Olwë : Les chimères Oniriques

Chapitre 1 : Prologue

1420 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/03/2016 12:43

La brume matinale enveloppait le village d'Armoise encore endormi. La fumée des cheminées dansait telle des fantômes espiègles. Les tâches beiges des maisons de pierre se découpaient de l'immensité verdoyante bordant ce petit lieu-dit, perdu dans la campagne à une trentaine de kilomètres de la plus grande ville. Armoise semblait être figée dans le temps. Le village ne comptait qu'une petite poignée d'habitants, quelques vieillards qui nourrissaient les légendes sur les forêts d'Armoise, et trois familles de jeunes gens. Katelyn se réveilla en sursaut, se redressa, et sentit une sueur froide coulant lentement le long de son dos, la faisant frissonner. 'Encore et toujours le même rêve, depuis deux mois' pensa-t-elle. Rapprochant les genoux vers elle, Kat posa sa tête et regarda vers sa fenêtre donnant vers la forêt. Elle soupira, dégagea ses draps. Elle entendit un léger grognement, elle se retourna, et vit ses draps bouger. La jeune fille s'accroupit, et dégagea ses couvertures pour découvrir une petite boule de poils noirs.

_Allez Onyx ! Debout flemmarde, sourit-elle à son chat, qui ne lui répondit que par un miaulement étouffé.

Kat sortit de sa chambre, posa sa main froide contre sa poitrine, elle écarquilla grand les yeux, fit un rapide demi-tour, et fouilla dans sa table de nuit. Elle attrapa un pendentif en forme de larme, de la taille d'une feuille de chêne. La pierre grise était mise en valeur par des reflets étranges, comme des aurores boréales figées dans la pierre. Elle enfila le collier, et se sentit soulagée. Elle partit dans sa salle de bain. Katelyn s'habilla comme à son habitude, quasiment entièrement vêtue de noir. Elle brossa ses cheveux d'ébène, les laissa libre de faire leurs légères ondulations. Elle mit le parfum de sa mère, une fragrance spéciale, un mélange unique fait de lilas, de roses et d'une autre odeur qu'elle ne connaissait qu'à travers ce parfum. Katelyn sortit de la salle de bain, elle fut attirée par l'odeur de pain grillée, de tarte à la noix et au chocolat. Elle descendit l'escalier de pierre qui menait au rez-de-chaussée. La cheminée crépitait, brûlant doucement un gros morceau de chêne. De grosses tranches de pain étaient disposées devant l'âtre au fond du salon, diffusant une légère odeur de fumée. Le feu permettait à la maison d'avoir une chaleur douce. La radio crachotait quelques informations sur la région. Un homme de grande taille, à la chemise de bûcheron se tenait dos à la table, devant la cuisinière à gaz. Kat s'avança vers la table en évitant de tomber à cause de son chat qui se blottissait entre ses jambes, pour protester sa faim.

_Bonjour papa, dit-elle en tirant une chaise devant une assiette.

_Bonjour ma chérie, lui répondit son père avec un léger accent québécois. Encore ces cauchemars ? 

_Oui, mais ça va, c'est sûrement le stress. Tu sais, pour le moment ce sont mes vacances de printemps, mais dans une semaine ce sont les partiels, et je pense que ça doit être ça.

_Pourtant, tu es une bonne élève. Je ne vois pas de quoi tu pourrais avoir peur. Et tu seras une excellente botaniste. Tenta-t-il de la rassurer en faisant cuire des œufs.

_Papa, tu sais, je ne suis pas aussi douée que maman, la botanique est devenue ma passion.

L'homme se retourna, il était vêtu d'une chemise de bûcheron épaisse rouge et noire, un ventre bedonnant se dessinait sous un tablier « Le meilleur Cuisinier, et Père, Bonne fête Papa ». Ses cheveux brun clair étaient attachés en arrière, une barbe très fournie masquait un visage carré et buriné. Ses grands yeux bleus à l'air menaçant regardaient tendrement sa fille.

_Qu'est-ce que tu lui ressembles ! Lui dit son père en déposant un œuf dans son assiette, se servant à son tour, puis s'asseyant.

_À qui ? Maman ? Demanda Kat en allant chercher les morceaux de pain grillé à la cheminé.

_Oui, à qui d'autre ? Ria-t-il lourdement. Ce n'est pas à moi que tu ressembles, sinon, tu serais une femme à barbe. 

Kat se mit à rire.

_Tu as ses yeux, ses étranges yeux, lui sourit tendrement son père.

_Tu sais... ça fait combien de temps que maman est partie ?

_Oh... réfléchit son père, une lueur de mélancolie passant sur ses yeux. Aérin, ta mère a été emportée il y a bientôt 16 ans. Il ferma les yeux, secoua la tête et reprit un sourire ému. Je me rappelle encore quand vous étiez toutes les deux dans le jardin et qu'elle te parlait d'elfes et de fées, elle te disait en riant que tu serais une fée toi aussi. Quand on a emménagé ici, je me souviens que tout le monde l'appelait affectueusement Aérin, La Sorcière. Elle avait toujours un remède miracle pour soigner les petits bobos des habitants, mais aussi à cause de ses yeux, dont elle t'a fait don, ainsi que de son collier. Tout le village a été ému quand elle est partie, lui dit son père mélancolique.

_Tu as encore la photo de maman ? Tu es le seul en à avoir une, elle détestait les photos. Elle prit le pendentif dans sa main et le serra.

_Oui, tiens. Il plongea la main dans la poche de son pantalon et en sortit une blague à tabac puis une photo abîmée.

_La plus belle femme du monde, avoua son père. 

La photo était de petite taille mais de bonne qualité, une femme au teint de porcelaine se tenait de trois quarts et regardait le photographe, au milieu des bois. Elle avait un visage fin entouré d'une épaisse chevelure d'ébène. Ses grands yeux étaient étranges, envoûtants, d'un violet léger, aux reflets étranges regardaient Katelyn, comme si elle allait bouger. Une bouche délicate peinte en pourpre souriait. Sa mère était heureuse. Kat n'avait que quelques vagues souvenirs de sa mère, ceux des soirs où elle venait lui raconter des histoires de pays merveilleux, d'elfes, de sirènes, et autres créatures imaginaires. Ainsi que son précieux collier, ses souvenirs d'enfant lui rappelaient que quand sa mère lui parlait de ses histoires, son collier brillait et dessinait des images étranges, mais ce n'étaient que des souvenirs. Elle redonna la photo à son père, les larmes aux yeux.

_Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ma chérie ? Lui demanda son père en finissant son petit déjeuner.

_Je pense aller faire un tour en forêt pour me changer les idées et m'entraîner à la botanique, et toi ? 

_Je ne vais pas tarder à aller au travail, on a encore un chalet à construire. Il regarda sa montre, se leva, embrassa sa fille sur le front, prit son matériel et se dirigea vers la porte d'entrée. À ce soir ma chérie ! 

_À ce soir papa !

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