Deux en un monstrueux

Chapitre 1 : Deux en un monstrueux

Chapitre final

3307 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/10/2018 17:45

L’agent Hotchner, dirigeant du département spécialisé dans les sciences du comportement au FBI, rejoint son équipe de profileur qui est appelé à travailler sur une nouvelle affaire. De sa longue chevelure blonde, Jennifer Jaraud, alias J.J, sert le café à ses collègues en attendant l’arrivée du dirigeant.

C’est à ce moment là que, l’air froid et peu commode de leur chef Aaron Hotchner, fait irruption dans la pièce, entraînant ainsi un silence respectueux. Tout le monde s’assoit autour de la table et attend. D’une voix solennel et clair, il somme Penéloppe Garcia, informaticienne talentueuse et agent de liaison efficace, de leur faire part de l’affaire.

« Sheila Wilkins et Dave Braxton ont été retrouvés morts dans un entrepôt abandonné, il y a une semaine, aux alentour du comté de Casper, commence-t-elle perchée sur ses hauts talons. Quatre autres personnes sont portées disparu, rajoute-t-elle en distribuant les dossiers concernant les victimes.

—    Comment sait-on qu’il s’agit de la même affaire ?, demande Emily Prentiss, bras droit de l’agent Hotchner.

—    Ils ont tous été enlevé le même jour et ils sont tous les six chirurgiens au Wyoming Hospital Center, lui répond l’extravagante informaticienne.

—    L’individu a forcément un problème avec le corps médical, intervient à son tour l’agent Morgan. Il a probablement était sujet ou témoin d’un acte chirurgical qui a peut-être mal tourné et qu’il veut faire payer aux chirurgiens », rajoute le beau métis.

Cette première supposition convainc le reste de l’équipe. Mais n’ayant pas plus d’information pour l’instant, le chef de la brigade leur ordonne d’être prêts car ils vont décoller pour Casper, dans le Wyoming, dans dix minutes. La police locale leur délivrera ainsi tous les détails de l’affaire.

***

Pendant ce temps, dans un entrepôt inhabité.

Un homme grand et corpulent, les cheveux mi longs et négligés, contemple les corps inconscients d’une femme et d’un homme nus. Allongés sur deux tables côte à côtes, son regard passe d’un appareil génital à l’autre, déclenchant ainsi des images de son passé.

Attaché contre un poteau dans la cave familial, à seulement huit ans, face à un grand miroir qui le force ainsi à se contempler nu, il fixe nonchalamment la partie intime de son corps, qu’il hait au plus haut point. Son physique beaucoup trop gros et trapu pour un enfant de son âge empire la haine qu’il se porte. D’autant plus qu’une énorme cicatrice orne le bas de son ventre.

Il entend également résonner comme une litanie : C’est un enfant « raté » qu’il faut « réparer ». Ces mots se répercutent en un rythme entêtant, comme un écho qui s’acharne sur son cerveau. Cela le ramène à lui et l’oblige alors à redoubler d’effort, pour arracher d’un coup de couteau les seins que possède la femme immobile sous ses yeux. Il est ensuite pris de spasmes lorsqu’il voit sa mère et son père se disputer à son propos :

« C’est un garçon je te dis !, crie son père rouge de colère.

—    Arrête voyons ! Peu importe ! C’est notre enfant !, répond sa mère en larmes.

—    Il a un pénis ! C’est donc un homme bon sang !

—    Laisse-le être ce qu’il veut ! »

Une gifle vole alors dans le visage de la femme.

Revenu à la raison, des larmes coulent à présent sur le visage de l’homme charcutier et d’un geste méthodique, il prend les morceaux de poitrine fraîchement découpées, pour les poser sur le torse de l’homme. Il prend ensuite une aiguille et un fil pour coudre le tout.

***

L’équipe de profileur est à présent arrivé sur place. Ils prennent alors connaissance des détails de l’enquête et sont tous choqués par ce qu’ils ont devant les yeux. Les corps morts et charcutés des deux victimes apparaissent à présent sous leurs regards indignés. Et pour causes, les victimes ont été retrouvées les mains et les pieds cloués à une potence en forme de croix. L’homme et la femme sont nus, le regard remplit d’effroi et le visage déformé par la souffrance qu’ils ont enduré. Le plus choquant, reste le fait que les organes ont été inter-changés d’une façon tout à fait brutal.

« Selon la disposition du corps des victimes, l’individu doit être un homme plutôt corpulent pour avoir pu les porter, commence l’agent Morgan. L’homme doit peser bien quatre-vingt kilos et la femme environs soixante.

—    Le fait qu’ils aient été accrochés de cette façon démontre clairement qu’il accorde de l’importance à la religion. Nous pouvons constater que c’est la position de la mort du Christ qui est représenté », intervient le docteur Reid. 

Jeune et timide, l’agent et docteur Spencer Reid est incontestablement le génie de l’équipe. Son QI élevé et sa mémoire d’éléphant sont d’incroyables atouts pour résoudre les enquêtes.

« Selon le rapport du légiste, la cause de la mort serait un malaise vagal », ajoute ensuite l’agent Jareau dubitative.

La stupeur et l’indignation gagnent alors l’équipe. Surtout un membre en particulier, l’agent Rossi. Etant le doyen du groupe et malgré sa grande expérience, il n’a jamais vu autant de cruauté. Avec ses cheveux gominés et son bouc qui lui donnent un air de mafieux italien, il s’exclame :

« Ses blessures ont été faites lorsqu’ils étaient encore en vie !

—    Une douleur aigue est effectivement susceptible de provoquer la mort, répond le docteur Reid. Il se produit lorsque le système nerveux parasympathique ralentit le rythme cardiaque, ce qui prend le dessus sur le système nerveux sympathique, qui lui contrôle l’accélération du cœur, débite-t-il avec une rapidité déconcertante.

—    Ils sont littéralement morts de douleur…, enchaîne l’agent Rossi interloqué.

—    Nous avons donc affaire à un individu extrêmement complexe et très violent. Il a dû subir un choc psychologique sérieux », intervient l’agent Morgan.

Cette analyse permet d’identifier un premier profil. L’agent Prentiss, une femme d’apparence hautaine, soulève le fait que si l’individu laisse agoniser ses victimes, il doit agir dans un endroit isolé. Un endroit où personne ne peut les entendre crier. Suite à cela, le dirigeant appel sur le champ Garcia qui est restée sur place, pour lancer une recherche concernant les entrepôts présents dans les alentours.

Cette femme qui sert de liaison entre l’équipe et les médias ainsi qu’internet, est une femme chaleureuse et un vrai bout en train. Toujours habillée élégamment de couleurs assortis, elle a conquit le cœur du bel agent Morgan avec qui elle a une grande complicité amicale. Toujours au garde à vous pour l’équipe, elle leur annonce qu’il y a quinze entrepôts situés aux alentours de vingt kilomètres de la ville, dont trois inhabités.

L’agent Hotchner décide d’envoyer les agents Prentiss et Rossi inspecter ces entrepôts. Il demande aussi au chef de la police local de leur fournir des renforts, car les quatre autres personnes disparues sont probablement retenues dans l’un de ces bâtiments.

Après leur départ, l’agent Jareau fait alors une remarque :

« En ce qui concerne l’individu, il doit avoir un problème avec le genre masculin et féminin. Inter-changer les parties intimes des deux sexes c’est quand même invraisemblable !

—    C’est la première fois que je vois une chose pareille, répond Morgan de sa carrure métis. Sûrement un transgenre, assure-t-il.

—    Attendez…, intervint le jeune docteur en montrant du doigt les parties intimes des victimes. On peut constater que le meurtrier a coupé le pénis pour le mettre sur le vagin de la femme, mais où sont passés les testicules ?

—    Où veux-tu en venir ?, demande alors l’agent Jareau.

—    Eh bien, il existe un phénomène biologique rare appelé l’hermaphrodisme. Morphologiquement, l’être naît avec les deux sexes. A savoir, un pénis dépourvu de testicule avec un vagin dont un utérus. C’est pourquoi je pense que nous avons plutôt affaire à un homme hermaphrodite ! », annonce le Dr Reed emplit d’un éclair de géni.

Cette information laisse un instant sans voix le reste de l’équipe. Ce phénomène concerne plutôt les animaux à leur connaissance, alors cela leur parait presque inimaginable. Cela dit les faits soulevés par le docteur Reid sont là, l’équipe fait probablement face à un homme hermaphrodite. Si, selon leur première affirmation l’individu a grandi dans un milieu religieux, et qu’il a ainsi peut-être subi des sévices, cela suffirait à faire disjoncter le cerveau de n’importe qui.

« Puis regardez le bas du ventre de chaque victime, soulève encore Reid.

—    Une cicatrice qui le longe de chaque côté ?, répond Morgan sans savoir où son collègue veut en venir.

—    Je pense que l’individu a subit une hystérectomie et que cela a dû beaucoup le marquer puisqu’il le reproduit sur chaque victime », conclut-il.

Garcia, qui était toujours à l’écoute sur la ligne, anticipe et recherche les personnes atteintes de ce phénomène, dans le comté de Casper. Comme elle l’a présagé, il n’y a qu’une seule correspondance.

« Gabriel Wayans !, crie-t-elle surexcitée.

—    Qu’as-tu-trouvé petit coeur ?, demande l’agent Morgan.

—    J’ai tout plein d’articles de presses qui apparaissent à l’écran concernant un Gabriel Wayans, répond-t-elle comme si elle devait gagner un marathon. On lui a enlevé l’utérus à l’âge de huit ans. Ca avait crée une sacré polémique ! Par contre il habite à Glenrock à sept kilomètres de Casper !

—    D’accord, note le chef d’équipe. Morgan et J.J, allez-voir chez lui !

—    Attendez ! Tenez-vous bien !, s’exclame-t-elle soudain. Son père était prêtre à la paroisse de la ville. Il a été emprisonné pour avoir tué sa femme et l’enfant a fini dans un foyer à l’âge de treize ans !

—    Ca n’a pas dû être facile tous les jours, constate J.J consterné.

—    Très bien ! Reid avec moi ! Garcia envoie son adresse à Morgan!, ordonne à la volée l’agent Hotchner.

—    Tout de suite chef ! »

***

L’homme s’attarde à présent sur le pénis de l’homme qu’il découpe sans ménagement. Ce geste est suivi d’un nouveau flash-back.

Toujours attaché à la cave, il entend les cris déchirant de sa mère. D’abord lointain, ils semblent presque imaginaires et fantomatiques, et ensuite de plus en plus proches. Ils retentissent en écho sur les murs sombres et froids jusqu’à ses oreilles. Soudain ce sont des coups sourds contre les parois de pierres qui s’entremêlent aux cris et qui s’approchent dangereusement, jusqu’à ce que la porte de sa prison s’ouvre violemment.

C’est à ce moment là, qu’un corps dévale les escaliers et tombe jusqu’à ses pieds. Malgré le fait qu’il redoute le pire, il ne peut s’empêcher de prier pour que ce ne soit pas sa mère.

Malheureusement, sa prière n’a pas été exaucée. Le visage tuméfié de coups, regarde le plafond horrifié, tandis que le corps est allongé sur le ventre, un bras et les deux jambes en angle droit. Une marre de sang se forme peu à peu sous la personne inerte. Son père descend juste après pour le ruer de coups lui aussi. Impuissant et enchaîné à ce poteau, sous chaque coup qu’il reçoit, il se promet de se venger coûte que coûte et de n’importe quelle manière.

Le tortionnaire secoue sa tête afin de chasser cette pensée et entreprend d’accrocher les corps aux potences en croix. Il n’y a plus qu’à attendre qu’ils se réveil et à les laisser agoniser. Il s’absente alors pour rentrer chez lui, s’occuper des deux autres personnes enlevées.

***

De l’autre côté, l’agent Hotchner appelle les agents Prentiss et Rossi, pour savoir où ils en sont. La femme lui annonce alors qu’ils sont en train de se diriger dans le dernier entrepôt restant et que les précédents n’ont rien donné. Le chef ordonne qu’ils se rejoignent là-bas.

Une fois sur place, des cris atroces mélangés aux appels au secours s’entendent légèrement de l’extérieure. Sans aucun doute, c’est le bon entrepôt. Les agents Hotchner, Prentiss et Rossi entrent armés et munis d’un gilet pare balle, suivi des renforts de police. Ils se retrouvent alors comme projetés dans les photos qu’ils ont vu dans le rapport de police. L’horreur et l’effroi sont présents là, sous leurs yeux. Tous s’empressent de les détacher en attendant l’arrivée des secours. Ne voyant pas le tortionnaire, Hotchner appelle ses agents Jareau et Morgan pour les prévenir que le meurtrier va probablement rentrer chez lui.

C’est ainsi qu’une fois entrée dans le salon de l’individu, l’agent Jareau répond à l’appel. Morgan inspecte les moindres recoins. Tout est d’une propreté hors du commun. Pas un brun de poussière ni de désordre. Les signes religieux sont cependant présents un peu partout. Des bibelots représentant le Christ et la vierge Marie ornent les étagères, ainsi que des tableaux les représentant. Des croix sont parsemées par-ci et par-là sur les murs.

Au moment où le bel agent se tourne vers sa coéquipière, elle est prise par l’assassin. Le tranchant d’un couteau posé sur sa carotide prêt à l’égorger. L’agent blonde ne se démonte pas et reste immobile faisant confiance à cent pour cent à son coéquipier.

« Qu’est ce que vous faites ici ! », crie l’individu hystérique.

Grand, trapu, costaud et surtout instable, il vaut mieux se montrer prudent. L’agent Morgan fait appel à tout le sang froid dont il peut faire preuve. En effet, rester calme n’est pas son fort. Il est en général plutôt à foncer dans le tas, mais là il en va de la vie de sa coéquipière, donc il n’a pas le choix que de prendre sur lui. L’agent Jareau a laissé tomber le téléphone et Hotchner est au bout du fil. Il ne va pas tarder à comprendre ce qu’il se passe et leur envoyer du renfort. Il doit gagner du temps auprès du tueur et essayer de le calmer.

« Gabriel, je peux vous appelez Gabriel ?, commence alors le beau métisse sur un ton amical.

—    Jetez votre arme !, se contente de crier l’autre toujours aussi hystérique.

—    D’accord, regardez, j’obéis ! »

Ce simple geste suffit à déstabiliser légèrement le forcené et les deux agents le remarquent.

« Ecoutez Gabriel, continue alors Morgan d’une voix posée. Je ne peux pas comprendre ce que vous ressentez mais je peux l’imaginer. Et ce que vous faites est totalement compréhensif, ment-il.

—    Ce n’est pas vrai ! Vous êtes venus pour m’arrêter !, crie-t-il en resserrant son étreinte. Ces gens doivent payer !

—    D’accord, mais ma coéquipière, elle, n’y est pour rien. La tuer ne changera rien pour vous. »

Ces mots ont un impact considérable sur l’individu. Après tout, il ne veut pas vraiment tuer l’agent de police. Il veut juste finir ce qu’il a commencé. C'est-à-dire faire payer ces chirurgiens qui selon lui, ne cherchent qu’à charcuter des gens, sans tenir compte de l’avis du patient.

« Mes parents se disputaient sans arrêt à mon sujet, confie plus calmement Gabriel tout en maintenant sa prise. Je ne voulais pas qu’on me «répare » comme les médecins disaient. Je voulais rester tel que j’étais ! — Les yeux désormais pleins de larmes il lâche l’agent Jareau et pose son couteau sur sa propre gorge. Il est en plein désespoir et tout à fait conscient qu’il n’y a plus rien à faire pour lui. Entrecoupé de hoquet il reprend — Ma mère le savait ! Elle a essayé de lui faire entendre raison ! Mais il l’a tué ! Et c’est de ma faute ! Elle voulait seulement m’aider ! »

C’est dans un excès de colère et de rage, que le meurtrier se tranche lui-même la gorge. L’agent Morgan n’a pas eu le temps d’intervenir mais se précipite tout de même sur lui pour limiter les dégâts. Seulement la veine jugulaire est tranchée et sa chance de survivre est quasi nul.

Les deux agents ont été déboussolés face à tant de détresse. La frustration gagne alors l’agent Morgan qui regrette de ne pas avoir pu empêcher ce drame. Malgré les sévices qu’à fait endurer Gabriel Wayans à ses victimes, il n’a pas été dans son état normal, étant donné les évènements tragiques qu’il a vécu. Cela n’excuse en rien ses agissements mais les expliquent. L’agent Jareau est toute aussi émue, elle qui fait preuve de beaucoup d’empathie envers les gens.

C’est désolant de voir qu’un homme puisse disjoncter à ce point à cause d’une personne qui le maltraitait lorsqu’il était enfant.

Le chef accompagné du reste de l’équipe arrive quelques instants plus tard. Les victimes secourues dans l’entrepôt sont décédées sur le trajet de l’hôpital mais les deux autres sont retrouvées encore en vie dans la cave de Gabriel Wayans. Ca n’aura pas été une affaire très glorieuse pour l’unité entre la perte des deux victimes et la mort du meurtrier, mais hélas tout ne peut pas toujours se dérouler comme on le voudrait, et cela chaque membre de l’équipe l’a compris depuis longtemps. Il ne leur reste plus qu’à rentrer chez eux en attendant une prochaine affaire.


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