Soif de Vengeance

Chapitre 1

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:09

Soif de Vengeance

Personnage principal : Spencer Reid

Résumé : Cela fait une dizaine d'années désormais que Spencer tente de surmonter un passé trop lourd et effroyable. Disclaimer : Le personnage de Spencer Reid ne m'appartient pas, je ne fais que l'emprunter pour servir mes idées et mes écrits.

Pourquoi cette Fanfiction : Suite aux Reviews d'« Humiliations », je me suis vue dans l'obligation d'écrire une suite.

Je suis à votre écoute et espère sincèrement apaiser votre Soif de Vengeance grâce à cette Fanfiction. ;-)


Chapitre 1

L'air trop lourd et orageux pesait sur ses épaules menues et raidies par la nervosité. Sous ce ciel gris, son corps entier était fébrile et tremblait d'excitation et de peur.

Il pouvait encore tout arrêter.

Normalement, il était censé être quelqu'un de bien… Un jeune homme équilibré, confortablement installé dans un rôle de justicier, d'agent fédéral, une personne carrée qui connaissait les règles et ne les détournait jamais.

Jusqu'à ce jour.

L'intégrité et la moralité étaient courbées, dans ce dos si droit, si tendu, par d'irrépressibles besoins et envies. Ca faisait longtemps qu'il sentait venir ce moment… Cette ultime seconde qui le ferait basculer de l'autre côté, ce courant d'air qui le ferait vaciller puis tomber dans ce ravin qu'il contournait depuis des années déjà.

Le mal.

Il ne pouvait plus se battre contre ces terribles maux qui ravageaient et gangrénaient son corps, son esprit et ses rêves. Ces souvenirs, cette souffrance, cette haine… Tout se confondait en lui et bouillonnait dans ses veines, torrent acide et venimeux.

Etait-il vraiment coupable, en ce moment, des desseins horribles qu'il réservait à son bourreau ? Non. Ils n'étaient que le fruit de la graine plantée là, plus d'une dizaine d'années auparavant… Horribles héritiers de l'humiliation, des coups, du viol – et du sperme - du tortionnaire qu'il souhaitait tant détruire. Si un monstre avait grandi en lui, c'était parce qu'il y avait été semé… Encore et encore, sans fin, jusqu'à l'épuisement de ces brutes, de ces porcs.

Il ferma les yeux et contracta violemment ses fesses devant ces ignobles souvenirs et la vague brûlante qui avait déferlé entre ses reins.

Sa vengeance était l'enfant même de ses bourreaux.

Les scrupules, cependant, rongeaient son esprit affecté. Il savait qu'une fois ce pas franchi, une fois cette colère évacuée… Il ne serait plus qu'un paria, un tueur… Il serait comme eux

Il soupira nerveusement, sans bouger d'un poil. Ses sentiments frappaient chacun de ses muscles pour qu'il fasse un pas, mais son intelligence surprenante et assidue refusait de le laisser avancer, bloquée par ce dilemme écœurant. Bien sûr, il avait tenté de vivre comme s'il ne s'était jamais rien passé… Mais l'oubli ne venait pas. Et rien ne semblait apaiser son âme tourmentée depuis trop longtemps désormais. Il ne voyait qu'une issue pour se libérer de cet homme.

Le tuer.

Très vite, cette solution s'était imposée… Mais à nouveau, sa bonté, son intelligence et son intégrité l'avaient nié, encore et toujours… Et plus le temps avait passé, plus sa frustration et sa douleur avaient grandi. S'il avait agi tout de suite, s'il s'était laissé bercer dés le départ par ses besoins primaires, il l'aurait certainement abattu froidement, d'une balle dans la tête… Mais aujourd'hui, forcé d'accepter enfin cette possibilité, après tout ce temps, tous ces cauchemars… Ses plans étaient cruels et inhumains.

Le temps, la peur et les cauchemars avaient nourri la bête, l'avaient fait grandir, grossir, l'avaient gavé jusqu'à la lie… Jusqu'à ce qu'elle vomisse dans sa tête une vengeance tordue et meurtrière. Elle écrasait chaque fibre de son corps, chaque respiration devenait difficile, chaque pensée était tournée vers les mêmes images, le même objectif.

Il allait le tuer… et lentement.

Spencer leva les yeux et dut les plisser devant ce ciel pesant et compact qui surplombait un immeuble chic. Il était si proche. Sa fureur banda ses muscles fins sous sa chemise légèrement trop large pour lui.

Ce chien vivait là dedans, au chaud, confiant et heureux… Sans remords, il respirait son air… Il vivait alors que lui crevait de douleur et de rage.

Avant même qu'il puisse reprendre ses esprits, ses jambes le portaient d'un pas décidé vers un destin effroyable…

Quand la mort et la vengeance s'allient, la raison s'éteint à jamais.


Tout suintait le luxe. Du canapé en cuir aux lustres dont le cristal était pur et brillant, en passant par le carrelage marbré et froid sous ses pieds. D'un coup d'œil circulaire, on se rendait vite compte que celui qui habitait ses lieux était doté des meilleurs décorateurs et d'un mobilier plus cher que le salaire annuel d'une dizaine de travailleurs de la classe moyenne.

Il réprima un élan de rage envers tout ce qu'il n'avait jamais eu, envers tout ce qu'il n'aurait jamais… Envers ce qui appartenait à un être qui ne le méritait pas.

Il fit alors le tour des pièces pour se calmer, observant chaque objet que ce monstre avait touché, aimé, chéri et délaissé pour partir à son travail… Et quel boulot ! Monsieur dirigeait l'entreprise de son père, brassait chaque jour des milliers de dollars de ses mains avides… de ses mains atroces qui avaient parcouru entièrement son corps encore si pur. Si vierge.

Spencer eut un léger haut-le-cœur. Il se sentait si fragile et pourtant, tellement grandi par la colère qui sommeillait en lui, comme une bête tapie dans des marécages nauséabonds, prête à bondir hors de son trou pour dévorer la première victime qui oserait franchir le seuil de cette porte.

Il serra les poings et trembla légèrement, ressentant une certaine panique mêlée à une colère qui ne lui ressemblait pas vraiment : il allait le revoir… Il allait le tuer.

Lui, Spencer Reid, allait torturer et ôter la vie de quelqu'un.

Il passa une main tremblante et gantée sur son visage plus pâle que d'habitude, debout au milieu de l'immense salon. Il pouvait encore tout arrêter… Non ? Une voix terrible et implacable lui intimait cependant de rester là, d'aller jusqu'au bout.

Rudy avait-il hésité, lui, avant de l'humilier, de le frapper ou de le violer ?... Non. Pas une seconde.

Il s'assit dans le canapé confortable et repensa encore à cette nuit. Il voulait que ce type comprenne tout le mal qu'il avait fait. Et il allait faire en sorte de ne pas le toucher, de le laisser faire tout seul… De le laisser s'infliger les pires atrocités. Il ne bougerait pas et regarderait.

Il ne lui ferait aucun mal : Rudy s'enfoncerait tout seul… Et lui, il observerait.

Comme tous ces gens qui avait assisté à sa déchéance et qui l'avait laissé endurer tous les outrages… Les pires, surtout.

Il se leva encore, ne tenant pas en place, les nerfs à vif. Il alla ouvrir la fenêtre de l'appartement qui était aussi grand qu'une maison. Et il n'y avait que Rudy ici. Pas de voisins. Les autres étages regorgeaient d'œuvres d'art, de pièces de collection, de salles de sport, de cinéma… Tout un immeuble pour une personne narcissique et riche à en faire pâlir de jalousie le reste du quartier.

Spencer était donc seul ici, dans cet amas considérable de richesse… La seule autre présence humaine était celle du vigile de l'entrée qui, profondément endormi à son poste, n'avait pas été un obstacle particulièrement difficile à franchir.

De plus, une fois Rudy rentré, ce dernier s'en allait et abandonnait sa place, laissant les systèmes de sécurité faire leur boulot, du moins, dans les salles où reposaient des objets de valeur. C'était là que se trouvaient les systèmes de sécurité les plus pointus… mais Spencer ne venait pas pour voler des objets d'art amassés par un hypocrite qui ne savait différencier un Picasso d'un Magritte, mais pour arracher la vie de leur propriétaire, nettement moins en sécurité que ces précieux trésors.

Il lui avait été aisé de couper l'arrivée d'électricité de l'immeuble – du moins, au niveau du couloir et des appartements habités puisqu'il pensait effectivement qu'en cas de coupure, des générateurs prenaient le relais pour les zones telles que la salle des objets de collection ou celles des tableaux prometteurs -, après s'être assuré que le poste du vigile était raccordé à un autre compteur, pour avoir accès à l'appartement de Rudy.

Tout avait été tellement simple. Le destin semblait tout faire pour l'aider, cette fois.

Il lança un furtif coup d'œil à l'horloge dorée qui lui faisait face… Il ne douta pas une seule seconde qu'elle fut en or massif. C'était bien le genre de la maison. Il la lâcha enfin des yeux et se leva pour se poster derrière la porte. Il était anxieux et tremblait. Il se demandait s'il était le premier assassin à manquer de se faire dessus en attendant sa victime. Il soupira encore en anticipant le moment où il quitterait sa cachette... En effet, il ne comptait pas rester planqué bien longtemps… Jean Racine avait dit : Ma vengeance est perdue s'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue.

Rudy allait arriver d'ici peu… Et il l'attendrait, d'abord dans l'ombre. Puis, il ferait revivre le passé à la lueur des lustres en cristal.

La reconstitution serait la plus réaliste possible.

Le jeune homme s'était mis à trembler de tout son corps. Autant à cause d'une rage mal contenue qui suintait par tous les pores de sa peau translucide, qu'à cause de la peur qui martelait son crâne et ses tympans sur un rythme effroyablement rapide.

Son cœur s'emballait. La fin de ce cauchemar allait bientôt sonner.

Haletant de terreur et de colère, il regarda encore ses poignets si fins, marqués à jamais par un seau horriblement sinistre. Comment un génie, comment un être humain, un gosse, pouvait-il en arriver là ? Comment avait-on pu lui faire sentir le besoin de s'éradiquer de ce monde ? Il fut frappé une fois de plus par la violence de ses sentiments de l'époque…

C'est pour ça qu'il avait tellement de mal à en parler. Il n'y avait aucun mot pour justifier son acte, pour expliquer ce qu'il avait ressenti ce soir-là, seul au monde, dans cette sordide salle de bain. Et lorsqu'il essayait de se remettre dans le contexte, quand il tentait de reprendre le corps de ce jeune garçon de seize ans, cet être si brisé, il sentait ses genoux plier sous son poids tellement la douleur lui sciait les membres… La souffrance, l'humiliation et le bouleversement de son être étaient trop forts… Ils fonçaient sur lui au détour d'un regard, dans la rue, au boulot, le soir chez lui, quand il tombait amoureux, quand on le touchait… et il avait à nouveau envie de hurler, de s'enfuir, d'arracher ces liens, de tuer ceux qui l'entouraient et le laissaient souffrir sans rien faire… Et de se tuer une fois pour toute.

Finir en Enfer semblait plus doux. Mais personne ne pouvait comprendre.

Il cacha délicatement ses cicatrices, avec la manche de sa chemise, comme on replace une couverture sur les frêles épaules d'un enfant qui s'est découvert pendant un sommeil trop agité.

Il ne voulait pas réveiller l'autre option qui s'était imposée dans son esprit : sa mort, à lui. Définitive et salvatrice.

Tête baissée, il semblait si fragile, derrière cette porte en chêne massif, appuyé contre un mur épais et tapissé avec goût. Si incontrôlable aussi. D'ailleurs, plus aucune morale ne semblait l'atteindre depuis qu'il avait fait son choix, depuis que le courant d'air l'avait fait tomber du mauvais côté, dans l'abysse plus profond que le noir du ciel, le soir où l'innocence en lui était morte.

Aujourd'hui, sa mère était décédée et ce, en sachant qu'il avait échoué… Il ne l'avait pas sauvée, il ne l'avait pas préservée de la vérité… Il n'avait pas su lui mentir, lui faire croire qu'il était un fils parfait, qu'il était heureux, qu'il avait quelqu'un qui l'attendait chez lui, le soir quand il revenait du boulot,… Les mères savent, après tout.

Et il n'avait plus aucune barrière, plus aucune raison d'être un bon garçon, désormais.


Un air suffisant sur la commissure des lèvres, un regard hautain et perçant, Rudy Clints arpentait les rues comme un Empereur en terre conquise. Son regard était trop haut pour s'arrêter sur les quelques mendiants qui, assis sur les trottoirs, l'observaient avec un mépris désormais habituel.

Tout le monde le jalousait. Tantôt pour sa nouvelle Porsche, tantôt pour la dernière fille qu'il avait réussi à introduire dans sa lit… D'ailleurs, il ne les comptait plus… Les Porsche comme les filles.

Il marchait ainsi, d'un pas assuré, souriant à quelques belles créatures qui le frôlaient sur le trottoir, et notait mentalement leurs courbes... Il savait qu'il les verrait sans doute encore là, le lendemain, ces danseuses de la nuit, ces harpies qui rêvaient de lui, de son fric et qui se mettaient en travers de sa route dans l'espoir d'être l'élue d'un soir ou d'une vie. Un peu comme dans ce film grotesque où une pute finissait par hameçonner un plouc riche… Toutes ces filles rêvaient d'être Julia Roberts quand il rentrait chez lui, et lui, il les regardait comme un prédateur en chasse, sans pour autant planifier plus de quelques heures de plaisir à passer avec elles. Mais ce soir, il ne se sentait pas d'humeur à faire ça. Elles attendraient bien.

Pour lui, elles n'étaient que d'agréables choses, objets de chair et d'os qui donnaient du plaisir. Les gens autour de lui ne lui servaient qu'à ça, d'ailleurs : lui donner du plaisir.

Sous formes de billets ou d'un corps gracieux et offert, peu importait… Tout le monde voulait lui plaire, être « ami » avec lui. Sa vie se résumait d'ailleurs à ce mot… Le plaisir. Et tout lui était permis dans cet univers délicieux où l'argent régnait en maître.

Il posa les yeux sur une jolie blonde à l'air faussement pressé qui se mordit la lèvre d'un air enjôleur en le voyant lever les yeux vers elle. Il regarda alors distraitement sa Rolex en or massif, déjà lassé par ce jeu répétitif et ces filles inintéressantes. Il entendit les talons de la fille marteler le trottoir. Elle était vexée.

Il sourit un peu, amusé et regarda à nouveau droit devant, sûr de lui.

Il prenait rarement la voiture quand il ne faisait pas trop mauvais : il adorait cracher sa richesse, sa puissance et son assurance à la gueule de ce bas monde qui le détestait, l'enviait et se prosternait devant ses chaussures à deux milles dollars la paire.

Enfin, il arriva devant son immeuble. Il jeta un petit regard en coin au vigile et renifla, méprisant. L'homme compris immédiatement qu'il pouvait partir. Il quitta son poste sans saluer son patron qui ne s'en formalisa pas le moins du monde.

Il était seul.

Plus d'hypocrites… Il avança jusqu'au bout du couloir, introduit un code et pénétra dans son ascenseur. Il remarqua à la faible luminosité que l'engin fonctionnait grâce aux générateurs. Il soupira, d'exécrable humeur désormais. Mais il vérifierait plus tard ce qui avait bien pu provoquer cette coupure d'électricité. Là, il avait juste envie de s'installer tranquillement dans son salon et de siroter un verre devant un porno.

Enfin, les portes s'ouvrirent sur le pallier de ses appartements privés. Il avança jusqu'à l'entrée et haussa un sourcil, décontenancé, après avoir mis sa clé dans la serrure. La porte était déjà ouverte.

Il la poussa, suspicieux, et entra dans son appartement.

Tout semblait désert. Il eut un rire nerveux : il avait sans doute simplement oublié de la verrouiller.

Il avança, sa démarche au départ hésitante reprit rapidement son assurance… Pourtant une voix dans son crâne le suppliait de s'en aller, comme si un malheur allait lui tomber dessus. Chose impensable pour un narcissique arriviste en puissance comme lui.

Il entendit soudainement un sinistre bruit de serrure, se retourna brusquement et fit face à un jeune homme au visage pâle et angélique qui venait de verrouiller la porte. Son visage se mua en une étrange moue stupéfaite et horrifiée.

-Quoi, Rudy ? On ne dit plus bonjour à « Spenci » ?

Le canon d'une arme se leva sous son nez et il put déchiffrer très facilement sur ce visage si pur une rage sans égale. Ce soir, il n'y aurait pas de plaisir, pas de verre et pas de porno.

L'ange de la mort venait récupérer son dû.

A suivre…

 

Laisser un commentaire ?