Le Sacre

Chapitre 7 : LE DERNIER LOUP-GAROU II

4651 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:50

LE DERNIER LOUP-GAROU II

 

La lune était haute et grande dans le ciel. Elle était pleine et projetait assez de lumière pour que les arbres s’étalent au sol, leurs branches s’allongeant vers lui.

Julian n’en était pas effrayé. Il connaissait cette forêt même s’il n’arrivait pas à se souvenir d'où exactement. Les ombres lui étaient familières, les odeurs étaient celles de toutes les forêts, les sons l’informaient à chaque instant de son environnement. Il était chez lui. Plus que n’importe où et qu’à n’importe quel moment. Sans bruit, il se déplaçait entre les arbres, ses longues pattes lui permettaient d’éviter racines et pièges de pierre. Ses coussinets s’aplatirent sur le sol dur quand il s’arrêta enfin, levant des pupilles d’or vers le ciel étoilé.

Son instinct lui criait de hurler à la lune, de tendre tout son corps dans une prière monosyllabique, mais quelque chose au fond de lui le retint. C’est à ce moment que Julian prit conscience du silence qui s’était abattu sur la forêt. Sans même y penser, il se mit à retenir son souffle également et il l'entendit.

Le cri n’avait rien à voir avec un hurlement de loup. C’était un rugissement d’une puissance inégalée, que l’on entendait que très rarement dans les forêts denses comme celle-ci. Contrairement à beaucoup d’animaux dont il avait appris à reconnaître les intonations, il n’arrivait pas à savoir s’il s’agissait d’un appel, d’une menace, ou d’autre chose, mais Julian – comme tous les autres mammifères de la forêt – le prit comme un avertissement et baissa instinctivement le museau jusqu’au sol. Un dinosaure. Et le plus gros de tous qui plus est. Le prédateur avait sans doute été attiré par la faim vers une zone plus giboyeuse.

Du peu que sa mère lui avait appris au sujet de ces animaux, il avait retenu qu’il ne devait jamais s’en approcher. La force et la taille d’un loup-garou étaient peut-être plus importantes que celles d’un vrai loup, mais il n’en faisait pas pour autant le poids face à un T-Rex. Déjà, Julian s’apprêtait à s’en aller, reculant lentement vers les bois les plus profonds. Un autre rugissement le retint. Familier, celui-ci. Ce n’était pas un loup, cela ressemblait à celui du lion. Suffisamment proche du sien pour qu’il en comprenne les nuances. C’était une plainte, longue et douloureuse.

Sans y penser, Julian bondit vers l’avant et se mit à courir à travers les bois. Les branches fouettaient sa fourrure cette fois-ci car il n’avait pas l’intention d’être discret. Une autre plainte s’élevait déjà, plus courte et plus faible. Elle l’aida à se repérer.

Le gros loup se tapit dans les fourrés en sentant qu’il approchait. Ses narines s’emplirent d’odeurs qu’il n’avait encore jamais rencontrées ainsi que de celle du sang, qu’il connaissait plutôt bien.

C’était une petite clairière, ou plutôt l’endroit était devenu une clairière tout récemment. Des arbres étaient étendus tout autour de l’animal, brisés et défoncés. Ce fut l’animal qui attira le regard de Julian. Il n’en avait jamais vu de pareil. Un lion, comme il l’avait d’abord cru, mais immense et le dos recouvert d’une massive carapace. Des cornes puissantes jaillissaient de la jonction entre les plaques d’armure et le cou de la bête. Pourtant, elle était brisée, elle aussi. Son blindage fracassé au sommet, une de ses cornes fracturée et pendante, le lion avait les yeux fermés.

Il fallut une nouvelle complainte pour que Julian comprenne qu’il n’était pas seul. Un jeune tournait autour de lui. Le lionceau n’était pas aussi grand mais il portait la même carapace sur le dos. Son cri était faible, appelant à l’aide. Instinctivement, Julian tendit le museau à travers le buisson où il s’était caché. Il se retint au dernier moment mais la créature se tourna tout de même vers lui. C’est alors qu’il vit que le lionceau était borgne, son œil sans vie le fixant avec plus d’intensité encore. Le loup bondit en arrière quand il sentit la chaleur du feu tout autour d’eux. Comment avait-il fait pour le manquer ?

Le temps qu’il reprenne ses esprits, le lionceau avait déjà fui, laissant derrière lui le cadavre monstrueux du lion-tortue. Julian ne perdit pas plus de temps ici et prit le chemin opposé aux flammes qui commençaient déjà à lécher la clairière.

Il ne fit que quelques dizaines de mètres avant que ses sens ne soient assaillis par une odeur qu’il avait déjà perçue près du cadavre. Une odeur de prédateur froid et malveillant. Il aurait dû la reconnaître tout à l’heure. C’était un dinosaure également, mais pas du même genre que celui qui avait hurlé. Il était plus petit et plus sournois. Julian se fit instantanément plus discret, sa forme grise se glissant entre les fourrés en espérant ne pas faire trop de bruit.

La vue d’un aigle au sol lui fendit le cœur. Le rapace avait les deux ailes en morceaux et le bec profondément enfoncé dans la terre. Plus loin, un autre oiseau se tenait aussi au sol, ses longues pattes tordues par des angles absurdes. Julian ne reconnut pas celui-là.

Il fut arraché à sa contemplation par un long hurlement. Du genre qu’il ne pouvait pas ignorer et qu’il ne pouvait que comprendre. Un loup. Le cri était un appel à l’aide. Malgré la peur qui lui étreignait tout le corps, le loup-garou continua son chemin en direction de celui qui avait appelé. Sans savoir pourquoi, il n'arrivait pas à se détacher de ses cris, ses hurlements qui l'appelaient tous, le balandant d'un bout à l'autre de son territoire. Comme un chant morbide et fascinant.

Il ne mit pas longtemps à le trouver, guider par des gémissements de douleurs. C’était un loup plus petit que lui, aux yeux tournés vers le sol, reniflant. Il portait sur le dos la même carapace que les lions, ce qui ne choqua Julian que pendant quelques secondes. Son camarade était blessé, sa patte avant droite couverte de sang pendait lamentablement. Pourtant, lorsque leurs regards dorés se croisèrent, il arrêta de pleurnicher et ses yeux se mirent à briller d’une flamme intense. Le petit loup fit signe à Julian de le suivre, puis disparut entre des racines.

Le loup-garou voulut le suivre mais un craquement brutal attira son attention, suivit du bruit sourd d'un immense tronc qui s'effondrait. Il se tourna vers la cime des arbres, d’où dépassait une gueule immense. Le dinosaure contemplait son nouveau royaume et rapidement ses petits yeux tombèrent sur Julian. Ces animaux n’avaient rien d’humain mais il pouvait presque voir un sourire mauvais le long de sa titanesque mâchoire. Ses yeux brillaient de malice. Le monstrueux prédateur fit un pas en avant et un aboiement attira soudain l’attention de sa victime.

Une louve massive se tenait dans l’ombre d’un arbre, son regard suppliant tourné complètement vers lui. Elle aboya de nouveau mais cette fois il crut entendre quelque chose.

« Julian ! »

Le jeune homme faillit tomber de sa couchette quand il s’en redressa. Il réussit non seulement à conserver son équilibre mais aussi à retenir le cri qui s’était formé dans sa gorge. Son regard s’habitua lentement à l’obscurité ambiante, pendant qu’il tentait de reprendre une respiration normale. C’était la première fois qu’il se réveillait ainsi, le souffle court et le visage couvert de sueur.

« Julian, tout va bien ? »

Le temps qu’il reconnaisse la voix, le jeune homme s’était tourné vers son maître. Malgré le froid qui lui écrasait encore le corps, sa vue lui arracha un sourire. Le chat était trop connu pour se déplacer incognito alors il s’était résolu depuis une semaine à se teindre la fourrure. Cela n’avait pas été une mince affaire mais ils avaient réussi à rendre une bonne impression de panda roux. À condition de parler d’un panda roux bedonnant.

« Je crois maître. C’était un rêve étrange… »

Dans son esprit, l’image d’un loup blessé et de créature absurde s’effaçait déjà. C’était bien la première fois qu’une chose pareille lui arrivait.

« Bon, nous pouvons nous rendormir alors. » répondit le vieux maître sur un ton apaisant.

Julian acquiesça, ses sens revenaient progressivement à la normal. Les embruns lui envahirent les narines et le lent tangage du bateau fit remonter son estomac. Il commençait à comprendre ce qui avait provoqué ce rêve. Il n’eut pas besoin d’en faire la remarque à maître Karine pour que celui-ci ne dise dans un sourire :

« La mer ne te sied vraiment pas. Heureusement, nous devrions arriver au matin. »

Julian tenta au mieux de cacher son soulagement. Le voyage n’aura duré qu’une journée et demi mais c’était déjà bien suffisant pour lui. En si peu de temps, il avait manqué par trois fois de vomir sur le pont et il avait fini par se réfugier dans la modeste cabine qu’ils avaient réussi à acheter. Même dans son état, il avait tenté de négocier avec le chat pour lui offrir la couchette mais maître Karine avait insisté. Finalement, il s’était laissé tomber sur les draps dès que la Lune s’était levée.

« Le plus vite sera le mieux. » murmura-t-il avant de se laisser tomber à nouveau contre l’oreiller.

Il fit semblant de ne pas entendre le rire moqueur que lui adressa le félin.

La cabine était fermée, ne laissant pas la moindre ouverture pour observer le ciel, ce qui avait pour effet de désorienter encore plus le jeune homme. Particulièrement une nuit comme celle-là. Il ne pouvait pas voir l’astre lunaire mais il sentait dans toutes les fibres de son être qu’il allait bientôt atteindre son apogée. La pleine Lune serait pour le lendemain, ou le surlendemain ; il lui arrivait de se tromper. Il était toujours plus difficile pour lui de se contrôler dans ses moments-là, mais même sur un bateau qui le rendait malade il aurait réussi à contenir la bête si la Lune avait été pleine cette nuit-là. Son rêve ne devait d’ailleurs être qu’un symptôme de ses efforts pour empêcher qu’il arrive quoi que ce soit de ce genre. Il n’était pas rare pour les membres de son espèce de se rêver loup en dehors des jours de pleine Lune.

C’est probablement parce qu’il y pensa toute la nuit qu’il ne parvint pas à se rendormir correctement jusqu’au matin. Il fallut toutefois que maître Karine le force à se lever pour qu’ils sortent. C’est encore lui qui emporta les sacs sur son dos et ils se mirent en rang derrière les autres passagers pour descendre.

Plus de la moitié des autres réfugiés tenaient un mouchoir ou une écharpe contre leur nez, certains regardaient tout autour d’eux comme des faons effrayés. Il fallut un moment à Julian pour comprendre qu’ils craignaient la Peste. Ils avaient tous été inspectés à l’entrée mais on ne connaissait pas encore les conditions exactes de la transmission alors il n’était pas étonnant de voir certains se montrer trop prudents. Lui-même n’en avait pas besoin toutefois, mais il se demanda s’il devait faire semblant. Maître Karine ne semblait pas prêt à faire cet effort.

Avant qu’il n’arrive à la fin de sa réflexion, quelque chose d’autre attira son attention. Un frisson de peur qui parcourut la file jusqu’à eux, bientôt suivit par une odeur caractéristique qu’il devait être le seul à percevoir. Il se mit aussitôt sur la pointe des pieds pour confirmer son impression.

La créature se tenait sur les quais près du débarcadère et inspectait de près chaque passager qui descendait.

« Un démon, murmura Julian à l’attention de son maître.

- Je l’ai senti aussi. »

Le jeune homme se demandait parfois si le chat avait un odorat aussi développé que le sien ou s’il faisait appel à d’autres sens. Ce n’était pas encore le moment de lui demander cependant, d’autant que Karine continua :

« Rien d’étonnant. Si ce que nous avons entendu est vrai, Piccolo voudra contrôler au maximum les déplacements vers ou depuis le Centre. »

Le chat déguisé ne fit pas référence au fameux bâton mais Julian comprit très bien de quoi il voulait parler. Alors qu’ils avaient contacté le petit réseau de résistance installé dans l’Ouest, on leur avait brièvement parler d’un exploit accompli par le réseau du Centre. On ne connaissait pas encore les détails mais on murmurait déjà qu’un artefact bien spécial avait été repris à Piccolo. Quelques oreilles étaient déjà tournées vers eux, elles n’avaient pas besoin d’en apprendre plus.

Il n’allait pas au Centre, pourtant, mais il était vrai que le petit voyage en bateau les en avait considérablement rapprochés. Julian ne s’attendait pas à rencontrer un démon aussi tôt. Même si celui-ci n’était pas aussi puissant que les enfants majeurs de Piccolo, il en imposait déjà. C’était un monstre de grande taille, à la gueule allongée de ptérodactyle et au corps massif. Il avait peut-être été musclé il y a longtemps mais il s’était à présent élargi et enrobé. Julian pensait plutôt qu’il était né comme ça, c’était souvent le cas avec les démons.

« Nous n’avons rien à craindre d’eux, reste tranquille et tout ira bien. »

Il se garda bien de contredire son maître mais resta tout de même en alerte durant toute leur lente avancée vers le démon mineur.

Ce n’était pas la première fois qu’il en voyait un, ils en avaient déjà aperçu au cours de leurs excursions en dehors du terrain d’entraînement, mais le nombre de ses rencontres se comptait sur les doigts d’une main. Ce serait aussi la première fois qu’il en verrait un de si près. Ses démons-là constituaient une part cruciale des forces de Daïmao, comme le lui avait appris maître Karine. Plus puissant que les humains ralliés à sa cause, plus fidèles aussi, ils pouvaient intervenir dans les cas complexes qui ne relevaient pas d’un démon majeur, comme les gouverneurs de régions. Dans celle-ci, Touba était réputé pour son goût de l’action mais il n’était pas étonnant qu’il envoie un de ses sbires pour un travail pareil.

Par chance, une chose que ces démons n’avaient toujours pas, c’était l’intelligence. Celui-ci laissa passer maître Karine sans même lui jeter plus d’un coup d’œil, puis se tourna vers Julian. Le loup-garou soutint son regard calmement, le dos droit et les yeux fixes. Il n’avait rien à cacher et rien à craindre.

« Tu n’as pas l’air bien effrayé, gamin. »

Son visage se décomposa instantanément. Avait-il fait quelque chose qui puisse attirer l’attention ? Il était persuadé d’avoir été discret pourtant, ils n’avaient plus parlé depuis leurs murmures dans la file tout à l’heure. Le démon n’avait aucune raison de s’adresser à lui. Julian commençait à rassembler ses esprits et son souffle, tentant de formuler une réponse, quand le gigantesque bec se mit à claquer en un semblant de rire.

« C’est bien ce que je pensais. Avance, maintenant. »

Le rire du démon l’accompagna alors qu’il le poussait brutalement vers l’avant, pour pouvoir s’occuper des autres passagers. Il comprit alors qu’il avait simplement été stupide. Les créatures n’étaient pas habituées à ce qu’un humain soutienne leurs regards comme ça, il aurait dû être plus effrayé et baisser les yeux, jamais il n’aurait attiré l’attention ainsi. Heureusement, son instant de panique lui avait sauvé la vie. Maître Karine le retrouva rapidement et lui fit signe d’avancer. Il n’y avait pas de raison de rester plus longtemps dans les parages.

« Mais attendez ! Pourquoi moi ?! J’ai rien fait, je vous jure ! Ils parlaient du Seigneur Piccolo juste devant nous et c’est moi que vous arrêtez ? »

Seule l’ouïe fine du loup permit à Julian de l'entendre alors qu’ils étaient déjà bien éloignés du démon. Le jeune homme tourna le regard dans la direction, apercevant un des réfugiés qui s’étaient tenus proche d’eux, terrifié, ainsi que le regard de la créature. Le pauvre homme était en train d’expliquer quelque chose mais le démon n’écoutait déjà plus. Il suffit d’une seconde pour que le terrain se dégage entre eux. Les autres passagers s’étaient jetés sur le côté, ou à terre, du moment qu’ils n'étaient pas sur le chemin du monstre.

« Julian ! » l’avertit maître Karin, mais il était déjà prêt.

Le démon avait fait exploser les planches de bois sous ses pieds lorsqu’il s’était propulsé vers l’avant. Le choc de son poing contre la paume du jeune homme créa une onde de choc qui acheva de détruire les planches sur lesquelles reposaient Julian. Lui-même ne recula que de quelques centimètres, mais il sentait déjà les planches suivantes sur le point de se briser. Sa réaction surprit tout de même le démon, qui ne devait pas être habitué à une telle résistance de la part d’un humain. Son seul coup aurait sans doute été suffisant pour tuer n’importe quel homme.

Au lieu de cela, Julian se servit de la force qu’il avait mis dans ses phalanges pour l’entraîner vers l’avant, tenant fermement son poing dans ses mains. Il lui fit traverser les planches du quais et le relâcha au dernier moment. On entendit le bruit du plongeon quelques secondes plus tard. Le quai finit de s’affaisser tout autour de lui mais le jeune homme resta suspendu dans les airs, son regard fixé sur les eaux troubles en-dessous. Maître Karine n’était plus en vue.

Avec un grondement de colère et de rage, la gargouille jaillit des eaux pour rejoindre Julian. Ses ailes se déployèrent à mi-chemin de son saut, projetant des gouttelettes d’eau partout autour d’elle. Il s’y était préparé mais fut tout de même surpris par la vitesse à laquelle il le rejoint. Ce n’était pas du tout comme à l’entraînement. Plus rapide, il esquiva facilement le premier coup et tentait de glisser derrière le démon quand il le cueillit par un violent crochet au ventre.

La douleur dans ses entrailles réveilla quelque chose. Un grondement sourd échappa des lèvres de Julian alors qu’il reculait dans les airs. C’était quelque chose qui hurlait à la libération depuis que la Lune était dans sa phase ascendante. Le jeune homme le refreina juste à temps pour attraper au vol le pied du démon. D’une seule impulsion, il lui fit faire un salto et n’attendit pas que le tour soit complet pour le frapper au ventre – la cible la plus évidente – d’un large coup de pied. La créature grogna pendant son vol qui se termina violemment, alors qu'il percutait le mur construit en bord de mer. Cette fois, c’était de la pierre et plutôt que d’exploser sous le choc, elle se creusa en un cratère bien symétrique.

Julian n’attendit pas non plus pour creuser son avantage. Il fondit sur le monstre et le frappa à nouveau au ventre, un craquement lui indiquant que la pierre se creusait un peu plus derrière lui. Le démon ouvrit brusquement le bec et seule une lueur au fond de sa gorge permit au loup-garou d’échapper à ce qui suivit. Pivotant sur le côté, il laissa passer un long rayon d’énergie concentrée. Aussitôt après, son poing rencontra le crâne du démon et créa un nouveau petit cratère à l’intérieur du premier.

La tête de la créature retomba sur son torse, inerte. Le combat n’avait pas duré une minute et pourtant Julian se sentait étrangement épuisé. Le sang battait violemment à ses tempes et un nouveau grondement faillit lui échapper. Ses yeux variaient de leur brun habituel à un doré inquiétant alors qu’il fixait son ancien adversaire. Il savait que le monstre n’était pas morte et quelque chose en lui ne désirait qu’arranger cela.

Le loup réclamait du sang et, aujourd'hui, Upa n'était plus là. Lui qui l'avait toujours aidé à retrouver son calme, même lorsque la nuit était pleine.

« Julian ! »

La voix de maître Karine le ramena à la réalité et son regard dévia vers le haut, où attendait le chat, perché au-dessus de la rambarde.

« J’ai empêché que l’alarme soit donnée mais on doit y aller. Dépêche-toi. »

Le jeune homme jeta un dernier regard à son adversaire. Un vrai maître en arts-martiaux n’attaquait pas un ennemi à terre, encore moins pour le tuer. C'est ce qu'Upa lui aurait dit. Avec un ultime grondement, il se propulsa dans les airs et atterrit aux côtés du chat mal déguisé.

Ils partirent aussi vite que possible et se perdirent dans les rues de la petite ville. Ils allaient devoir changer de déguisement au plus vite.

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