Kinzoku no Ryōshu : Les Seigneurs du Metal

Chapitre 1 : Un monde sans normalité

6887 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/10/2021 01:31

Ce rêve, ou du moins en était-ce vraiment un? Elle ne cessait de le vivre, encore et encore… Bien que se sentant aussi légère qu'une plume, elle pouvait toujours ressentir la froideur du vent sur son visage et dans ses cheveux, l'odeur de la nature sauvage, le toucher du sol sous ses pieds nus. La notion du temps lui paraissait presque inconnue, une seconde lui semblant aussi longue qu'une existence toute entière sur terre… Et elle continuait de les voir… Ces montagnes d'un gris métallique, écharpées, s'étalant à la manière d'une rangée de dents acérées géantes à l'horizon… Les collines d'herbes hautes sauvages tanguant lentement au gré de la brise venant du nord… Le ciel nocturne dans lequel se mélangeait des aurores boréales dans un ballet de bleu et de vert et dansantes tel des rivières de lumière dans l'immensité des cieux.

Et c'est après ce sentiment de pleine quiétude, à cet instant précis, qu'elle le voyait… Les collines se faisaient moins accueillantes, l'herbe sauvage laissant place à de la roche brune, nue et froide, vierge de la moindre présence végétale… D'étranges petites structures se faisaient voir tout autour d'elle, encastrées à même le sol… Des formes de pierre sculptée rappelant les silhouettes minces et allongées de guitares électriques pointées vers le ciel, certaines rongées par les intempéries et le temps et dont les surfaces poussiéreuses portaient des noms étranges et inconnues, presque comme les gravures de pierres tombales. Un champ de guitares de pierre s'étendant à perte de vue, au milieu duquel serpentait en permanence un tapis de brume… Et au milieu de ce champ de guitares dormantes telles des sépultures anciennes, se dressait là un arbre titanesque, à l'écorce blanche et érodée elle aussi par le temps qui passe, et arborant ses milliers de feuilles rouges sang frémissant dans le vent… Sa taille était impossible à définir, les plus hautes de ses cimes donnant l'illusion de disparaître dans les nuages...

Mais alors qu'elle s'apprêtait à le toucher de sa main sans pouvoir s'en empêcher, le temps se mit à changer à son tour de manière radicale, et ce en quelques secondes… L'air devenait viciée, se chargeant d'une odeur pestilentielle de charogne et de souffre. La brume avant légère devenait épaisse, opaque et noire et venait l'encerclée comme une meute de prédateurs fantomatiques encerclant leur proie. Les aurores boréales, si belles, s'évanouissaient dans le néant, avalées par le ciel se teintant d'un rouge crépusculaire inquiétant. Et l'arbre, si majestueux et fier, voyait son tronc se ratatiner, l'écorce d'un blanc de craie passant à une couleur de bois moisi, ses innombrables feuilles se détachant des branches et s’effritant dans les airs pour ne former plus qu'une pluie de cendres. Les guitares de pierre se fendillaient de part en part, et de leurs failles s'écoulaient des filets de sang, de plus en plus importants, accompagnés d'échos à la fois si lointains et proches de hurlements d'agonie et de souffrances atroces...

Mais au milieu de ce paysage de cauchemar et des plaintes glaçantes, une voix calme et douce se fit entendre, comme un appel provenant de l'arbre lui-même...

_"Vénéséa..."

Puis, tout devenait blanc...



Comme elle avait pris l'habitude après ce rêve, Mariko s'éveilla dans le plus grand calme. ouvrant péniblement ses yeux collants, elle resta allongée sous ses draps, la tête posée sur l'oreiller, attendant quelques instants que sa vue et son esprit, tous deux encore embrumés par le sommeil, reviennent à leur état normal. Une fois cela fait, Mariko demeura immobile dans son lit, silencieuse, et contemplant de son regard fatigué l'intégralité de sa chambre comme si elle la redécouvrait. Les murs au papier peint bleu marine et couverts de part en part de posters de ses groupes de métal préférés tels que Jugdment Death, Motorstorm, Dawnwish, Battle Wolf, ainsi que les posters de ses licences de films et de jeux préférés… Le petit bureau sur lequel se trouvait bien rangé son ordinateur portable, ainsi que ses livres de cours... Sa guitare électrique, son micro et son ampli, tous bien rangés à côté de la commode ou se trouvaient bien en ordre tous ses vêtements… Sa grande étagère contenant en son sein les rangées de ses albums de métal, ses films, jeux vidéos, ainsi que quelques figurines collector de personnages heroic fantasy dont elle était fan… Tout cela éclairé par la seule lumière présente, celle de la lune, venant former un véritable faisceau transparent de poussière filtrant à travers la fenêtre… À l'extérieur, pas un bruit, hormis celui du vent qui venait doucement se frotter contre la paroi lisse de la fenêtre et venait caresser les feuilles de l'arbre se trouvant juste à proximité. Le hululement timide d'une chouette se fit entendre, ainsi que les aboiements d'un des chiens du quartier.

Mariko Miyazaki, c’est ainsi qu’elle se nommait. Dix-sept ans. Cheveux longs et noirs, yeux verts. Un beau visage fin. Mariko était une fille plutôt solitaire, métalleuse depuis qu'elle avait dix ans, n'excellant dans aucune matière particulière, ni dans la popularité à son lycée. À cause de ses goûts pour la musique métal, pour les vêtements gothiques et les films d'horreur, Mariko était plutôt qualifiée de paria dans son établissement, mais à la longue, elle avait finie par s'y habituer.

Frottant ses yeux, Mariko, dont la longue et lisse chevelure noire ébène tomba sur ses épaules, se redressa mollement dans son lit, assise sous sa couverture noire ornée de petits crânes cornues. Un cadeau de sa mère pour noël, elle s'en souvenait très bien. Écoutant le vent sifflant dehors et se grattant nonchalamment la nuque, Mariko restait pensive. Elle ressentait encore les effets produits par ce rêve. Le coeur battant un peu plus vite que l'ordinaire, ce désagréable sentiment de malaise et ces légers frissons le long de ses bras et de son cou… Encore ce fichu rêve, pensa t-elle avec perplexité. Je le fais de plus en plus souvent… Mais qu'est ce qu'il peut bien signifier?

Sachant qu'elle ne trouverait pas la réponse à ses questions, Mariko se pencha vers sa table de chevet pour attraper son réveil. Cinq heures du matin. Elle fit la grimace. Dans deux heures, elle devrait se lever pour aller au lycée. Que faire? Se recoucher alors que la nervosité produite par le rêve ne le permettrait sûrement pas, ou bien attendre patiemment dans son lit jusqu'au lever du soleil?

Allumant la lumière de sa lampe de chevet, ajoutant ainsi une source de lumière supplémentaire à la pièce, Mariko écarta la couverture et se leva en silence. Son père dormait encore et sachant le travail éprouvant qu'il menait, il avait encore du rentrer à des heures pas possible et venait peut-être à peine de se coucher, qui sait? À moins qu’il n’ai encore trouver le temps de s’attarder dans les bars et si tel était le cas, elle priait pour qu’il ne finisse pas en train de cuver quelque part.

Mariko, dans sa chemise de nuit de dentelle noire, se dirigea d'un pas nonchalant vers son bureau, y allumant également la petite lampe Judgment Death qui s'y trouvait, et ouvrit son ordinateur portable. Si elle avait encore deux heures à tuer avant de pouvoir vraiment se lever sans risquée de réveiller son paternel, autant les passer à faire quelque chose. Avant d'ouvrir internet, elle s'attarda quelques secondes sur la photo constituant le fond d'écran de son ordinateur. Elle, habillée de noir, des mitaines et des bottes en cuir, souriante et rougissante, levant timidement sa main en signe de cornes, entourée des membres de Battle Wolf, son groupe préféré de Power Métal. Mariko montra un petit sourire nostalgique, se souvenant parfaitement de son amie Suri prenant cette photo avec son téléphone portable. C'était il y a déjà deux ans, lors d'un super concert au Budokan. Mariko et Suri avaient pu, avec énormément de chance, s'acheter les dernières places VIP avec accès backstage et Meet and Greet. Le prix avait été mis, mais il en avait largement valu la peine, Mariko se souvenant de cette soirée comme l'une des meilleures de toute sa vie de jeune métalleuse.

Mariko se rendit sur le navigateur, puis sur le réseau social Facebook afin d'y ouvrir son profil personnel. Circulant sur le fil des nouveautés, elle regardait aléatoirement les quelques posts défilant sous ses yeux, sans y prêter plus attention que ça. Elle remarqua une notification dans ces messages et cliqua dessus. La petite barre s'ouvrit en bas à droite de l'écran, et un message s'afficha, envoyé il y a quelques heures. Mariko le lut, et sourit. C'était un message de son ami et gérant Shinji, lui confirmant que le concert de Lady Dragon prévu le week-end prochain se maintiendrait comme convenu. Mariko parut ravie de cette nouvelle, et lui répondit sans plus attendre, le remerciant. Bien que Shinji dorme sûrement à cette heure-ci, au moins, il recevra le message à sa prochaine connexion.

Profitant de se trouver sur Facebook, Mariko décida d'aller jeter un coup d'oeil quotidien sur une autre de ses pages, cette fois-ci, plus professionnelle. Car à côté d'être une lycéenne sage et solitaire, Mariko menait en quelque sorte une double vie, se faisant également connaître sous un pseudonyme: Lady Dragon, jeune chanteuse de métal à la voix prodigieuse, proposant un style de Power-Death Métal très sombre et puissant. Se montrant sur scène vêtue d'un costume semblable à une sorte d’armure guerrière et cachant son visage derrière un masque couvrant le haut de sa tête, elle s'était au fil du temps forgée une solide petite réputation dans le quartier de sa ville, notamment grâce à son premier single, All I know is who I am, mis en ligne sur youtube par ses soins et qui en deux semaines avait atteint plus de cent mille vues. Tout cela en enregistrant simplement dans le petit studio installé à l'arrache dans le garage de Suri, après avoir enregistré minutieusement la guitare, la batterie, la basse, le clavier et le chant, et avoir mixé tout cela sur ordinateur… Mariko n'arrivait toujours pas à croire au succès de cette petite chanson faite maison, et qui avait pourtant sonné le grand départ de sa carrière dans le métal. Elle avait déjà pensée abandonner ses études pour se consacrer uniquement à sa carrière, mais n'avait pas voulue décevoir son père et lui avait promis d'obtenir son diplôme.

Le nombre d'abonnés lui aussi n'avait cessé d'augmenter au cours de ces trois années, la page Facebook comptant maintenant plus de vingt mille followers, et la chaîne youtube comptabilisant plus de dix mille abonnés. Ce petit succès faisait très chaud au coeur à Mariko et lui permettait de penser à autre chose, alors qu'elle vérifiait les derniers messages envoyés à son alter ego Lady Dragon. Des messages de fans, lui adressant des encouragements, certains garçons déclarant ouvertement être tombés amoureux d'elle… Parfois quelques haters aussi, mais ceux-là, elle choisissait de les ignorer royalement, ne voulant pas perdre son temps à leur répondre et leurs déclarations ayant autant d’intelligence que celle d’une amibe. Quelques petites entreprises locales lui avait également adresser des messages, souhaitant devenir ses sponsors afin d'amener un peu d'argent. Mariko hésitait encore. Étant encore une novice dans ce monde impitoyable qu’était le show-business, elle voulait être sure et certaine de ne pas se faire avoir.

Mais alors qu'elle poursuivait sa navigation, un choc soudain la fit sursauter. Regardant par dessus son épaule, elle remarqua un petit impact s'étant formé sur le verre de sa fenêtre. Intriguée mais néanmoins prudente, Mariko s'avança avec précaution vers sa fenêtre, pénétrant ainsi dans le faisceau argenté de la lumière de la lune. En jetant un coup d'oeil à travers la fenêtre, elle découvrit alors l'origine de ce bruit. Un moineau était venu se cogner de plein fouet contre la vitre, se tuant sur le coup.

Un moineau? A cette heure tardive? Mariko était perplexe, mais aussi peinée de voir l'oiseau sans vie sur le rebord de sa fenêtre et le prit délicatement dans ses mains.

_"Mon pauvre petit..." dit-elle.

Aimant beaucoup les animaux, elle ne supportait pas de voir de telles choses. Elle décida de l'enterrer dans le jardin juste avant de partir pour le lycée. Dehors, quelque chose d'anormal semblait se produire. Tous les chiens du quartier, sans exception, s'étaient mis sans aucune raison à aboyer à l'unisson, comme s'ils en avaient après quelque chose. Mariko écouta ce concert d'aboiements, perplexe.

Soudain, elle se figea, les yeux ronds et le coeur battant. Tel un sixième sens, son attention la porta à regarder en direction du trottoir situé en face de sa maison, et plus particulièrement vers la petite ruelle sombre se trouvant coincée entre deux grandes maisons. Mariko resta immobile, le regard fixé vers l'impasse située à une vingtaine de mètres à peine de sa maison. Observant avec la plus grande attention, au point d'en retenir presque sa respiration… Bien qu'elle n'aperçoive rien dans son champ de vision, elle le sentait très clairement tout au fond d'elle… Une présence, hostile et n'ayant rien d'humain se tenait tapis dans l'ombre de cette ruelle, la guettant tel un prédateur embusqué attendant de se jeter sur sa proie au moindre signe d'inattention.

_"Non… pas ici… pas maintenant… fous le camp de là..." marmonna t-elle toute seule avec un certain agacement, son poing se crispant de plus en plus et tous ses sens se mettant en alerte, prête à agir au moindre signe suspect.

Mais aussi vite qu'elle s'était faite sentir, la présence invisible menaçante s'évanouit dans la pénombre, et les chiens du quartier cessèrent tout à coup leur cacophonie. Bien que paraissant inquiète, Mariko ne montrait pas plus de surprises que ne devrait le montrer une personne devant une telle situation. Cette présence cachée dans la nuit et la surveillant… elle l'avait déjà sentie auparavant, et plus d'une fois… Mariko referma la fenêtre, après un dernier coup d'oeil par dessus son épaule, s'assurant ainsi que ce qui se trouvait dehors n'y était plus… mais pour combien de temps encore.



Deux heures plus tard

7 heures du matin, heure locale

Comme convenu par l'heure, Mariko commença à se préparer pour sa nouvelle journée de cours, bien que sa courte nuit lui ai laissée quelques onces de fatigue. Après un léger petit-déjeuner, avoir brossée sa longue chevelure devant le miroir de sa salle de bain et l'avoir coiffée en une queue de cheval tombant sur sa nuque et maintenue par une petite broche à tête de mort, elle revint dans sa chambre afin de quitter sa chemise de nuit et enfiler son uniforme de lycéenne. Une chemise blanche surmontée d'une veste bleu sombre portant au niveau de la poitrine l'emblème du lycée, ainsi qu'un petit noeud papillon rouge au col. Une jupe noire de longueur moyenne, ainsi que de longues chaussettes noires allant jusqu'aux genoux. Fouillant dans le petit tiroir de sa commode, elle trouva également un petit objet métallique. Une petite boucle de ceinture en argent et ayant la forme assez originale d'une tête ressemblant à un crâne humain cornu, aux yeux rouges et pourvu de défenses semblables à celles d'un sanglier dépassant de sa mâchoire et reliées entre elles par une chaîne. Ayant reçue ce cadeau par sa mère, Mariko ne s'en séparait pour ainsi dire jamais, le transportant avec elle comme une sorte de porte-bonheur.

Bien qu'un soleil timide mais annonçant l'arrivée d'une belle journée s'était levé ce matin, Mariko n'avait pas l'âme à sourire. Son esprit était encore accrochée à cette présence inquiétante mais familière à proximité de la maison cette nuit… Mariko avait sentie que cette chose, peu importe ce que c'était, rodait encore quelque part et reviendrait, ce n'était qu'une question de temps. Et ce rêve… Curieusement, elle ne pouvait s'empêcher d'y repenser… et chaque fois, son coeur lui faisait l'effet d'une chaleur vive et intense, mais aussi un très profond et incompréhensible sentiment de tristesse… Vraiment curieux…

Après avoir terminée de nouer son noeud papillon à son col et vérifier les derniers plis de son uniforme impeccable, Mariko se dirigea vers son bureau, afin d'y prendre la petite boite en carton dans laquelle se trouvait le corps sans vie du petit moineau qu'elle prévoyait d'enterrer avant son départ pour le lycée. La boite sous le bras, ainsi que son sac de cours dans l'autre main, Mariko descendit d'un pas nonchalant les marches de l'escalier, mais alors qu'elle atteignait la dernière marche, un brusque son de verre brisé résonna en provenance de la salle à manger, ainsi qu'un juron gras sonnant comme l'ivresse même.

_"Raaah, saloperie!"

Bien qu'ayant été surprise par le bruit, Mariko soupira lourdement, plus agacée que vraiment inquiète. En arrivant devant l'entrée de la salle à manger, le spectacle qui se présenta à elle fut inévitablement ce qu'elle craignait.

La cravate défaite, la chemise froissée, les cheveux en pagaille, le menton non rasé, les yeux vitreux et les joues rouges... Son père était là, encore pété comme un coing, le bras appuyé contre le bord de la table pour se maintenir en équilibre. À ses pieds et ayant maculer le parquet, une petite flaque ainsi que les débris du verre qu'il avait fait tombé. Sur la table se trouvait la bouteille de whisky, ouverte bien entendue. Et à en juger par son grand manteau et son chapeau gris gisant par terre, et ses chaussures encore aux pieds, il venait tout juste de rentrer. Mariko contempla ce triste spectacle. Shiro Miyazaki, quarante ans, dont vingt ans de carrière en tant qu'inspecteur dans la police japonaise… et hélas alcoolique invétéré. Son état d'ébriété était à un tel point qu'il n'avait même pas remarquer la présence de sa fille.

_"Bordel, c'est fragile ces trucs..." grommela t-il en voulant se pencher, non sans mal, pour ramasser les morceaux de verre par terre.

Le voyant faire sans réfléchir, Mariko vit rouge, laissant tomber son sac de cours à ses pieds et d'un pas rapide se dirigea vers son père. Le saisissant par le poignet, elle l'obligea à lui faire face, et de force, le fit asseoir sur la chaise derrière lui. Incapable de résister étant donné son état lamentable, Shiro se laissa tomber tout penaud contre le dossier, l'air ahuri d'apercevoir sa fille, comme si c'était la première fois qu'il la rencontrait de sa vie.

_"M...Mariko?" il balbutia, voyant double.

_"Laisse moi deviner, papa… T'as encore traîné après le travail, c'est ça? Encore en train de perdre ton temps dans les bars, à dépenser toute ta paye pour te saouler!!" Mariko le sermonna sans la moindre retenue, étant maintenant trop habituée à voir son père revenir dans cet état à des heures improbables.

Voyant sa fille lui faire la morale, comme à son habitude, Shiro se renfrogna à la manière d’un sale gosse pris la main dans le sac.

_"Oh c'est...c'est bon...HIC! Après les collègues du travail… voilà que c'est ma fille qui me donne… des… des leçons… HIC!"

Son haleine empestait le whisky, s'était une vraie infection. Mariko fit la grimace, ayant presque l'impression de prendre plusieurs grammes d'alcool rien qu'en la respirant.

_ "Si tes collègues te font la remarque, c'est qu'il y a une bonne raison, papa, réfléchis un peu!!" lui répondit sèchement Mariko, se mordant la lèvre et sentant sa gorge se serrée en un véritable étau. "regarde toi deux secondes... franchement, tu me fais honte!! À cause de toi, tous les autres au lycée s'amusent à m'appeler Mariko la fille du piccolo!"

Shiro n'écouta que brièvement, mais chassa ces mots d'un revers maladroit de la main dans le vent.

_"T'as qu'à...HIC... les ignorer. C'est tous des p'tits cons de t'façon..."

De sa main hasardeuse, il saisit un autre verre afin de servir du whisky, mais le voyant faire, Mariko lui arracha le verre par la force et le reposa brutalement sur la table, la faisant presque trembler. Shiro, trop ivre, ne réagit presque pas et se tourna vers sa fille. Mariko était en colère, mais les larmes naissantes aux coins de ses yeux montraient également un autre état d'esprit bien plus douloureux, bien que son père ne sembla pas en prendre note.

_"Et dire que tu m'avais promis d'arrêter..." prononça Mariko, la voix tremblante de ce désespoir qu'elle ne pouvait plus contenir de voir son père ainsi. "Mais avec toi c’est toujours la même chose, des promesses et encore des promesses pour rien ...Si maman te voyait…"

À la mention de sa femme, Shiro ouvrit soudainement des yeux ronds. Se redressant d'un bond, sa main partit pour infliger une violente gifle sur la joue de sa fille. Secouée par le coup, Mariko frotta sa joue endolorie, rougie, une larme coulant de son oeil. Tremblante de colère, elle se redressa face à son père, le poignardant du regard.

_"T'ES QU'UN SALE CON! JE TE HAIS!!" lui hurla t-elle en plein visage avant de le pousser contre la chaise, si fort qu'il en tomba à la renverse.

Et avant qu'il n'ai eu le temps de se remettre sur ses pieds, Mariko avait déjà pris son sac et claqué la porte d'entrée. Shiro aurait voulu lui courir après, mais son état l'en empêcha, ainsi que le foudroyant mal de crâne qui s'empara de lui.

Réfugiée dans le petit jardin devant sa maison, Mariko était tombée à genoux au pied du tronc du cerisier en fleurs, dont quelques pétales vinrent se détacher pour s’envoler au gré du vent et s'éloigner dans les airs. Enterrant la boite contenant le corps du petit oiseau mort, la jeune fille fit quelques secondes de silence en sa mémoire. Les joues portant encore les traces des larmes qu'elle avait versée ainsi que la marque de la main de son paternel, elle se prit à repenser à ce qu'elle avait dit à son père.

Trois ans… Cela faisait maintenant trois ans que sa mère n'était plus de ce monde. Mariko s'en souvenait parfaitement, comme si c'était hier, pour sa plus grande douleur… Elle et ses parents, rentrant d'un séjour chez les grands-parents… la nuit d'encre, la route filant dans la lumière des phares, les fines gouttes de la pluie glaçante venant s'écraser sur le pare-brise… Et tout à coup, un choc aussi soudain que brutal… les tonneaux de la voiture dévalant la pente herbeuse jusqu'à percuter un arbre en contrebas… puis, le trou noir… Mariko s'était réveillée dans une chambre d’hôpital, avec un poignet foulé et quelques blessures mineures au visage… Son père, lui, avait eu une jambe cassée et le cou bloqué durant plusieurs semaines… Mais sa mère, elle, n'avait pas eu de chance et avait déjà succombée à ses blessures, bien plus importantes, avant l'arrivée des secours sur les lieux...

C'est tout ce dont Mariko se souvenait, et rien que cela la replongeait dans une mélancolie atroce. Elle et sa mère était très proches, quoi de plus normal. Elles prévoyaient, quelques semaines avant le drame, d'aller toutes les deux ensemble aux festivals de métal organisés à travers le Japon, dans un petit road trip entre mère et fille… Malheureusement, ce jour ne vint jamais, la fatalité en ayant décidée autrement. Depuis cette tragédie, son père n'était plus le même. D'inspecteur compétent et respecté, il avait basculé peu à peu en véritable loque alcoolique et bon à rien, parvenant à peine à garder de quoi payer le loyer. Mariko savait qu'il ne pourrait pas continuer ainsi longtemps. Elle voudrait l'aider davantage, mais en tant que lycéenne, que pouvait-elle faire? Dans ces moments là, elle se sentait complètement impuissante.

Elle repensait à toutes ces choses tout en marchant dans les rues du quartier pavillonnaire, en direction de l'arrêt de bus qui se trouvait à environ deux rues plus loin et l’emmènerait vers le centre-ville. Elle se sentait comme ayant la tête prise dans un étau, mille pensées se bousculant dans son esprit et s'accrochant à elle comme des parasites invisibles.

Perdue dans ses réflexions, Mariko ne prêtait plus vraiment attention devant elle, et heurta tout à coup l'épaule de quelqu'un qui passait à côté d'elle. C'était un homme caucasien, assez grand, au crâne chauve et les oreilles percées par des boucles d'oreilles représentant des crânes en argent. Il était vêtu d'un long manteau noir fermé, les mains dans les poches et ses yeux étaient cachés par une paire de lunettes noires. Il était chaussé de bottes à semelles compensées, noires et hérissées de petites pointes et de chaînettes. Un look très métal, pensa la jeune étudiante en le remarquant. Dominée par cet homme mesurant deux têtes de plus qu'elle, Mariko s'inclina légèrement.

_"Excusez moi, monsieur...." dit-elle poliment avant de poursuivre son chemin.

L'homme ne répondit rien, la dévisageant quelques secondes avant de lui aussi, continuer sa marche.

Mais à nouveau, alors qu'elle s'apprêtait à traverser la route pour rejoindre le trottoir d'en face, Mariko se figea, une expression de surprise se dessinant sur son visage. Son coeur battant, elle le sentait à nouveau… cette présence malaisante et obscure… il était là, et se rapprochait de plus en plus d'elle… ses sens ne pouvaient pas la tromper… dans quelques minutes, il serait sur elle. Mariko eut un sourire en coin, l'oeil brillant et fit craquer les phalanges de ses mains. Vérifiant que personne ne se trouvait dans les parages, elle se mit sans plus attendre à courir, traversant la route à grande vitesse et se dirigea vers une impasse située un peu plus loin, piégée entre les deux grands murs de petits immeubles résidentiels. Entrant dans la pénombre de la gueule que formait les deux bâtiments, Mariko s'arrêta en plein milieu, laissant tomber son sac à ses pieds et prit position au milieu des quelques poubelles et piles de vieux cartons entreposés dans ce coin à l'abri des regards, prête à accueillir son harceleur. Grâce à son sens, elle continuait de le suivre à la trace, le sentant de plus en plus proche de sa position.

_"C'est ça, sens ma piste… viens voir maman, saloperie… " marmonna Mariko avec un sourire narquois tout en préparant ses mains.

L'air dans l'impasse se fit de plus en plus froid et l'obscurité pourtant déjà bien présente se fit curieusement plus opaque. Mariko remarqua, sans montrer la moindre surprise, un chat errant bondir hors des poubelles et s'enfuir en courant, pris d'un peur panique bien réelle. Ses narines furent caressées par une odeur de charogne immonde, qui la fit légèrement grimacer, mais elle resta néanmoins concentrée.

Un choc sourd se fit entendre alors qu'une forme sombre bondit du toit d'un des bâtiments et atterrit à une dizaine de mètres derrière Mariko, dans le fond de l'impasse, faisant trembler légèrement le sol. S'avançant hors de l'obscurité, la chose, mesurant près de deux mètres de haut, se dévoila à elle. D'humain elle n'avait que la stature, recouverte d'une peau d'un gris-noir très profond et dont la texture poisseuse rappelait celle des amphibiens. Une tête dépourvu du moindre cheveu ou poil de tout genre, un nez écrasé, des oreilles tordues et pointues à leurs extrémités, deux sphères rouges reptiliennes et luisantes en guise d'yeux, ainsi qu'une mâchoire salivante garnie de crocs blancs acérés. Elle était d'une maigreur cadavérique, comme si ses côtes allaient jaillir de sa chair et son dos, légèrement voûté, était parcouru de petites excroissances osseuses formant une crête le long de sa colonne vertébrale. Ses jambes et ses bras, eux aussi très minces, étaient démesurés et ses mains étaient armées de longues griffes recourbées à l'apparence redoutable. Sur toute la longueur de son torse se démarquait comme une cicatrice béante, laissée apparemment par une lame.

Tenant ses appuis sans sourciller, Mariko fixait la créature qui se présentait face à elle. Cette dernière, faisant grincer ses longues griffes sur le bitume, ne détourna pas un seul instant son attention de la jeune fille, émettant de sa bouche des grognements bestiaux empli d'une soif de sang plus que palpable.

_"Je me doutais bien que c'était toi depuis tout ce temps..." dit Mariko avec un sourire acéré "...ça va faire un mois maintenant… la dernière fois tu as réussi à t'enfuir, mais cette fois j'te jure, je vais pas te louper."

Sur ces mots, Mariko sortit son porte-bonheur, la boucle de ceinture offerte par sa mère. La tenant précieusement entre ses doigts, elle vint la coller contre sa poitrine, et plus particulièrement son coeur, dont la chaleur ne fit qu'augmenter. D'abord vide de toute substance, les petits yeux de la boucle de ceinture se mirent à briller d'une lueur rouge flamboyante. Tendant son autre main droit devant elle, Mariko continuait de regarder le monstre lui faisant face, ce dernier paraissant particulièrement agité et irrité par ses agissements. Bien qu'aucun souffle de vent ne se manifeste, les cheveux de Mariko se soulevèrent petit à petit, flottants dans l'air, alors qu'à ses pieds se dessinait sur le sol même une énergie rouge animée d'une volonté propre, serpentant et venant former un cercle runique autour des pieds de la lycéenne.

_"Moi, Mariko Miyazaki, fille de Hana Miyazaki, vais à présent t'achever, ici et maintenant!" prononça t-elle sans crainte, le cercle de runes laissant émaner une lumière de plus en plus forte.

Voyant cela, la créature bondit avec une vitesse surhumaine, toutes griffes et crocs dehors vers sa proie, mais se heurta à un mur invisible, une protection formée par le cercle.

Concentrant ses pensées et son énergie à l'éradication de cette chose, Mariko passa à l'étape suivant. Sur son bras tendue apparurent des filets de flammes ardentes émanant directement de son corps, courant le long de son bras jusqu'à sa main, pour venir matérialiser un pommeau en forme de tête de dragon rugissant, puis une garde à l'apparence de serres déployées, et enfin une lame légèrement recourbée reflétant sur sa surface argentée la moindre lumière présente. Montrant une confiance encore plus grande, Mariko referma sa poigne sur le manche du katana qu'elle venait de faire apparaître, et après quelques mouvements d'escrime démontrant une haute maîtrise de cette arme, le pointa en direction de son adversaire en train de se relever.

_"Viens te battre, enfoiré!" fit Mariko, prête à en découdre.

La réaction de la créature ne se fit pas attendre. Bondissant sur ses pieds, il s'élança en avant pour une première attaque. Avec la lame de son katana, Mariko bloqua les griffes qui auraient pu la trancher en deux. Bien qu'inférieure en terme de poids et de taille, la lycéenne ne recula pas d'un pouce malgré le choc de l'attaque, quelques fissures s'étant formées sur le bitume à ses pieds. Mariko tenta une contre attaque vertical afin de fendre le crâne du monstre en deux, mais celui-ci para à son tour avec les griffes de son autre main, le choc venant produire quelques étincelles.

Mariko et l'aberration de la nature échangèrent d'autres coups rapides et violents, chacun parvenant à parer les assauts de l'autre sans qu'aucun ne prenne vraiment l'avantage. Mais une seconde d'inattention suffit à Mariko pour se recevoir un violent coup de pied dans le bide, se faisant repousser de plusieurs mètres en arrière et roulant sur le sol. Voyant là une opportunité d'en finir, le monstre bondit, joignant ses mains pour une attaque frontale des plus brutales. Bien que sonnée par le coup, Mariko le remarqua et avec une roulade suivie d'un bond agile sur le côté, évita de justesse la masse de la créature qui abattit ses poings de plein fouet, fracassant le sol. Si Mariko n'avait pas esquiver, elle aurait eu l'ensemble de ses os littéralement broyés. Cependant, le coup reçu au ventre la faisait encore souffrir, mais elle réussirait à s'en remettre, ayant déjà subie bien pire.

L'abomination changea de tactique et tel un félin bondit, de mur en mur, prenant de plus en plus de hauteur et d'élan. Restée au sol, Mariko le suivait du regard autant que faire se peux, la vitesse de ce bestiau le rendant difficile à repérer. Dans sa main libre, Mariko invoqua une sphère de feu, puisant encore dans son énergie et la jeta de toutes ses forces. Malheureusement, la créature l'évita avec souplesse et le projectile enflammée s'évanouit dans les airs. Mariko grimaça. Décidément, elle devrait plus s’entraîner à la visée.

La gorge du monstre se gonfla soudainement à la manière d'un crapaud, et prenant une grande inspiration, cracha une substance gluante et verdâtre tout en bondissant dans les airs. Mariko le vit et bondit rapidement en arrière, évitant le projectile de justesse. Formant une mare ignoble et fumante, la matière baveuse se mit à grignoter le bitume comme s'il s'agissait de papier. Mariko déglutit à l'idée de ce qu'une telle substance pouvait provoquée sur des tissus organiques. Elle devait se montrer encore plus prudente désormais.

Mais malgré la force et la vitesse de cette chose, et l'ayant déjà affrontée auparavant, elle connaissait sa plus grande faiblesse: l'intelligence. Avec lui, la confrontation brute était vaine. La subtilité était de mise. Cette chose voulait lui faire la peau? Quelle vienne!

_"Approche...." murmura Mariko entre ses dents, agrippant fermement la garde du katana avec ses deux mains.

Ayant pris assez de hauteur, le monstre se projeta dans un dernier bond en direction de sa proie, paré à l'écraser de tout son poids et à la réduire en morceaux. Mariko sourit. C'est exactement ce qu'elle voulait. Son désir de sang le perdra. De toutes ses forces, elle planta le bout de son sabre dans le sol, posant un genou à terre et concentrant à nouveau ses pensées et son énergie vers un seul et même but. Marmonnant quelques mots à voix basse les yeux fermés, maintenant son arme devant elle.

_"Nesshin'na sākuru!"

Par de nouvelles flammes surgissant de ses mains puis léchant la lame du katana de haut en bas, Mariko fit naître à ses pieds un nouveau cercle de runes, d'où s'élevèrent des flammes ardentes qui comme une cage de feu, vinrent encercler la jeune fille sans pour autant la blesser, et comme guidée par le regard de la lycéenne, furent projetées en direction des cieux.

Emportée par son élan et sa soif de chair humaine, la créature ne put esquiver et fut frappée de plein fouet par le cercle de flammes invoquer par la jeune humaine. Atteint à la tête et une grande partie du corps maintenant brûlé au troisième degré, le monstre s'écrasa violemment au sol, créant un petit cratère dans son impact.

Se redressant, Mariko fit disparaître le cercle de flammes pour se diriger d'un pas lent mais décidé vers son adversaire à l'agonie, ce dernier étant si gravement brûlé qu'il n'arrivait même plus à se lever. Émettant des râles inhumaines et tendant faiblement l'une de ses mains dans l'espoir de pouvoir saisir Mariko, le monstre la fixait comme un possédé ou un drogué en manque. Contemplant cette pauvre créature dégénérée à ses pieds, Mariko resta de marbre. Parmi toutes les créatures qu'elle avait combattue, celle-ci était de loin la plus stupide. Bien qu'elle lui avait donnée du fil à retordre lors de leur première confrontation, elle avait bien apprise de ses erreurs et ne s'était pas laissée avoir.

Sans la moindre hésitation, Mariko abattit son katana une dernière fois, transperçant la créature au niveau du coeur dans une mare de sang noir et visqueux qui se répandit sur le sol. Mariko prit soin de ne pas s'en retrouver aspergée ni de marcher dedans, sachant bien que ce sang pouvait être toxique pour un humain. Un dernier gargouillis de sang et de grognements, et les yeux du monstre s'éteignirent de toute étincelle de vie. Une bonne chose de faites, se dit Mariko en extirpant la lame souillée de sang. Privé de son énergie vitale, le cadavre se décomposa rapidement sous les yeux de la lycéenne, se transformant en l'espace de quelques secondes en un tas de cendres qui bientôt serait dispersé par le vent.

Faisant évaporer le katana dans sa main comme s'il n'avait jamais été là, Mariko alla récupérer son sac par terre et comme si de rien n'était, quittant l'impasse pour reprendre sa route vers l'arrêt de bus. Heureusement, personne n'avait été alerté dans les alentours. Mariko vérifia également sa tenue et n'y trouva aucune trace de sang, tant mieux. Combien de fois avait-elle du revenir en cachette à la maison après un combat parce que ses vêtements étaient complètement déchirés et que son corps portait des hématomes? Elle ne saurait le dire, mais chaque fois, elle devait trouver une excuse bidon à son père. Elle regarda également sa main, encore imprégnée de cette chaleur ardente générée par ce pouvoir… Ce même pouvoir d'origine totalement inconnu avec lequel elle s'était réveillée en possession, dans cette chambre d’hôpital, il y a trois ans, sans aucune explication… D'abord effrayée par ce don dont elle avait héritée sans savoir comment ni pourquoi et après avoir renoncée à le savoir après tant de recherches vouées à l'échec, Mariko avait du apprendre à vivre avec, à le maîtriser....et un jour, ces choses abominables, ces monstres sont apparus, cherchant à s'en prendre à elle à tout prix, encore une fois sans aucune raison valable. Personne n'était au courant, pas même son père. Elle ne voulait en aucun cas mêler sa famille ou ses amis à cette histoire, et de toutes façons qui irait croire à une telle chose, elle même encore aujourd'hui ayant du mal à le concevoir. Mais tous ces événements avaient permis au moins à Mariko de comprendre quelque chose: que beaucoup de mots pouvaient décrire ce monde, mais normal n'en faisait pas partie.

_"Ah génial..." soupira Mariko en regardant l'heure sur son téléphone portable "… Je vais encore être en retard au bahut… La surveillante générale va me tuer..."

Soufflant de fatigue à l'idée du savon qu'elle allait se prendre en arrivant au lycée, Mariko accéléra le pas, s'éloignant en direction de la place, en espérant pouvoir encore prendre le bus suivant.

Mais ce que Mariko n'avait pas prévue et encore moins sentie fut la présence très discrète mais bien réelle d'un témoin, dissimulé lui aussi dans l'ombre des maisons alentours et n'avait pas raté une miette de la confrontation. S'avançant jusqu'au cratère ou se trouvait avant le cadavre de la créature, l'individu s'agenouilla pour prendre une poignée de cendres dans sa main et la regarda glisser entre ses doigts, d'un air plutôt satisfait et ne put s'empêcher de sourire.

_"Eh bien… Il faut croire que le moment est venu… enfin." 

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