Ça va passer...

Chapitre 3 : Pose ça...

1489 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/06/2019 22:55

Bonjour, toi.

Ah... Inutile de te demander comment tu vas, j’imagine... Tu es toute seule ?

Comment ça, non ? Qui est avec toi, encore ? Que... Sue... Genre LA Sue ?Oui, oui mais d’accord, oui mais euh, oui mais non, en fait... Et... depuis combien de temps elle est avec toi ?

Quatre mois ?! C’est énorme ! Mais... attends... qu’est ce que tu fais, allongé dans cette baignoire avec un machin à côté de toi ? Qu’est ce que c’est...

...

Je vais t’enlever ça, pour com...mencer... c’est quoi ces marques ? Tu en as partout !

Bon, je reprends mon calme... Reprenons depuis le début. Que s’est-il passé ?

Ah, ça a commencé à la rentrée... Mais qu'est-ce qui s'est passé à la rentrée ?

Tu étais toute seule dans ta classe ? Ah, ça... les joies de l'école française ! En Russie ce serait différent...

Bon bref, tu n'avais pas tes amis en cours, mais tu devais bien en avoir pendant les pauses... Ah... Ah d'accord, je comprends mieux.

Me demande pas qui je suis ! On s'en fout de qui je suis ! Ce qui importe là maintenant c'est TOI, juste toi. Ok ? Merci.

Tu as rencontré des garçons ? Mais c'est une bonne nouvelle, ça ! Ce sont tes... amis... ? Non, non, ne pleure pas, excuse-moi, je... j'ai été trop brusque. Mais... reprends en gros ce qui s'est passé...

Attends, excuse-moi de dire ça maintenant mais... t'es vraiment belle ! Des tas de filles voudraient un physique comme le tien ! Bref, désolée, tu peux expliquer. Mais... NON j'ai dit de lâcher ce machin ! Reste là et écoute-moi... j'ai compris.

C'est comme ça que tu les as rencontrés, n'est-ce pas ? Parce que tu es jolie... Et eux... je les imagine bien, ces mecs-là... Quelques muscles mais pas beaucoup non plus, pas si beaux que ça non plus, mais très charmeurs et intelligents.

Combien de temps vous avez passé ensemble ? Que... UN AN ET DEMI ?! Et ils étaient combien... Sept. Forcément, s'il y en avait un tout seul... Ils ont gagné ta confiance... ils sont devenus tes amis, et vous avez trainé ensemble. D'autres t'auraient dit de te méfier. Mais comment se méfier ? Tu étais heureuse avec eux... Tu ne voulais pas laisser tomber les seuls amis que tu avais réussi à te faire. Vous vous amusiez bien, ensemble. Tu avais trouvé le bonheur... Tous ceux autour de toi te répétaient inlassablement de ne pas aller trop loin, mais que pouvait-il t'arriver ? Tu étais fière, si fière... Ces conseils sont rentrés dans une oreille et sortis dans l'autre.

Puis vous vous êtes rendus ensemble à une soirée étudiante ; tu t'étais embellie même si tes parents te disaient que tu n'en avais pas besoin... Sur ces sept gars, un seul t'avait prévenue de sa présence ; évidemment, c'était celui avec qui tu étais le plus proche. Tu l'avais rejoint et alors que la fête battait son plein, ce gars t'avait demandé de le suivre parce qu'il voulait t'annoncer quelque chose. Tes joues avaient rosi, un léger sourire était apparu sur ton visage ; tu t'attendais presque à une déclaration de sa part !

Tu l'avais suivie, toute contente, et lui t'a conduite dans un cabanon à l'écart... Tu ne tenais plus en place, ça allait être le meilleur jour de ta vie. Il te fit entrer avant lui... Quel gentleman ! Voilà ce que tu pensais. Mais un petit bruit derrière toi t'a fait te retourner. Les six autres gars étaient venus, et le septième fermait à clé.

Ton coeur s'était accéléré. La peur se peignait sur ton visage. Tu étais seule dans une pénombre quasi totale. Seule contre sept.

Ils se sont avancés vers toi ; un bout de scotch sur la bouche, d'autres bouts pour les poignets et les chevilles... Comme tu te débattais violemment, ils t'ont plaqué à terre, et t'ont mis un bandeau sur les yeux. Ils t'ont scotchée au sol malgré tes efforts vains. Sept paires de mains t'ont déshabillée, se sont baladées, pendant que tu essayais vainement de hurler à la mort. Chacun de leurs éclats de rires t'arrachaient une partie de ton coeur.

Tu ne sais pas lequel a été le premier, pas vrai ? En revanche, ce que tu sais, c'est que tu as instantanément cessé toute résistance. Tu avais mal, si mal... Les larmes roulaient sur tes joues pendant que ces connards s'amusaient avec toi. Avec ce qu'ils avaient fait de toi.

C'était des vrais connards, pas vrai ? Voilà ce à quoi tu songeais pendant qu'ils te pourfendaient.

Ils ne s'étaient pas arrêtés là, en plus. Ils t'ont violemment redressée sans enlever les bouts de scotch, et se sont amusés à te faire sursauter de toutes les manières possibles... Puis, enfin, ils t'ont laissé là, seule dans le noir cette fois-ci complet.

Tu bouillonnais de rage. Avec peine, tu t'étais libérée et rhabillée, et tu étais rentrée chez toi sans rien dire. Tu as pleuré toute la nuit, et le lendemain au lycée, tu avais découvert avec horreur que ces salauds avaient expliqué à tout le monde que TU le voulais, que TU avais fait un strip-tease pour les encourager et que TU les avais enfermés, et qu'eux ne t'avaient pas touchée et s'étaient enfuis dès que possible.

Tous te prenaient pour une pute; que ce soit les préservatifs glissés dans ton casier, les boulettes de papier qu'ils te jetaient dessus, les injures, les croche-pieds, les moqueries...

Tes parents, eux, n'en savent rien j'imagine. Comment leur expliquer ? Ils ne savaient rien, et tu ne voulais pas qu'il en sachent quoi que ce soit.

Ça se lit dans ton coeur que tu vas mal. Tous les soirs tu pleures, tous les soirs tu te retiens de hurler, de prendre cette lame dans ta trousse qui t'obsède, d'ouvrir la fenêtre et d'y passer... Et le jour, tu t'enfermes aux toilettes au moins trois fois pour y pleurer en silence ; les gars rigolent à ton passage et tentent des avances chaque fois que tu passes trop près d'eux ; les filles te bousculent et t'insultent en ricanant.

C’est dur, pas vrai ? Les gens sont peut-être de plus’ en plus cons, ou alors on s’en rend de plus en plus compte, on sait pas. En revanche ce qu’on sait, c’est qu’on a tous nos problèmes. Ça arrive souvent’ au lycée, tu te rapproches de quelques amis, et tu te rends compte qu’ils portent un masque tous les jours, qu’ils rechignent a rentrer chez eux le soir, qu’ils restent en retrait pour ne pas être de trop. Mais tu peux rien faire, t’as peur de faire une bêtise.

Bon sors de là et mets un peignoir, tu vas attraper froid. Attends, je vais le jeter... Non, tu ne vas Pas le garder, c’est trop dangereux. Mmh... Tu es sûre ? Tu promets de ne plus recommencer ? Promis, juré ? Si tu en as envie, appelle quelqu’un que tu aimes, n’importe qui, et demande lui qu’il te raconte sa journée. Ca vide la tête, tu sais.

Hé, t’as pas à avoir honte. Ces marques que tu portes, ce sont des batailles que tu as perdues contre toi-même, mais elles racontent aussi une histoire, celle de ta survie.

Tu veux que je te dise ? C’était des cons, des purs et durs, et en aucun cas c’est de ta faute. Tu iras voir la proviseur demain matin, tu vas tout lui expliquer, et ça va s’arranger, je te le promets.

Pleure si tu veux, ça fait toujours du bien. Allez va dormir, la nuit a été longue. Moi, je vais devoir y aller ; il y a encore beaucoup d’autres personnes comme toi qui ont’ besoin d’être écoutées.

Au revoir.


Salut salut !

Oh mon dieu, ça fait si longtemps !!!!!! Franchement je suis trop heureuse de retrouver toutes ces histoires, ça m’avait manqué !

Alors, ce chapitre-là est... beaucoup plus sensible, mais je tenais vraiment à l’aborder. Le viol c’est mal, rien ne le justifie, et la victime n’est jamais responsable. Je trouve qu’on en parle beaucoup, mais toujours en surface, on essaie pas vraiment de creuser un peu plus, et c’est dommage...

Pour l’automutilation, c’est presque plus sensible encore. Non, ceux qui le font ne sont pas juste des ados en manque d’attention et même là dans certains cas c’est un vrai problème. C’est un trouble psychiatrique très Dur a lâcher, alors il ne faut jamais blâmer ceux qui le font.

Allez bye les gens, a la prochaine.

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