Douloureuse découverte
Derek avait écouté, attentivement et silencieusement, Savannah raconter sa rencontre avec Pénélope. Il n'en croyait pas ses oreilles. Comment avait-il pu autant se tromper sur elle ?
« Tu sais quoi Savannah ? C'est toi la présomptueuse si tu crois que je pourrais t'épouser après tout ça.
— Mais Bébé, j'ai fait tout ça pour nous. Parce que je t'aime. Je te demande pardon si ce n'était pas la bonne méthode. On peut encore tout arranger, suppliait-elle
— Ce n'est pas auprès de moi que tu devrais t'excuser mais auprès de Pénélope. D'ailleurs, je devrais m'excuser aussi. Elle ne méritait pas d'être insultée de cette manière alors qu'elle est innocente dans tout ça ! Elle n'a fait que me donner son amitié et me soutenir quand j'en avais besoin. Elle ne t'avait rien fait, je t'ai dit et redit qu'il n'y avait rien entre nous mais tu n'as rien voulu entendre. Tu ne me faisais pas confiance ! » cria-t-il.
Il était hors de lui maintenant. Il était convaincu qu'il n'y aurait aucun retour possible et que cette relation devrait être rompue.
« Si avant j'avais des doutes concernant mon avenir, après tout ce que tu viens de me dire, je n'en ai plus. » dit-il d'un ton plus posé.
— Je te faisais confiance, je te jure. Si j'ai voulu t'éloigner d'elle c'est parce ….. »
Elle ne pouvait se résoudre à terminer sa phrase.
« C'est parce que quoi, Savannah ? demanda-t-il en élevant la voix, l'incitant ainsi à répondre
— Si tu restais en contact avec elle, tu aurais fini par te rendre compte que … »
Elle interrompit de nouveau son explication agaçant Morgan davantage.
« Arrête de tourner autour du pot, Savannah. Pourquoi tenais-tu tant à détruire mon amitié avec Pénélope ?
— Si tu restais en contact avec elle, tu aurais fini par réaliser ce que j'ai remarqué dès le départ. » Sa voix se brisa et elle termina sa phrase dans un murmure.
Elle commença à pleurer. Elle continua en criant, le désespoir était perceptible dans sa voix :
« Dès la première fois où tu m'as parlé d'elle, c'était dans ta voix, ta façon de sourire en parlant d'elle. Tu te rends compte qu'il n'y a pas eu un jour où tu n'as pas mentionné son nom, ou raconté quelque chose qu'elle avait dite ou faite. Dès le début, j'ai su que tu l'aimais. Tu as beau dire qu'il n'y a rien entre vous, mais je sais qu'il y a pour toi plus derrière cette amitié.
— Savannah, je ne vais pas reparler de ça. J'en ai assez de te le répéter, l'interrompit-il
— Continue à te le dire si tu veux, mais je sais ce que je vois. Tu l'aimes plus qu'une simple amie. Tu es amoureux d'elle.
Je le savais et je me disais que ça ne marcherait pas entre nous, que tu te lasserais de moi.
Mais quand j'ai vu tous les efforts que tu faisais, que tu étais prêt à t'impliquer à 100%, que tu t'étais convaincu que j'étais la bonne femme pour toi, j'ai sauté sur l'occasion. Je n'ai jamais eu à supplier ni à me battre contre qui que ce soit pour l'amour d'un homme, et surtout pas contre quelqu'un comme Pénélope, dit-elle avec dégoût.
C'est vrai que j'ai profité de toi en te faisant faire tout ce que je voulais mais je n'avais pas d'autres solutions. Je peux toujours être cette femme pour toi Derek. Effaçons tout. Mettons tout ça derrière nous. Repartons sur de nouvelles bases. Je suis serai franche et honnête cette fois, promis. » implora-t-elle.
Morgan la dévisageait, incrédule. Elle venait d'admettre qu'elle l'avait manipulé mais elle s'imaginait qu'ils pourraient mettre les compteurs à zéro et recommencer.
« Tu t'écoutes parler, Savannah ? Tu viens de m'avouer que tu m'as manipulé pendant tout ce temps et tu crois que je vais juste effacer l'ardoise et faire comme si de rien n'était. Tu te trompes lourdement. Et puis que veux-tu dire par ‟surtout contre une femme comme Pénélope "? » demanda-t-il en utilisant ces mains pour faire le geste des guillemets afin de citer ce qu'elle avait dit.
« Tu vois de quoi je parle, dit-elle
— Si je te pose la question c'est que j'ai envie de savoir de quoi tu parles justement » s'écria-t-il.
Elle commençait à sérieusement agacer Derek avec cette manie qu'elle avait de vouloir éluder les questions dont elle savait qu'il n'apprécierait pas les réponses.
« Regarde-la et regarde-moi, Derek. Y'a pas photo. Je suis bien plus belle et plus attirante qu'elle. J'ai bien plus de classe et de goût en matière de mode. Et je sais me tenir, moi. » répondit-elle.
Il ne pensait pas que c'était possible, mais à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, elle montait d'un cran dans le narcissisme, la superficialité et la méchanceté. Elle, qu'il voyait comme une femme convenable et intelligente apparaissait chaque seconde plus abjecte et plus bête.
« Tu as raison. Y'a pas photo » dit-il.
Un sourire s'esquissa sur les lèvres de Savannah pour vite s'estomper.
« Tu ne lui arriveras jamais à la cheville. Alors que tu n'es que mépris, méchanceté, mensonge, manipulation elle est n'est qu'admiration, gentillesse, honnêteté et innocence. Je ne croyais pas que c'était possible, mais plus tu parles, plus tu me prouves que tu n'es vraiment pas celle que je croyais et qu'on a vraiment plus rien à faire ensemble. Je suis bien content d'avoir ouvert les yeux. Je voulais tellement que ça marche entre nous, j'ai fait tellement de sacrifices, j'ai renoncé à tellement de choses. Pourquoi ? Pour qui ? Je voulais t'épouser, avoir des enfants avec toi. Ça aurait été la plus grande erreur de ma vie.
C'est bel et bien fini entre nous. Je veux qu'on se sépare et je ne reviendrai pas sur ma décision. Il n'y a rien que tu puisses faire pour m'en convaincre. Tu n'as plus ce pouvoir sur moi. Je t'en avais déjà trop donné sur ma vie. » conclut-il.
Savannah mit quelques secondes avant de réaliser ce qu'il lui avait dit.
« Mais Derek, j'ai rendu mon appartement, où veux-tu que j'aille ? dit-elle en pleurant.
— Tu peux rester ici. Une de mes maisons n'a pas encore trouvé preneur. Je peux m'y installer le temps de trouver quelque chose de plus petit. Toi, tu peux garder la maison si tu veux. Je l'ai rénové pour nous, après tout, mais je ne pourrais plus y vivre même si je le voulais. Trop de mauvais souvenirs. Je commence à emballer mes affaires dès maintenant et je les déménagerai demain comme j'ai encore un jour de congé. Pour les autres trucs, je les débarrasserai au fur et mesure. Je ferai en sorte de passer quand tu seras au boulot. »
Il s'apprêtait à mettre sa menace à exécution quand elle jugea qu'il était temps d'abattre sa dernière carte. Elle cria :
« Tu ne peux pas me quitter, Derek. Je suis enceinte ! »