Nuits de pleines lunes

Chapitre 11 : Claire comme de l'eau de roche

2873 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/08/2018 01:49

Environ un mois s’écoula durant lequel Veronika passa le plus clair de son temps avec Damian. La plupart du temps, ils marchaient ensemble dans les bois et discutaient de tout et de rien. Ils en apprenaient davantage l’un sur l’autre et ils s’assuraient de veiller l’un sur l’autre. Tous les jours, Damian raccompagnait Veronika chez elle. Était-ce par intérêt personnel, par soucis de la protéger ou un peu les deux? La jeune fille ne pouvait se prononcer sur ce sujet pour l’instant et elle ne désirait pas en savoir davantage. Elle avait peur que leur relation passe à un niveau qui la dépassait de loin et il y avait bien trop de chose nouvelle à apprivoiser dans sa nouvelle vie au Canada. Sébastian avait littéralement disparu de la carte durant cette période jusqu’au moment où Veronika le retrouva un jour dans sa classe de science en compagnie de Sophie. Il avait repris ses bonnes vieilles habitudes de taquineries auprès de son amie.

- Sebastian? Tu es enfin de retour! Où étais-tu pendant tous ce temps? S’exclama Veronika face à cette retrouvaille.

- J’ai été longtemps mal en point, mais me voilà de retour pour casser la baraque! Répondit-il d’un sourire moqueur avec un clin d’œil charmeur. Veronika pensa tout de suite au collier qu’elle voulait lui offrir qui était resté dans le fond de son sac.

- Quand j’ai vu ce collier, j’ai pensé à toi tout de suite, dit l’anglaise en tendant le pendentif avec le corbeau qu’elle avait précédemment trouvé dans la forêt avec Penelope. Sebastian s’étonna en voyant l’objet pendu aux doigts blancs de Veronika.

- Hé! C’est mon collier! Je l’avais perdu! S’exclama-t-il en lui prenant des mains son collier pour le glisser à son cou.

- C’était ton collier? Tu l’avais perdu? Demanda Sophie surprise de la réaction du garçon. Veronika était tout aussi étonnée par sa réaction surtout parce qu’elle l’avait trouvé au milieu de vêtements déchirés et d’animaux morts.

- Oui! Je l’avais perdu il y a de cela quelques semaines! Mais où l’as-tu repêché Vero? Répondit Sebastian tout content de retrouver son objet fétiche. On aurait dit un enfant qui avait retrouvé sa peluche préférée.

- Dans la forêt, dit-elle simplement en lui affichant un regard un peu méfiant. Sans porter attention à son changement d’attitude, Sebastian la remercia chaleureusement. Puis, l’enseignante demanda à tous les élèves de prendre leur place dans la salle de classe. Pendant tous le long du cours, Veronika dévisagea étrangement son ami. Elle trouvait louche d’avoir retrouvé un objet appartenant à Sebastian au beau milieu de nulle part. Est-ce que son ami se livrerait à des activités louches en forêt? Juste à l’idée de cette pensée fornicatrice dégoûtait la jeune fille au plus haut point. Pourquoi donc Penelope lui avait insufflée cette idée dans son esprit? Veronika pris une grande inspiration et s’envahie de pensées rationnelles. Il était possible qu’elle ait pu trouver un collier semblable à celui que Sebastian avait perdu dans un milieu un peu louche et que ce dernier était persuadé que c’était le sien. Si ça se trouve, il retrouverait son vrai collier sous une pille de vêtements salle dans son panier à lessive.

À la fin du cours, Veronika sortie de la classe avec ses deux amis qu’elle avait perdu de vue depuis belle lurette. Lorsqu’elle croisa Damian qui sortait de son cours en direction opposé. Celui-ci ne se précipita pas vers elle comme il avait pris l’habitude ces derniers temps. Il avait au contraire adopté une attitude distante envers elle un peu comme au tout début de leur relation. Même à la fin de la journée, il ne l’avait même pas attendu à l’entrée de l’école comme il l’avait si vaillamment fait ces derniers jours. Damian s’était contenté de marcher jusqu’à chez lui sans se retourner la tête bien basse. Veronika ne comprenait pas trop ce changement soudain d’attitude. Bien qu’elle fût déçue de voir ce comportement, elle se contenta de rentrer gentiment chez elle.

En arrivant chez elle, le souper était déjà prêt. Penelope avait préparé un bœuf aux légumes. Elles dégustèrent ensemble ce bon repas. Sa tante fit la remarque à sa nièce qu’elle ne l’avait pas vu arriver en compagnie de Damian cette fois-ci. Veronika lui dit la vérité, qu’il avait simplement pris le chemin de sa maison sans se retourner. Sa tante s’inquiéta un peu pour le jeune homme. Elle trouvait également ce comportement étrange. Pour lui changer les idées, la jeune fille annonça la bonne nouvelle que le fils de Mme Fleming était de retour à l’école. Penelope s’en réjouis de l’apprendre. Elle admit qu’elle n’avait pas eu l’occasion de croiser Mme Fleming ces derniers temps pour prendre de ses nouvelles. Veronika épargna à sa tante l’épisode du collier retrouvé. Elle désirait garder cet aspect pour elle-même.

Après le souper, vers 19h30, Veronika monta à sa chambre pour y faire ses devoirs. Elle se rendit malencontreusement compte qu’elle avait oublié son manuel de math dans son casier à l’école. Elle se mit à paniquer à l’intérieur d’elle-même. Elle avait un cours de mathématique à la première période de lendemain matin et l’enseignant était plutôt insistant sur les devoirs. De plus, Veronika n’était pas du genre mauvaise élève qui négligeait son travail. Elle ne voulait pas s’attirer des problèmes. La jeune fille réfléchit à une solution. Elle savait que le club de soccer de l’école s’entrainait au gymnase jusqu’à 21h. Les portes de l’école étaient donc déverrouillées encore à cette heure-ci. Veronika s’empressa de mettre son manteau et d’enfiler son sac-à-dos. Elle expliqua la situation à sa tante en la rassurant qu’elle serait de retour d’ici une demi-heure. Puis, elle sortie de la maison pour se diriger vers l’école.

Le soleil avait déjà commencé à se coucher. Le sentier de la forêt se fit de plus en plus sombre. Il était donc primordial que la jeune fille se dépêche si elle voulait pouvoir voir le chemin du retour. En chemin, elle entendit le fracas d’une branche qui se cassait ainsi qu’un léger grognement. Veronika s’arrêta et analysa les environs. Elle ne voyait rien d’autre que le chemin qu’elle empruntait ainsi que l’épaisse forêt qui envahissait les lieux. Puis, elle entendit la voix d’une personne familière qui s’adressait à elle juste derrière.

- Veronika! Mais qu’est-ce tu fais ici? Demanda Damian à la jeune d’une voix autoritaire. Choquée par sa remarque, elle lui retourna la question grossièrement. Damian lui agrippa ensuite le bras furieusement.

- Tu dois t’en aller d’ici tout de suite! Marmonna-t-il presque dans un grognement. Veronika voulut lui répliquer qu’il n’était pas en droit de lui dicter sa conduite lorsque les deux adolescents entendirent le cri d’un loup hurler férocement à la lune.

- Retourne chez toi tout de suite! Cria Damian alors qu’il semblait commencer à se tordre de douleurs. Veronika avait envie de savoir pourquoi son ami lui avait crié ainsi, mais elle avait la conviction qu’il ne l’avait pas fait pour rien. Elle se rangea donc à sa demande et elle se mit à courir dans la direction opposée. Elle coupa par la forêt en espérant qu’elle pourrait arriver plus rapidement chez elle. Entre temps, la lumière du jour rendait la visibilité du chemin encore plus nulle. La jeune fille avança aveuglément dans la nuit. Puis, en courant, elle glissa sur le sol boueux et elle se retrouva ensuite sur le sol. En se relevant, elle aperçu une paire de yeux jaunes lumineux qui la scrutait tout en s’approchant. Effrayée, Veronika se releva rapidement pour fuir ce regard monstrueux. Elle ne put s’empêcher de relâcher un cri en fuyant la créature qui la poursuivait dans l’ombre. Elle n’eut qu’à peine le temps de distinguer un visage canin et poilu avec une énorme gueule qui ne ferait qu’une seule bouchée de sa tête. La bête courue après la jeune fille terrifiée tout en jappant rageusement. Veronika n’arrivait tout simplement pas à croire ce qui était en train de se produire. En fait, elle ne réfléchissait pas. Elle n’était maintenant qu’adrénaline. Elle cherchait désespérément un moyen de se sortir de cette situation de façon instinctive. À un certain moment, la jeune fille fût à bout de souffle. Elle était désespérée et ne savait plus quoi faire. Des larmes d’horreur avaient commencés à couler sur ses joues. Elle était terrifiée. Elle avait l’impression d’être dans un cauchemar et comme si une créature n’était pas suffisante, une autre se joint à la partie. En effet, un autre canin bondit du chemin que Veronika empruntait. La jeune fille eut tout juste le réflexe de plonger au sol pour sauver sa vie de l’attaque du second loup. Cependant, elle réalisa par la suite qu’elle n’était pas la cible de l’attaque de la seconde bête. Celle-ci avait chargé son poursuivant pour le provoquer en duel. Il s’en suivit d’un combat extraordinaire entre les deux bêtes. Veronika reconnu alors que la seconde bête était la même que celle qui l’avait protégé la première fois à la fête du printemps et la même qui l’avait scruté par-delà la fenêtre de sa chambre.

Les deux loups décrièrent des cercles tout en se dévisageant avec haine. Ils se grognaient et se jappaient après comme s’ils s’étaient engagé dans une conversation rempli d’insultes. Puis, le prédateur de la jeune fille chargea vers l’autre. Ce dernier bondit sur le côté évitant de justesse un coup de morsure mortelle. La bête rousse enchaîna ensuite en empoignant le cou de son adversaire par derrière avec sa gueule ce qui provoqua la colère et l’hystérie de son opposant. Celui-ci commença à s’agiter violemment dans tous les sens tout en hurlant méchamment. Finalement, il réussi à se défaire de l’emprise du sauveur de la jeune fille en le projetant par le fait même sur un épais tronc d’arbre. La bête rousse ne pu s’empêcher d’échapper un cri de douleur lors de l’impact sur le tronc. En voulant aider son bienfaiteur, Veronika regarda sur le sol si elle pouvait trouver quelque chose de dur qu’elle pourrait lancer sur son agresseur. Pendant ce temps, celui-ci s’approcha du loup qu’il avait osé s’opposer à lui dans l’intention de lui donner le coup final. La jeune fille remarqua que son oppresseur était blessé au niveau du cou. On pouvait y voir une longue coulisse de sang noire tomber sur le sol abîmant par le fait même sa fourrure grise et noire. Veronika trouva finalement une pierre au sol et la lança de toutes ses forces sur la créature qui était maintenant dos à elle. Elle réussit à l’atteindre de plein fouet sur sa patte arrière gauche. Peut-être que son attaque n’a pas été aussi dévastatrice que celle de son bienfaiteur, mais elle fut suffisamment douloureuse pour que son assaillant se retourne de son allié encore étendu douloureusement sur le sol et lui hurle sa frustration d’avoir été interrompu en plein combat. Le monstre porta alors attention à la chose pour laquelle il s’était auparavant battu, de la viande fraiche humaine, le corps de Veronika. Cette dernière se retrouva un peu prise au dépourvu. Elle ne trouvait pas la force de bouger ses jambes. Elles étaient comme cimentées au sol. L’anglaise ne pu se contenter de dévisager la bête avec de grands yeux. Elle n’aurait même pas pu crier face à cette situation. Elle ne pouvait qu’espérer un miracle et c’est ce qui se produisit dans un bruit imperceptible lorsque le sauveur de Veronika avait trouvé la force de se relever de ses blessures et de se projeter silencieusement directement sur le monstre qui faisait face à la jeune fille la gueule ouverte d’une façon incroyable. De sa mâchoire puissante, il ne fallu de d’un seul geste du loup roux pour briser le cou de son adversaire qui n’eut même pas le temps d’un soupir pour se défendre. La créature s’effondra devant Veronika à la fois stupéfaite et rassurée. Son bienfaiteur, la gueule en sang fixa la jeune fille de ses yeux miel avant de passer à côté d’elle pour s’éloigner péniblement. Veronika pris un instant avant de se remettre de ce qui venait de se produire. Puis, elle se retourna vers l’endroit où elle avait vu se diriger la créature qui lui avait épargné sa vie. Elle la remarqua étendu plus loin en train d’agoniser. Veronika s’en approcha discrètement pour ensuite évaluer l’ampleur des dégàts. Alors qu’elle était tout près du loup blessé, celui-ci se mis à gémir fébrilement. L’adolescente constata alors que l’une des pattes avant du canin n’était plus en place et elle ressenti le besoin de le soigner bien qu’elle n’avait pas de compétence particulière en matière de soin animal. Tout ce qu’elle savait sur ce genre de situation c’est qu’il fallait éviter que le membre bouge le temps qu’un médecin traite mieux la blessure. Cependant, elle ignorait où se trouvait la demeure du Dr Cris en cet instant. En effet, il faisait tellement sombre dans la forêt qu’elle ne reconnaissait aucun élément qui lui était le temps soit peu familier. Elle ne voulait pas non plus laisser son protecteur seul et sans défense. Désespérée, elle s’empara de la ceinture de son pantalon en murmurant au loup souffrant que tout irait bien et qu’elle ne l’abandonnerait pas. Par la suite, elle fit tout son possible pour immobiliser la patte disloquée de son patient en l’entourant de sa ceinture. Elle attendrait ensuite que le soleil éclaire les environs pour chercher de l’aide. Ensuite, elle s’étendit le long de son flanc à côté de l’animal qui éprouvait encore de la douleur. Elle tenta de le rassurer en caressant sa fourrure rousse et en lui disant des choses rassurantes. À un certain moment, les deux êtres se regardèrent dans les yeux. Veronika senti quelque chose de très familier dans son regard, mais elle ne pouvait dire quoi. Quoi qu’il en soit, elle se sentait bien en présence de la bête. Elle était presque certaine que c’était le même loup qui lui avait sauvé la vie auparavant et qui l’avait espionné par delà sa fenêtre. En tout cas, il lui ressemblait beaucoup. Au bout d’un moment, la bête se calma et eu un souffle plus régulier. Ses yeux se fermèrent de fatigue tout comme ceux de sa soignante qui avait pris le soin de garder sa main sur le flanc de l’animal pour continuer à la rassurer même dans le sommeil.

Le lendemain, Veronika se réveilla aux aurores en même temps que son bienfaiteur nocturne sauf que celui-ci était différent. Sa fourrure épaisse et douce avait laissé place à une peau chaude, soyeuse et un peu humide. L’immense gueule avait aussi disparue. Il y avait à la place une bouche rosée et pulpeuse. Une seule chose n’avait pas changé, c’était le regard. L’iris des yeux n’avait pas changé. Ils étaient du même jaune cendré que du loup roux de la nuit dernière. Il ne pouvait donc s’agir de la même personne. Mais alors que sa vision s’éclaircissait au fur et à mesure, elle eu du mal à croire ce qu’elle était en train d’apercevoir. Ce teint bazanné, ces cheveux noirs, ces yeux mystérieux. Elle ne connaissait qu’une seule personne qui pouvait avoir ces caractéristiques. Elle se surprit elle-même à murmurer son nom.

- Damian…         

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