Une vie (extra)ordinaire - Ou lorsque notre normalité dépasse leurs frontières

Chapitre 1 : Des rires et des larmes

840 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/04/2020 12:58

Tout à dû commencer il y a plusieurs années.


Il aimait particulièrement se moquer des autres, les rabaisser. Il prenait une cible – au hasard ? – et s’en occupait pendant des heures, des jours puis, finalement, des années.

Au début, cela paraissait anodin. Il blague, pas vraiment drôle, limite méchante. On n’y prête pas particulièrement attention.


Puis une deuxième arrive. Toujours tournée dans le sens d’une blague, on laisse dire, on ne réagit pas.

Et ainsi de suite...


Les « blagues » s’enchainent, comme des petites échardes, bien envoyées.

On ne veut pas briser l’ambiance du moment alors on ne dit pas que cela nous a blessé.

Mais à la longue, les petites échardes s’infectent et commencent vraiment par déranger. On le fait remarquer mais l’interlocuteur ne semble pas le comprendre. Il se sent même énerver qu’on ne puisse pas comprendre que ce sont des « blagues ».

Et puis il semblerait que l’interlocuteur aime bien cette petite sensation d’humour blessant. Ayant trouvé sa cible, celle qui semblait la plus blessée par ces remarques, il enchainait sur elle, encore et encore. La petite écharde devant progressivement une forêt de piques en bois enfoncée profondément dans le cœur.

Bien sûr, cela n’est pas réciproque : notre propre « humour blessant » - un des seuls humours que l’on connaisse finalement – ne peut être employé sur lui.

Parce que, bien sûr, on ne parle pas comme cela à son père, voyons !


Alors notre propre humour blessant finit au placard. Parce que la vue du regard noir – limite féroce – qu’il nous a lançait nous a bien fait comprendre qu’on ne voulait pas le revoir de sitôt.

On ne pouvait donc ni se plaindre ni riposter. Il ne restait donc qu’il seule solution apparemment, se taire et subir.

Et c’est comme cela que ce petit manège durant des années.


Seulement la réflexion et ce raisonnement de petites enfants de primaire n’allaient pas rester immobiles et identiques une fois collégiennes, lycéennes, étudiantes et enfin jeunes actives.

Dommage, parce que notre interlocuteur a pris goût, lui, à ce petit manège.

C’est d’ailleurs devenu la seule manière de communiquer dans cette maison. A part, un petit détail qui a changé au fur et à mesure des années : la part « d’humour » avait disparu.

La méchanceté n’a pas réussi à rester indéfiniment derrière son masque d’humour. On avait donc juste droit à des remarques acerbes. Et ce regard noir devenait, lui aussi, progressivement sa place au fond des yeux de mon père quand il les posait sur nous.


Cette transition qui me parait si violente maintenant, est arrivée si progressivement, que l’on a rien vu – ou voulu voir ? – de ce changement.

On en arrive maintenant à un point où le dialogue n’existe plus entre nous. On le fuit parce qu’il n’aura que deux issues : inutile ou blessant.

Si d’ailleurs ce n’est pas les deux. C’est ce dont je me suis rendu compte ces derniers mois. Les rares fois où un VRAI dialogue a commencé – initiée le plus souvent par ma mère, la seule à faire le dialogue et les échanges d’information entre nos pères et nous.

Le dialogue se résumé en trois étapes : ma mère qui commence à vouloir mettre les choses à plat entre nous ; mon père qui balance tout ce qui l’a à dire, on répond pour donner un « début » de notre avis ; il gueule – de toute façon c’est lui qui aura raison. Ah oui, j’oublie une dernière étape : ma sœur qui fond en larmes.

Après cet évènement d’il y a environ 4-5 ans (?), d’autres « discussions » pour essayer de remettre un sentiment de famille et de paix dans la maison ont eu lieu. Le résultat était toujours le même : il a raison, on a tort. Et le seul moyen de finir cette foutue discussion c’est de dire « oui-oui » à la fin.


Parce que, de toute façon, c’est vrai que de faire du bruit le matin alors que notre cher père dort, de garer la voiture devant la maison, de rire le soir dans nos chambres, de jouer dans la piscine l’été, de laisser les volets fermés quand notre sœur dort dans la chambre à côté, sont les pires choses que peuvent faire des filles en la présence de leur père.

Et bien sûr, toutes ces choses sont faites volontairement pour le gêner au maximum ! Parce que le but ultime dans notre vie étant de faire chier notre père 24h/24 !

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