Wastelanders
En l'an deux mille deux-cent nonante-cinq, le secteur des Terres désolées s'étendant de Sheltertown à Junktown est sous la « juridiction » d'un groupe de raiders dirigé d'une main de fer par Red Tourette. Cette femme âgée entre quarante et cinquante ans, dont on ignore la véritable identité, est la tête pensante de la Réserve Fédérale depuis longtemps déjà. Notre groupe n'est pas très grand et varie en fonction des allées et venues de chacun. Nous sommes peut-être des raiders mais le clan est comme une famille, notre devise est d'ailleurs : « Nous et le groupe, le reste osef ! »
Dans l'éventualité d'un conflit, tout doit se régler à l'amiable sous peine de voir Red T trancher. Et ce n'est pas à prendre au sens figuré du terme, surtout si ça concerne Lili, la petite sœur adorée de notre cheffe.
Au quartier général tout le monde est le bienvenu, humains comme goules, tant que Red voit en nos aptitudes des bénéfices non négligeables pour le clan.
Mais c'est vrai que je ne me suis pas encore présentée. Je me nomme Amara dite « La Fouine ». Technophile possédant la goule attitude, je fut plutôt bien accueillie par les autres membres de la Réserve Fédérale et ce malgré mon côté intello et l'odeur de putréfaction que je trimbale partout. Je me suis même fait de vrais amis en la personne de Bobby, un chauve baraqué toujours mal rasé et mal embouché ayant éternellement un gros cigare collé aux lèvres. Ainsi que de Joy, une grande brune au cheveux mi-longs, complètement fana d'arme en tout genre mais surtout à projectiles.
Il furent d'ailleurs respectivement surnommé « La Grogne » et « La Sanguinaire » allez savoir pourquoi...
Alors que Lili fut envoyée à la brasserie du clan de « Tom la bricole », Red T nous confia une autre mission. Un petit escadron partirait en reconnaissance vers Sheltertown. Crank Shaft notre dealer venait d'y faire quelques affaires avec une nomade nommée Carla. Il a ainsi fait la connaissance de Trudy, la sœur de Carla, et de son fils Jason. Ce dernier accro aux mentats, avait contracté une dette envers Shaft et il nous incombait maintenant de la récupérer. Le junkie aurait vendu une info selon laquelle il y aurait un ancien abri près du Red Rocket, le restoroute tenu par sa mère.
Notre Q.G. étant situé entre ledit resto et Junktown, il nous fallut deux bonnes journées de marche pour nous y rendre. Cette région est vraiment idéale pour notre groupe de raiders, nous sommes d'ailleurs rapidement devenus une plaie pour la milice qui tente de faire respecter l'ordre en ces lieux.
Après une mise à sac en règle du Red Rocket, nous traversâmes un petit bosquet pour atteindre l'entrée d'une caverne. Nous nous enfonçâmes sans encombre dans les tunnels mais le hurlement d'un griffemort se fit bientôt entendre. Par précaution, nous décidâmes de barricader la zone d'où provenait les cris. Surtout que l'un des nôtres venait de dérober l’œuf de la bestiole en question. Ce dernier fut planqué dans un coffre en attendant d'être vendu plus tard au marché noir. Un œuf pareil nous rapportera gros !
En à peine quelques jours, nous aménageâmes un campement digne de ce nom sous la direction du « Veneur », notre chef d'escadron. Étant naturellement immunisée contre les radiations, je me retrouvai à patauger dans une eau verdâtre et plus que douteuse dans le but d'ouvrir un coffre-fort se trouvant près de l'entrée de l'abri. Sacrifiant mon ultime crochet magnétique, je parvins à forcer l'ouverture et récupérai une clef. Puisque j'avais réussi à ouvrir le coffre, je fut désignée d'office, avec mes plus proches camarades, pour explorer l'abri. Après avoir, comme à mon habitude, bien effacé mes traces et refermé le coffre-fort, j'actionnai la clef d'ouverture. Un bip d'alerte se fit entendre lorsque la porte blindée s'ouvrit.
Nous débouchâmes sur un sas d'embarquement d'abord très large mais qui allait en se rétrécissant. Sur notre droite se trouvait un bureau vitré où à l'époque travaillait le responsable de l’accueil des arrivants. Nous ne détectâmes aucune trace de présence humaine, pas un seul cadavre, juste la marque laissée par le passage du temps.
Dans la mine nous avions tous une lanterne de verre munie d'une réserve d'huile pour quarante-huit heures. À la lumière diffuse de nos lampes, je m’aperçus qu'une énergie résiduelle faisait encore fonctionner le terminal de l'entrée. J'y jetai un rapide coup d’œil et pu y lire les traditionnels messages d'accueil. Bien qu'une partie des données fut corrompues, je découvris la liste des habitants. Le superviseur était un certain Chris Hansen. Il y avait beaucoup de docteurs, de professeurs, de scientifiques en tout genre ainsi que quelques mécanos célèbres parmi les centaines de noms présents sur la liste. En faisant appel à ma mémoire et aux vieux bouquins lut autrefois je reconnus certains d'entre eux :
Le docteur Lian Roswell, un homme farfelu qui croyait à la théorie des extra-terrestres. Le professeur Jacques Villeneuve, un mécano très intelligent spécialisé en conception robotique et Alexa Prime, docteur en armement militaire et biologique.
En plus de la liste de noms il y avait aussi quelques journaux personnels tenus par le superviseur et rédigés en « je » car ce dernier semblait très imbu de lui même. Il semblait y partir dans des délires incompréhensibles. Tous les autres dossiers étaient verrouillés par des mots de passe que je ne parvint pas à craquer. Je décidai alors de fouiller le tiroir qui coulissa difficilement. Quand j'y passai la main, une lame me transperça les chairs mais je me retins de crier. Je finis par l'ouvrir et n'y trouvai que du papier et un crayon. En retournant un peu le brol qui s'y trouvait, je trouvai une boîte contenant quatre épingles à cheveux que je rangeai précieusement dans mon sac avec celles que je possédais déjà. Il y avait également des notes sur le fonctionnement de la console et un plan approximatif de l'abri. En y regardant de plus près, je vis qu'il s'agissait d'un dessin assez technique pour un simple plan.
Le premier sous-sol était la zone d'accueil, les deuxième et troisième reprenaient les zones résidentielles. Pour le quatrième le dessin était trop effacé pour deviner son usage quant au cinquième, il ressemblait à un atelier ou à un entrepôt. Je pus cependant voir qu'un ascenseur se trouvait au bout du couloir. Voilà notre objectif !
Tandis que je m'appliquai à analyser le plan, Joy était entrée dans la pièce histoire de fouiller un peu mais tout ce qu'elle vit fut un gros rat probablement gêné par notre arrivée. Elle le laissa filer et il disparut dans le faux plafond. Bobby, qui s'était contenté de surveiller nos arrières, vit sur une table de grosses boîtes en carton portant le symbole de Technabri ainsi que le numéro septante et un. Elle n'étaient pas encore ouvertes et nous nous empressâmes d'y remédier. Dans la première se trouvaient cinq combinaisons à l'état neuf, dans la seconde nous récupérâmes des gourdes cantinières ainsi qu'un manifeste indiquant que les kits de premiers secours avaient déjà été livrés à l'infirmerie et la nourriture lyophilisée, aux cuisines de la zone résidentielle. Le manifeste de la troisième caisse contenait beaucoup de noms de produits chimiques, de pièces mécaniques et de graines au nom latin imprononçable. Un grand nombre de ces choses avaient été rayées, à la va-vite, au gros feutre noir et la seule information valable que nous pûmes en tirer fut que tout avait été emmené à l'atelier. Il restait cependant divers bocaux et bidons de produits chimiques, des documents de la N.R.A. concernant de l'armement ainsi qu'une grosse enveloppe en papier kraft scellée par un cachet de cire. Je décidai de l'ouvrir pour lire le dossier qu'elle contenait mais tout semblait incohérent comme si les pages et le texte lui-même avait été mélangé. Perplexe, j'emportai le tout dans l'espoir de percer plus tard ce mystère.
- Alors quoi ! Gueula soudain notre chef d'escouade. Vous avez trouvé quelque chose ? Magnez-vous bordel, si vous traînez trop on vous considère comme mort !
Tandis que Le Veneur continuait de s'égosiller, nous prîmes la direction de ascenseur. Je piratai l'ordinateur et fit une dérivation pour l'alimenter. Je trouvai cependant étrange que l'intégralité de l'énergie fut concentrée au cinquième sous-sol. Alors que les portes de l'ascenseur se refermaient lentement, un gyrophare orange s'activa tandis qu'une alarme se mit à retentir accompagnant ainsi le verrouillage de l'abri.
- Putain, qu'est-ce que vous foutez ?! Fut la dernière chose que nous entendîmes avant que nous ne commençâmes à descendre.
Entre le troisième et le quatrième sous-sol, la machinerie ralentit très fort jusqu'à s'arrêter totalement. Nous fûmes plongé dans le noir et la traditionnelle mais désuète petite musique fit place à de sinistres crépitements.
- Pourquoi êtes-vous ici ? Questionna une voix d'outre-tombe.
D'autres crépitements se firent entendre puis plus rien. La lumière revint et la cabine se remit à descendre mais cette fois à une vitesse fulgurante, tandis que le compteur d'étage s'affolait. L'impacte d'une immobilisation brutale nous fit nous écraser sur le sol de la cabine et lorsque nous regardâmes l'écran, ce dernier affichait tel un mauvais présage, les chiffres « 666 ».
Une fois sortis, nous arrivâmes dans un couloir en légère pente baigné dans une pénombre oppressante. La seule source de lumière se trouvait au-dessus d'une voiturette de bagagiste. Nous montâmes dessus et Bobby tourna la clef de contact. Notre véhicule entama alors une descente digne d'un train fantôme, des lumières violettes s'allumaient et s'éteignaient sur notre passage et plus nous nous enfoncions dans les profondeurs et plus une odeur de rouille nous prenait à la gorge. L'air se réchauffa soudainement et une humidité résiduelle émana du sol. Impossible pourtant de savoir d'où elle pouvait venir. Nous eûmes la désagréable impression d'être tombé en dehors de l'espace et du temps. Un bruit semblable à une pluie de gravats nous ramena à la réalité et nous garâmes la voiturette devant une double porte blindée. Entre la lumière aux teintes violacées qui éclairait à peine,le bruit énervant d'un goutte-à-goutte et celui de tuyauterie explosive qui se mêlait à un silence très pesant, nous eûmes franchement la trouille. Malheureusement il nous était impossible de savoir si l'ascenseur fonctionnait encore. Nous décidâmes donc d'avancer. La porte ne semblait pas piégée, pas plus que la caisse rouillée posée à côté. Nous remarquâmes qu'elle faisait partie des boîtes qui avaient été barrées du manifeste. En fouillant à l'intérieur, Bobby découvrit sous le polystyrène censé protéger les objets fragiles, un pistolet laser de chez Rob Industrie ainsi que deux pack C.E. contenant chacun deux cellules énergétiques. Fier de sa trouvaille, il s'en empara immédiatement. Les formes pré-découpées dans la mousse de protection laissaient cependant présager qu'elles avaient dû contenir quelque chose de bien plus gros.
Dans le second compartiment, je trouvai divers objets scientifiques comme des lunettes de technophile avec micro et lampe intégrée possédant une focale pouvant se placer par dessus les verres sans correction. Il y avait également une boîte à outils incomplète servant à la technologie de précision. J'emportai le tout avec moi. Le manifeste présent dans la caisse nous indiqua que d'autres objets avaient été envoyé à la manufacture robotique. En observant les alentours, nous vîmes qu'en plus de la porte, il y avait un autre accès mais que celui-ci avait été obstrué, il nous était donc impossible de l'emprunter. Joy et moi, tirâmes sur les deux parties de la porte après en avoir actionné le mécanisme d'ouverture. Un autre couloir faiblement éclairé s'offrit à nous. Un gros container obstruant le passage, nous empruntâmes un chemin sur notre droite qui nous mena à une autre porte.
Un bruit de déglutition se fit entendre et en avançant, Bobby put voir une créature recroquevillée au sol et qui semblait se repaître d'un gros rat. Lorsqu'il s'approcha, la chose se retourna. Son visage donnait l'impression d'avoir fondu et elle était dépourvue de lèvres. On aurait dit un zombie bien que ce genre de monstre n'existait pas réellement. Cette créature, pourtant, ne ressemblait pas du tout à une goule. Cette dernière portait, bien que totalement en lambeaux, la tenue standard des résidents de l'abri. Après un instant de stupeur, Bobby armé de son coup de poing américain s'élança vers son adversaire. Le premier impact lui arracha le bras droit, le deuxième n'atteint pas sa cible mais le coup de pied qui lui fut administré déboîta complètement sa jambe gauche. La créature désarticulée tomba et se fracassa au sol sans la moindre goutte d'hémoglobine. Nous eûmes la désagréable impression que La Grogne venait de tuer un mort.
- J'en ai déjà combattu des mochetés, mais toi tu les surpasses toutes ! Déclara notre ami de sa grosse voix bourrue tout en donnant un bon coup de talon dans le crâne qui éclata avant de tomber un poussière.
En inspectant ce qu'il restait de son adversaire, Bobby mit la main sur une vieille photo de famille représentant un homme accompagné de sa femme et de son fils. Avec un haussement d'épaule désinvolte, il jeta la photographie et empocha l'équivalent de cinq caps en monnaie de l'ancien monde. Pendant ce temps, j'examinai la porte qui bloquait notre progression et n'observai rien d'anormal. Il s'agissait d'une ouverture par poignée à pompe. Un long « Psht » se fit entendre lorsqu'elle s'ouvrit mais cela ne nous empêcha pas de percevoir que quelque chose furetait derrière. Joy et moi laissâmes La Grogne prendre la tête du groupe pour franchir le seuil. Le premier zombie qui croisa sa route se prit deux violents coup de pied dans les jambes et s’effondra inerte. À son tour Joy pénétra dans la pièce et tira sur une deuxième créature, la blessant sérieusement à la tête. Me plaçant derrière ma camarade, je tirai moi aussi, aggravant la blessure de notre assaillant. Cependant ce dernier ne semblait pas ressentir la douleur. Une troisième aberration, vêtue comme un agent de sécurité, s'en prit à Bobby qui écopa d'une mauvaise blessure au pied et d'un coup de matraque qui, fort heureusement, ne le laissa pas sonné. Joy évita les attaques dont elle était la cible tandis que Bobby donnait des coups de pieds au garde qui vacilla au premier et s'effondra au second. Joy tira dans les jambes de la créature que nous avions déjà blessée et celle-ci rejoignit ses homologues au sol. Je visai la tête de notre dernier opposant sans réellement lui faire du tort. Il tenta de riposter mais échoua alors que d'un excellent jeu de jambes, La Grogne le balaya sans effort. Puis il prit bien soin d'écraser tous les crânes afin de s'assurer qu'ils ne se relèvent pas. Le comportement de ces créatures nous laissa néanmoins perplexes car elles ne semblaient pas éprouver de sentiments, ne ressentaient aucune douleur et mourraient au moindre choc. Nous les fouillâmes malgré tout et obtînmes en monnaie de l'ancien monde l’équivalent de quarante-huit caps que nous partageâmes en trois parts égales. Je pris la matraque de l'agent de sécurité ainsi que son alliance afin de la vendre plus tard. La pièce dans laquelle nous nous trouvâmes était un savant mélange d'atelier et de salle de sécurité. Sur notre droite se trouvait une porte de cellule d'où une voix au ton monocorde répétait inlassablement :
- Aidez-moi...
Nous tentâmes de regarder par le vasistas mais il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. Joy fouilla la pièce et mit la main sur quatre munitions légères, un vieux paquet de clopes dans lequel il ne restait que cinq cigarettes et un briquet tout aussi âgé. Sur la console présente dans la pièce, je pu voir que le PC était logué au nom de Richard Darbois. Outre tout un tas de blablas techniques, je trouvai les commandes d'ouverture des cellules une et deux, ainsi que celle permettant de désactiver le confinement. Dans les sous-programmes se trouvaient d'autres commandes qui, elles, contrôlaient deux unités sentinelles appelées « Senti-bot ». Elles permettaient également la désactivation ou la reprogrammation de deux tourelles. Mon niveau d’accréditation étant insuffisant pour la programmation des Senti-bots, j'ouvris le dossier des tourelles et accédai aux caméras. Jetant un œil, je pus voir un couloir fermé par deux doubles portes. Un squelette gisait près de fils barbelés et d'un trou d'homme. Plus loin se trouvait une porte fermée, un corps gisant juste devant, alors qu'une voiturette de bagagiste bloquait le reste du couloir. Via la deuxième caméra je vis un autre couloir, les murs de celui-ci étaient criblés d'impacts et couverts de sang avec à son bout, un autre cadavre. Par mesure de précaution, je désactivai les deux tourelles puis j'ouvris la cellule numéro une. La créature qui y était incarcérée en sorti en criant :
- Aidez-moi !
La chose était couverte d'énormes pustules prêtes à exploser. Sans réfléchir, Bobby la frappa aux jambes ce qui eut pour effet de la faire exploser. La Grogne fut projeté au loin couvert de boyaux et légèrement blessé par quelques éclats d'os. Lorsque nous ouvrîmes la porte située au fond de la pièce, nous nous retrouvâmes face à une autre créature difforme sur le point d'éclater. Joy et moi tirâmes mais ratâmes notre cible. Le monstre tenta d'attraper ma coéquipière qui était plus proche de lui, dans le but évident de se faire exploser avec elle. Il échoua et Bobby en profita pour blesser notre adversaire à l'aide de son fusil laser. Joy tira une seconde fois, son projectile percuta la créature au niveau du torse, la faisant tomber à la renverse. Le corps boursouflé éclata sous le choc. Je fouillai la caisse qui se trouvait dans la salle, trouvai un fusil laser et deux cellules énergétiques, que je laissai à notre fana d'armes, ainsi que la seconde moitié de la boite à outils récupérée précédemment. Une trousse de premier secours suspendue sur le mur contenait un kit pour trois utilisations. Nous passâmes sans nous arrêter devant la cellule numéro deux qui contenait vraisemblablement une autre créature comme celle que nous venions de tuer. Nous ouvrîmes la porte et sortîmes dans le couloir. Les lumières étaient toujours vacillantes, les bruits de tuyauterie de plus en plus forts et l'odeur de ferrailles rouillées continuait de nous prendre à la gorge.
Sur le sol, Bobby vit d'étranges engins munis de petites diodes rouges. Il s'agissait de mine incendiaires et elles étaient actives. J'essayai de les désamorcer mais échouai, elles explosèrent mettant le feu à la flaque d'huile toute proche. Je m'en sorti avec quelques brûlures sur les mains et les bras. Bobby marcha jusqu'à la porte, il y avait beaucoup de tâches de sang au sol et sur les murs. Il distingua un peu plus loin la caméra et la tourelle que j'avais désactivée. Avançant encore un peu, nous trouvâmes le cadavre que nous avions vu par l'intermédiaire de la vidéo surveillance. Je me penchai sur le corps et récupérai un chargeur, six balles ainsi que la photo d'une femme au dos de laquelle on avait écrit à la va-vite :
Mon amour,
Chris Hansen a perdu la tête.
Il est le pire superviseur que j'ai connu.
C'est la folie dans cet abri.
Nous n'étions là que pour servir de cobayes.
Ils m'ont injecté quelque chose...
Si vous trouvez mon corps, laissez le.
Evans
Derrière la tourelle se trouvait une caisse, mais le seul moyen d'y accéder était un conduit de ventilation. Nous retournâmes jusqu'à la porte que Bobby força. Lorsqu'elle s'ouvrit, nous trouvâmes une autre porte ainsi qu'une troisième sur notre gauche. La Grogne ne s'aperçut pas qu'il marchait sur des mines incendiaires et se retrouva brûlé aux jambes lorsqu'elles explosèrent.
Dans la pièce de gauche, il y avait des « Protecto-bots » mais les robots de maintenance étaient en sommeil. Je piratai très facilement l'ordinateur et m'aperçus que les Protecto-bots possédaient un protocole alpha militaire permettant d'activer leur mode combat. En fouinant dans les dossiers, je trouvai le journal du roboticien chargé de la maintenance. Ce dernier ne contenait rien d'intéressant. Le type ne faisait que s'y plaindre :
Une fois de la mauvaise qualité des Protecto-bots qui ne cessaient de tomber en panne.
Une autre fois, des professeurs qui passaient leur temps à le toiser de haut et du superviseur qui était de plus en plus abjecte.
Une troisième fois pour dire que discuter avec Lian Roswell était lassant car ce dernier ne parlait que d'extraterrestres.
Et enfin qu'il en avait marre d'arpenter les conduits de ventilation car ce n'était pas son job de les récurer.
Bref il avait une vie de merde. Néanmoins il y faisait aussi mention de la disparition étrange de certains membres du personnel. Malheureusement, rien d'utile pour nous permettre de comprendre les mystères de l'abri septante et un. Délaissant l'ordinateur, je parcourus la pièce du regard et découvris sur une table de travail, un crochet magnétique et un holodisque de piratage. Ce dernier m'aurait été bien utile tout à l'heure avec les tourelles. Mes amis et moi-même poursuivîmes notre avancée. Après avoir ouvert une énième porte, nous tombâmes sur un autre cadavre et le fouillâmes pour y trouver l'équivalent de neuf caps en monnaie de l'ancien monde que nous répartîmes équitablement. Continuant notre progression, nous vîmes des traces de sang au sol et une créature vêtue de l'uniforme des gardes de sécurité. Bobby lui asséna deux coups puissants et elle s’effondra inerte. En nous déplaçant vers le fond du couloir nous surprîmes un des anciens résidents en train de dévorer on ne sait trop quoi. La Grogne en termina avec lui à l'aide de quelques coups de poing et de pied bien placés. Plus nous nous approchions de ce qui était autrefois un laboratoire de biologie, plus une odeur de pourriture se mêlait à celle de la corrosion. Soudain, la voix désincarnée qui nous avait parlé dans l'ascenseur nous interpella de nouveau par l'intermédiaire du microphone :
- Que venez-vous faire ici ? Repartez ! Il n'y a rien qui vous concerne dans cet endroit.
Sans prêter la moindre attention aux menaces semi-voilées proférées par notre étrange interlocuteur, nous pénétrâmes sans trop d'effort dans la plus grande des pièces de ce sous-sol. À l'intérieur nous pûmes voir deux bureaux et devant chacun d'eux, une chaise vide. Il n'y avait personne. De part et d'autre de la salle se trouvaient d'énormes portes blindées et sur notre gauche, une plus petite bloquait l'accès d'un nouveau couloir. Le sol devant les gigantesques portes avait été éventré et des fils électriques se trouvaient désormais à l'air libre. Nous remarquâmes alors que les câbles avaient été trafiqués. La porte par laquelle nous étions entré se referma subitement, nous emprisonnant dans le labo. De plus en plus énervé, notre correspondant mystère reprit la parole :
- Vous ne deviez pas voir ça ! Je dois me débarrasser de vous !!
Avec horreur, nous vîmes s'activer deux Senti-bots prêts à défendre les secrets de l'abri. Frappant le premier robot militaire avec son coup de poing américain, Bobby l'esquinta à peine. Joy visa à l'aide de son tout nouveau pistolet laser et parvint à bien l’abîmer. Après avoir reçu une blessure au bras, La Grogne frappa son assaillant et finit par lui exploser la tête. Pendant ce temps, Joy visa le deuxième robot et lui dézingua un bras. Il riposta mais ne parvint qu'à lui égratigner la botte gauche. Bobby et Joy combinèrent leurs efforts et détruisirent le second Senti-bot.
Pendant que mes camarades combattaient, je parvins à rouvrir la porte qui nous maintenait captifs. Je courus vers la pièce où nous avions découvert les robots de maintenance, espérant pouvoir les réactiver en mode combat et ainsi aider mes amis plus activement. Malheureusement pour moi tout ce que je parvins à faire fut de lancer une mise à jour et une fois celle-ci terminée, j’eus droit de la part du Protecto-bot à tout un laïus sur l'importance de porter un casque de sécurité.
Dépitée, je quittai la petite pièce pour retourner au laboratoire. Quand j'arrivai, le combat était finit. Bobby avait commencé à inspecter les lieux et restait perplexe devant le contenu d'une caisse qui aurait dû contenir de simples graines. Joy quant à elle, avait mit la main sur un des cerveaux moteur des Senti-bots ainsi que sur deux jets et un médix.
Quand nous parvînmes à ouvrir les grosses portes nous découvrîmes derrière, une vision cauchemardesque. Un genre de coupole contenait des plantes très bizarres, poussant sur du terreau constitué de restes humains. Sur les ordinateurs nous découvrîmes sur quoi portaient les recherches de Lian Roswell et d'Alexa Prime. Si au début cela se résumait à des rapports d'expérience, avec le temps cela ressemblait de plus en plus à un journal intime. Les deux professeurs étudiaient une étrange plante trouvée dans la ville de Roswell sur un … le reste des données étaient masquées. Maintenu en stase médicale, un certain agent X se trouvait également ici. Les autres habitants de l'abri, eux, n'étaient là que pour servir de cobayes aux deux scientifiques.
Totalement dégoûté, Bobby lança le protocole d'assainissement ce qui purgea les bio-fermenteurs. Le microphone émit de nouveaux crépitements puis s'étranglant de rage, la voix de notre interlocuteur résonna dans tout le labo :
- Pauvres fous, qu'avez-vous fait?! Des siècles de recherche partis en fumée à cause d'une bande d'abrutis...
Un silence puis il reprit plus posément :
- Bon j'en ai marre, puisque vous voulez me trouver venez donc.
Nous entendîmes alors un déclic nous signalant que la dernière porte venait de se déverrouiller. Nous progressâmes dans le couloir jusqu'à ce que, sur notre droite, une ultime porte nous barre la route. Bobby s'avança et l'ouvrit. À l'intérieur de ce qui ressemblait à une sorte de poste médical, nous vîmes enfin le fameux « agent X ». La créature bien que filiforme, possédait une énorme tête et n'était clairement pas d'origine terrestre. En piteux état, l'alien n'était maintenu en vie que par le fonctionnement d'une machine. Une autre personne nous attendait, l'ancien superviseur. L'humain très irradié, était devenu une goule luminescente. Étant moi-même une goule, je tentai d'engager la conversation mais il ne voulut rien savoir, nous accusant sans cesse d'avoir tout foutu en l'air. Par dépit, il tua l'agent X avant de s'en prendre à nous dans le but avéré de nous faire payer le fait d'avoir détruit tout le travail réalisé au cœur de l'abri. Il nous reprocha encore de n'avoir pas fait demi-tour. Si nous étions partis, rien ne serait arrivé car aucune créature ne serait jamais sortie. Personne n'aurait découvert la vérité sur l'abri septante et un.
Bobby fut le premier à affronter notre adversaire mais il parvint à peine à abîmer l'exosquelette qui le recouvrait. Joy érafla l'armure au niveau de la tête. Pour ma part je frappai à l'aide de ma matraque mais sans causer de réels dégâts. La Grogne se prit un coup dans le ventre mais parvint à tirer avec son pistolet laser, réduisant par la même occasion la résistance du casque. Joy visa et atteignit le superviseur à la tête. Alors que Bobby et moi prenions de mauvais coups, Joy la Sanguinaire décida de se booster à l'aide d'un puff de Jet. Sous l'effet de la drogue, elle dégomma sans mal notre ennemi.
Près du corps sans vie de Chris Hansen, se trouvait une caisse contenant une boîte réfrigérée ne pouvant s'ouvrir qu'à l'aide d'un digicode. Je parvins sans peine à hacker le système, laissant apparaître un écran. Sur ce dernier nous pûmes lire :
Sérum Agent X stable,
Prêt pour injection.
Après lecture du message, nous prîmes conscience de la catastrophe que nous avions faillit déclencher. Dans l'abri nous avions été infectés par des spores extrêmement dangereux. Sans le sérum pour nous soigner, nous serions devenus ces mêmes créatures que nous avions croisées lors de notre périple et nous aurions propagé ce fléau à la surface.
Je m'emparai de la seringue hypodermique ainsi que des fioles de sérum puis via l'unité de contrôle du superviseur, je pu rétablir le courant dans l'ascenseur. Nous refîmes tout le chemin à l'envers. Nous fîmes une dernière halte pour que Bobby puisse, en passant par un conduit de ventilation, récupérer une caisse d'armes aperçue un peu plus tôt. Celle-ci contenait un lance-flamme.
Arrivés près des cellules de détention, nous ne prîmes aucun risque et nous tuâmes le dernier spécimen expérimental encore en vie. Puis nous condamnâmes la porte permettant d'accéder à cet étage à l'aide du lance-flamme et de ma boîte à outils. Nous remontâmes jusqu'à l'ascenseur après que j'aie injecté à mes compagnons et à moi-même le sérum. Jetant un œil à l'affichage des chiffres, nous vîmes qu'il affichait bien le cinquième sous-sol. Tout semblait enfin rentrer dans l'ordre. Pourtant, pendant l’ascension, nous nous retrouvâmes à nouveau bloqués dans le noir. Cette fois cependant, cela dura un long moment au point que la faim et la soif se firent sentir et que mon odeur incommoda mes amis dans cet espace confiné. Brusquement, tout se remit en marche et nous arrivâmes à la porte de l'abri.
Malheureusement celle-ci était toujours bloquée. Après encore quelques heures, je trouvai enfin le moyen de nous faire sortir.
Ce fut une macabre découverte qui accueillit notre libération. Tous nos camarades raiders étaient morts, nos affaires pillées, même l’œuf de griffemort avait disparut. Quant à Jason et sa mère, ils semblaient s'être échappés.
En rendant un dernier hommage à nos collègues tombés au combat, nous remarquâmes qu'il manquait, sur certains corps, des morceaux de chair. Seuls survivants de ce désastre, horrifiés à l'idée de croiser le monstre responsable de ce sacrilège, nous quittâmes prestement les lieux. Nous prîmes bien soin d'esquiver le Red Rocket et aux premières lueurs de l'aube, nous regagnâmes le Q.G.