Sans la vue, le goût de vivre

Chapitre 4: Une autre façon de cuisiner

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Tyler avait passé une journée étrange, mais il s'en voulait un petit peu de certaines choses qu'il avait faites. Avec le recul, ses blagues vaseuses sur la couleur de sa voiture ou la vue depuis son appartement était on ne peut plus déplacées.

Quand avait débuté l'expérience, dès sa première chute il en avait déjà eu ras le bol. La deuxième avait eu un étrange effet, la jeune femme avait rit, un son magnifique à ses oreilles. Il se disait qu'elle était bien plus douée que lui même dans son propre appartement. Puis la casse des verres et sa propre panique. Il lui avait parlé si méchamment mais c'était parce qu'il avait eu peur qu'elle ne se blesse, cela avait été la même chose dans sa chambre. C'était à cet instant là qu'il avait compris une chose très importante : dès l'instant où quelque chose n'était pas classique, la jeune femme pouvait se blesser. Dès cet instant il avait choisi d'agir correctement et de faire attention.

Cela l'avait un peu vexé qu'elle ne lui laisse pas de seconde chance pour sa cuisine et qu'elle préfère manger chez elle. Elle ne pouvait le savoir mais dès l'instant où ils étaient arrivés dans le supermarché, il avait saisi son téléphone et confié les rênes du restaurant à Priya. Il avait confiance en elle et savait qu'il ne risquait pas de la mettre dans le jus. Cependant, il savait déjà qu'il allait subir des remontrances.

La débrouillardise de la jeune femme était impressionnante et sa façon de choisir ses produits également. Durant des années on lui avait inculqué la même chose jour après jour: toujours choisir les plus beaux produits et la jeune femme faisait la chose parfaitement inversée, elle se moquait que les herbes ne soient pas d'un vert absolu mais elles devaient être très aromatiques. Des années à sélectionner des produits de la même façon pour vivre l'inverse.

Et puis surtout vivre en faisant confiance à son entourage, ça c'était le plus compliqué, il n'avait confiance qu'en deux personnes au monde. La première était Priya, une véritable épaule sur laquelle s'appuyer, depuis leur rencontre en fait. La seconde personne c'était lui-même, et pourtant il faut reconnaître que ces derniers temps il n'en était plus trop digne en toute honnêteté.

Il se demandait cependant si sa dernière décision était bonne. Proposer à la jeune femme de lui toucher le visage, cela semblait l'avoir mise mal à l'aise, et lui qui pensait que cela lui aurait fait plaisir...

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- Bon par quoi commence-t-on? demanda Tyler en approchant de la cuisine.

- Pourriez vous clarifier deux œufs s'il vous plaît ? répondit Claire en arrachant son tablier.

- Pas de problème.

Avant de casser les deux œufs pour en séparer le jaune du blanc, habitué à avoir une hygiène irréprochable en cuisine, à l'inverse du reste, il se lava les mains. C'était aisé quand on était habitué et cela ne lui prenait pas beaucoup de temps.

- Voilà. Tu veux que je fasse quoi maintenant ?

Soudain il venait tilter, il s'était permis d'être familier, et se rattrapa du mieux qu'il pût.

- Pardon, excusez moi.

- Vous vous sentiriez plus à l'aise en tutoyant ? Si cela peut vous aider.

- L'habitude en cuisine, à part l'apprentie la plupart du temps on se tutoie.

- Faisons ça alors. Et puis nous allons être amenés à passer beaucoup de temps ensemble.

- Tant que je ne suis pas trop exaspérant.

- Voilà, fit elle en riant, tu as tout compris au concept.

C'était plus agréable pour Tyler d'entendre la jeune femme rire que lui hurler dessus. Au moins était elle de bonne humeur.

- Peux tu faire une duxelles?

- Champignons échalottes ?

- Bien... on voit que tu es chef.

- C'est-à-dire ?

- De la logique quand il s'agit de cuisiner.

- C'est peut-être la seule chose que je savais faire correctement.

Il pela alors les pieds de champignons, les hacha finement avant de s'attaquer aux échalottes en les pelant et les ciselant avant de les faire revenir dans du beurre. Il ajouta ensuite les champignons et attendit qu'ils rejettent toute leur eau avant d'assaisonner et d'ajouter le jus de citron. À chaque mouvement qu'il faisait, il regardait la jeune femme qui était assez impressionnante, confectionnant visiblement une pâte à brioche. Le fait étrange d'être aveugle lui faisait cuisiner en gardant la tête droite lui octroyant un port altier assez étonnant. Tandis qu'il la regardait, il ne put s'empêcher de se demander comment cette femme pouvait être célibataire. C'était inenvisageable pour lui. Déjà elle parlait bien, pas comme la plupart des nunuches qu'il mettait dans son lit, qui étaient assez superficielles d'ailleurs la plupart du temps. Ensuite elle semblait cultivée et d'ailleurs avait énormément de livres divers et variés. Et puis surtout elle était magnifique. Ses longs cheveux châtains lui tombant entre les deux épaules, un maintien très distingué. Et son corps était tout aussi magnifique, simplement vêtue de son jean et de son chandail rouge, il voyait parfaitement ses formes, celle de sa poitrine bien proportionnée et ses fesses rebondies et fermes. Elle était tout simplement un canon de beauté, elle serait mannequin que ce ne serait pas étonnant.

" Bordel de merde Tyler, concentre toi un peu. T'es pas là pour ça".

- Ça va Tyler? Je ne t'entends plus.

- J'essayais de cerner la recette.

" Est-ce qu'elle peut ressentir un regard posé sur elle? J'espère que non, sinon elle va me prendre pour le pervers du coin."

- Filet de bœuf en brioche, sauce périgourdine.

- Ha oui... vous connaissez la recette par cœur ? Enfin tu...

- Oui, dit elle en riant, je crois que la plupart des aveugles obtiennent une mémoire impressionnante à force de devoir tout retenir.

- Je comprends. Ça m'impressionne honnêtement.

- Merci. Est-ce que cela te générait de parer le filet de bœuf, j'ai toujours du mal à repérer tous les nerfs du bout des doigts.

- Aucun problème.

- Je fais détendre la pâte à crêpes.

Il ne faisait aucun doute pour Tyler qui avait cerné la recette de ce à quoi elle allait servir: après avoir posé la duxelles dessus, elle allait poser la viande et l'envelopper avant de l'enrober de pâte à brioche. C'était un peu comme un bœuf Wellington. Il s'occupa de dénerver la viande quand il la regarda se pencher dans le frigo pour trouver la pâte à crêpes. Le regard de Tyler dériva à nouveau vers les formes sublimes de la jeune femme. Ce qui devait arriver arriva : Tyler se coupa avec le couteau.

- Ouch...

- Que se passe-t-il ?

- Je me suis coupé.

- Je vais vous chercher un pansement.

Il la regarda se dépêcher de se rendre dans sa chambre, elle le faisait avec aisance et grâce. C'était impressionnant.

" Dire que je ne me suis plus jamais coupé depuis Golden Chief... Concentre toi Tyler. T'es pas en train de la draguer, cette fille est bien trop parfaite pour toi. Concentre toi."

Jamais il n'avait autant perdu ses moyens, il ne comprenait même pas pourquoi, mais elle avait un drôle d'effet sur lui et ce n'était pas que physique, elle avait quelque chose de particulier : à la fois forte et fragile.

- Voilà, je te laisse faire.

- Merci.

- Comme quoi les chefs se coupent en voyant pourtant ce qu'ils font.

- C'est plutôt rare pourtant.

Elle fit tout ce qu'elle avait à faire après avoir cuit sa viande en la saisissant parfaitement, c'était tellement phénoménal aux yeux de Tyler qu'il n'arrivait pas à croire ce qu'il se passait : il avait l'impression de prendre une leçon de cuisine, lui le chef étoilé. La plus grosse leçon vint quand elle confectionna la sauce périgourdine avec du jus de truffe, de la vrai truffe de qualité, du fois gras, du Madère. Après l'avoir faite durant la cuisson de la viande. Elle avait saisit une cuillère et l'avait tendu dans le vide.

- Je peux goûter ? fit Tyler intéressé.

- C'est pour ça que je tends cette cuillère.

- Bon bah je goûte alors.

Pour éviter d'en mettre partout, il avait attrapé la main de Claire, ce qui avait provoqué un petit sursaut. Cela le fit sourire.

- Désolé, j'aurai dû prévenir.

- Ce n'est rien, je n'ai pas vraiment l'habitude que quelqu'un que je connais à peine me touche.

- Je n'ai touché que la main pour l'instant.

" Non mais quel con putain... vite rattrape toi."

- Je... je... euh...

" Bien Tyler, t'as l'air attardé."

- Tant que cela ne reste que la main. Compris?

- Oui oui... je voulais pas être déplacé enfin plutôt dire quelque chose de déplacé.

- Tu vas bien? Je remarque beaucoup de stress dans ta voix.

- Oui je réfléchis en même temps à des recettes avec cette sauce qui est excellente alors je m'emmèle un peu les pinceaux.

- Ça doit être intéressant.

- Quoi donc?

- Cette façon de vivre.

- Je ne comprends pas, désolé.

- Je parle de cette façon d'imaginer des recettes ou d'y penser quand on goûte quelque chose.

- Oui c'est étrange.

Heureusement, ils purent s'asseoir en patientant le temps de la cuisson.

- J'ai une question, fit Tyler, mais j'ai peur qu'elle ne soit déplacée.

- Je me méfie d'un coup.

- Non je voulais savoir si tu avais toujours voulu faire du journalisme ou si tu avais d'autres rêves avant l'accident.

- Je voulais faire ton métier.

- C'est vrai ?

- Oui mais ce n'est plus possible, je peux cuisiner comme tu as pu le constater mais cela me prend plus de temps que la normale donc dans une cuisine, pressée par le temps... parmis d'autres choses.

- Je sais que c'est peut-être pas approprié mais quel genre de choses?

- Des choses que je faisais, Sybille est artiste peintre à ses heures mais je ne peux plus voir, découvrir de nouveaux sculpteurs ou acteurs, même un simple lever ou coucher de soleil est un souvenir. Des choses que j'aurai voulu faire aussi: conduire, découvrir le monde, fonder une famille, faire des sports extrêmes, ou même un simple jeu de fléchettes...

Tyler avait plus que tiqué sur les mots "fonder une famille". Était ce si impossible pour elle? Il avait dû mal à réaliser mais il resta tellement longuement silencieux qu'elle ne put que le "regarder" gênée.

- Navrée, je casse l'ambiance.

- Non, je... je n'avais pas réalisé que des choses aussi simple que cuisiner pouvait devenir compliqué. Et des choses comme un lever de soleil manquer...

- On ne rend compte des choses que l'on a que quand on les perd.

- Oui...

" J'ai envie de savoir sérieusement, je pose la question ? Je ne la pose pas ? Oh et puis..."

- Pourquoi fonder une famille ?

- Pardon?

- Tu as mis cela dans les choses que tu aurais voulu faire.

- Ha... oh... je.... hum.... c'est compliqué, fit elle alors complètement gênée.

- Je crois que je n'aurai pas dû demander.

- Non je comprends qu'on se le demande, mais je suis aveugle, je ne peux m'occuper pleinement d'un enfant.

- Je vois...

- Et puis faut-il encore trouver quelqu'un.

- Ce n'est pas impossible.

- Peut-être mais compliqué.

- J'ai dû mal à croire que personne ne tente sa chance.

- Ha bon? Pourquoi ?

- Je sais que c'est gênant, ne le prends pas mal mais tu es très jolie.

- Merci... Mais il faut pouvoir supporter de vivre avec une aveugle.

- Allons j'ai du mal à croire qu'il n'y ait personne.

- Je ne veux pas en parler. Merci d'éviter le sujet.

- Je me pose juste des questions.

- Et bien tu regardes sur internet merci.

- Ok, désolé, je voulais vraiment pas te mettre mal à l'aise.

- C'est raté.

Et le silence de mort tomba, il avait posé la question de trop mais il ne comprenait pas, il se jura de regarder sur internet comme demandé. Par chance l'alarme du four sonna et elle sortit le repas. La brioche était très belle, parfaitement dorée et quand elle coupa, la viande était parfaitement rouge à cœur. Elle servit une tranche à chacun et donna l'assiette.

- C'est peut-être pas assez bien présenté pour un chef étoilé mais...

- C'est parfait merci, fit Tyler un peu trop blasé.

S'être fait rembarrer l'avait vexé quelque peu et une insinuation sur ses prétentions serait mal venue. Il coupa alors un morceau avant de goûter. C'était simple mais parfaitement exécuté et très bon, juste en tout point. Il décida de tenter quelque chose : manger un autre morceau en fermant totalement les yeux et c'était encore plus parfait. Tyler venait de chuter de son piédestal. Cette femme savait cuisiner et y mettait le cœur qui devait manquer à sa propre cuisine.

- Ce n'est pas très bon?

- Si pourquoi ?

- Tu ne disais plus rien.

- Je profitais du plat.

- Et tu en penses quoi ?

- Que je comprends tes critiques.

- Je ne voulais pas être désobligeante avec cet article mais j'ai juste dit ce que je ressentais.

- Je sais, dit il un peu sèchement.

Nouveau silence, elle avait mal pris son ton sec. Il était en train de comprendre que sa cuisine n'était plus que l'ombre d'elle-même. Et cela le rendit des plus mutique. Peut-être avait-elle cru que c'était sa faute mais Claire choisit alors de changer totalement de sujet.

- Dis moi, comment est ta famille ?

- Ma famille ? Vaste sujet...

- C'est compliqué ?

- Oh oui, alors j'ai un père qui m'a quasiment renié lorsque j'ai choisi la cuisine comme carrière.

- Ha... je...

- Sois pas gênée, j'ai aucun mal à en parler, donc Monsieur le grand promoteur immobilier a été si vexé que son fils ne suive pas ses traces qu'il a licencié les membres du personnel qui ont donné cette passion à son fils.

- Particulier.

- Comme tu dis, ensuite ma mère n'a jamais osé lui tenir tête même si elle a proposé qu'il me laisse tenter la cuisine et qu'après je reprenne la boite familiale.

- Raté.

- C'est clair et puis il y a Nora ma sœur. Alors je sais pas trop mais elle est la plus à plaindre. Elle bosse comme un chien dans cette boîte à la con et ce putain de connard a aucune reconnaissance envers elle. Désolé je deviens vulgaire.

- Je me suis lancée sur le mauvais sujet.

- Pas vraiment. Mais je suis surtout dégoûté pour elle, elle mérite mieux. C'est la seule avec qui je suis en contact.

- C'est assez dommage.

- Sachant que les contacts se résument à "Tyler, tu fais n'importe quoi." et "Tyler essaye de te trouver quelqu'un et pas une de tes poufs". Et d'autres choses du même acabit.

- Elle s'inquiète.

- Oui sans doute. Et toi au niveau familial ?

- Parfaitement bien, mes parents et moi discutons tous les jours sur Messenger, ma sœur je l'ai par Skype une à deux fois par semaine. Ce qui me permet d'entendre Joshua. C'est son fils.

- C'est pas mal.

Les conversations continuèrent sur les sujets plus simples comme les gouts pour la lecture ( Mary Higgins Clark et Danielle Steele pour elle et Stephen King et George RR Martin pour lui) que musicaux, les deux ayant des goûts éclectiques. Ce qui fit que le temps passa. Et que Tyler allait bien devoir rentrer chez lui, mais pas sans avoir fait la vaisselle avec Claire. Elle le reconduisit sur le pas de la porte.

- J'ai été très contente de cette journée, tu poses peut-être trop de questions mais tu as l'air motivé.

- Tu es assez patiente pour me supporter.

- Je te laisse partir ?

- Oui je vois par où passer, fit il comprenant son erreur.

- D'accord... Bonne soirée, fit elle en refermant la porte

- Bonne soirée...

" Putain de merde, comment c'est possible d'être aussi con?"

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Le lendemain matin, alors qu'une sortie était prévue entre lui et Priya, Tyler était déjà au téléphone lorsque l'on sonna à la porte. Il alla ouvrir en finissant sa conversation lorsqu'il ouvrit.

- Oui, voilà, merci... bonne journée, fit-il en raccrochant. Salut Priya.

- Salut Ty. T'as l'air en forme.

- Ça peut aller. Café ?

- Oui en vitesse.

Tyler se dirigea dans sa cuisine pour préparer du café à son second.

- Dis moi, pourquoi tu m'as laissé gérer le restaurant hier?

- Ho ça c'est parce que j'étais pris avec l'expérience.

- Le truc pour t'initier au monde des non-voyants ?

- Ouais.

- Et? Ça t'as pris autant de temps.

- C'était pas mal comme expérience.

- Je vois surtout que t'as l'air en forme.

- Merci. Bon j'avoue ça c'est prolongé. Mais c'était sympa.

- Ho putain, Ty me dis pas que t'as osé.

- Osé quoi?

- Tu as couché avec elle ?

- Non! T'es dingue. On a juste cuisiné.

- Cuisiné ? Sérieux ?

- Oui. Tu savais que les aveugles cuisinaient la tête droite? Ça fait bizarre.

- Ha... non j'ignorais.

- Et elle sait cuisiner, je t'assure.

- Ha bon?

- C'était tellement juste comme travail, accord des goûts et tout.

- Je vois que ça te motive.

- Ouais. C'était impressionnant.

- Bon au moins tu continueras.

- Ouais, franchement je pensais pas mais Claire est surprenante.

- Claire? Tu l'appelles par son prénom ?

- Bah quoi? En même temps vu que je vais devoir m'y remettre. C'est plus simple.

- Ok bon, bah on y va ?

- Ok Let's Go.

Les deux cuisiniers rejoignirent alors la voiture de Tyler, ils devaient se rendre au Marché de Gansevoort, ce marché alimentaire a une longue histoire à Manhattan, remontant à 1884. La dernière itération, ouverte dans 2014, crée un lieu moderne pour manger et se détendre avec un design qui rend hommage à ses racines dans le 19.th Century Meatpacking District. Les fournisseurs présents disposent d'énormes choix et comme le comportement de Tyler avait nuit pas mal au commerce, ils devaient en trouver d'autres. Mais Priya était assez surprise de la conversation de Tyler, il ne parlait que de la veille.

- Je t'assure je me suis cassé la gueule deux fois en même pas dix minutes.

- Je vois, t'es pas doué mais en même temps t'es ivre chez toi en général.

- Ouais ça m'a pas aidé.

- Ça te fera peut-être arrêter de boire.

- N'empêche c'est un peu triste.

- Quoi donc?

- Claire voulait à l'origine faire le même métier que nous.

- Dommage.

- Mais elle reste douée.

Priya regarda tout le trajet Tyler d'un air amusé. Jusqu'à ce qu'ils arrivent au marché.

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Ils arpentaient les traverses se cherchant de nouveaux fournisseurs mais Tyler regardait souvent son téléphone, ce qui agaçait assez fortement sa collègue soit dit en passant. Ils étaient sur les stands d'herbes aromatiques et Priya vit Tyler s'arrêter sur celui d'un petit producteur qui ne payait pas de mine.

- Ses produits ne sont pas très beaux, murmura Priya.

- Oui mais il y a un truc.

Priya regarda bêtement son chef qui saisissait des pots d'herbes aromatiques et les sentait les yeux fermés.

- Qu'est-ce que tu fous?

- Fais de même.

Priya s'exécuta alors et fut elle-même surprise.

- Ha oui...

- C'est un truc qu'elle m'a montré, on a l'habitude de choisir le plus beaux mais on peut passer à côté de la puissance aromatique.

Tyler, sans demander son avis à Priya choisit de passer commande au petit producteur qui s'avéra en fait des plus surpris. Et Tyler continua ainsi sur différents stands délaissant les fournisseurs les plus primés en général. Tyler se dépêcha alors de décrocher son téléphone lorsqu'il l'entendit sonner.

- Allô ?

- Euh... Tyler? fit la voix de Claire à l'autre bout du fil.

- Oui?

- Je voulais te remercier pour les fleurs. Et les excuses sont acceptées.

Tyler avait fait cela dès le matin, il avait cherché sur internet quelle fleurs avaient des odeurs douces et marquées pour être senties par des aveugles et il avait trouvé des informations sur les jacinthes. Il avait alors fait joindre une carte où il avait fait inscrire: "Je me suis rendu compte que je ne m'étais pas excusé réellement pour mon comportement de l'autre jour et que je devais m'excuser pour mon humour d'hier. Voici mon numéro pour mieux me joindre...".

- Elles sentes suffisamment bon?

- Oui, merci.

- Encore désolé, je vais apprendre à arrêter de faire des blagues stupides.

- Ce serait bien, fit Claire dont l'amusement se faisait sentir au téléphone.

- D'ailleurs, quand continue-t-on?

- Fin de semaine, si ça t'arrange bien sûr.

- Pas de problème, Priya prendra encore les rênes du restaurant.

- C'est ce à quoi j'ai pensé après ton départ. J'espère que je n'ai pas posé de problème.

- Aucun, fit celui-ci en voyant la tête surprise de Priya.

Elle le regardait d'ailleurs assez amusée.

- Et encore merci pour le repas, franchement j'ai été surpris. Mais là j'utilise ce que tu m'as dit hier.

- Ce que j'ai dit?

- Oui, ne pas forcément sélectionner à l'apparence. On est au Marché de Gansevoort pour trouver des produits.

- Ho zut je te dérange.

- Non. Pas du tout.

- Je vais bientôt finir de rédiger l'article sur les premiers essais. Promis je ne serai pas méchante.

- Ce ne serait pas gênant, je n'étais pas le meilleur élève.

- Je n'ai pas de point de comparaison. Je vais raccrocher, je dois travailler.

- Bonne journée.

- Merci à toi aussi.

Tyler raccrocha alors son téléphone, ignorant qu'il avait un sourire aux lèvres. Il vit alors Priya qui, les bras croisés, le regardait amusée.

- Quoi?

- Tyler... tu as l'air si joyeux de l'avoir eu au téléphone.

- Hein?

- C'est si mignon.

- Mais de quoi tu parles ?

- J'aurai pas cru voir ça un jour.

Désireuse de faire durer son amusement, elle ne précisa pas quoi et continua de chercher des fournisseurs. Mais Tyler voulait savoir de quoi elle parlait.

- Priya, de quoi tu parles.

- Tu es motivé, souriant et, fit elle en le sentant, sobre.

- Oui... c'est un crime?

- Non mais je comprends mieux.

- Tu comprends quoi à la fin?

- On dirait un adolescent prépubaire.

- Mais je... hein?

- Tyler Warrington a craqué.

- Craqué ?

- Une question ? As-tu des idées de recettes dans la tête ?

- Oui plus ou moins, je pensais retravailler sa recette d'hier mais...

- Je le savais.

- Tu savais quoi?

- Je te le dis devant un café. Allez hop...

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Tyler s'attendait à tout sauf à ce que s'apprêtait à lui dire Priya. Autour de ce café qui leur faisait du bien, celle-ci allait mettre ses pieds dans le plat.

- Alors Ty...

- Qu'est que j'ai fait ?

- T'es sérieux ? Tu t'en rends pas compte ?

- De quoi?

- Cette aveugle.

- Elle s'appelle Claire, fit il un peu sèchement.

- Je sais comment elle s'appelle mais ta réaction a confirmé.

- Confirmé quoi?

- C'est pas possible d'être aussi con...

- Hein?

- Tyler, tu as craqué sur elle.

- Hein?

- Deux... Ça se voit, tu parles d'elle depuis tout à l'heure, quand tu l'as eue au téléphone t'étais souriant. Tyler Warrington est amoureux.

- Je... euh... je...

Tyler n'avait pas vu les choses comme ça. Il faut dire que sa relation aux femmes n'avait jamais été très saine même depuis son adolescence, il aimait s'amuser. Et moins ça durait dans le temps, mieux c'était. Il était nocif pour les femmes, il les faisait souffrir et maintenant que la notoriété faisait partie de sa vie c'était encore pire. Il batifolait à gauche et à droite dans des relations purement sexuelles et sans aucun lendemain. Il lui était même arrivé d'avoir deux partenaires différentes dans la même soirée.

Mais ce que venait de dire Priya était en train de résonner dans sa tête. Il n'était pas idiot, il s'était bien rendu compte que la veille, elle lui avait tapé dans l'œil mais il pensait encore une fois que c'était juste physique. Mais Priya avait raison, depuis ce matin il ne parlait que de Claire et de ce qu'elle lui avait appris.

- Tu? Tu bafouilles maintenant ? fit Priya amusée.

- Elle est tellement surprenante.

- Surprenante ? Alors ça...

- Quoi?

- Tu sais comment tu parles des femmes en général ? Canon, sexy voir bandante.

- Ha bon?

- Et là tu dis surprenante.

- Elle l'est. Tu la verrais, elle est intelligente, cultivée franchement débrouillarde et avec de l'humour. Et sublime.

- Tyler...

- Attends une seconde.

Tyler sortit son téléphone, étant donné qu'elle avait dit discuter sur Messenger avec ses parents, elle devait obligatoirement être sur Facebook. Il tapa donc Claire Montal dans la barre de recherche et tomba sur le profil. Il afficha alors la photo pour la montrer à Priya.

- Tiens regarde...

- Tyler!

- Quoi?

- Écoute, je suis surprise de te voir comme ça, ça ne m'est jamais arrivé. Mais mets un terme à l'expérience.

- Quoi? Pourquoi ?

- Je te connais, tu vas tout faire pour lui plaire. Même en rajouter à mort. Tu vas faire deux énormes erreurs.

- Lesquelles ? Vas y je t'écoute.

- La première, vu que tu te forceras pour lui plaire, tu gâcheras l'expérience en elle-même, alors qu'ils veulent prouver son intérêt. Pour récolter des fonds. La seconde, tu vas lui faire du mal.

- Quoi?

- Tyler, tu considères depuis toujours les femmes comme un produit de consommation. Là tu craques peut-être complément mais quand tu auras eu ce que tu veux d'elle, tu vas te lasser.

- Tu me prends pour qui?

- Ty, putain, t'es incapable de te souvenir du prénom d'une fille avec qui tu couches. Elle a pas besoin d'un mec comme toi. Sa vie doit être assez compliquée à gérer. Elle a franchement pas besoin de la compliquer avec une relation toxique.

- Toxique?

- Ty, tu es comme un frère mais t'es un gros connard quand il s'agit de femmes. Et pas qu'un peu.

- Hey, je peux être un mec bien.

- Pour l'avoir oui, mais après ? Tu sais seulement à quel point c'est compliqué pour eux? Ils n'ont déjà pas trop confiance en eux dans une relation.

- D'où tu sais ça ?

- Je regarde des documentaires, c'est passé il y a un mois. C'est compliqué pour toutes les personnes atteintes d'handicap. Et pour les aveugles, ils ne peuvent savoir si la personne en face d'eux les regarde amoureusement ou a juste envie d'un plan cul.

- Je vais chercher ce documentaire.

- Tyler, écoute moi... ne fais rien.

- Ok.

- Promets moi de ne pas être insistant étant donné que visiblement tu vas continuer l'expérience.

- Je te le promets.

Tyler se promit surtout à lui-même d'attendre avant de tenter quoique ce soit, il devait savoir si sa personnalité plaisait à Claire et sans forcer le trait, ce serait lui mentir. Mais elle lui plaisait et cela n'était clairement pas que physique, sa personnalité lui plaisait même si il n'en avait eu qu'un aperçu.

Ils continuèrent donc leur recherche de fournisseurs mais Tyler était un peu ailleurs, il pensait à Claire et à un détail important. Il n'avait jamais réellement eu à séduire quelqu'un, il usait simplement de son physique, et c'était largement suffisant en d'autres temps. Mais avec Claire, la chose qui plaisait le plus aux femmes chez lui n'avait aucune valeur. Il allait devoir être patient pour savoir si il lui plaisait. Et il allait devoir se renseigner. Mais il allait devoir se rendre au restaurant pour travailler, certaines idées trottaient dans sa tête.

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Le service avait été un des plus efficaces depuis longtemps, le chef Warrington étant totalement sobre et ses explications étaient fluides, totalement naturelles. Et par dessus le marché il était totalement calme. À la fin du service, après le débriefing habituel, tout le monde était parti se changer dans les vestiaires.

En réalité, il y avait une personne qui n'avait pas quitté la cuisine et s'y affairait seul, du AC/DC hurlant dans la cuisine.

- Ty? Qu'est-ce que tu fais ? fit Priya s'apprêtant à rentrer se reposer chez elle.

- Hein? Je cuisine un peu.

Dans les faits, depuis la veille au soir, il avait sans cesse retravaillé la recette que lui avait présentée Claire. Il utiliserait du paleron de bœuf tranché finement, qu'il roulerait en tube, tube au centre duquel se trouverait du foie gras de canard. La duxelles de champignons de Paris était remplacée par une croute à base de chanterelles en tube, de petits champignons à plis lamelliformes, jaunes ou gris argenté, au chapeau convexe, rapidement déprimé, puis en entonnoir, souvent percé, brun grisâtre à fauve grisâtre, et au pied sans anneau. C'était un peu plus goûtu, et plus son style. La crêpe serait confectionnée à base de Sarrasin et il ne toucherait ni à la brioche ni à la sauce qu'il avait adoré même si il y a ajouterait une légère pointe de Curry et peut-être en gelée légère qui fonderait sous la brioche à son ouverture. Sa disposition dans son assiette serait simpliste, trois lamelles reposant sur des disques de gelée, il envisageait des pommes Pont-Neuf en accompagnement. Il observa son assiette, pas encore totalement satisfait, il ne savait pas ce qu'il pouvait bien y manquer.

- Pas mal Tyler, mais est-ce aussi bon?

- Je sais pas j'ose pas goûter.

- En tout cas le visuel va droit au but. Pas de chichi.

- C'est plus simple, pas de complexité improbable.

Il avait suivi les conseils de Claire, qu'elle ne lui avait cependant pas adressés directement, mais il les avait retenus. Et surtout mis en application.

- Très bon... Franchement, les chanterelles en croûte c'est pas mal, viande tendre, croustillant des champignons et ensuite le côté nuageux de la brioche. Je sais pas où tu as eu l'idée.

- C'est pas de moi.

- Ha bon? De qui? Ho...

- Oui, c'est ce qu'elle a préparé, bon pas en gastronomique mais... en bref.

- Je vois. D'où la simplicité je dirai.

- Voilà, je me dis qu'il faut revenir à des classiques : encornet, cou de canard. Oublier le style un peu psychédélique comme pour mes sphères de parmentier.

- Tyler... Bon retour.

- Quoi?

- Je pensais pas qu'elle te redonnerait de l'inspiration en une journée. Mais bon sang, je suis surprise.

- Dans le bon sens, j'espère.

- Oui.

- Pour l'instant ça ne fuse pas encore, mais je pense que cela ne saurait tarder.

Tyler était étonné de sa propre cuisine, simplifiée, épurée mais toujours technique et précise. Il faut bien reconnaître que cuisiner en étant sobre est bien plus productif.

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La semaine qui allait suivre allait devenir une des plus productive de Tyler depuis un sacré moment. Et depuis très longtemps surtout, le troisième jour, le carnet noir immaculé dans la cuisine du loft de l'Upper East Side, commença à voir apparaître des lignes et des gribouillis. Tyler essayait de trouver des recettes typiques qu'il pouvait revisiter en version internationale. Ainsi y apparût principalement deux recettes. La première, Sabodet, saucisson de tête de porc, à la vigneronne où le bouillon était remplacé par un bouillon très asiatique; et la deuxième était le sauté de jeune cabri aux légumes africains. Il était tenté de revisiter un des plus grands classiques de la cuisine française, le chou farci, mais il manquait d'imagination sur ce coup là.

Ce fut Priya la plus choquée, celles-ci n'arrivait pas à comprendre comment une simple rencontre provoquait autant d'effet chez Tyler. C'était bon pour sa cuisine mais elle s'inquiétait davantage du futur comportement de Tyler avec Claire.

D'ailleurs, en parlant de Claire, plus le jour de la deuxième partie de l'expérience approchait, plus le jeune cuisinier récupérant son talent devenait nerveux. Il avait peur de mal se comporter avec la jeune femme. Alors Tyler fit quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis des années : étudier. Cela était un bien grand mot, il allait surtout chercher des informations sur les relations de couple des personnes aveugles. Et s'y intéresser très sérieusement. C'est ainsi qu'il découvrit pas mal de chose comme le fait que les femmes handicapées visuelles ont des jugements négatifs sur elle-même car elles subissent le regard des autres et manque de ce fait d’objectivités personnelles. De même, elles ne perçoivent pas non plus certains regards qui sont courant dans un mode de séduction dit "classique".

Il découvrit aussi que la plupart des femmes aveugles vivent dans la peur perpétuelle de l'agression sexuelle ou de l'acte exhibitionniste. Ce qui implique beaucoup de méfiance de leur part vis-à-vis des personnes de l'autre sexe. De plus d'autres ne s'y autorisent tout simplement pas, car il est déjà compliqué d'en parler en soi mais pour elles, ce serait briser un tabou.

Tyler décida de s'intéresser aussi au déroulement de vie de couple pour un couple mixte découvrant ainsi qu'il était difficile pour le voyant de trouver la limite entre une aide discrète et l’assistanat qui humilierait le non-voyant. En effet, il est évident que celui-ci voudrait rendre le maximum de service contre la volonté de la personne aveugle.

Tyler en était arrivé à se demander si Priya n'avait pas raison, il serait une source de problèmes pour elle et elle ne se sentirait donc jamais à l'aise.

Il se surprit après ses recherches à arpenter le Facebook de la jeune femme, et ses goûts. Cela le gênait un peu de faire ça comme si il l'espionnait et choisit de faire une demande d'ajout en ami. Tant pis pour les conséquences.

Il regarda les photos dont certaines remontaient largement à avant son accident et il se rendit compte que la tristesse se voyait même sur ses traits.

[[ Claire : Bonsoir ]]

[[ Tyler : Bonsoir, je ne savais pas si tu accepterais ]]

[[ Claire : Pourquoi ? ]]

[[ Tyler : J'avais peur d'être trop envahissant ]]

[[ Claire : C'est pas gênant ]]

[[ Tyler : Tu vas bien? ]]

[[ Claire : Fatiguée, beaucoup de boulot ]]

[[ Tyler : Tu as testé d'autres restaurant ? ]]

[[ Claire : Non des expositions. ]]

[[ Tyler : C'est cool ]]

[[ Claire : Tu as lu l'article ? ]]

[[ Tyler : Non je me suis dit que j'étais tellement nul ]]

[[ Claire : Non ça allait, je t'ai pas trop mis en boîte ]]

[[ Tyler : Tant mieux ]]

[[ Claire : Et toi ta semaine ? ]]

[[ Tyler : Sympa, des nouvelles recettes. ]]

[[ Claire : Du genre? ]]

[[ Tyler : La tienne ]]

[[ Claire : ???? ]]

[[ Tyler : Celle que tu as faites mais retravaillée en gastronomique ]]

[[ Claire : C'est intéressant ]]

[[ Tyler : Ça te gêne pas? ]]

[[ Claire : Pourquoi je serais gênée ?]]

[[ Tyler : J'espère que tu ne penses pas que je me moque de toi ]]

[[ Claire : C'est plutôt l'inverse ]]

[[ Tyler : ??? ]]

[[ Claire : J'inspire un chef LOL. Bon c'est une recette d'un livre. ]]

[[ Tyler : Oui mais parfaitement exécutée ]]

[[ Claire : Merci c'est gentil ]]

[[ Tyler : C'est juste sincère ]]

[[ Claire : Tu faisais quoi? ]]

[[ Tyler : Un peu de recherche ]]

[[ Claire : Ok, prêt pour demain? ]]

[[ Tyler : Impatient, ça risque d'être intéressant ]]

[[ Claire : Te motive pas trop ]]

[[ Tyler : Pour? ]]

[[ Claire : Ce sera dans des lieux publics ]]

[[ Tyler : Tu seras là pour veiller sur moi, j'ai confiance ]]

[[ Claire : Une confiance aveugle? ]]

[[ Tyler : Je n'allais pas faire cette vanne ]]

[[ Claire : Mais moi oui, je le dis souvent]]

[[ Tyler : D'accord. Alors bonne soirée ]]

[[ Claire : À toi aussi ]]

[[ Tyler : À demain ]]

[[ Claire : Promis je ne t'oublie pas ]]

Tyler mourrait alors d'envie de lui dire qu'il était plutôt impatient de la revoir elle. Et lui dire qu'elle le rendait dingue et qu'elle était la seule raison de son inspiration. Tyler posa son portable sur sa table de nuit, s'allongeant sur son lit.

- Bon sang, j'arrête vraiment pas de penser à elle. Elle m'a totalement retourné.

Même en fermant les yeux, il la voyait, il ne pouvait oublier le contact de ses mains sur son visage, le parfum de sa peau. C'était officiel, Tyler Warrington était mordu et complètement perdu surtout ignorant comment se comporter avec une jeune femme aussi parfaite et tellement trop bien pour lui...

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