lettre de Gideon à Reid

Spencer,

je savais que ce serait toi qui viendrait me voir dans ma cabane. Tu dois avoir peur, je te présente mes excuses, je n'ai jamais voulu te faire de la peine. D'ailleurs jamais je n'aurais cru qu'un jour j'écrirais cette lettre, j'ai cherché une explication satisfaisante à ce que je suis entrain de faire. Tout ce que je sais pour l'instant c'est qu'un profileur a besoin de certitude, de fondation solide, je crois que ce n'est plus le cas en ce qui me concerne. Je ne comprend plus le monde qui m'entoure. La cruauté, l'indifférence me sont devenus insupportables.

Lorsque ma chère Sarah a été assassiné, j'ai été ébranlé, j'étais sincèrement convaincu que pour surmonter ma peine je devais me remettre au travail le plus vite possible, sauvé des vies peut-être un bon remède. J'ai cru pouvoir encaisser le meurtre de Sarah, faire mon deuil.

La première affaire qui a suivi sa mort s'est déroulé sur le campus d'une université. J'ai rencontré Sarah à la Fac, sur un campus tout à fait semblable il y a 31 ans. Les campus sont censé être des endroits exaltants, ont est censé y préparer son avenir, découvrir qui on est et qui on va devenir, ces endroits sont censés incarner les rêves, pas les cauchemars, ils incarnent l'espoir. Je ne comprend plus le monde qui m'entoure.

Toutes scènes de crimes est un lieu répugnant mais lorsque la victime est très jeune, lorsqu'elle se retrouve fauché dans la fleur de l'âge, c'est encore plus atroce. Dans mon métier j'ai souvent eu peur de perdre espoir, je me suis rendu compte que je ne peux plus regarder quelqu'un sans penser à son cadavre, c'est très douloureux de perdre foi en l'humanité, mais perdre espoir d'un dénouement heureux c'est bien pire.

Combien de victimes avons-nous vu ? Combien de scènes de crimes des centaines, des milliers ? Combien de photo de familles de victimes, mortes ou vivantes ? J'ai toujours été capable de rester impartial, de garder la tête froide, mais maintenant l'image de Sarah me hante.

L'arrestation de Nathan Tobs, fut facile mais je sais qu'à une époque je me serais posé la question qui s'imposait : "N'est-ce pas trop facile ?". Un profileur ne doit jamais tomber dans l’excès de confiance, il ne doit jamais oublier que le profilage d'un suspect n'est rien d'autre qu'un outil.

Le changement d'atmosphère se fit toute de suite sentir sur le campus. Les adolescents savent vites tourner la page, ils sont capable de reprendre espoir, comme j'ai su le faire à une époque, une époque lointaine.

On se souvient des événements mais les sensations, les émotions correspondent plus à rien.

Vous avez confiance en nous, confiance en moi, comme Sarah. Ouai, et comme avec Sarah, je l'ai envoyé à l'abattoir. Je n'avais rien à faire la-bas. Combien de fois je t'ai dit qu'un profileur ne peut pas exercer son métier s'il a l'esprit ailleurs, qu'il ne doit jamais laisser sa vie personnelle affecter son jugement. Je n'avais jamais eu l'esprit aussi perturbé qu'à l'heure de cette enquête.

Avais-je laissé un lion en liberté ? Est-ce que je manquais de discernement au point de vouloir que quelqu'un paye pour la mort de Sarah ?Deux cadavres de plus, était-ce le prix à payer ? Est-ce que ça valait la peine d'en arriver là ? Le monde est-il toujours aussi gris ? N'y a-t-il que dans les films qu'il est en noir et blanc ? Tout cela n'est-il qu'illusion ? Avant je savais, j'avais l'impression d'être à ma place, je savais dans quelle direction allé. Un profileur doit avoir confiance, confiance en son profil et en ses compétences. Après la mort de Sarah je n'avais plus aucune confiance en moi, après celle de Tobs je me suis mis à douter de mes compétences, et sans confiance en moi je ne suis rien.

C'était la touche finale, une étudiante était morte et Hotch était suspendu à cause d'une de mes erreurs. Je t'ai dis au début de cette lettre que je savais que ce serais toi qui viendrait me voir, j'aurais tellement aimé trouvé une meilleur explication, je suis désolé de ne pas pouvoir être plus clair, mais comme je te l'ai déjà dit, je n'arrive plus à comprendre le monde qui m'entoure.                                                                                                                                                                                                                  Je suis désolé. 

Je suis simplement à la recherche d'un sentiment perdu, la certitude que j'avais dans ma jeunesse, la certitude que j'avais lorsque j'ai rencontré Sarah et que tout semblait si juste, la certitude que tout fini toujours bien.