Divalis : l'éveil

Chapitre 5 : Une grande soeur.

2666 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/06/2022 12:24

Maman s’est endormie. Je sais qu’elle m’a dit de ne pas les approcher, elle et Vlase, mais comme elle ne me répondait pas, je l’ai tout de même fait. Vlase ne saigne plus. Ils respirent fort tous les deux et je ne sais pas si cela est normal. Qu’est-ce que je dois faire ? Elle ne m’a rien dit pour ce genre de situation. Je me retourne sur Buntar et Sansa qui attendent comme je le leur ai demandé sur le côté de la cachette, puis je regarde les plantes qui tombent par-dessus. S’il pleut, ils ne seront pas mouillés. Heureusement, parce que je suis trop petite pour les tirer plus loin ! Je ne peux rien faire de plus alors je vais m’occuper de mon frère et ma sœur comme maman l’aurait voulu. 

 

–Papa et Croquette ne se réveillent pas ? Me demande Buntar.

–Ils luttent contre la maladie, on va les laisser tranquilles jusqu’à leur réveil, rassuré-je les petits.

 

Je lui ai dit ça pour qu’ils n'aient pas peur, mais je ne sais pas pourquoi maman et Vlase ne se réveillent pas et je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Je n’ai pas compris toute cette histoire, pourquoi les mamans de Sansa et Buntar se sont mises à mordre tout le monde. Elles ont toujours été gentilles, elles jouaient toujours avec nous. Même si des fois, elles nous disputaient quand on faisait des bêtises. Elles ne faisaient mal à personne. Que dois-je faire ? Est-ce qu’il faut donner quelque chose aux grands pour qu’ils se réveillent ? Et si, à un moment, ils ne respirent plus… Cela voudra dire que Buntar, Sansa et moi, devrions vivre seuls ? La meute de Vlase nous a accepté, maman et moi, mais les autres Lisiis ne le feront pas. Je considère les renardeaux comme mon frère et ma sœur, mais est-ce le cas pour eux ? Est-ce qu’ils resteront avec moi si Vlase, n’ouvre pas les yeux ? Et si c’est maman qui ne se réveille pas ?

 

Pour l’instant, Buntar et Sansa m’écoutent parce que je suis la plus vieille et qu’ils ont espoir de voir les adultes se relever. Que faire si d’autres renards viennent ici ? Si les lynx nous trouvent ?

 

Nous nous sommes éloignés de la cachette des adultes et nous marchons le long de la rive. Je ne sais pas ce que je dois faire en tant que grande sœur… 

 

En remontant la rive et la tanière où sont Vlase et Maman, on a trouvé plusieurs galeries où nous pourrons dormir ce soir, après nous avons continué entre les arbres et les ronces. Ensuite, on a marché encore un peu et là, on a trouvé une grande plaine où nous nous sommes couchés au soleil.

 

Sansa n’arrête pas de pleurnicher parce qu’elle veut retourner près de sa maman et qu’elle n’aime pas l’endroit où nous sommes. Buntar, il ne dit rien depuis que maman s'est endormie.

 

—Je ne veux pas que maman parte dans les rêves, pleure Sansa.

—On ne peut pas ramener ceux qui ne respirent plus, Sansa, lui répond Buntar.

—Mais, pourquoi ?

—Parce que ! C’est ainsi, s’énerve son frère.

—Il ne faut pas la disputer, Buntar, elle est encore petite… J’explique au renard.

 

Il s’allonge en boudant, Sansa se glisse près de moi. Je regarde les biches qui sont plus loin dans la prairie. J’espère que maman va se réveiller. Je ne sais pas ce que je ferai, sans elle… Buntar et Sansa sont tristes et je n’aime pas ça. Alors, je leur saute dessus et les taquine pour les faire sourire ! Pour qu’ils oublient leur peine et ça m’aide aussi à ne pas avoir peur.

 

On se relève alors tous les trois d’un coup ! On a été surpris par les biches qui se sont mises à courir… C’est à cause de nous, elles ne nous avaient pas vus. C’est pour ça que maman dit de ne pas les ennuyer ?

–j’ai eu peur, Tremble Sansa.

–Tout te fait peur, rigole Buntar.

–Mais si elles nous attaquent ? Se cache la renarde derrière nous.

–Je lui mordrai le cou comme papa et on la mangera, répond le renard vert. 

–Vlase a dit que vous ne pouviez pas attraper les femelles, j’en penche la tête sur le côté.

–Oui, mais je parlais d’une biche mâle, me regarde-t-il, boudeur.

–Les biches se sont les femelles, c’est un cerf que tu dois attraper, Ris-je.

–Hein ? Mais ce ne sont pas les mêmes, les cerfs, c'est comme les biches, mais avec des bois ! Me corrige le renardeau.

–Ce sont les mêmes, oui, et on les appelle les cerfs, les mâles qui ont des bois sur la tête, dis-je à Buntar.

–Moi je n’aime pas les cerfs. Ils font peur, surtout les grands avec leurs gros nez… Ajoute Sansa.

–Ça, c’est un orignal, rigole Buntar.

–C’est pareil, ils ont des bois et ils font peur, ronchonne la renarde rousse.

 

Sansa parle toujours comme si elle boudait, c’est rigolo et énervant en même temps.

Il n’y a pas beaucoup de nuages, ça réchauffe le dos et ça donne envie de dormir. Maman et les autres nous surveillent quand on dort… Est-ce que je devrais le faire ? Est-ce que je peux dormir sans eux ? Je n’arrête pas de bailler. Je regarde Buntar et me rends compte qu’il tremble.

–Tu as froid ? Demandé-je.

–Non… Dogost me manque.

–Moi aussi… Ils me manquent tous…

–Pourquoi ils ont fait ça ? Me questionne le renard.

–Ils devaient avoir très mal et ils n’ont pas fait attention à ce qu’ils faisaient…

–Mais… Ils pouvaient nous le dire… Si on avait léché leurs blessures, ç'aurait été mieux, ajoute Buntar.

–Elle était peut-être attaquée par quelque chose que l’on ne pouvait pas voir ?

 

Buntar regarde l’herbe, fâché. Il ne veut pas pleurer devant moi. Lui et Dogost étaient toujours ensemble. Si maman ne se réveille pas, je serai triste comme lui, parce que je n’aurai plus personne.

 

–Quand je serai fort comme papa, je ne laisserai pas les choses invisibles vous faire mal ! Dit alors Buntar.

 

Moi aussi, je serai forte et maman n’aura plus à se faire mal pour moi. Nous avons dormi et nous nous sommes levés parce que nous commençons à avoir faim. Avec Buntar, on a attrapé des souris pour en donner à Sansa.

 

Le soir venu, je suis allée voir Maman et Vlase. Ils ne bougent toujours pas… Je sais que je ne dois pas aller tout près, mais les plaies de Vlase ont comme de la glace dessus et maman en a là où elle bave. C’est marrant ça n’a pas l’odeur de l’eau ? Et quand je mets la patte dessus ça fond et ça me chatouille ? Je préfère retourner près de mon frère et ma sœur. Il fait froid la nuit, alors on s’est cachés dans une des cavités qu’il y a juste au-dessus de la caverne où sont les adultes.

 

Il fait plus chaud aujourd’hui, nous sommes allées un peu plus loin sur l’herbe comme les biches ne sont pas là. On a trouvé une mare avec des grenouilles. Buntar et Sansa ne veulent pas en manger, ils disent que ce n'est pas bon… Moi j’aime bien. Ils ont essayé de pêcher, mais c’est moi la plus forte ! Il y a plein de libellules, c’est marrant de courir après, mais elles sont dures à attraper.

 

Le lendemain, nous avons fait plusieurs aller-retours de notre cachette à la mare qui est dans la plaine et nous y sommes finalement restés. On doit pousser Sansa à quitter la galerie parce qu’elle préfère y rester cachée. Buntar imite Vlase en regardant autour de nous et en faisant semblant d’être comme son père. Ce matin, nous nous sommes disputés parce qu’il voulait que l’on le suive lui et que moi, je ne le souhaite pas parce que je le trouve trop petit pour faire ça. Sansa aimerait retourner voir si sa maman ne s’est pas réveillée et Buntar dit que Vlase et maman vont arrêter de respirer et qu’il faut partir trouver d’autres adultes. Il dit que les adultes ne me feront rien parce qu’il me protègera… Mais, tant que Vlase et maman respirent, je ne veux pas partir…

 

Buntar vient d’attraper un serpent, mais il ne partage pas… Alors, je suis allée attraper des poissons pour Sansa et moi et je ne lui en ai pas donné !

 

–Abysse… Si on donne un poisson à Croquette et Vlase, ils vont peut-être se réveiller parce qu’ils auront faim ? Propose la renarde.

–Oh ! C’est vrai, une bonne idée, ça ! Répondis-je à Sansa.

 

Je me redresse et cours jusqu’à la mare et je m'arrête tout aussi vite… Maman n’aime pas le poisson. En plus, ils ne sont pas assez gros pour Vlase. Les souris non plus… Il reste ces drôles de bestioles, celles qui vont vite même pour Buntar et Sansa : les gros rats qui regardent le ciel sur deux pattes. Je ne sais pas comment ça s’appelle et Buntar les appelle les rats de terre, puisqu’ils y entrent dès qu’ils ont peur, un peu comme les lapins. C’est un peu plus gros et ça n’a pas de grandes oreilles.

 

Nous avons passé la journée à essayer d’en attraper un. Ce n’est pas facile, nous, on est trop gros pour entrer dans les terriers et on doit attendre longtemps pour qu’ils en ressortent. Nous sommes revenus près de maman et Vlase, en soirée.

 

Sansa pleure parce que l’on n'a rien pour eux. Il commence à faire noir, mais je peux toujours attraper une truite ou un brochet même s’ils mordent fort ceux-là… Buntar reste sur le bord de la rive, je le vois regarder dans l’eau. J’ai envie de le mouiller pour l’embêter et qu’il arrête de bouder, mais il risque d’avoir froid cette nuit. Les poissons sont moins rapides quand ils commencent à faire noir, mais le problème c’est que je ne vois plus grand-chose, non plus. Par chance j’ai réussi à attraper un poisson qui a eu la bonne idée de venir devant mon museau ! Je sors de l’eau froide et me presse d’aller me blottir contre Buntar pour me réchauffer.

–Vous avez de la chance, vous avez chaud avec votre pelage, dis-je en claquant des dents.

–Pourquoi toutes les espèces n’ont pas de fourrure, c’est tellement pratique. Réfléchit Buntar.

 

Je hausse les épaules… Aucune idée, mais quand j’ai froid, je suis bien contente que maman ou un des renards me laisse venir me réchauffer contre lui !

–Il fait noir, on devrait aller dormir, dis-je à Buntar tout en déposant le poisson au sol.

–Je ne suis pas fatigué, râle le renard.

–Moi oui et j’ai froid, je lui réponds boudeuse.

–Dis plutôt que tu as peur de noir, se moque-t-il de moi.

–Je n’ai pas peur du noir, c’est juste que moi, je ne vois pas très bien ! M’en vexé-je. Répliqué-je, vexée.

 

Tout en parlant, nous nous sommes dirigés vers la galerie. Je me glisse dedans, m’attendant à y trouver Sansa, peureuse comme elle est.

 

–Elle est où Sansa ? S’exclame Buntar en la cherchant des yeux. 

Il l’appelle… On se regarde, la peur au ventre et nous nous mettons dans un premier temps à courir et chercher là où nous nous rendons durant la journée, sans la trouver. Je ne distingue pas grand-chose, mais je ne peux pas laisser Buntar y aller seul ! On revient vérifier à la cachette pour être certains qu’elle ne nous fait pas une blague. Elle n’est pas là. 

Cette fois-ci, nous essayons de suivre son odeur. Elle n’est pas partie depuis longtemps, mais les lisiis sont rapides, si elle a couru, elle peut déjà être loin. Je suis Buntar de près parce que je trébuche parfois sur des racines. Je me rappelle l’endroit où nous avons dû plonger pour rejoindre les grands dans l’eau. Elle a suivi la rive, elle sera coincée là-bas… Je l’espère… Buntar a peur qu’elle n’ait tenté de sauter dans l’eau, moi je suis sûre que non. C’est déjà surprenant qu’elle ait osé partir aussi loin, toute seule et de nuit. Nous nous rapprochons du fameux passage. Malgré l’eau qui coule, nous entendons distinctement des pleurs… Elle est là ! Juste devant nous.

  

–Sansa, mais qu’est-ce qui t’a pris ? Tu ne peux pas partir seule comme ça ! Tu es trop petite, nous devons rester ensemble, tu t’en souviens ? S’énerve Buntar.

–Je voulais voir si maman était réveillée…

–Ta maman est partie dans les rêves… Lui dit le renard.

–Je n’ai pas envie qu’elle parte dans les rêves… J'ai peur sans elle, renifle-t-elle.

 

Buntar me regarde alors. Quand j’étais petite comme Sansa, je ne comprenais pas non plus ce que c’était : la mort. C’est maman qui me l'a expliqué. Sa famille est aussi dans le rêve comme la meute de Buntar et Sansa. Les renards hurlent pour que leurs morts fassent de beaux rêves. Maman, elle ne le fait pas, parce qu’elle dit qu’elle ne peut pas les aider.

 

Enfin, nous avons retrouvé Sansa saine et sauf et maintenant que nous n’avons plus peur pour elle. Nous pouvons retourner à la tanière pour dormir. Je reste collée à Buntar et Sansa en écoutant les sons autour de nous.

 

–Vous ne trouvez pas cela bizarre que l’on ait croisé aucun prédateur ? Demandé-je.

–Peut-être parce que l’on est des petits ? Me répond Sansa.

–Sûrement parce qu’il n’y a rien à manger avec toi, ricane Buntar.

–Ce n'est pas drôle Buntar ! Si un lynx ou un ours nous découvre, on ne pourra pas défendre les grands, je lui réponds fâchée et un peu angoissée aussi par le noir qui nous entoure. 

–Arrêtez de parler des méchants lynx, ça me fait peur, pleurniche Sansa en se collant à nous.

–Tu as tout le temps peur, toi, se moque son frère. 

–Arrête de faire du bruit, Buntar, râle cette dernière.

–Aie !

 

Les deux se retournent sur moi… Je n'avais pas vu le tronc d’arbre et bien sûr. Cela les fait rire ! Nous sommes revenus à la tanière… Nous échangeons un regard après s'être arrêtés devant la galerie et sans se dire un mot, les renards et moi, sommes allés rejoindre les adultes pour nous lover contre eux. Cela leur donnera peut-être envie de se réveiller pour nous disputer et nous dire que l’on ne les a pas écoutés ?

 


Laisser un commentaire ?