[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits

Chapitre 6 : Partie 2 Chapitre 6: Sablier, Maître de l’éther, du temps

2329 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/03/2019 18:54

Le sablier sophistiqué qui m’avait été offert engendrait un son feutré. M’indiquant qu’il était déjà deux heures du matin. Et que je n’avais pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Sablier, maître du temps, de l’éther, de l’univers. Pourquoi ne cesserais-tu pas de t’écouler que dans un sens ? Dévie les lois de la physique, les lois instaurées par l’autorité divine, et ramène-moi dans le passé. Ramène-moi aux heureux jours où ma plus grande inquiétude c’était de participer à une compétition sportive. Ramène-moi aux heureux jours où j’étudiais dans mon petit jardin secret les œuvres de mes poètes préférés. Ramène-moi auprès de ma mère, mon père, et ma famille de cœur. Décline l’ordre universel pour moi, et fais-moi traverser le pont qui lie le monde rationnel que j’ai connu, au monde absurde dans lequel je suis. Accepte ma demande qui est aussi irrationnelle que la situation dans laquelle je suis. Ô sablier, ô maître du temps, pense à la petite humaine que je suis, aussi faible qu’un oiseau tombé du nid. Quel destin étrange m’as-tu réservé à moi et mes amis ? Prends mes larmes en otage, en guise de ma sincérité. Celle de mes amis aussi, s’ils veulent bien te les offrir. Comprends qu’une telle mise à nu est difficile à assumer pour des hommes aussi fiers qu’eux. Qu’as-tu donc fait de nous, ô maître du temps… ?

Une personne vint toquer à la porte de ma petite chambre, me tirant de mes prières secrètes. Je reniflais silencieusement, et d’un mouvement léger fit voler mes larmes le plus loin possible de mes joues. A pas lourds, je me dirigeais vers la porte pour ouvrir. Quand je vis Nathaniel face à moi, je lui dis en me frottant les yeux :

-Pas sommeil, non ?

-Je savais que toi non plus tu ne pouvais pas dormir, répondit-il en soupirant.

Les traits de Nathaniel étaient tirés, et des cernes bleutées étaient inscrites sous ses yeux. Lui aussi avait dû beaucoup pleurer…

-Viens rentre, lui dis-je en baillant.

Il mit un temps d’hésitation, puis rentra dans ma chambre encore trop impersonnelle. Quelques mètres carrés de terrain, un lit à place unique, un bureau et c’était tout… Quelques vêtements balancés sur le lit marquaient tout de même mon territoire. Les habitudes restaient des habitudes. J’ôtais rapidement les quelques vêtements sur le lit en bafouillant des excuses sans queue ni tête. Mon attitude paniquée réussit à arracher un sourire à Nathaniel. Il s’assit à côté de moi sur le lit. Les larmes aux yeux, il me demanda :

-Est-ce qu’on pourrait juste…s’allonger ?

Mon cœur se serra, et des milliers de petites aiguilles vinrent attaquer ce muscle si vital. Je hochais vivement la tête pour signifier mon approbation, et il s’allongea sur mon lit, avec moi à côté de lui.

-Parle-moi de toi, Rima, souffla-t-il après un moment

Il dit cela en référence à notre premier rendez-vous… Malgré l’obscurité, je crus voir ses beaux yeux luire dans l’obscurité. Notre destinée commune était si difficile à accepter.

-Quand j’étais petite, j’étais amoureuse de Spiderman.

Contre toute attente, Nathaniel éclata de rire. Je sentis son torse vibrer contre ma tête.

-Je t’assure ! Je rêvais qu’il me sauve un jour, et qu’il m’emmène avec lui dans les airs, puis qu’il me fasse faire le tour de New York alors que le crépuscule s’invite…

-Et tu rêves encore que ça arrive ? me chuchota-t-il doucement

-Non, mais ça m’amuse d’y penser.

Nathaniel hocha la tête, et sembla trop fatigué pour essayer de construire sa pensée. Le sommeil commençait à le gagner.

-Parle-moi jusqu’au matin, dit-il en caressant mes cheveux de jais.

-Je…je sais coudre des chaussettes. C’est ma grand-mère qui m’as appris quand je n’avais que cinq ans. C’est la seule chose que je sais coudre, j’avoue ne pas avoir trop évoluée... Mais ça me vas parce que je n’ai jamais froid aux pieds en hiver. Et puis…

Je continuais à raconter à Nathaniel des banalités, pour lui faire oublier qu’on était à Eldarya, et que les choses ne seraient jamais plus comme avant. C’était un moyen pour lui et moi de guérir d’une sorte de dépression.

-Qui est Castiel pour toi ? souffla-t-il

Je soupirais. Je ne voulais pas forcément parler de ça ici et maintenant. J’étais bien avec lui, Castiel n’avait rien à voir avec nous. Il lui devrait être interdit d’être un sujet de conversation. Mais enfin, après tout, je n’avais rien à cacher à Nath. Il pouvait savoir. Je ne voulais juste pas trop en parler.

-Ça t’intéresse tant que ça ? demandais-je tout de même.

-J’ai besoin de savoir.

-Tout ?

-Tout.

J’étais réellement fatiguée. C’est donc avec la lucidité paradoxale des soirs de pleine lune que je lui dis :

-Castiel est une personne à qui je tenais. J’avais douze ans la première fois que je l’ai vu. A cet âge-là, au lieu de m’intéresser au noble prince charmant comme toutes les filles du collège, je rêvais de m’évader loin avec une sorte de super héros mi diabolique mi charmant. Quand je l’ai vu, il a fait écho à mes souhaits d’adolescente... C’était dans le club de boxe où tu es venu la dernière fois où l’on s’est rencontrés pour la première dois. Moi je débutais car ce sport me plaisait et lui il entamait déjà sa deuxième année.

Nath m’écoutait, sans cesser de me caresser les cheveux avec douceur.

-Je vis en Castiel mon idéal. Mi diabolique, car si… sauvage, inaccessible, et assez grognon. Mi charmant car, même s’il ne l’avouera jamais, j’ai clairement percé son double-jeu : je savais qu’il ne demandait pas grand-chose à part être écouté et câliné. Tu vois, il n’était pas grand-chose pour moi, à part une sorte d’idéal façonné par une ado de douze ans… Il avait deux ans de plus que moi, portait toujours du cuir noir, avait des cheveux de rocker, et était musclé, sportif. J’étais fan de heavy metal à cette époque en plus, dis-je en rigolant, donc forcément ce look bidon m’avait attiré. Les jeans troués, les débardeurs effilés, les grosses bottes bien masculines.

Je vis Nathaniel sourire dans l’ombre. Peut-être que m’imaginer petite l’a fait rire…

-Enfin bref, je pense être tombée amoureuse de lui. J’ai fait des choses assez stupides pour lui plaire il faut dire ! Je me suis coupée les cheveux, porté du rouge à lèvres noir, et ai lu je ne sais combien de livres sur Comment charmer un être ténébreux en dix leçons. La seule chose bien que j’ai faite c’est de rester concentrée sur mes études. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il n’a jamais fait attention à moi alors que j’essayais d’attirer son attention. J’ai pas mal déprimée l’année de ma sixième, mais heureusement qu’Iris était là.

Je marquais une pause, revisualisant le visage d’Iris, ce si joli visage que je n’aurais plus jamais le droit de revoir. L’envie de pleurer me prit, et comme s’il l’avait senti, Nath me pressa plus fort contre lui en me disant :

-Tu n’es pas obligée de finir. Excuse-moi, je t’en ai trop demandé.

-Non, non ce n’est pas à cause de Castiel.

J’essuyais une de mes larmes. J’eus la force de sourire à Nath et de poursuivre.

-Je me suis convaincue que je n’en n’avais rien à faire de lui et de ses airs de mec ténébreux. Et c’est là que j’ai commencé à devenir la fille que tu as sous tes yeux. J’ai laissé mes cheveux pousser, j’ai arrêté de me maquiller comme une gothique, et j’ai retrouvé mon look de fillette un peu rose bonbon, en me promettant que plus jamais je ne m’intéresserais à des gens comme Castiel.

-Et c’est à ce moment-là qu’il a commencé à s’intéresser à toi… compléta-t-il en baillant. Si prévisible…

-T’as vu comme il est fourbe ! En plus, il le manifestait de manière si particulière. Il me criait dessus en prétendant que je l’avais bousculé alors que je ne l’ai même pas effleuré, il recopiait sur mes cours, il voulait toujours être contre moi pendant les combats de boxe et n’hésitait pas à frapper fort. Il me faisait un peu peur et je pensais qu’il me détestait. Iris avait anticipé le truc je crois, elle m’a dit que s’il me disait quoi que ce soit, je ne devais pas céder, je ne devais pas rester avec cette, je cite, pourriture déguisée en beau gosse. Moi de toute façon, j’étais persuadée qu’Iris voyait trop loin et qu’il ne s’est jamais intéressé à moi. Excuse-moi c’est un peu long comme histoire, on en a jusqu'au matin à ce rythme…

-J’aime connaître ton passé, me souffla-t-il, sa tête à côté de la mienne.

-Ça ne te dérange pas de connaitre tout ça ? demandais-je un peu surprise

-Pas vraiment. J’ai plutôt l’impression qu’il faut que tu me parles de ça comme tu le fais maintenant. Je pense que c’est un mal nécessaire parce que j’ai besoin de rattraper tout ce temps perdu.

Je hochais la tête, en me demandant ce que Nath était vraiment pour moi… C’était plutôt ça la bonne question à se poser. Je ne sais pas si je le voyais comme un ami ou bien s’il me considérait comme une amie… C’est étrange que je lui parle de mes sentiments envers Castiel sans que ça ne le dérange vraiment. Il n’éprouvait même pas une pointe de jalousie ? De toute façon, j’étais trop fatiguée pour y penser, je voulais juste finir de raconter mon histoire. Je poursuivis.

-Un jour, alors qu’il me donnait pour la énième fois un coup en boxe anglaise quasi-disqualifiant, je m’emportais devant lui en lui criant que c’était un sombre idiot, que je le détestais, et qu’il portait la poisse. Il m’avait fait mal ce débile. Je suis rentrée chez moi, et c’était la première fois que je ne finissais pas mon cours de boxe. Pendant que je lui avais crié dessus, il n’avait rien dit, alors qu’en temps normal il m’aurait déjà répondu et m’aurait donné un nouveau coup… J’avais trouvé ça étrange. Je pense lui avoir crié dessus car je voulais qu’il sorte de ma vie, j’en avais marre qu’il me rappelle les souvenirs de la sixième. Je voulais tourner une page, tu vois ?

Nathaniel hocha la tête les yeux mi-clos. On faisait une drôle d’équipe tous les deux.

-Et donc contre toute attente, le lendemain en cours il m’a pris à part pour… pour s’excuser. Et même plus. Il m’a avoué tout ce qu’il éprouvait pour moi, et j’étais juste choquée en fait ! Je n’arrivais pas à y croire. Il m’a demandé si je voulais qu’on sorte ensemble et j’ai dit oui. Quasi automatiquement. J’en avais marre de poireauter, et puis, j’avais envie d’être honnête avec lui. Et bien je lui ai dit oui. Je crois qu’il était encore plus choqué que moi, finalement. Il avait quinze ans et moi treize. Et on s’est aimés… longtemps. Jusqu’à mes dix-sept ans.

Une image de Castiel, blotti sur mon lit, dans mon petit studio bordélique, jaillit de je ne sais où… Il avait dormi sur ma poitrine, tel un chat, jusqu’au petit matin. Moi je ne pouvais décoller mes yeux de lui, tout semblait si surréaliste. Castiel est l’équilibre parfait entre les bons et les mauvais souvenirs. Je pense avoir menti à Nath tout à l’heure. Je pense que ça me fait mal de parler de Castiel.

-Je n’ai rien à te dire sur ces quatre ans avec lui. On s’est séparés parce qu’il m’a trompée.

Nathaniel ne me répondit pas. Peut-être qu’il ne savait pas quoi dire ?

-Nath ... ?

En regardant son visage, je me rendis compte qu’il s’était abandonné aux bras de Morphée… S’il était resté éveillé, la fin de mon histoire lui aurait paru insuffisante. Mais il dormait, et ça changeait clairement la donne. Je soupirais, en repensant à la manière dont Castiel s’était endormi sur mon corps, enroulant ses bras autour de ma taille, et en ronronnant jusqu’au matin.

-Je te déteste tellement Castiel, murmurais-je en pleurant.

Un grincement de porte.

Alors que je sombrais dans un sommeil agité, je n’avais pas vu l’ombre dansante de l’homme qui écoutait aux portes… pleurant avec moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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