Schisma : Tourment [Webtoon Concours 2022]

Chapitre 3 : Hallucination - Part II [Interlude]

Ce chapitre est en prélecture...

1606 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/03/2022 19:14

Ce chapitre est en prélecture...

Dans ces rues étroites, une personne portant un ciré imperméable, marchait à vive allure. Aussi bien la pluie, que ces d’être humains aussi insipides, elle maudissait tout sur son passage. Elle s’arrêta à l’angle de la rue, remettant en place les quelques mèches de cheveux polaire sous sa capuche, lisant par la même occasion le nom des panneaux - or avec ce déluge, impossible de décrypter quoi que ce soit. S‘assurant que personne ne regardait dans sa direction, elle en profita pour fermer ses yeux bleus un instant. Les paupières de nouveaux ouvertes, l’éclat de ses pupilles brillait, lui permettant enfin de repérer le point de rendez-vous. Elle désactiva instantanément sa vision éthérée et se dirigea aussitôt vers la devanture verte qui avait pour inscription « Stormcoffee ».

À l’intérieur, l’individu retira sa capuche dévoilant une longue chevelure blonde polaire, sublimement ondulé - se remettant subitement en place pour parfaire son visage angélique. Du haut de son mètre soixante-quatorze, s’avançant encore de quelques pas, se faisant percuter par un type lambda au cheveux coloré, portant des lunettes sur son nez épaté. Le visage du jeune homme se raidit un instant, tantôt réfractaire, tantôt suspicieux, amortissant la situation et finit par s’excuser - et vice-versa.

Or, contrairement à elle, le gars ne s’attarda pas et s’évapora aussi vite qu’il était apparu dans son champ de vision, laissant une odeur particulière pour la femme, légèrement troublée par celle-ci.

Revenant à ses moutons, la grande blonde balaya du regard la salle et grommela, ne voyant toujours pas son acolyte.

Peu habituée à fréquenter ce genre d’endroit, enfin… N’ayant plus les mêmes coutumes qu’auparavant, elle se massa la tempe, se remémorant de la démarche à suivre dans ce genre d’endroit. Elle balada de nouveau son regard dans la salle, observant attentivement des gens patienter dans un serre-file et se plaça directement derrière eux. Ô, que cela ne lui avait absolument pas manqué… Profitant de cette file d’attente, interminable à ses yeux, elle consulta la carte des menus accrochée au mur derrière le comptoir. « Mon dieu » souffla-t-elle dépitée. Ces bipèdes, dépourvus de personnalité, étaient prêt à boire un café à un prix exorbitant… Elle grogna. Elle aussi allait devoir dépenser une certaine somme juste pour cet entretien. Elle bougonna de nouveau, repensant que son collègue n'était toujours pas là. Consultant sa montre, elle réalisa avec amertume qu’elle était arrivée un poil en avance.

La queue se réduisait petit à petit. Le temps qu’elle arrive jusqu’au barista, elle observa le petit groupe d’individus devant elle. Des parents - espérant avoir un instant de répit - avaient emmené leur marmot surexcité… Avant-eux, des pimbêches gloussaient, toujours indécises sur le choix des desserts, cherchant la plus jolie part de pâtisserie à pouvoir partager sur les réseaux sociaux. Jetant un coup d'œil sur sa droite, où le reste de la clientèle déjà servi, buvait leur café - seule ou accompagné. Malheureusement, son regard glacial se posa sur la table fond, où un tas d’immondices - transpirant la testostérone - se marrait comme des idiots. 

Vint son tour. Pas besoin de tergiverser, un ristretto l’aiderait à supporter cette affreuse journée, espérant que son confrère arrive à temps…

— Le prénom ? Quémanda l'employé du café.

— Agathe, répondit-elle.


Installée depuis quelques minutes, seulement, Agathe ne laissait guère de temps aux aiguilles de bouger d’un iota, consultant constamment sa montre. Au même instant, où elle leva les yeux vers la porte automatique, être humain entra - la forçant à ronchonner. Combien de temps allait-elle encore attendre ici ?

Quelques secondes, plus tard, un nouveau visiteur fit son apparition - et pas n'importe lequel. « Le pompon ! » Pesta-t-elle en silence. « Depuis quand envoyait-on la bleusaille pour ce genre d’affaire ? »

Elle décortiqua son collègue. Cet idiot à la tignasse d’un vert pâle - et habituellement bouclée - était trempé de la tête au pied, accentuant son air androgyne. Ce même idiot s’évertuait à s’essuyer le visage avec ses manches imbibé d’eau… Le doux visage de la femme se rembrunit quand le bambin se rapprocha d’elle, réussissant à percevoir les couinements de ses chaussures à chaque fois que l’une d'elle atterrissait sur le carrelage. 

— Pourquoi toi ? Râla-t-elle.

— Agathe, salua le jeune homme - se grattant la joue et évitant de croiser le regard de sa collègue.

— Où est Krys ?

— Krys à un empêchement, murmura-t-il.

— Qu’il y a-t-il de plus important à faire pour qu’il m’envoie un sous-fifre ?

— Je ne sais pas… répondit-il - un air désolé.

Agathe souffla - ne dissimulant pas sa frustration. D’un simple geste, elle ordonna à la bleusaille de s’assoir, le temps qu’elle passe commande.

Dans la file d’attente, elle dégaina aussitôt son smartphone pour aller sur l’application de messagerie et incendier son acolyte. Chose faite, elle leva le nez pour faire face à l’individu arrivé précédemment. Plus grand qu’elle, elle se mit sur la pointe des pieds pour voir par-dessus son épaule. Personne… Agathe se racla la gorge, mais l’humain ne semblait pas l’avoir entendu. Les empotés dans son genre avaient le don de la faire sortir de ses gonds, mais elle se contenta d’émettre à nouveau son - bien plus prononcé, tapotant de son index, l’épaule de ce dernier.

— Excusez-moi, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

L’idiot. Le visage tantôt réfractaire, devint aussitôt confus - réalisant probablement qu’il s'était perdu dans le fil de ses pensées. « Comment peut-on être aussi indécis pour un simple café ? » marmonna-t-elle tout bas, mais assez fort pour qu'il entende.


Agathe revint avec deux gobelets.

— Je t'ai pris un chai latte, Jacquie, dit-elle sèchement.

— C’est Jade, répondit-il faiblement.

Elle tendit le récipient en plastique à son collègue, qui hocha la tête en guise de remerciement. Il avait déjà sorti sa tablette, muni d’un stylet, prêt à prendre des notes.

Assise, les coudes sur la table, Agathe entrelaça les doigts de ses mains pour poser son menton, examinant dans les moindre détails le visage de son collègue. Il n'avait pas changé en cinq ans. D’apparence juvénile, Jade avait atteint la majorité depuis belle lurette. Ses yeux de biche légèrement maquillés et des lèvres charnues, lui conféraient un air féminin des plus charmants. Ajouter à ça, son côté naïf, il ne pouvait attirer que la sympathie. C’était la première fois que l'un des membres de l’organisation n'avait pas été autant impacté par la transformation…

Le « gamin » fuyait son regard scrutateur, se concentrant au mieux sur sa tâche - même s’il aurait préféré qu'un autre de ses collègues s’occupe de cette affaire. Une fois le dossier ouvert, il résuma la situation :

— Même si le procédé diffère, le choix des victimes est minutieusement bien choisi. Toutes ont au moins consulter une fois un psy et se sont vu délivrer une ordonnance avec pour seul médicament : de le Tilliazépines. Ce médicament loue les vertus du tilleul, mais occulte d’utiliser sans modération la molécule qu’on retrouve aisément dans tous les somnifères. Béryl à mis Ambre et Rubis sur le coup, il soupçonne qu’ils aient glissé un troisième « ingrédient », souligna Jade - avec ses doigts.

— Hmm, j’espère pour toi qu’il y a un rapport avec ma mission.

— Justement. On émet aucun doute que le Nouveau Chef Suprême soit dans le coup, mais on soupçonne également que les autres parties dont l’Alliance prépare quelque chose de leur côté et qu’une partie d’entre elle agit indépendamment de leurs chefs et justement profites de ces failles pour gagner en puissance avant une nouvelle débâcle.

— Je vois, murmura Agathe - la main devant la bouche, visiblement préoccupée. Krys a envoyé d’autres de nos confrères et consœurs ?

— Oui. Pendant qu’Ambre et Rubis travaillent dans l’ombre, Céleste et moi sommes envoyés sur le terrain, d’où ma présence. 

— Et où est Céleste ? S’enquit la dame.

— Pour gagner du temps, il mène son enquête et reçoit les informations que je ne note au compte goutte, répondit le garçon en levant la tablette.

— Toujours égal à lui-même. Enfin… Pour ma part, repris Agathe, j’ai déjà supprimé la moitié des lieux, que j’ai pu visiter où il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Des anciens à la retraite pour la plupart. Mais je dois admettre que je suis dans une impasse. Cette ville grouille encore de plusieurs énergies toutes aussi instables les unes que les autres. Impossible de trouver le portail.

Si Jade souhaitait répondre, il se ravisa après avoir entendu par le son d’une notification. Vérifiant son écran, il observa Agathe inquiet et lui annonça :

— Céleste vient d’apercevoir Abigaël à l’instant.

— Abigaël ?

— Oui, cette Abigaël.


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