[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits

Chapitre 4 : Partie 2 Chapitre 4: Le Triumvirat face aux deux mondes

3250 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/03/2019 20:14

Telle une ancre lancée à la mer, je m’écroulais sans aucune retenue sur Nathaniel et Castiel. L’un d’eux me cria de me pousser, que c’était une affaire d’hommes ! Alors qu’il continuait à pester en signifiant que je lui avais fait mal, je regarde avec attention la forêt qui nous entourait. Quelque chose clochait.

L’atmosphère était lugubre, aussi sombre que l’antre d’un démon. On n’entendait aucun hululement de chouette, aucun piaillement d’oies, aucun chant de rouge-gorge. C’était comme si toute forme de vie avait été éradiquée. Et alors qu’il n’était que deux heures du matin, je sentais le crépuscule s’éteindre déjà. Quelque chose clochait.

-Castiel, chut, lui murmurais-je

-Depuis quand tu m’ordonnes de me taire ? cria-t-il, sa voix raisonnant en écho dans cette lugubre forêt.

Je mis ma main à plat sur sa bouche, et dit d’une voix grave :

-On a un problème.

Comme s’il avait compris lui aussi, Nathaniel hocha de la tête avec sérieux.

-Essayons de retourner chez toi, dit-il en s’adressant à Castiel.

-Tu te dégonfles, c’est ça ? cracha-t-il

Je fusillais du regard Castiel.

-Castiel, dis-je en appuyant chaque mot, j’ai un mauvais pressentiment. Nathaniel aussi. Alors dépêchons-nous de rentrer avant que les gens ne s’inquiètent !

Castiel pesta de rage, et signifia à Nathaniel qu’il n’en avait pas fini avec lui. Nathaniel l’ignora royalement, et chercha le sillon que nous avions empruntés pour arriver jusqu’ici. Etrangement, il n’était plus là. Nath fronça les sourcils…

-C’est étrange, je ne reconnais rien. J’aurais juré avoir vu un étang pas très loin d’ici, mais c’est comme s’il avait disparu. Essayons dans ce sens, proposa-t-il

On commençait à marcher vers la maison de Castiel, mais c’est comme si le chemin que nous avions emprunté s’était effacé… et que des arbres avaient été plantés ici et là, de manière anarchique, rendant le paysage totalement différent. C’était comme si la forêt avait totalement changé, pour en fait en être une nouvelle ? Ça me donnait froid dans le dos.

-Je crois qu’on s’est perdus, manquais plus que ça, marmonna Castiel.

-Je crois oui, confirmais-je en frissonnant.

-Tout ça c’est de ta faute ! cracha Castiel en désignant du doigt Nathaniel. C’est toi qui nous a indiqué le mauvais chemin à suivre !

-Moi ? s’écria Nathaniel. Qui est ce qui m’a donné un coup de poing à la figure et qui est à l’origine de cette situation ?

-Tu n’aurais pas dû l’embrasser sous mes yeux, espèce de…

-Arrêtez ! hurlais-je

Tous les deux se turent.

-Vous êtes insupportables tous les deux ! Aucun ne vaut plus que l’autre !

Les larmes commencèrent à me venir…Je les séchais en secouant la tête. Nath s’approcha doucement de moi mais d’un geste de la main lui ordonnait de rester loin. Castiel regardait ses pieds piteusement.

-Continuons à chercher la maison de Castiel, dis-je d’une voix plus calme

Aucun des deux n’osa protester. Après un bon quart d’heure de marche dans le silence le plus total, Nathaniel nous demanda de nous arrêter.

-Ce n’est pas normal, on était à deux minutes de l’entrée de la maison. Ou bien on a emprunté le mauvais chemin, ou bien…

Il se tut.

-Finis tes phrases le blondinet, maugréa Castiel

Je le fusillais du regard. Nathaniel avait horreur qu’on l’appelle de cette manière. Pourtant, il ne riposta pas, il semblait réfléchir avec intensité. Son sang-froid me surprit.

Je sentais qu’il avait le même pressentiment que moi.

-Je crois qu’on n’est pas dans la bonne forêt, finit-il

Il marqua une pause. En regardant sa montre, il vit que celle-ci avait cessé de donner l’heure... les aiguilles indiquant les secondes tournaient telles des furies, alors que ni les heures ni les minutes ne bougeaient. Il se dit qu’elle devait être totalement détraquée, tout en fronçant les sourcils avec gravité.

Castiel éclata de rire, un rire qui sembla démoniaque au vu de l’atmosphère dans laquelle on était plongés.

-T’es shooté je crois, ça ne te réussis pas l’alcool on dirait.

Un bruissement de feuilles me fit sursauter. Une situation d’inconfort, d’insécurité vint me titiller. Je ne me sentais pas bien. Nathaniel se mit soudain devant moi, et m’ordonna de rester derrière lui, en retrait. Je te protège, voulait dire le sourire sincère qu’il m’adressa. Je me sentais en sécurité derrière ce dos puissant. Castiel grimaça en voyant la complicité que j’avais avec Nathaniel. Et dire que c’était lui qui aurait pu me protéger…

Nathaniel, sentant que Castiel allait faire une nouvelle remarque sarcastique, lui murmura sèchement de ne dire aucun mot.

Il appuya ses mots par un regard perçant. Castiel ne dit rien, je pense qu’il commençait à comprendre que quelque chose de louche se passait. Sans même s’en rendre compte, il avait pris sa position de garde, pas trop loin de Nath et moi.

Craquement léger de brindilles.

Le vent ne sifflait pas.

Grognement obscur.

Surgi de nulle part, on monstre au pelage noir se jeta sur Nathaniel, prêt à lui arracher la gorge. Un cri strident sorti de ma gorge.

-Nathaniel ! hurlais-je

Le monstre était une sorte d’hybride entre un chien et un loup, avec des proportions démesurées. Plus d’un mètre de haut pour trois mètres de large. Un demi quintal de muscles prêt à faire de Nathaniel son déjeuner. Je voyais celui-ci débattre de toutes ses forces, essayer de respirer tant bien que mal alors que ce monstre lui compressait la cage thoracique. J’étais tétanisée. Mon cœur me criait de l’aider, mais mon corps refusait de répondre aux ordres que dictait mon esprit. Je pense qu’il en était de même pour Castiel…

-Courez ! hurla-t-il en utilisant ses dernières forces.

Je vis ce chien montrer les crocs, grogner comme s’il avait été possédé par la rage. Il était totalement couché sur Nath, mon Nath… Sans même m’en rendre compte, je courus vers ce chien meurtrier, et lui asséna un minable coup de poing dans les côtes. Il ne lui fit même pas mal.

-N-non… ! C-cours… souffla Nathaniel

Le chien me fixa avec ses yeux globuleux, et sembla se désintéresser de Nathaniel. Il le jeta loin d’un coup de patte léger. A l’impact, j’entendis un bruit écœurant d’os brisés. Mon teint se fit livide en voyant Nathaniel au sol, le corps tordu par le monstre, et je manquais de m’évanouir en voyant le montre se diriger lentement vers moi, les crocs étincelants sous la pleine lune.

C’était la fin.

Castiel était là, regardant la scène avec effroi.

Il ne bougeait pas, happé par la vue de ce monstre.

J’imagine qu’il se disait comme moi que c’était la fin…

J’aurais aimé lui crier de courir, de se sauver tant qu’il en était encore temps, mais à peine avais-je balbutié un mot que le monstre se jeta sur moi, et mis sa patte velue sur ma poitrine.

A cette distance là je pouvais clairement sentir cette respiration bestiale, cette haleine de chacal, ce nez humide contre ma joue.

Je fermais les yeux, peut-être allais-je moins souffrir ainsi.

Sifflement.

Un sifflement vint scinder l’air.

Attendant ma mise à mort, je refusais d’ouvrir les yeux.

Quand de longues secondes s’écoulèrent, je me forçais à les ouvrir…

Une flèche venue de je ne sais quelle dimension divine s’était fichée en plein dans son cœur. Castiel accourut vers moi, et tenta de pousser le chien pour me laisser respirer, juste avant que je ne devienne toute bleue. Avec toute l’énergie qu’il avait, il le fit s’écrouler par terre.

-Est-ce que ça va ? me demanda-t-il d’une voix tremblotante.

Son teint était livide et le mien aussi.

-ça v-va, répondis-je avec hésitation.

Il me tendit une main pour m’aider à me relever. J’étais revenue en un seul morceau. Une fois debout, je me précipitais vers le corps inerte de Nathaniel. Celui-ci avait été projeté à près de trois mètres de là, j’avais peur de voir l’état dans lequel il était… quand je le vis. Son teint était bleuté, et une méchante blessure lui barrait le front. Ses bras étaient totalement meurtris et je n’imaginais même pas l’état de ses côtes. Sa colonne vertébrale décrivait un demi-cercle peu rassurant…C’était de ma faute, tout était de ma faute… Pourquoi faut-il qu’il se sacrifie toujours pour moi ?

Des larmes commencèrent à s’écouler de mes grands yeux noirs. Qu’est-ce qu’on lui avait fait ? Je caressais ses cheveux dorés teintés de son propre sang. Castiel était en retrait, et n’osait ni regarder Nath, ni moi. J’allais le perdre, alors que l’avenir nous promettait encore tant de belles aventures…

-Rima… gémit-il

-Nathaniel !! criais-je de joie, des larmes de bonheur ne cessant de couler

Rien ne put m’empêcher de le prendre dans mes bras, et de pleurer sur son torse qui respirait encore.

-Ne pleure pas, murmura-t-il en grimaçant de douleur.

Je me levais subitement. J’avais dû lui faire tellement mal !

-Ne t’inquiète pas on va te sauver, affirmais-je en affichant un grand sourire larmoyant.

-Il est parti ? demanda-t-il faiblement, en référence au chien.

-Il a été transpercé par une flèche… répondis-je en lui caressant la joue.

-Vous avez eu de la chance.

On se retournais tous les trois, et fûmes scotchés en voyant qui avait parlé.

-Quelques secondes de plus et il t’aurait déchiqueté, dit l’inconnu en me souriant.

C’était un homme mince et grand, qui faisait facilement un mètre quatre-vingt-dix. Il avait des cheveux… bleus ?! Des oreilles pointues dépassaient de ses longues mèches bleutées. Serait-ce possible que ce soit… un elfe ?! Je dois sûrement rêver. Il nous toisait d’un air moqueur, comme si ce qui venait de se passer était d’une légèreté sans pareilles.

-Qui êtes-vous ? demanda Castiel sur la défensive.

Il se mit face à moi et Nathaniel pour nous couvrir, étant donné que nous étions toujours étendus par terre.

-C’est plutôt à moi de vous poser la question. Personne ne se balade au cœur de la forêt des Murmures, c’est plein de blackdogs. Tout le monde le sait.

Je n’osais pas lui demander ce qu’il faisait lui-même dans cette forêt où personne n’est censé se balader…

-Attendez, lui dis-je. C’est-à-dire la forêt des Murmures ? On est à Paris n’est-ce pas ? Je n’ai jamais entendu parler de blackdogs, est-ce que c’est le monstre qui nous a attaqué ? Et est-ce que…

Castiel serra son poing sur mon bras et me souffla à l’oreille : « T’es folle, on ne peut pas lui faire confiance. Jamais vu un mec aussi louche. » Je lui répondis qu’on n’avait pas le choix, qu’il était notre sauveur en quelques sortes, mais également qu’il était l’unique personne qui semblait sensée dans ce lieu macabre. Castiel me fusilla du regard. L’inconnu ayant entendu l’homme brun me chuchoter, dit avec un sérieux surprenant :

-Si vous n’avez pas besoin de mon aide je m’en vais alors…

Il joignit le geste à la parole et commença à s’éloigner quand je lui criais :

-Non ! S’il vous plait. Mon ami est blessé. Aidez-nous à le soigner, avez-vous un hôpital non loin d’ici ?

Nathaniel était dans un état second, et ne disais rien. Ses yeux étaient clos et il gisait sur l’herbe humide tel un cadavre. L’inconnu sembla réfléchir d’un air tout aussi léger. Il commençait à bien m’agacer.

-Je n’ai pas vraiment d’intérêt à vous aider… dit-il en posant ses doigts de manière réflexive sur son menton

-Rima, allons-nous-en, on n’a pas besoin de ce type, pesta Castiel

-Du calme l’humain ! s’exclama l’homme aux cheveux bleus. C’est bien Ezarel, chef de la garde Absynthe que tu as devant tes yeux d’être éphémère.

L’inconnu n’avait pas l’air très en colère, j’avais l’impression qu’il faisait une prestation un peu ratée de théâtre antique. Ça aurait pu être comique en d’autres circonstances…

-Castiel écoute moi, on a besoin de cet homme. Ou Nathaniel ne s’en remettra pas.

Castiel grommela un « d’accord » à peine articulé. Ledit Ezarel sembla réfléchir puis dit avec un petit air désespéré :

-Suivez-moi. On est à une heure de marche du QG d’Eel.

-Merci…, balbutiais-je

Quelqu’un devra porter Nathaniel par contre, il lui est impossible de marcher. Sans même que je ne demande quoi que ce soit, Castiel se pencha et posa avec une certaine délicatesse Nathaniel sur ses épaules larges. Nathaniel gémit de douleur. Tout effleurement semblait lui faire du mal. Finalement, niveau délicatesse, tout est relatif…Je fus rassurée que Castiel se soit engagé à marcher avec Nath sur son dos pendant si longtemps. Ça m’étonne réellement de lui, j’ai l’impression qu’il comprend que c’est le moment où il faut le plus se serrer les coudes. Ou bien, on était en train de vivre une sorte d’hallucination collective, ou bien on se retrouvait dans une sorte de…de monde parallèle. Penser à cela me fit frissonner.

J’espérais vraiment qu’Alexis aie mit une sorte de drogue bizarre qui faisait que je voyais tout cela. Mais tout semblait si réaliste... Les blessures de Nathaniel étaient si précises. Et j’avais encore la sensation du souffle de la bête d’il y a quelques minutes plus tôt. Ca ne pouvait qu’être réel. L’elfe bizarre qui se prétendait être chef d’un je ne sais trop quoi nous toisait toujours avec ce même sourire hargneux. Il marchait devant nous, et Castiel et moi trainions derrière. Castiel à cause du poids de Nathaniel et moi à cause de mon plâtre.

-Vous êtes vraiment une équipe de bras cassés, dit l’elfe en contenant un rire

Cet elfe était décidemment trop agaçant…mais devait avoir des réponses à mes questionnements. Et il était le seul, pour l’instant, à pouvoir me fournir des réponses. Je devais savoir où j’étais, où il nous emmenait, et d’où venaient ces sortes de blackdogs. Et c’était le moment où jamais, cette longue marche était une opportunité ! Je courus comme je pus vers lui, rassurant Castiel du regard. Il continua à marcher derrière avec Nath sur le dos.

-Monsieur… l’elfe ? dis-je hésitante

-Tu as déjà oubliée mon prénom, c’est ça ? râla-t-il

Je rougis de honte, et hochais la tête piteusement.

-C’est Ezarel ! tempêta-t-il, E.Z.A.R.E.L. Espèce d’humaine incompétente ! Même un becola a une meilleure mémoire… Non, encore mieux, une carpe volante…

Il continua à me comparer à je ne sais combien de choses étranges, et je me contentais d’attendre patiemment qu’il se soit calmé. Je sentais vraiment qu’il venait d’un monde différent du mien. Il avait l’air d’être quelqu’un de susceptible et distrait. Peut-être qu’il ne nous prenait pas au sérieux ? En tout cas, je me suis fixée pour objectif d’être claire et précise, et ne pas poser des questions trop personnelles. J’avais envie d’en savoir plus sur lui, car après tout c’est la première fois que je vois un vrai elfe, mais je devais me concentrer sur l’essentiel. Et garder un ton diplomate et rigoureux.

-Pourriez-vous nous dire où est-ce que vous nous conduisez ?

Ezarel fronça les sourcils et me regarda bizarrement. Ai-je fait une erreur dans le protocole ?

-Vous êtes à Paris, et je suis simplement en train de vous conduire à l’hôpital pour excès de consommations de drogues illicites.

Mon cœur tomba dans mon estomac. C’était donc ça ! C’est Alexis qui a mis je ne sais quoi dans nos boissons. Oh mon Dieu ce que j’allais le tuer quand je le reverrais !! C’est pour ça que je croyais voir un elfe en face de moi, mais en fait il n’est que le fruit de mon imagination. Je lis beaucoup trop de romans fantasy… Je fulminais, j’allais tout expliquer à Castiel et tout allait rentrer dans l’ordre, quand Ezarel éclata de rire.

-Tu y a cru ! s’esclaffa-t-il

Oh non… Je ne comprenais plus rien. Sur qui étais-je donc tombée ?! Cet être était si malsain !!

-Pourquoi ne pas me dire la vérité ? Que vous ai-je fais ? demandais-je en m’arrêtant de marcher.

J’étais sur le point de pleurer. Je ne comprenais plus rien de rien. Ezarel s’approcha de moi, et posa une main réconfortante dans le dos. Et c’est là qu’il me dit d’un ton doux :

-Je connais quelqu’un qui pourra tout vous expliquer. Vous partagez beaucoup de points communs.

Ce ton énigmatique m’inquiéta.

-C’est donc bien cela, nous sommes dans un monde parallèle ? m’écriais-je la gorge nouée.

C’était comme si cette question avait été rhétorique.

-Oui, vous êtes bien à Eldarya, monde aux antipodes de ce que vous nommez la Terre.

Castiel accourut vers moi en me voyant pâlir puis me rassura, en me disant que tout allait rentrer dans l’ordre, que je n’avais pas à m’en faire. Il n’osa pas me toucher, et se contenta de tenir des paroles rassurantes. Ce que je vivais avait des allures de cauchemar ! Nath blessé, forêt morbide, et puis un elfe sadique pour nous escorter…

-Ne t’inquiète pas, ton ami n’a rien à craindre, dit d’un ton sérieux Ezarel. On le soignera comme il se doit. Voici le portail qui marque l’entrée d’Eel.

Mes yeux s’écarquillèrent quand je vis le portail. Je sentis Castiel siffler de surprise.

Ce monde était décidemment différent du nôtre…                  

 

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