à son bureau, mon frère m’observais. Je me levais. Je vit aussitôt le papier blanc chiffonné, posé à plat. Je respirais un grand coup, et m’avançait vers mon frère. Il me prit longuement dans ses bras.

 

-         Tu m’a manqué, lui dis-je. Tu étais parti si longtemps…

-         Tu m’a aussi manqué. Et je suis désolé de n’avoir pu te donner de mes nouvelles, les choses ont été… compliquées. Mais je vois que toi, tu as été encore une fois un vrai démon.

-         Je te demande pardon, Mircéa, mais c’est que je m’inquiétais pour toi…

-         Myna, ce n’est pas une raison… fit-il en secouant la tête.

-         Je ne recommencerais plus…

-         Tu dis cela à chaque fois que je dois signer ces satanés billets… à chacun de mes départ, remarqua-t-il, pour finir.

 

Mes larmes s’était remises à couler, je ne savais pas pourquoi je me conduisais aussi mal avec les personnes qui m’entouraient, je savais qu’un jour cela me jouerais des tours, mais j’avais parfois tant de colère en moi, qu’il fallait que je la laisse sortir.

 

Mircea, qui me connaissait depuis toujours, et qui savait que je n’avait pas un mauvais fond, me pris dans se bras et se mit à me bercer lentement.

 

Soudain, la porte s’ouvrit à la volée, et je sursautais. C’est Nick qui apparut dans l’encadrement de la porte. Il avait l’air affolé. Il fut d’abord surpris de me voir en compagnie de Mircea. Il pensait me trouver seule.

 

-         Il faut venir tout de suite, s’écria-t-il. Maman n’est pas bien. Venez voir, vite ! 

 

Mon frère me regarda un instant et me dit :

 

-         Cette discussion n’est pas terminée nous en reparlerons plus tard.

 

Mircéa, rapide comme l’éclair disparut. Nick et moi, le suivîmes en courant à notre vitesse, plus humaine. Lorsque nous arrivâmes dans la cuisine, mon frère était déjà entrain de soulever délicatement Julie dans ses bras. Elle se tenait le ventre et avait le visage tendu par la douleur.

 

-         C’est trop tôt…, murmurait-elle entre deux contractions extrêmement rapprochées.

-         Je sais Julie, mais il va falloir être courageuse…

-         Qu’est ce qui arrive à ma mère, s’écriait Nick, incapable de réfléchir.

 

Mircea le regarda dans les yeux.

 

-         Le travail a commencé. Tu vas prendre la voiture de Myna et tu vas aller chercher l’infirmière qui travaille avec ton père. Tu lui dira ce que je viens de te dire. Cours vite, les clés sont sur la tablette dans le hall.

 

Nikola, rasséréné par le calme de mon frère, se mit à courir le plus vite possible. Puis il se tourna vers moi et me demanda d’aller chercher Piétrava et de mettre une grande quantité d’eau à bouillir et de lui rapporter du linge blanc bien propre.

 

Il sortit en emportant délicatement la future maman.  Je mit plusieurs gamelles pleines d’eau à chauffer sur le poêle. Puis je courus au camp tsigane dans l’arrière cour et dégotait Piétrava entrain de gronder l’un des ses plus jeunes enfants. Décidément c’était une épidémie. Je l’interrompis et lui racontais ce qui venait de se passer. Elle m’accompagna le plus vite qu’elle pus.

 

A l’office, elle pris un grand drap blanc en coton et attrapa une gamelle entrain de bouillir. En sortant, elle me dit d’apporter la suivante dès qu’elle bouillerais et les autres dès qu’on me les demanderait, je devais bien les surveiller

 

Je ne fut seule que quelques minutes, j’entendis Nick revenir avec Madame Marinesco. Je les entendais parler :

 

-         Je veux voir ma mère… Disait Nick inquiet

-         Tu ne peux pas. Pas pour l’instant. Et le Docteur Pietru qui est en tournée dans les montagnes…

 

Lorsqu’ils passèrent devant la porte de l’office, j’attrapais le bras de Nick et l’entraînait dans la cuisine en prétextant avoir besoin de quelque aide.

 

Le temps passais et nous n’avions aucune nouvelle, si ce n’est des cris qui nous parvenaient

par moment. A intervalles réguliers nous tentâmes de joindre le futur père. Lorsque nous entendîmes les pneus de sa moto crisser sur le gravier, nous courûmes le rejoindre dans la cour. Il voulut rejoindre sa femme pour la soutenir.

        

-         Non Sandor, Mircéa, Madame Marineso et Julie se débrouillent très bien.

-         Elle a raison, Père… Viens t’asseoir avec nous, je vais te servir un café.

 

L’homme accepta et nous nous installâmes à nouveau dans la cuisine.

Deux tasses de café plus tard, Madame Marinesco vint nous voir, elle avait le sourire aux lèvres.

 

-         Bonjour Docteur Piétru. Vous êtes l’heureux père d’une belle paire de jumeaux.

-         Je peux la voir ? Tout s’est bien passé ?

-         Oui très bien. Votre épouse a été très courageuse. Les petits et la maman vont bien. Elle est entrain de se reposer.

-         Nous aussi pouvons venir ? Demandais-je.

 

L’infirmière me sourit :

 

-         Non Myna pas tout le monde à la fois. Julie doit se reposer, elle est très fatiguée.

 

Le Docteur Piétru suivi la mère de Marina. Et Nick rongeais son frein.

 

-         Madame Marinesco a dit que nous ne pouvions pas entrer dans la chambre, mais elle n’a pas dit que l’on ne peux pas monter voir par la porte.

 

Nick me suivi jusqu’à la porte de la chambre. Elle n’était pas entièrement fermée. Nous entendions les heureux parents discuter des prénoms des enfants. Ils se livraient à un jeu de taquineries auquel nous ne comprenions naturellement rien.

 

Tout ce que nous apprîmes c’est que le garçon allait s’appeler Nestor et la petite Rodica.

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