Hors du Temps

Chapitre 1 : La Fin.

2783 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 04:38

"... nous a prévu un hiver rude.  Eddie Winter, lui, pourra continuer de dormir bien au chaud dans sa garçonnière. Comme vous le savez sûrement déjà, il a été relaxé sur TOUT, c'est quand même une belle performance, ses  chefs d'accusations. Mon pote Valentine va en faire une syncope. Il faut croire que pendant que les chats s'occupent de l'eau ferrugineuse coulant sous nos ponts, les souris et les rats de Boston dansent dans leurs petits appartements de luxe. Allez, j'arrête là parce qu'on va encore dire que je dénonce tout et n'importe quoi pour me faire du fric, alors passons à un fait divers moins important et plus surprenant. Vous connaissez la mycophobie ? Non ? Il s'agit de la peur des champignons. Ça peut paraître étrange, même complètement con, mais des millions de personnes sont touchés. Tout comme les spores des champignons se répandant avec une facilité alarmante, chaque jour des milliers de personnes sont contaminées par cette phobie. C'est plutôt terrifiant de se dire qu'une peur puisse se transmettre entre être vivant aussi facilement qu'une maladie, mais que voulez-vous... La perspective que la bombe de Damoclès, gigotant dangereusement au-dessus de nos têtes je le rappelle, puisse tomber à tout moment peut, effectivement, nous coller une sacrée trouille. Il n'y a plus qu'à espérer que l'armée de Sam et l'armée rouge n'aiment pas les champignons. Ou que ça leur colle une sacrée gastro. Plus joyeux maintenant ! Halloween approche ! Enfin ! Ma fête préférée de l'année ! Ça va être l'éclate ! Et, au vu de l'actualité, il ne va pas falloir faire grand chose  cette année pour instaurer une ambiance terrifiante. 

- Merci Astrid pour cette revue du jour ! Clama, avec un sourire, une voix masculine assez grave avant de reprendre d'un ton amusé : je la trouve plus joyeuse que celle d'hier, non ?

- Que veux-tu ! Lui répondit l'intéressée d'une voix aussi amusée. Je trouve que les nouvelles sont bien plus joyeuses.

- On va dire ça comme ça, ria franchement la voix masculine. Je rappelle à nos auditeurs que vous pouvez retrouver notre chère et acide Astrid, c'est dur à dire ça, tous les matins à 8h30 pour sa "Maladie Chronique" et toute la semaine prochaine à 15h30 dans notre joyeuse bande de lurons pour une émission plus longue. À demain Astrid, rapporte le café !

- Pas de problème ! Bonne journée à tous !

- Et maintenant passons à notre point météo..."

Astrid enleva son casque et se leva, saluant au passage le public présent et les techniciens. Elle se dirigea vers la sortie en faisant signe aux personnes se levant pour un orthographe de la suivre en dehors du studio d'enregistrement. Il n'y avait que trois personnes aujourd'hui, elle pris donc plus de temps pour discuter avec ses fans et répondit aux questions habituelles telles que "Comment faites-vous pour quotidiennement avoir des choses à dire ? - C'est parce que je suis de nationalité franco-américaine et comme tout français, je sais ouvrir ma gueule constamment surtout lorsqu'on voudrait que je la ferme." ou encore "Êtes-vous mariée ? - Pour l'instant oui, mais donnez-moi votre numéro au cas où la place se libère !". Au bout de trente minutes, elle quitta le studio et embarqua dans sa voiture pour retourner chez elle à Sanctuary Hills.

Le trafic n'était pas catastrophique, pas autant que la veille en tout cas. Elle n'arrêta sa voiture que pour acheter un paquet de barres chocolatées parsemées de cacahuètes ainsi qu'un café bien serré à une station Red Rocket. La porte de sa maison s'ouvrit alors qu'elle garait la voiture et Nate, son mari, sorti pour l'accueillir avec leur fils Shaun.

- Salut mon cœur ! Lança joyeusement Nate avant de regarder son fils. Tu dis bonjour à maman ?

Pour seule réponse, le petit balbutia l'air joyeux.

- Salut les hommes de ma vie ! Lança Astrid en sortant de la voiture. Comment vous allez ?

- Moi ça va, Shaun aussi, mais sa maman lui a beaucoup manqué.

- Et sa maman ne t'a pas manqué à toi ? Goujat !

Astrid embrassa tendrement son mari et son fils avant de rentrer chez elle, non sans avoir donné une petite claque sur les fesses de Nate. Ce dernier protesta pour le principe, le sourire aux lèvres, et s'engouffra dans leur petit nid d'amour à la suite de sa femme. Cette dernière avait déjà une tasse de café dans les mains.

- Re-bonjour, madame ! Lança Codsworth, le Mister Handy que le couple possédait. Votre café est à une température idéale et les cookies que j'ai préparés ce matin devraient être parfaits. J'ai écouté votre chronique et permettez moi de vous dire qu'elle m'a beaucoup fait rire. Cependant... ne pensez-vous pas que vous pourriez attirer des ennuis à votre famille en vous présentant dans une posture clairement contestataire ?

- Merci pour les cookies et le café, répondit la chroniqueuse en mordant dans un des gâteaux. Je pense que si la liberté d'expression n'est pas utilisée dans les temps difficiles, elle ne sera jamais utilisée.

- Oui, mais... commença le robot.

- Mais rien du tout, Codsworth.

- Oui, pardonnez-moi madame. Je vais étendre la lessive !

Pas le moins vexé au monde, le Mister Handy voleta dans la pièce où se trouvait le lave-linge. Nate s'approcha de sa femme, l'air amusé.

- Tu as vu, fils ? Maman à gagné un débat avec un robot !

La maman en question sourit et posa sa tasse pour prendre son fils dans les bras.

- Je gagne des débats avec n'importe qui, tu le sais très bien !

Nate s'esclaffa et embrassa tendrement sa femme dans le cou avant de la saisir dans ses bras puissants. Les jambes de la jeune femme flageolèrent et elle ne resta debout que pour la volonté de son mari. Lorsqu'il écarta sa tête, il fit un sourire en coin.

- Sauf contre moi ! 

- C'est pas faux, toussota-t-elle en essayant de reprendre ses esprits.

Le vétéran s'esclaffa d'un rire clair et, après avoir à son tour donné une petite claque sur les fesses de son aimée, se dirigea vers la salle de bain. 

Pour Astrid, rien ne pouvait aller mieux dans sa vie. Son travail la passionnait, son mari aussi la passionnait dans un sens, son fils était la plus belle chose existante au monde et ils vivaient dans un petit village paisible loin de tout sans être coupé du monde. Il ne leur manquait plus qu'un chien pour compléter le tableau de la petite famille parfaite et ce n'était pas faute de chercher. Mais la famille Travelyan n'avait pas encore trouvé la perle rare canine.

La chroniqueuse radio se laissa tomber sur le canapé en serrant Shaun dans ses bras. Ce dernier lui fit un large sourire adorable comme seul savent le faire les bambins avant d'essayer d'attraper le doigt de sa mère. Ils jouèrent tous les deux assez longtemps pour que Nate, lavé et habillé, sorte de la salle de bain et vienne à son tour jouer avec leur fils.

- C'est à ton tour de nettoyer la voiture, lança distraitement Nate en embrassant son fils.

- Oh non... se plaignit l'intéressée.

- Tu ne m'auras pas avec ces yeux de chiens battus !

Astrid soupira et nota dans un coin de sa mémoire qu'il fallait qu'elle trouve une éponge propre. Mais son esprit divagua rapidement à la vue du sourire de son fils.

- En parlant d'yeux, murmura amoureusement le vétéran, il a les tiens. 

- Peut-être, oui... Mais il a ton sourire.

Les yeux de Shaun papillonnèrent et Nate l'enleva des bras de sa mère pour l'emmener dans son berceau où il pourrait dormir paisiblement sans être gêné par les bruits de la cuisine ou de la télé. Astrid en profita pour allumer cette dernière afin de se tenir au courant des dernières informations. Alors qu'elle venait de se laisser tomber sur le sofa, la sonnette de la porte d'entrée retenti. C'est en soupirant qu'elle se releva.

La porte s'ouvrit sur un individu portant une insigne de Vault-Tec et arborant un sourire radieux. Un commercial. Super.

- Bonjour madame ! Je suis heureux d'enfin pouvoir discuter avec vous parce que, j'ai une grande nouvelle !

- Laissez-moi deviner : la guerre est enfin terminée, le gouvernement s'est sorti les doigts du cul et l'armement nucléaire a été démantelé ?

- Je... commença le vendeur un peu déstabilisé avant de reprendre sa verve. Je crains que non. Mais vous n'avez pas à vous inquiéter ! Puisque grâce au service qu'à rendu votre mari à la nation, une place dans l'Abri du quartier, l'Abri 111, vous a été réservé !

- Vous voulez dire que lorsque le monde sera pulvérisé par la connerie de nos dirigeants, nous pourrons dormir bien tranquillement sous terre ? S'extasia faussement Astrid. Mais c'est super !

Le commercial ne pût empêcher de laisser sortir un ricanement acerbe, l'air assez d'accord avec Astrid.

- Vous êtes la femme de la radio, c'est ça ? Astrid, celle qui fait la "Maladie Chronique" ?

- C'est mon sourire qui m'a trahi ? Sourit l'intéressée, l'air amusé.

- Votre discours, je le crains. Je dois avouer que j'apprécie beaucoup le travail que vous faites, mais je suis en désaccord avec vous sur un certain point. Voyez-vous, je suis persuadé que Vault-Tec et ses abris vont nous promettre un avenir radieux !

La chroniqueuse soupira et se décida d'être sérieuse quelques instants.

- La place qui nous est réservée est-elle assez grande pour notre famille ?

- Pour tout le monde ! Sauf pour votre robot, ceci dit.

Astrid tendit l'oreille et entendit le bruit du réacteur de Codsworth derrière elle, dans la cuisine.

- Que devons-nous faire pour cette place, donc ?

- Vous l'avez déjà, comme je vous l'ai expliqué. Il me manque seulement une ou deux informations que je dois entrer dans la base de données.

Ils passèrent à peine cinq minutes à remplir les papiers administratifs nécessaires avant qu'Astrid ne claque la porte au nez du représentant. Lasse, elle se laissa de nouveau tomber sur le canapé tandis que Nate revenait de la chambre de Shaun. Il se glissa contre sa femme.

- Qui s'était ?

- Un représentant de Vault-Tec. Nous avons une place réservée dans l'Abri 111, grâce à ton service rendu à la patrie.

- Oh. C'est... plutôt chouette, non ? Et un peu sinistre en même temps.

- C'est ce que je me suis dit aussi.

Astrid posa sa tête dans le cou de son mari et pris une grande inspiration. Elle adorait le parfum qu'il mettait, un mélange de musc et d'épice sans que cela soit trop fort. Codsworth fit cliqueter les casseroles de la cuisine et s'apprêta à élaborer le déjeuner lorsqu'un cri retentit dans la chambre de Shaun. Il s'y dirigea aussitôt.

- Ne vous inquiétez pas, je m'en occupe !

Ils observèrent le robot aller dans la chambre de leur fils.

- Tu vois, commença Nate. Tu n'étais pas très emballée mais... avoue que Codsworth fait du bon travail.

- C'est vrai. Ça nous laisse plus de temps pour être ensemble et ça, c'est génial. Tu m'as trop manqué par le passé. Je compte bien passer le restant de ma vie collée à toi !

- Eh bien ! S'esclaffa Nate avant d'embrasser sa femme sur le front. Peut-être que Codsworth pourrait nous coudre ensemble.

Astrid frappa gentiment l'épaule de son mari, l'air dégouté. Ils avaient tous les deux entendu parler d'une affaire sordide au sujet d'un Mister Handy programmé pour aider un des services de chirurgie d'un hôpital de Boston. Selon les rumeurs, le pauvre patient était reparti en kit.

Codsworth revint et, d'un ton alarmé lança :

- Madame, je n'arrive pas à calmer Shaun. Je crois qu'il a besoin d'un "câlin maman" que vous maîtrisez si bien.

Les deux humains de la pièce rire doucement. L'intéressée se leva ensuite pour aller calmer son fils, suivi de près par Nate qui ordonna à Codsworth de continuer de faire la cuisine.

Les deux parents s'évertuèrent pendant cinq bonnes minutes à essayer de calmer Shaun jusqu'à ce que Nate installe le mobile qu'il avait fabriqué de ses mains. En voyant les petites fusées tourner au-dessus de sa tête, le bébé calma ses pleurs pour adresser de grands sourires au jouet.

- Monsieur, Madame ? Appela Codsworth d'un ton inquiet qui fit tiquer le couple. Vous devriez venir voir ça...

Ils ne se firent pas attendre et trouvèrent le robot ménager devant la télé.

- ... attendons la confirmation mais les rumeurs parlent de grands éclairs visibles à des kilomètres.

- Qu'est-ce qu'il a dit, là ? s'inquiéta Nate.

Le cœur d'Astrid battait à tout rompre alors que son sang se glaçait progressivement en entendant la suite du discours du journaliste.

- Oh mon dieu. Des explosions de bombes nucléaires sont confirmées à New York ainsi qu'à Washington. Nous venons de perdre le contact avec nos autres st...

L'image ondula soudainement puis l'écran ne diffusa plus que le message de base du téléviseur.

D'un bon gigantesque, Nate sauta par dessus le canapé et hurla :

- Je vais chercher Shaun, on fonce à l'Abri !

Astrid ouvrit la porte à toute vitesse et sorti de la maison. Les sirènes d'alarmes retentirent. Dans la rue, la panique. Nate la dépassa en courant et en lui criant de le suivre, Shaun dans ses bras. Astrid suivi, les larmes aux yeux.

Bon dieu, ils avaient osé.

 

 

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